Ne peux-tu démontant l'horloge autre l'imaginer Agencer les rouages
Non pour enregistrer le temps qui t'est donné dans son déroulement
Mais le forcer à des chemins que jusqu'ici
Se refuse emprunter ce cheval vicieux
Car si l'homme inventa l'aiguille pour le suivre aussi bien ne peut-il trouver machine à le dompter
Ainsi parle Ibn-Amir sur la place publique et s'en hausse l'épaule et s'en gaussent les gens
Ô Medjnoûn dit l'un d'eux que reconnaît la foule étant
Pour sa science du langage honoré jusqu'en Perse et cette habileté d'avoir réponse d'un hadîth à toute question soulevée
Et qui néglige ici pour une fois de faire appel à la Parole incréée
Ô Medjnoûn
Inconsidérément qui mets le Temps en cause as-tu jamais songé
Toi dont la voix combat le vent et les voitures
Qu'il fût un objet d'ombre oiseau de longue étude
L'homme et le temps sont ennemis certains
L'un courbe l'autre et vienne le matin
Où nous fassions nous-mêmes nos destins
D'un seul tenant sans plus suite que veille
Ni divisé dans nous par le sommeil
Ni hors de nous par le cours du soleil
Ce temps qui n'est qu'un vivre morfondu
Ne va ni vient ce temps sans étendue
Pour mode n'a que d'être suspendu
Ce cœur de pierre où palpite ma perte
Ce poids en moi cette matière inerte
Cet oiseau mort les ailes grand'ouvertes
C'est le temps lourd des horizons barrés
Le temps qui passe et pourtant demeuré
Le temps muré qu'on appelle durée
D'après d'avant sans porte ni fenêtre
Toujours n'ayant que soi-même à connaître
Jamais n'étant que le mourir de naître
Qui peut saisir au naseau le moment
Le retourner et dites-moi comment
J'en puis changer l'ordre et le mouvement
Vaincre le temps jusque dans sa loi même
Lui donner sens d'un inverse système
Il n'y a pas pour moi d'autre problème
À l'homme il est ce qu'au danseur la corde
De retourner qui n'a miséricorde
Et chaque pas sur le pas fait déborde
J'ai si longtemps cru suivre ce chemin
Qui me traverse entre hier et demain
J'ai si longtemps rêvé ce temps humain
Or la foule se dispersait comme limaille ailleurs attirée ayant désir de chants d'autre sorte et Zaïd, qui suivait son Maître en silence, lui demanda s'il fallait de ces vers déduire qu'il y a deux sortes de temps, l'un trajectoire où qui l'imagine occupe toujours son midi, l'autre substance à l'esprit commune et aux choses inanimées.
Alors le vieillard sourit de ce que l'enfant avait entendu mieux que les gens du savoir son discours. Il dit que le temps-espace correspond au langage des Roûm et à leurs vues théologiques, mais que la durée inaccomplie aux gens d'Islâm répond mieux parce qu'elle est elle-même un islâm, c'est-à-dire un dévouement absolu sans possibilité de reprise dans l'avenir ou de retour au passé, mais que toute la question demeure de savoir en qui s'accomplit l'inaccompli. Dieu supposé, femme réelle, quelle est la dévolution plus haute, d'Allah ou de la perfection dans sa créature.
Et comme Zaïd épouvanté cependant que son Maître pût balancer entre le temps d'Islâm et le temps de djâhiliya, de la gentilité, An-Nadjdî dit encore que l'avenir pouvait bien être conciliation de ces deux créations de l'homme, l'unité du temps-substance et du temps-espace, dans la femme au temps futur.
D'où l'idée à Zaïd vint qu'il en est de l'horloge comme du miroir : elle ne voit pas le temps qu'elle marque. Aussi demanda-t-il à son Maître, si l'horloge n'était pas ce qu'il avait en vue un jour qu'ils avaient été invités à une circoncision. An-Nadjdî répondit d'impatience qu'il ne fallait pas mêler les métaphores et que c'était là tout brouiller.