La douleur n’est plus supportable, elle se déplace, creuse, brûle, irradie. Le futur n’est plus de saison. Marie est mortelle. Terriblement mortelle. La menace fait partie du destin : cette mort en attente est sans cesse prête à bondir sur sa proie.

Marie se voudrait au bout d’une longue vie, ravaudée par l’âge. Elle se voudrait avec Steph, très loin dans le futur, en leurs corps labourés… Ils avanceraient côte à côte. Marie se réfugie dans cette image d’avenir qui aura su résister aux intempéries des caractères et des événements.

Mais cela n’aura plus jamais lieu ; cette vieillesse souhaitée, ensemble, est rayée, supprimée. Ce temps lointain qui aurait eu raison de leurs apparences, mais serait demeuré fidèle à l’espoir, ne surviendra pas. Ce lien qui aurait persisté pour triompher de l’épaisseur et du tumulte des ans a disparu. À jamais.

Par sursauts Marie se retrouve tantôt à l’arrière, tantôt à l’avant de son existence. Les temps se rejoignent, s’entremêlent, se relient, ou bien éclatent et se dissipent.