103.
— C’est le même que le mien, me dit Cindy au moment où nous entrions dans l’appartement de Portia Fox.
La porte d’entrée ouvrait sur un grand salon donnant sur la rue : spacieux, ensoleillé, meublé de manière moderne.
Il y avait une kitchenette à côté du salon, mais alors que la salle à manger de Cindy était de plain-pied, Miss Fox avait cloisonné la sienne de murs en Placoplâtre avec une porte à âme creuse.
— Il vit là, m’informa Miss Fox.
— Il y a des fenêtres dans sa pièce ? lui demandai-je.
— Non, mais ça ne le dérange pas, au contraire.
Il était vraiment dommage que le salle à manger ait été divisée, car désormais, il nous fallait soit la permission de Tenning pour entrer chez lui, soit un mandat de perquisition. Même si Tenning ne figurait pas sur le bail de Portia Fox, il lui payait un loyer et ça cela le dotait d’un statut juridique.
Posant ma main sur la poignée de la chambre de Tenning, je misai à tout hasard sur l’éventualité qu’elle tournât d’elle-même. Sans grande surprise, la porte était verrouillée.
— Vous avez un ami ou une amie chez qui vous pouvez dormir ce soir ? demandai-je à Portia Fox.
Je postai un agent à l’extérieur de l’appartement pendant que Portia rassemblait quelques affaires. Je donnai ensuite mes clés à Cindy en lui disant d’aller chez moi. Elle ne protesta même pas.
Puis Rich et moi passâmes deux autres heures à questionner les locataires de Blakely Arms. Nous retournâmes au palais à 22 heures.
La salle de garde, déjà pas d’une gaieté folle pendant la journée, était encore plus sinistre la nuit venue. Le plafonnier dispensait un éclairage blanc abrutissant. L’endroit empestait encore les restes de nourriture, balancés à la poubelle au cours de la journée.
Je jetai un gobelet de café froid, allumai mon ordinateur tandis que Rich suivait le mouvement. J’accédai à une banque de données et, alors que je m’étais préparée à de longues recherches, tout ce qu’il nous fallait sur Garry Tenning s’afficha sur mon écran en quelques minutes.
Y figurait un mandat d’arrêt en suspens lancé contre ce dernier. La charge était insignifiante : il ne s’était pas présenté au tribunal pour une banale infraction au code de la route. Mais tout mandat d’arrêt était bon à prendre pour l’embarquer.
Et ça ne s’arrêtait pas là.
— Garry Tenning est employé par Conco Construction, dit Rich. Il peut être en train de patrouiller dans une bonne centaine de chantiers à l’heure qu’il est. Impossible de le localiser jusqu’à l’ouverture des bureaux de Conco demain matin.
— Il a un permis de port d’armes ? demandai-je.
— Ouais. Et tout ce qu’il y a de valide.