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Padan avait de sérieux doutes sur la théorie d’Arc-Long.
Selon le Dhrall, une mystérieuse alliée leur avait envoyé cinq armées cléricales en guise de renforts. Dans l’Empire, nul n’ignorait la cupidité maladive de l’Église d’Amar. Mais jusque-là, aucun soldat, prêtre ou Régulateur n’avait aperçu la fausse mer d’or. Et on voulait lui faire gober qu’ils se ruaient vers le nord sur la foi d’une fable débile ?
— Ça ne tient pas debout, marmonna le colonel alors qu’il remontait la rivière en direction du bord des chutes.
Où ses hommes continuaient à bombarder de rochers le toit qui protégeait les cléricaux des flèches dhralls.
Doutes ou pas, Narasan était convaincu, et Padan devait obéir.
Depuis toujours, il déplorait cet inconvénient de la vie militaire. Dès que le chef suprême avait arrêté une décision, ses officiers étaient contraints d’exécuter ses ordres. A l’époque de sa formation, avec Narasan et Gunda, leur sergent instructeur leur avait fait entrer cette idée dans le crâne à grands coups de marteau.
« On ne discute pas les ordres ! » Combien de fois avaient-ils entendu cette phrase ? Des milliers, sans doute…
Bien entendu, elle témoignait d’un certain bon sens. Mais quand le chef se trompait, la moitié de l’armée pouvait y laisser la vie.
Dès qu’il fut sur place, le colonel convoqua ses officiers.
— Les plans ont changé, messires, annonça-t-il. Désormais, plus question de jeter des rochers sur le toit des cléricaux. Notre glorieux chef veut que nous les aidions à monter jusqu’ici. A partir de maintenant, faites rouler les rochers au lieu de les jeter. Et arrangez-vous pour qu’ils s’arrêtent devant la rampe, sans s’écraser dessus.
— C’est absurde, Padan, dit un des plus vieux officiers.
— Narasan veut qu’il en soit ainsi…
Le colonel hésita un instant, puis décida d’expliquer pourquoi le plan avait changé.
— Un allié inattendu est entré dans le jeu, dit-il. Misant sur la cupidité des cléricaux, ce fin stratège veut les forcer à attaquer les monstres. La mer d’or que certains d’entre vous connaissent est en réalité un appât mortel.
— J’ai failli perdre ma lucidité quand je l’ai vue, avoua un autre officier.
— Espérons que les cléricaux auront la même réaction. Le nouveau « plan génial » consiste à les aider à monter. Ensuite, nous partirons et les laisserons face aux monstres.
— Qui les empoisonneront avec leur venin ?
— C’est l’idée générale, oui… Une extinction mutuelle.
— Tu ne parais pas très convaincu, Padan, dit le vétéran.
— Le règlement ne m’y oblige pas, mon vieux… Narasan accouche d’une idée et nous l’exécutons, voilà tout. Placez vos hommes une centaine de mètres à gauche et à droite de la rampe, et alimentez nos adversaires en matériau de construction. Avec un peu de chance, ces idiots finiront par comprendre que nos blocs de pierre peuvent leur servir à accélérer le travail. (Padan marqua une courte pause.) Si certains rochers s’écrasent sur des crânes cléricaux, je n’en ferai pas un drame…
Les officiers n’eurent pas besoin d’un dessin…
Le lendemain, vers midi, Lièvre vint délivrer un message à Padan.
— Devine quoi ? lança-t-il. Tu es convoqué à une réunion, près du geyser…
— Encore ! Nous n’avons pas assez discouru hier ?
— On ne me tient pas dans le secret des dieux, mais je crois que le frère aîné de Zelana veut en savoir plus sur l’Église d’Amar. (Lièvre regarda autour de lui pour s’assurer que personne n’écoutait.) A mon avis, ça a un rapport avec l’organisatrice des derniers événements. La mer d’or jaillie de nulle part a perturbé nos employeurs. Garde ça pour toi, mais je parie que ça dépasse leurs possibilités. Depuis qu’elle a vu le « miracle », la sœur aînée de Zelana saute partout comme un cabri.
— Une image amusante, Lièvre…
Le petit Maag haussa modestement les épaules. Puis il jeta un rapide coup d’œil dans le gouffre.
— Un sacré à-pic…, souffla-t-il.
— On peut le dire, oui…
— Les cléricaux ne seront pas là avant longtemps, j’en ai peur.
— C’est leur problème, et je m’en contrefiche ! A présent, allons perdre notre temps à bavasser.
— Si tu n’aimes pas le message, l’ami, ce n’est pas une raison pour engueuler le messager !
Le geyser qui alimentait la rivière Vash faisait un boucan d’enfer. Impressionné par la mystérieuse force qui propulsait l’eau dans les airs, Padan admettait volontiers que ce phénomène naturel ne manquait pas de beauté. Mais à la longue, on se lassait de ces éternelles giboulées printanières…
Par bonheur, Veltan avait choisi un lieu de réunion assez éloigné du geyser pour qu’on y soit au sec.
Tous les officiers trogites accompagnaient Narasan et Gunda.
— Qui tient la boutique, général ? demanda Padan.
— Les sergents…
— Alors, pour une fois, elle devrait tourner rond !
— Garde ce genre de réflexions pour toi, mon ami. Si on découvre un jour qui dirige vraiment l’armée, il faudra démissionner et nous trouver un travail honnête.
— Que se passe-t-il, Narasan ? Nous avons oublié un sujet inepte, hier ?
Le général regarda autour de lui et baissa la voix.
— Dahlaine veut en apprendre plus sur le culte d’Amar et les armées cléricales. Au Pays de Dhrall, la religion est d’une grande simplicité. Dans l’Empire, au contraire…
— Pourquoi m’as-tu convoqué ? Je suis ignare en la matière, et je compte bien le rester.
— Tu crois être le seul ? Tu sais quoi ? On devrait refiler la corvée à Keselo !
— Bonne idée ! Contrairement à nous, ce garçon a reçu une excellente éducation…
— Messires, dit soudain Dahlaine, puis-je avoir votre attention ? Nos amis trogites étant des experts en matière de religion, ils auront sûrement l’obligeance d’éclairer notre lanterne au sujet du culte d’Amar.
Le maître du Nord riva un regard inquisiteur sur Narasan.
— Seigneur Dahlaine, les subtilités de l’Église m’échappent totalement. Mais le jeune Keselo, qui fréquenta l’université de Kaldacin, saura répondre à vos questions. Pour être honnête, seigneur, je n’estime pas l’Église, et encore moins les crétins arrogants qui président à son ignoble destinée. Keselo, parle à nos amis de la religion qui a contaminé l’Empire et qui le conduira à sa perte.
— A vos ordres, général… (L’air troublé, le jeune officier chercha un moment ses mots.) Seigneur Dahlaine, l’Église d’Amar n’a pas grand-chose pour plaire. Personne ne conteste qu’elle fut jadis pure et bienveillante. Mais aujourd’hui, c’est un nid de serpents où règne la corruption.
— Quelle est son origine ? demanda le maître du Nord.
— Nul ne le sait vraiment, seigneur. Dans un lointain passé, un saint homme nommé Amar – dont l’existence reste douteuse – vint séjourner à Kaldacin. A l’époque, ce n’était qu’un petit village… Amar parla aux habitants de vérité, de charité et de morale. Au début, personne ne l’écouta. Puis des rumeurs commencèrent à courir… Bien entendu, elles ne furent jamais confirmées.
— Quelles rumeurs ? demanda Dahlaine.
— Des gens prétendaient l’avoir vu voler comme un oiseau.
— C’est ridicule ! s’exclama Gunda.
— Pas tant que ça, intervint Barbe-Rouge. Quand elle est décidée, dame Zelana peut planer dans les cieux comme un aigle.
— Mauvaise image, mon ami, corrigea la maîtresse de l’Ouest. Je n’ai pas besoin d’ailes ! Mais continue, Keselo…
— A vos ordres, ma dame… Je suis convaincu que ces vieilles histoires sont les inventions des premiers fidèles d’Amar. Afin de convaincre les incrédules, si vous voyez ce queje veux dire… Au fil du temps, ces affabulations prirent de l’ampleur. On prétendit qu’Amar pouvait rester sous l’eau plusieurs jours de suite. Puis qu’il traversait les murs sans y laisser l’ombre d’un trou. Enfin, on parla de montagnes déplacées, d’océans gelés et d’autres absurdités. A mesure que l’Église prenait de l’importance, les récits devenaient de plus en plus délirants, et les nouveaux convertis les gobaient sans discuter. Selon moi, la manœuvre visait à les persuader que rien n’était impossible pour le grand Amar. Une fois le saint homme transformé en mythe, de nouveaux fidèles intégraient chaque jour le culte.
— Où est censé être ce fabuleux personnage ? demanda Dahlaine.
— L’Église entretient savamment le mystère, seigneur. Aux dernières nouvelles, il aurait quitté le monde pour sillonner l’espace et apporter la bonne parole aux étoiles.
— J’ai essayé ce coup-là, dit Veltan. Elles n’ont pas daigné me prêter l’oreille…
Keselo sursauta et dévisagea le maître du Sud.
— C’est une vieille histoire, jeune homme, expliqua Zelana. Veltan ayant insulté Notre Mère l’Eau, elle l’a exilé sur la lune pour lui apprendre les bonnes manières.
— Je l’avais taquinée, c’est tout !
— Nous nous éloignons du sujet, grogna Dahlaine. Un peu de discipline, je vous prie ! Keselo, si j’ai bien compris, l’Église d’Amar, au début, visait à réconforter les gens. Pourquoi a-t-elle si mal tourné ?
— Seigneur, je suis incapable de préciser le moment – ou les circonstances – de ce changement. Mais je suppose qu’il fut graduel. Les premiers prêtres, très pauvres, dépendaient de la charité de leurs ouailles. Au fil des décennies, les dons sont devenus obligatoires, et le clergé a découvert la cupidité. Nous en sommes toujours là ; les hauts prélats possèdent la moitié de l’Empire, mais ils en veulent toujours plus. Une vieille plaisanterie prétend qu’intégrer le clergé, pour un voleur, est le meilleur moyen de réussir sa carrière sans risquer la prison.
— C’est sûrement pour ça que Jalkan y est entré, dit Gunda.
— Bien vu, mon ami ! approuva Padan.
— Le colonel Gunda a tout compris, fit Keselo avec un petit sourire. Le clergé amarite est ainsi, et ce n’est pas près de changer. Mais Jalkan, aussi tordu soit-il, reste un amateur comparé aux pontes de l’Église. L’avidité de ces hommes n’a pas de limites. Ils pensent que l’univers entier leur appartient, y compris les êtres humains.
— Nous voilà face au problème de l’esclavage, Dahlaine, lâcha Narasan, sinistre.
— J’allais aborder la question, dit le maître du Nord. Keselo, l’esclavage était-il un des fondements de la doctrine amarite ?
— Absolument pas ! Les premiers croyants le tenaient pour une abomination.
— Dans ce cas, dit Padan, ce salaud de Jalkan et ses complices se sont fichtrement écartés du droit chemin !
— On pourrait s’en occuper, proposa Sorgan. (Il eut un sourire mauvais.) J’adore remettre les gens sur la bonne voie – surtout à grands coups de pied dans les fesses !
— C’est aux Trogites de s’en charger, Bec-Crochu, rappela Narasan.
— Vous serez trop occupés avec les monstres. Je me charge de réhabiliter les cléricaux. C’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un le fasse.
— Ces imbéciles croient vraiment qu’on peut posséder une personne ? demanda Dahlaine.
— J’ai peur que oui, seigneur. Cela dit, l’Église garde rarement les esclaves. Elle les cède à des marchands de chair humaine, qui les revendent à de gros propriétaires terriens trop distingués pour travailler. De temps en temps, un empereur plus compatissant que les autres décide d’abolir l’esclavage. Hélas, il ne survit jamais assez longtemps pour réussir. Quand l’Église ne le fait pas tuer, les riches fermiers s’en occupent… L’esclavage est une fabuleuse source de profits. Ceux qui en vivent ne se laissent pas mettre des bâtons dans les roues.
— Mes amis, je crains que nous n’ayons un problème, dit Dahlaine. Si les prélats sont corrompus, leurs soldats doivent l’être aussi. Comment nous fier à des gens pareils ?
— Qui a parlé de leur faire confiance, mon frère ? demanda Zelana. Une inconnue très sympathique a résolu la question en transformant un désert en mer d’or !
— Foutaises ! s’exclama Aracia. Personne ne peut réussir un exploit pareil. J’en mettrais ma main droite à couper…
— Alors, entraîne-toi à utiliser la gauche. J’ignore comment, mais notre mystérieuse alliée l’a fait – et pour nous aider, qui plus est !
Aracia foudroya sa sœur du regard. Puis elle se détourna et s’éloigna à grandes enjambées.
— Quel est son problème, dame Zelana ? demanda Sorgan.
— Quelqu’un a plus de pouvoir qu’elle, et elle ne supporte pas cette idée. De plus, la description de Keselo l’a bouleversée. Son Domaine grouille d’obèses paresseux qui passent leur temps à vanter sa beauté et sa toute-puissance. Ma sœur adore ça, mais elle se demande si ses prêtres la flattent pour conserver leur position et continuer à se prélasser. Bref, la Sainte Église d’Aracia ressemble au culte d’Amar, et ça la perturbe.
— La vénérer ainsi n’est pas un peu débile ? avança Sorgan.
— Un adjectif adapté, convint Zelana. Qu’en penses-tu, Dahlaine ?
— Le plus grand bien, même si je ne l’utiliserais pas devant notre sœur… Revenons à nos moutons, les amis. Si les cléricaux sont là pour nous aider, même à leur corps défendant, nous devrions leur donner un coup de main. Padan, où en est leur rampe ?
— Ils avancent plus vite grâce aux rochers que nous leur fournissons. Mais il leur reste du pain sur la planche. De plus, la rampe n’est pas assez large. Trois mètres ne suffiront pas à faire monter une force assez importante pour affronter les monstres.
— Il y a pire, intervint Torl. Dès que les premiers idiots découvriront la mer d’or, ils dévaleront la pente. S’ils déboulent dans les Terres Ravagées par petits groupes, les serviteurs du Vlagh n’en feront qu’une bouchée.
— C’est là que nous intervenons, cousin, dit Sorgan. Les tranchées que nous allons creuser les ralentiront assez pour que leurs copains les rattrapent.
— As-tu enfin reconnu la personne qui te parle la nuit ? demanda soudain Dahlaine à Arc-Long.
— Je suis sûr d’avoir déjà entendu cette voix. Mais impossible de mettre un nom dessus…
— Cette femme tente de te cacher son identité, dit le maître du Nord. Donc, on peut supposer que tu la connais, et nous aussi. S’est-elle montrée à toi, même brièvement ?
— Jamais, répondit le Dhrall. Son langage a quelque chose d’archaïque, comme si elle appartenait à un lointain passé.
— Il s’agit sûrement d’une composante de sa stratégie de dissimulation, avança Dahlaine. Pour l’heure, ce n’est pas très important. Cette inconnue a abusé un demi-million de Trogites qui volent à notre secours sans le savoir.
Nous découvrirons son identité plus tard ! En attendant, assistons-la de notre mieux. Si tout se passe bien, elle aura tout simplement gagné la guerre à notre place !
Le lendemain matin, debout au bord des chutes, Padan regardait ses hommes faire rouler des rochers vers la rampe des cléricaux. Faute de munitions, les soldats avaient dû s’engager sur la pente et ils étaient à présent une bonne dizaine de mètres en contrebas.
— Nous n’aurons bientôt plus de blocs de pierre, marmonna le colonel. (Il jeta un rapide coup d’œil à l’ouvrage des « envahisseurs ».) Ils roupillent, ou quoi ? A ce rythme, ils ne sont pas près d’arriver ! (Il regarda autour de lui.) Sergent Marpek, viens un peu par ici !
Bâti en force, le sous-officier était un des meilleurs experts en génie civil de l’armée du général Narasan.
— Il y a un problème, messire ? demanda-t-il en accourant.
— Je rêve, ou ces crétins, en bas, se tournent les pouces ?
Marpek regarda à son tour les cléricaux.
— Ils travaillent toujours aussi dur, colonel. J’admets qu’ils ne sont pas bien malins, mais ils n’ont pas les côtes en long.
— Ils ont à peine avancé d’un mètre ! Ça ne t’étonne pas ?
— Messire, c’est le contraire qui me surprendrait.
— Tu peux m’expliquer pourquoi ? Avec des mots simples, si possible. N’oublie pas que le jargon des techniciens me dépasse.
— Ils ont besoin de plus de matériau. A mesure qu’ils montent, il leur faut davantage de rochers, de cailloux et de terre. Sur un terrain plat, le travail progresserait à une allure régulière. Mais la pente est d’environ trente pour cent. Chaque jour, avancer devient plus difficile, car la hauteur de la rampe doit être plus importante. Vous me suivez ? (Le sergent porta une main devant ses yeux, le pouce et l’index écartés lui fournissant l’équivalent d’un cadre.) Il leur reste une sacrée distance à parcourir, colonel. Je n’avais pas encore fait le calcul, mais de tête, je dirais qu’ils en ont encore pour un bout de temps.
— Détaille-moi tes calculs, sergent…
— Avec une pente pareille, pour construire une rampe de trois mètres de large sur une hauteur de soixante, il faut environ soixante mille mètres cubes de rochers et de gravats divers…
— Soixante mille ?
— S’ils avaient prévu une voie d’accès plus raide, ce chiffre serait inférieur. Mais il est trop tard pour modifier cette donnée…
— Ils en auront jusqu’à la fin de l’été !
— Quelque chose comme ça, oui…
Un peu après midi, Sorgan, Torl et Lièvre vinrent rendre une petite visite à Padan.
— Pourquoi tires-tu cette tête, colonel ? demanda Bec-Crochu.
— J’ai du mal à digérer certains chiffres… Les conséquences d’une leçon d’arithmétique du genre à couper le souffle ! La notion de « mètre cube » vous dit quelque chose ?
— Un mètre multiplié par un mètre multiplié par un mètre ? avança Sorgan.
— Excellente réponse ! Hélas, ce n’est pas tout. Parce qu’il faut mettre soixante mille devant !
— De quoi parles-tu, Padan ? demanda Torl, agacé.
— De la quantité de rochers dont nos amis cléricaux ont besoin pour finir leur rampe.
— Comment as-tu obtenu ce chiffre ? s’étonna Sorgan.
— Le sergent Marpek me l’a jeté au visage. Et c’est le meilleur ingénieur de notre armée.
— Tu devrais demander à quelqu’un d’autre, conseilla Sorgan. Ça ne semble pas possible.
— Tu te trompes, cousin, dit Torl. Plus la rampe monte, plus elle doit être haute…
— Et si on leur fournissait des troncs d’arbres au lieu de rochers ? proposa Lièvre.
— Je ne vois pas la différence…, lâcha Torl.
— Tu as déjà vu des constructions sur pilotis ? Avec ce genre de système, pas besoin de tonnes de pierres. Evidemment, on ne pourra plus parler de « rampe », s’ils procèdent comme ça. Vous avez quelque chose contre le mot « pont » ?