« Personne, se dit le vieil homme, de plus en plus inquiet, je ne vois personne au bout de cette rue. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé. »

La rue dévale en pente légère jusqu’à l’endroit où il se tient, il pourrait apercevoir Anya de très loin. Toute cette cité est bâtie sur de petites collines qu’ils descendaient jadis, tous les deux, à bicyclette, ou qu’ils remontaient en peinant.

Anton ne chante plus. Ni le rythme ni les mots ne parviennent à enrayer son angoisse. Il jette un coup d’ceil sur sa montre, cela fait plus d’une heure que sa femme est partie.

Soudain, il entend des pas derrière lui. Des pas lents, des pas lourds. Anton se retourne et aperçoit un étrange jeune homme qui s’avance.

Ce dernier porte un képi au rebord tourné vers la nuque, de hautes bottines de cuir malgré la chaleur, un pantalon en treillis, un ceinturon de cuir. Sa chemise n’a rien de militaire : elle est large, blanche, flottante.

Il tient négligemment une mitraillette sous le bras : « Qu’est-ce qui se passe ici ? » demande-t-il avec autorité.