84.
Je fermai la porte de ma chambre et tirai le verrou, étourdie de nostalgie et de désir, de soulagement et de regret. Je retirai mes vêtements et, un instant plus tard, le sang battant à mes tempes, je me tenais sous le jet brûlant de la douche.
Une fois propre et luisante, je frottai mon corps avec des serviettes-éponges chaudes et me séchai les cheveux. Effaçant la buée sur le miroir du lavabo, je m’évaluai dans ma nudité. J’avais toujours l’air jeune, bien sous tous rapports et désirable. Mes seins étaient fermes, mon ventre plat et mes cheveux blond vénitien ondulés me descendaient en cascade au-dessous des épaules.
Pourquoi Joe ne m’avait-il pas appelée ?
Je m’enveloppai dans le peignoir blanc de l’hôtel, passai dans la chambre, vérifiai que la boîte vocale de mon portable était vide, tout comme mon répondeur s’entêtait à rester muet chez moi.
Ça faisait six jours que je n’avais pas vu Joe.
Était-ce vraiment fini entre nous ?
Ne le reverrais-je donc jamais ? Pourquoi n’avait-il pas cherché à me joindre ?
Je tirai les rideaux, dépliai le dessus-de-lit matelassé et retapai les oreillers. La tête me tournait à cause du vin et de la douche chaude. Je me couchai.
Les yeux fermés, je découvris que les images de Joe s’estompaient, remplacées par des fantasmes plus pressants.
Je fus ramenée une demi-heure plus tôt, quand Rich m’avait tenue dans ses bras. Je revécus le moment où danser avec lui était passé de bien à trop bien, quand je l’avais senti bander contre moi, quand je m’étais pendue à son cou et que j’avais pressé mon corps contre le sien.
Rien de mal à éprouver des choses pareilles, me rassurai-je. J’étais humaine après tout, lui aussi. Nous avions eu tous deux une réaction parfaitement naturelle en nous retrouvant seuls ensemble... On tapa à ma porte, et je sursautai. Mon cœur se mit à cogner alors qu’on continuait à frapper.