Chapitre 15

Qu'est-ce que c'est ? souffla Jennsen à la jeune femme qui la précédait dans les hautes herbes. ― Silence..., se contenta de répondre Laurie.

Avec son mari, elle était venue cueillir des figues sauvages dans cet endroit éloigné de tout et particulièrement désolé. Dans l'excitation de la récolte, les deux époux avaient fini par se perdre de vue. Vers la fin de l'après-midi, Laurie avait jugé qu'il était temps de rentrer. Mais impossible de trouver son mari ! À croire qu'il s'était volatilisé.

Très troublée, la jeune femme était retournée à Hawton, où elle avait demandé l'aide de Jennsen. Étant donné l'urgence, la soeur de Richard avait décidé de laisser sa chèvre domestique dans son enclos.

Betty n'avait pas caché son insatisfaction, mais trouver le mari de Laurie primait sur les états d'âme de l'animal.

Quand Jennsen, Laurie et une petite équipe de recherche étaient arrivées sur les lieux, le soleil s'était couché depuis longtemps.

Tandis qu'Owen, Marilee ― sa femme ―, Anson et Jennsen s'étaient déployés pour passer au peigne fin les collines basses, Laurie avait fait une découverte inattendue. Visiblement bouleversée, elle avait refusé de révéler de quoi il s'agissait, priant Jennsen de l'accompagner et de rester discrète quand elles seraient arrivées à destination.

Depuis quelques minutes, les deux femmes rampaient au milieu des hautes herbes.

Levant la tête pour mieux voir dans la pénombre, Laurie tendit un bras et murmura :

― C'est là...

Influencée par l'inquiétude de son amie, Jennsen sonda elle aussi la pénombre.

La tombe était ouverte.

Le grand monument de granit à la gloire de Nathan Rahl avait été poussé sur le côté pour dégager une ouverture, dans le sol, d'où montait une lumière vacillante.

Jennsen savait que ce n'était pas vraiment la sépulture de Nathan. Mais Laurie l'ignorait.

Lors de son séjour dans les environs en compagnie d'Anna, Nathan avait découvert le déconcertant monument funéraire qui portait son nom.

Poussant plus loin ses investigations, il s'était aperçu que ce qui semblait être un tombeau franchement extravagant, au coeur d'un très ancien cimetière, était en réalité l'entrée secrète d'une série de salles souterraines remplies de livres.

Selon Nathan et la Dame Abbesse à la retraite, la cachette, vieille de plusieurs milliers d'années, avait été protégée par la magie jusqu'à ces derniers temps.

Jennsen aurait été bien incapable de confirmer ou d'infirmer cette théorie.

Dépourvue de la moindre étincelle de magie, elle était ce qu'on nommait un « trou dans le monde », à savoir une personne que les pratiquants de la magie ne pouvaient pas voir ni sentir avec leurs pouvoirs. En d'autres termes, elle était une créature très rare : un Pilier de la Création.

Tous les citoyens de l'Empire bandakar en étaient aussi. En des temps très anciens, les sorciers avaient découvert que les trous dans le monde, s'ils épousaient des personnes normales ― à savoir dotées au minimum d'une ombre de magie ―, engendraient systématiquement des descendants totalement étrangers au pouvoir.

Libres d'aller et venir, ces trous dans le monde, si peu nombreux fussent-ils, étaient susceptibles d'éliminer le don au sein de l'humanité en quelques générations. Afin d'éviter cela, on avait rassemblé puis exilé de force les Piliers de la Création.

Les trous dans le monde étaient à l'origine les enfants privés de pouvoir de la lignée Rahl ― une maison dont les seigneurs se révélaient de grands consommateurs de femmes.

Par le jeu des mariages, l'anomalie s'était répandue dans toute la population.

Depuis la création de l'Empire bandakar, on examinait tous les descendants des seigneurs Rahl. Afin d'éviter une nouvelle « épidémie », tous ceux qui ne possédaient pas une étincelle de don étaient impitoyablement mis à mort.

Grâce à sa mère, Jennsen avait réussi à échapper aux tueurs lancés à ses trousses par son géniteur, le tyran Darken Rahl. Devenu le nouveau seigneur Rahl, Richard aurait dû reprendre le flambeau et poursuivre de sa vindicte les trous dans le monde.

Mais cette idée le dégoûtait. Convaincu que Jennsen et ses semblables avaient le droit de vivre, il s'était sincèrement réjoui d'avoir une demi-soeur, se fichant totalement qu'elle ait le don ou non. Contrairement à ce qu'elle redoutait, il lui avait ouvert les bras au lieu de chercher à l'égorger à la première occasion...

Dans la foulée, il avait aussi libéré les Bandakars. Depuis qu'il régnait sur D'Hara, les citoyens de l'empire étaient de nouveau bienvenus partout dans le monde. Malgré le risque que cela représentait pour la magie, le Sourcier avait refusé de cautionner le bannissement d'une population parfaitement inoffensive.

Avant d'être chassés de l'empire, qu'ils avaient envahi, les soudards de l'Ordre avaient capturé des centaines de Bandakars destinés à devenir des étalons reproducteurs afin d'accélérer la disparition du don. Depuis que Richard les avait débarrassés des sbires de Jagang, la plupart des Bandakars avaient décidé de ne pas quitter immédiatement leur terre natale. Avant de s'aventurer dans le monde, ils entendaient en apprendre un peu plus long à son sujet.

Jennsen se sentait très proche de ces exclus. Après avoir passé sa vie à fuir à cause de son insensibilité à la magie, elle comprenait ce qu'ils pouvaient ressentir. Spontanément, elle avait proposé de rester avec eux pour leur faire partager tout ce qu'elle savait sur le monde. Enthousiastes à l'idée de ne plus être isolés du reste de l'humanité, les Bandakars se révélaient d'excellents élèves.

Pour l'heure, Laurie semblait bouleversée parce que son univers était de nouveau menacé. Mais depuis que l'Ordre Impérial déferlait sur le Nouveau Monde, conquérant royaume après royaume, qui aurait pu se vanter d'être à l'abri ? Pour une fois, les trous dans le monde n'étaient pas plus en danger que leurs frères humains.

En approchant, Jennsen se demanda qui pouvait bien être descendu dans la tombe. Nathan et Anna étaient-ils revenus chercher des grimoires introuvables ailleurs ? Des livres dissimulés dans les entrailles de la terre depuis des millénaires, au coeur d'un empire oublié et inaccessible jusqu'à ces derniers temps...

Le visiteur nocturne pouvait aussi être Richard en personne. Partis depuis longtemps à sa recherche, Nathan, Anna et Tom avaient pu finir par le trouver. Et si c'était le cas, ils lui avaient sûrement parlé de la bibliothèque souterraine.

Était-il venu poussé par la curiosité ? ou pour chercher un volume particulier ? Quelle que soit la réponse, Jennsen aurait été ravie de revoir son frère aîné.

Mais il pouvait aussi s'agir d'une personne malintentionnée. Un ennemi résolu à nuire aux Bandakars...

Sans cette possibilité, la jeune femme se serait ruée dans la crypte. Mais face au danger, et encore une fois grâce à sa mère, la prudence devenait chez elle une sorte de seconde nature.

Dans le lointain, des oiseaux nocturnes échangeaient des trilles de plus en plus furibards, comme s'ils se disputaient et que chacun tente d'avoir le dernier mot. Alors qu'elle les écoutait distraitement, Jennsen songea que le meilleur plan, dans d'autres circonstances, aurait été de rester cachée et d'attendre que le ou les mystérieux visiteurs sortent de la tombe. Mais Owen et les autres risquaient de débouler au mauvais moment et de saboter ce plan.

Il fallait donc que Laurie aille les prévenir. Et pendant ce temps, Jennsen se chargerait de surveiller la fausse sépulture.

Mais avant qu'elle se mette en mouvement pour rejoindre Laurie, la jeune femme décida d'avancer vers le tombeau. À l'évidence, elle pensait que son mari était descendu dans les profondeurs de la terre...

Jennsen lança un bras pour saisir la cheville de son amie. Mais celle-ci rampait beaucoup trop vite...

― Laurie ! souffla impérieusement Jennsen. Arrête, c'est dangereux !

Laurie ignora l'avertissement.

Jennsen rampa à sa poursuite, se faufilant entre les pierres tombales qui saillaient du sol à intervalles irréguliers. Les hautes herbes faisaient un boucan d'enfer et Laurie ne prenait aucune précaution. Formée par sa mère à l'art de l'évasion furtive, Jennsen savait d'instinct que faire dans les situations de ce type. Son amie, en revanche, ignorait jusqu'aux règles de prudence les plus élémentaires.

Devant Jennsen, Laurie cria de peur.

Jennsen leva la tête pour voir ce qui se passait. Mais la nuit était tombée, désormais, et il était difficile de distinguer quoi que ce fût. Une dizaine d'hommes pouvaient être en embuscade autour des deux femmes. S'ils ne bougeaient pas et s'abstenaient de parler, comment les repérer dans l'obscurité ?

Laurie se redressa soudain sur les genoux et hurla d'horreur.

Alors que les oiseaux se taisaient, Jennsen sentit un frisson glacé courir le long de sa colonne vertébrale. Dans le silence relatif de la nuit, un cri pareil s'entendait à des lieues à la ronde. L'heure n'étant plus à la discrétion, Jennsen se redressa et courut pour rejoindre plus vite son amie.

Désespérée, Laurie se tirait sur les cheveux et pleurait à chaudes larmes.

Le cadavre d'un homme gisait à ses pieds. Même si elle ne voyait pas son visage, Jennsen devina hélas de qui il s'agissait. Comprenant qu'elle allait devoir se battre, elle dégaina son couteau à manche d'argent.

À cet instant, un colosse armé d'une épée jaillit des ténèbres. L'assassin du mari de Laurie, sans nul doute... Après le meurtre, il avait dû se cacher dans les hautes herbes, montant la garde aux alentours du tombeau.

Alors qu'elle atteignait Laurie, juste avant qu'elle puisse la prendre par le bras pour la tirer hors de danger, Jennsen vit la lame de l'homme fendre l'air et ouvrir la gorge de son amie, la décapitant presque.

Du sang chaud jaillit et macula le visage de la soeur du Sourcier.

L'horreur la submergea, aussitôt balayée par une déferlante de fureur. Dans une situation pareille, la panique aurait pu paralyser Jennsen, mais elle constata qu'il n'en était rien. La fin de Laurie lui rappelant le jour terrible où des inconnus avaient sauvagement assassiné sa mère, elle brûlait de venger tous les innocents de la terre.

Et elle allait en avoir l'occasion.

Avant même que la lame ait fini de décrire sa courbe mortelle, Jennsen bondit sur le tueur.

Elle le frappa d'abord à la poitrine. Puis elle modifia sa prise sur le manche de son arme et enfonça trois fois la lame dans le cou du type.

Quand il s'écroula, elle se laissa glisser à terre avec lui et continua à le larder de coups.

Elle ne cessa pas jusqu'à ce qu'il ait arrêté de respirer.

Le souffle court, elle lutta pour ne pas se laisser pétrifier par le contrecoup de ce qu'elle venait de vivre. S'il y avait un garde, d'autres devaient rôder dans le coin. Et une personne au moins était toujours dans la tombe. Conclusion : Jennsen ne pouvait pas s'attarder à l'endroit où était morte Laurie.

Fuir était sa meilleure défense.

Une garantie de survivre.

Sans quitter des yeux la lumière qui montait du tombeau, elle s'éloigna latéralement de l'endroit où gisaient à présent trois cadavres.

Un deuxième homme se matérialisa soudain devant elle.

Se mettant en position de combat, le couteau solidement serré dans son poing, elle regarda autour d'elle, en quête d'autres menaces.

Ignorant l'ordre de s'arrêter que lui lança l'homme, elle fit mine de vouloir le contourner par la gauche. Alors qu'il se déplaçait dans cette direction pour lui barrer le chemin, elle passa par la droite.

Un troisième homme lui bloqua le passage. Très grand, revêtu d'une cotte de mailles qui brillait faiblement à la chiche lueur du tombeau, il arborait une tignasse de cheveux gras et crasseux.

Si elle devait l'affronter, Jennsen nota de tenir compte de la cotte de mailles.

Contre un tel équipement, un couteau devenait très facilement inefficace, si on ne trouvait pas la faille. Par bonheur, l'assassin de Laurie ne portait pas ce type de protection.

Si elle s'était écoutée, Jennsen aurait couru à toutes jambes, mais cette réaction aurait été une erreur. En fuyant, une proie stimulait les instincts des chasseurs. Et quand ils se lançaient sur une piste, les hommes comme ceux-là devaient tuer pour être satisfaits.

Les deux types semblaient attendre qu'elle file dans la seule direction qui paraissait ouverte : en arrière. Au lieu de ça, elle fonça vers l'avant avec l'intention de passer entre eux avant qu'ils aient eu le temps de refermer leur piège.

Le soldat à la cotte de mailles avait déjà armé sa hache de guerre. Sans lui laisser le temps de frapper, Jennsen lui entailla l'intérieur du bras, tranchant la peau du creux du coude jusqu'au poignet.

Les tendons sectionnés net émirent un claquement sec.

Incapable de continuer à tenir son arme, l'homme la lâcha en hurlant de douleur. Jennsen la rattrapa au vol, esquiva la charge de l'autre soudard et lui enfonça le tranchant entre les omoplates.

Puis elle évalua la situation en un éclair.

Le garde à la cotte de mailles tenait son bras blessé et l'autre avait une hache plantée dans le dos. Titubant de plus en plus, il finit par se laisser tomber à genoux. À en juger par la façon dont il respirait, il avait au moins un poumon perforé. Avec deux adversaires hors de combat et personne en vue, c'était le moment de filer.

La jeune femme saisit l'occasion au vol...

... Pour se retrouver face à une véritable muraille d'hommes.

S'arrêtant net, elle regarda autour d'elle et constata qu'elle était cernée. Du coin de l'oeil, elle vit des silhouettes émerger de la tombe.

― Si ça te tente, dit le garde qui lui faisait directement face, nous aurons bien du plaisir à te tailler en pièces. Et si ça ne te dit rien, donne-moi ton arme !

Jennsen tenta de songer à une troisième possibilité, mais il n'y en avait pas.

― Le couteau, dit le type.

Les intrus sortis de la tombe approchaient à toute allure.

Jennsen abattit son arme sur la paume tendue du type. Alors qu'il reculait d'instinct le bras, elle appuya très fort, lui coupant la paume entre le médium et l'annulaire.

Tandis que sa victime éructait un chapelet de jurons, la jeune femme la contourna et voulut s'enfoncer au pas de course dans l'obscurité.

Elle n'avait pas fait trois pas quand un bras s'enroula autour de sa taille. Le souffle coupé par le choc, elle sentit que son agresseur la tirait en arrière, la forçant à percuter sa cuirasse.

Sonnée, elle tenta en vain d'aspirer de l'air.

Mais elle ne renonça pas pour autant. Avant que le soldat ait pu l'immobiliser, elle lui enfonça son couteau dans la cuisse.

Malgré la douleur, il réussit à plaquer contre ses flancs les bras de la jeune furie.

C'était fini. Jennsen comprit qu'elle allait mourir au milieu d'un cimetière abandonné, sans avoir eu l'occasion de revoir Tom. À cet instant, lui seul comptait à ses yeux. Hélas, il ne saurait pas ce qu'il lui était arrivé, et elle ne pourrait jamais lui dire à quel point elle l'aimait.

Le soldat arracha la lame de sa cuisse.

Maintenant, les soudards allaient venger leurs camarades morts ou blessés...

Mais avant qu'ils se jettent sur elle, une femme apparut, une lanterne à la main ― en même temps qu'un autre objet, impossible à identifier.

― Cesse de couiner ! lança-t-elle au type qui secouait sa main ensanglantée.

― Cette garce m'a coupé la paume en deux !

― Et moi, elle m'a transpercé la cuisse ! cria l'autre victime de Jennsen.

La femme baissa les yeux sur les cadavres qui jonchaient le sol.

― On dirait que vous vous en sortez à bon compte...

― En un sens oui, concéda l'homme blessé à la cuisse.

Il tendit le couteau de Jennsen à la femme.

― Ma main est presque coupée en deux ! explosa l'autre blessé, révolté par l'indifférence de sa chef. Elle doit payer pour ça !

― Tu vis pour servir l'Ordre, lui rappela froidement la femme. Si tu es infirme, tu crois qu'on voudra encore de toi ? Alors, ferme-la, si tu veux que je consente à te soigner !

L'homme capitulant sans condition, la femme leva sa lanterne et se pencha en avant pour mieux dévisager Jennsen.

La soeur de Richard identifia l'autre objet que tenait l'inconnue. C'était un livre, sans doute volé dans la bibliothèque souterraine.

― Fascinant..., dit la femme. Tu es devant moi, et pourtant, mon don me dit le contraire.

Jennsen comprit qu'elle avait affaire à une magicienne. Sûrement une des soeurs capturées par Jagang.

Aucun pratiquant de la magie ne pouvait faire le moindre mal à un trou dans le monde. Dans les circonstances présentes, ça n'était pas une consolation.

Pour ordonner aux soldats de l'exécuter, la soeur n'avait pas besoin d'invoquer son pouvoir.

Examinant le couteau de Jennsen, elle fronça les sourcils en remarquant le «

R » gravé sur la garde.

Sans crier gare, la soeur lâcha l'arme, qui alla se planter dans la terre à ses pieds. Puis elle se massa le front en grimaçant de douleur.

Les soldats échangèrent des regards inquiets.

La soeur était blanche comme un linge.

― Eh bien, eh bien, mais c'est mon amie Jennsen !

La voix de la soeur avait changé, soudain plus basse et menaçante, avec des accents nettement masculins.

― Vous me connaissez ?

― Bien entendu, ma petite chérie ! Je te revois encore jurer devant moi que tu tuerais Richard Rahl.

Jennsen comprit ce qui se passait. Jagang venait de prendre le contrôle de la soeur, comme son don le lui permettait.

― Et qu'as-tu fait de ta promesse ? continua la soeur d'une voix qui n'était pas tout à fait la sienne.

― J'ai échoué, c'est tout.

― Échoué, ma petite chérie ?

― C'est ça, oui.

― Et qu'est-il advenu de Sébastian ?

― Il est mort.

― Vraiment ? (La soeur avança d'un pas.) Et comment a-t-il péri, ma petite chérie ?

― Il s'est suicidé.

― Pour quelles raisons un homme comme lui se serait-il ôté la vie ?

Plaquée contre la poitrine d'un soldat, Jennsen ne put pas reculer alors qu'elle en mourait d'envie.

― C'était sa façon de dire qu'il n'avait plus envie de servir l'empereur Jagang et son maudit Ordre. À la fin de sa vie, il a peut-être compris qu'il s'était fourvoyé durant toutes ces années.

La soeur foudroya Jennsen du regard, mais elle ne dit rien.

À la lumière de la lanterne, la soeur de Richard parvint à déchiffrer le titre écrit en lettres d'or sur le dos du livre.

Grimoire des Ombres Recensées.

Des bruits de pas attirèrent l'attention de la jeune femme. D'autres soldats approchaient avec des prisonniers.

Owen, Anson et Marilee... Tous les trois couverts de sang...

Se penchant, la soeur récupéra l'arme de sa prisonnière.

― L'empereur a décidé que ces gens peuvent nous être encore utiles. Allez, nous partons !