109.
Paul Renfrew répondit aux coups frappés à la porte du Registre Westwood en l’ouvrant à la volée. Il était des plus élégants en costume gris à chevrons, chemise impeccable et nœud papillon. Ses cheveux blonds comme les blés étaient bien coiffés. Il haussa ses sourcils broussailleux au-dessus de ses verres sans monture, puis se fendit d’un grand sourire. Il paraissait absolument enchanté de nous voir.
— Vous m’apportez de bonnes nouvelles ? Vous avez retrouvé Madison ? nous demanda-t-il.
C’est alors qu’il aperçut les quatre agents en uniforme qui descendaient de la fourgonnette.
— Nous avons un mandat de perquisition, Mr Renfrew, lui annonçai-je.
Conklin fit signe aux agents qui grimpèrent les marches, lourdement, des cartons vides sous les bras. Ils nous suivirent dans le long couloir jusqu’au bureau de Renfrew.
L’ordre régnait dans ce lieu de travail. Une tasse de thé était posée sur le bureau, une assiette de muffins entamée se trouvait près d’une grosse pile de dossiers ouverts.
— Et si vous nous disiez tout sur le Registre Queensbury ? demandai-je à Renfrew.
— Asseyez-vous, dit-il en m’indiquant un petit canapé en angle droit dans un coin de la pièce.
Je m’installai et Renfrew fit rouler son fauteuil de bureau vers moi, sans cesser de jeter des regards inquiets vers Conklin, qui donnait des directives aux flics. Ils se mirent à balancer dossiers, classeurs et autres chemises dans les cartons.
— Queensbury n’a rien de secret, reprit Renfrew. Je vous en aurais sûrement parlé mais nous avons fermé l’agence parce qu’elle a fait faillite.
Il ouvrit ses paumes, comme pour signifier qu’il n’avait rien dans les mains ni dans les manches.
— Je suis à tous égards un très mauvais homme d’affaires, ajouta Renfrew.
— Nous devons parler à votre femme, annonçai-je.
— Bien entendu, elle aussi veut vous parler. Elle revient de Zurich ce soir.
L’attitude franche de Renfrew était si conquérante que je le laissai croire qu’il m’avait gagnée à sa cause. Je lui souris, puis lui demandai :
— Connaissez-vous cet enfant ?
Renfrew prit la photo du petit garçon blond aux yeux bleu-vert et la détailla.
— Je ne le reconnais pas. Je devrais ?
Conklin s’approcha, un flic derrière lui et plusieurs registres à couverture bleue sous le bras.
— Mr Renfrew, vous êtes interdit d’activité pendant soixante-douze heures. Cela inclut l’utilisation du téléphone sur votre lieu de travail. Voici l’agent Pat Noonan. Sa mission est de s’assurer que votre agence restera bien fermée jusqu’à expiration du mandat.
— Il va s’installer ici ?
— Jusqu’à ce qu’on le relève. Dans huit heures, à peu près. Vous connaissez quelque chose au football ? Pat est un grand fan des Fighting Irish. Il peut être rasoir si vous le branchez sur le sujet.
Noonan sourit mais le visage de Renfrew était dénué d’expression.
— Encore une chose, Mr Renfrew, n’essayez pas de quitter la ville. Ça ferait vraiment mauvais effet.