30.
Jacobi cliqua deux, trois fois sur sa souris, puis fit pivoter l’ordinateur portable vers Conklin et moi afin que nous puissions voir la vidéo qui se déroulait sur l’écran.
— Voici Madison Tyler, nous dit-il.
La caméra cadrait une fillette blonde qui sortait de derrière le rideau puis entrait sur scène. Elle était vêtue d’une robe en velours bleu marine toute simple avec des socquettes, et portait des souliers à bride d’un rouge brillant.
C’était sans conteste la plus jolie fillette que j’aie jamais vue, mais ses yeux pétillants d’intelligence montraient qu’elle était plus qu’une petite reine de beauté.
Des applaudissements envahirent le bureau de Jacobi quand la fillette, grimpant sur un tabouret, prit place devant un piano à queue Steinway.
Les acclamations s’estompèrent et elle se mit à jouer un morceau de musique classique que je ne reconnus pas. Il était compliqué, mais la fillette me parut l’interpréter sans la moindre faute.
Elle termina sa prestation avec emphase, étirant ses bras au-dessus du clavier, égrenant les dernières notes sous une salve d’applaudissements.
Madison se tourna et s’adressa au public.
— Je ferai mieux quand mes bras auront poussé.
Des rires attendris débordèrent des haut-parleurs, puis un petit garçon sortit des coulisses et lui tendit un bouquet.
— A-t-on prévenu ses parents ? demandai-je, détachant mon regard de l’écran.
— C’est encore un peu tôt, répondit Jacobi. Il n’y a pas encore eu de demande de rançon.