113.
Renfrew avait l’air terrorisé et à juste titre. Au moindre faux mouvement, son espérance de vie n’excéderait pas les deux secondes.
Mais il n’avait pas peur de nous.
— Qui veut vous descendre ? criai-je.
— Laura, ma femme. Elle se trouve à l’étage, armée d’un semi-automatique. Je n’arrive pas à la convaincre de sortir. Je crois qu’elle va essayer de m’empêcher de me rendre.
L’affaire tournait au vinaigre. Si on voulait apprendre ce qui était arrivé à Madison Tyler, on devait garder Paul Renfrew en vie.
— Faites exactement ce que je vous dis, repris-je. Retirez votre veste et jetez-la loin de vous... Bien. Maintenant, retournez les poches de votre pantalon.
Le micro de ma radio était ouvert, si bien que tous ceux qui étaient branchés sur notre canal pouvaient m’entendre.
— Débouclez votre ceinture, Mr Renfrew. Et baissez votre pantalon.
Renfrew me lança un coup d’œil, mais obéit. Le pantalon tomba, sa chemise le couvrait jusqu’au haut des cuisses.
— Maintenant, retournez-vous lentement. Relevez votre chemise jusqu’à la taille, lui dis-je alors qu’il s’exécutait avec difficulté. OK, vous pouvez vous rhabiller.
— Maintenant, je veux que vous retroussiez le bas de votre pantalon jusqu’aux genoux.
— Jolies jambes pour un mec, nota Conklin à mon adresse par-dessus le toit de notre voiture. Maintenant, faisons-le sortir de là.
J’acquiesçai, songeant que si sa femme dévalait les escaliers, elle pourrait tirer sur Renfrew par la porte ouverte.
J’ordonnai à ce dernier de lâcher le bas de son pantalon et de sortir en se collant contre le mur de la maison.
— Si vous faites ce que je vous dis, elle ne pourra pas vous mettre en joue, le rassurai-je. Plaquez vos deux mains contre le mur. Contournez l’angle sud de la façade, puis couchez-vous par terre, les mains croisées sur la nuque.
Une fois Renfrew allongé sur le sol, une Chevrolet Suburban noire roula sur la pelouse. Deux agents du FBI en bondirent et, après avoir passé les menottes à Renfrew, le palpèrent de haut en bas.
Ils le poussaient sur la banquette arrière de leur véhicule quand j’entendis des bris de verre en provenance du premier étage de la maison à pignons. Et merde.
Un visage de femme apparut derrière la vitre.
Elle tenait un flingue contre la tempe d’une petite fille dont l’expression était figée, yeux écarquillés, bouche bée.
C’était Madison Tyler.
Celle qui la retenait captive n’était autre que Tina Langer, alias Laura Renfrew. Et elle avait tout l’air d’une tueuse. Son visage déformé par la rage n’exprimait aucune peur.
Elle nous apostropha par la fenêtre :
— La fin de partie est toujours ce qu’il y a de plus intéressant, vous ne trouvez pas, sergent Boxer ? J’exige un laissez-passer. Et, je précise, un laissez-passer pour moi et pour Madison. Cet hélicoptère me semble un bon début. Il vaudrait mieux prévenir son pilote. Faites-le atterrir sur la pelouse. Et que ça saute. Ah, au fait... à la première tentative contre moi, je descends cette petite...
Je vis le trou noir sur son front avant même d’entendre l’écho de la détonation du Remington se répercuter depuis le toit de l’autre côté de la rue.
Madison hurlait. Celle qui se faisait appeler Laura Renfrew resta pétrifiée dans l’encadrement de la fenêtre.