Tous les feux de midi s’emparent de la forme vacillante de Marie. Son visage s’embrase, son jeune corps lutte et se cramponne à un équilibre de plus en plus fragile.
Autour d’elle, le périmètre déserté ressemble à une piste de cirque, soumise aux implacables projecteurs d’un soleil incandescent.
L’été se déploie avec faste. Le ciel marivaude, rieur. Quelques nuages laiteux flottent, allègres, avant de se dissoudre lentement dans la nappe lisse et bleue.
La nature est au calme, sereine. Les oiseaux ont déserté.
De ténébreux insectes invisibles, casqués comme des belligérants de science-fiction, munis de terrifiantes antennes, poursuivent sous terre leurs sombres destins de prédateurs. À leur image, les hommes, armés, belliqueux, se sont remis une fois de plus en état de guerre et de carnage.
Ici, comme en d’autres régions, chacun retrouve des raisons de haïr, de châtier, de massacrer. Avec ses bottes gigantesques aux semelles de plomb, l’Histoire rabâche, broyant sur son passage les hommes et leurs lieux.