Anya court et s’étonne de l’énergie, de l’élan retrouvés.

Elle porte des sandales à semelles de corde, une robe au tissu léger imprimée de fougères, l’air s’y engouffre. Son soutien-gorge la serre un peu trop, elle éprouve de moins en moins la raideur de ses genoux, se félicite de n’avoir pas mis de bas. Son but, le seul, c’est de retrouver le jeune homme au chandail bleu et de le ramener vers Marie.

Elle imagine le bonheur d’Anton en les voyant arriver. En lui caressant les cheveux, il dirait :

« Tu as réussi. Comme tu as fait vite et bien. »

Anya dévore l’espace, dévore le temps. Ses rides se dissipent, ses mains se lissent, ses cheveux ne sont plus gris mais châtains. Son cœur s’électrise, s’enflamme. A-t-il jamais cessé de brûler ?

Ses yeux voient clair. Ses yeux voient loin.

Anya vient d’apercevoir le pont.