LEXIQUE ET NOTES

Ce lexique ou ces notes, comme on voudra appeler la chose, exige quelques explications ou excuses. Tout d'abord le caractère arbitraire de la transcription des mots arabes. Ce n'est point mépris de l'appareil de signes des islamisants. Mais, pour le lecteur, dont il s'agit de faciliter la lecture, en s'en tenant grossièrement à une prononciation simplifiée, purement française, il fallait par exemple, d'une part réduire à la lettre k les sons multiples (la lettre qôf, notamment) qui s'en rapprochent : toutefois, pour des mots d'usage dans la littérature française, comme cadî ou calandar que l'on connaît par les Mille et Une Nuits depuis plusieurs siècles avec un c dur, l'auteur a fait preuve d'inconséquence dans l'orthographe. De même le mot vizir ou visir étant depuis longtemps de notre dictionnaire, je ne me suis pas résigné à écrire, comme j'aurais dû le faire, ouazîr, qu'on n'aurait jamais reconnu : j'ai adopté wazîr, où le w rappelle le v de la transcription classique, et devrait se prononcer comme dans wallon... C'est là une dérogation aux principes orthographiques auxquels l'auteur se tient généralement, faisant systématiquement disparaître toutes les transcriptions qui ont pour base les langues étrangères, l'anglais et son sh qui doit céder la place à un ch, son th imprononçable ou confondu avec la transcription du grec (comme dans théâtre) auquel nous avons substitué la seule sifflante(s), l'allemand avec son sch réduit au ch français, son ck inutile dans notre langue où le k se suffit, etc. La lettre j souvent employée dans les transcriptions avec sa sonorité anglaise est ici traduite par deux lettres équivalentes dj. Hugo, au reste, écrivait djinn et non jinn, etc. Il va sans dire que tout cela implique pas mal d'arbitraire, un arbitraire qui se complique du fait que certains mots nous sont venus de l'arabe par l'espagnol et qu'on n'a pas cru devoir écrire al-Ham'râ quand nous sommes habitues à dire Alhambra, n'empêche pas que nous avons écrit zam'ra à l'arabe, quand l'espagnol appelle cette danse zambra, etc. Par contre, nous avons choisi al-Baiyazin de préférence à Albaïcin, nous avons écrit en titre Alcacéria pour annoncer dans les vers la Kaïssâriya arabe ; et les noms des villes ont été généralement donnés avec leur forme arabe (Talaïtoula pour Tolède, Kortouba pour Cordoue, etc.), tout au moins tant que les cités en question sont part du Dâr-al-Islâm ou que c'est un Maure qui parle. Dans les bouches espagnoles, ou une fois qu'elles sont aux mains espagnoles (je devrais dire castillanes ou aragonaises, puisque les Maures d'Espagne se disaient eux-mêmes Espagnols), les villes reprennent la forme qu'elles ont à notre époque. Et c'est ainsi que, de même que par les noms de Saint-Pétersbourg, Petrograd ou Léningrad on peut reconnaître l'année où on se trouve en ce siècle-ci, quand Basta se mettra à s'écrire Baza, ce sera que les Maures n'en sont plus maîtres, et que nous sommes au moins en 1489.

Exception a été pourtant faite ici ou là dans les vers, où l'on voudra admettre que c'est l'auteur qui se substitue au Maure ou au Castillan, et pour ce qui touche Grenade, qu'on eût pu appeler à l'espagnole Granada, ou à l'arabe Garnâta. Il est vrai que, suivant la commodité, dès qu'il se trouve chez les Gitans (mot qui ne devrait jamais être employé pour désigner ceux qui s'appellent eux-mêmes les Calès, les Roma), l'auteur a appelé Grenade Maligrana, francisant le mot en Maligrane. Il aurait pu lui donner le nom d'avant l'invasion araboberbère, Arromana, pendant qu'il y était, mais la ville que nous appelons Grenade pouvait tout autant alors être Elvira (Illiberis) ou Casthilla, aussi bien que Garnatha, dont mention pour la première fois est faite dans un texte de l'an 961 de N.-S.

De même fallait-il écrire pour la rivière qui passe au sud de cette ville Xénil ou Genil ? Genil est purement espagnol ; Xénil est une transcription hispano-française où l'X correspond à la fois à la chuintante ch, à la jota espagnole ou au kh slave, au tch gitan, anglais ou russe, aussi l'ai-je préféré, bien que je n'appelle pas cette jeune femme du harem de Boabdil Xarifia comme dans le Romancero morisque, mais Charifa. Nous écrivons xérès (prononçant kérès) pour le vin que les Anglais appellent sherry (car leur ch serait un tch...). Or la ville de Xérès (Jérès ou Jerez), ici, se nomme à l'arabe Charich... avec notre ch et ainsi de suite. Telles sont les inconséquences de l'auteur, et mieux vaut ne pas les lui compter, mais se servir du lexique pour s'y retrouver.

Ah, ne faut-il point ajouter que cette chute d'accents circonflexes sur les mots n'est point d'oiseaux ‘abâbîl (voir ce mot), mais donne valeur de syllabes longues à celles qui en sont affligées.

Je ne dis rien des noms de personne, sauf où entre en composition l'article al (el en Afrique du Nord) et ses variations as, an, etc. L'écriture arabe n'a point de majuscules, et c'est par respect de nos mœurs qu'on en met une aux noms propres, mais j'ai écrit l'article avec une minuscule dans le corps d'un nom (par exemple : Kéïs Ibn-Amir an-Nadjdî) alors que je capitalise le même article quand An-Nadjdî est employé sans son contexte. Avec les noms géographiques, j'en reste à la minuscule (as-Sebika, as-Safrâ, al-Maroua, etc.). D'ailleurs, si je mets une grande lettre à certains mots (comme la Sounna, la tradition), il faut suspecter un peu mes intentions ou arrière-pensées sacralisatrices.

A

Ab : mois du calendrier hébraïque dont en 1492 le 9 tombe le 2 août. Le 9 d'Ab est le jour de l'exode des Juifs d'Espagne et l'anniversaire de la première destruction du Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor, de la deuxième par Titus, des exodes juifs d'Angleterre en 1290 et de France en 1306. Colomb, le 9 d'Ab, en 1492, fait embarquer son monde à Palos de Moguer, mais par superstition ne donnera l'ordre de faire voile que le 3 août, une demi-heure avant le lever du soleil.

‘abâbîl (Oiseaux) : qu'Allah précipite sur les envahisseurs abyssins, pour lâcher une pluie de pierres et les mettre en déroute, quand ceux-ci en l'an 570 après Jésus-Christ s'avancent vers La Mecque pour y détruire la Ka'ba. Les commentateurs du Coran estiment que ces oiseaux sont des Anges, et que ce sont eux qui soutinrent Mahomet lors de la bataille de Bedr (voir ce mot).

‘Abd al-Kerîm az-Zegri : chef militaire du djound (voir ce mot) de Boabdil, du clan des Banoû-Zegri.

Abencérages : transcription française de Banoû-Sarrâdj ou Ibn-es-Serrâdj, nom d'un clan grenadin (espagnol, Abencerrajes).

Abenhazam : (voir Ibn-Hazm).

Aboû-Amir (‘Abd-er-Rahman) : l'un des Amirides, hâdjib du calife de Cordoue Hichâm Il (début du XIe siècle), voir Sanchol.

Aboû-Dja'far : poète grenadin, au milieu du XIIe siècle ministre d'un roi almohade de Grenade. Célèbre par ses amours avec la poétesse Hafsa bint al-Hâdjdj, dont ce roi devint amoureux. Cette rivalité lui fit accepter de se joindre à la révolte de Valence contre les Almohades. Il fut exécuté en 1163.

Aboû-Djahl ben Hichâm : Koraïchite, qui avait insulté Mahomet près du roc d'as-Safâ, à La Mecque plus tard, conducteur d'une caravane que le Prophète fit attaquer par les Médinois.

Aboû-Hâmid Mouhammed al-Gazâlî : (voir Al-Gazâlî).

Aboûl-'Alâ al-Ma'arrî : poète, de Syrie, connu sous le nom d'Al-Maarî (973-1048), libre penseur et matérialiste, abusivement rapproché des soûfis ou des brahmines.

Aboû'l-Hassân : roi de Grenade de 1465 à 1482, détrôné par son fils Boabdil (Mohammed XI), mort en 1489.

Aboû'l-Kâssim‘Abd al-Mâlik : personnage historique, ici volontairement confondu avec Aboû'l-Kâssim ben Egas, wazîr du précédent par une simplification de l'histoire, et wazîr de ville du temps de Boabdil, qui négocia la reddition de Grenade en 1492.

Aboû'l-Oualid Mohammed ben Mohammed ben Ahmed ben Ahmed Ibn-Rochd : (voir Averroès).

Aboû-Yoûssôf Ya'koûb al-Mansoûr : calife almohade de Marrâkech de 1184 à 1199, déclare la Guerre Sainte contre les Chrétiens d'Espagne en 1190.

Acharites : disciples d'Aboû'l-Hassân al-Ach'arî (né à Bassorah en 873) qui, s'écartant du mou'tazilisme (voyez ce mot), prêchait un Dieu abstrait n'ayant aucune responsabilité du mal en ce monde, pour créer la théologie dogmatique ou kalâm, basée sur un retour à la lettre du Coran, suivant laquelle Dieu veut que le mal existe sans être lui-même le mal pour cela.

adl : arabe, pluriel : ‘oudoul (voyez ce mot).

Aflatoûn : arabe, pour Platon.

Agemiès : allogènes chrétiens, juifs ou musulmans avant l'invasion arabe de l'Espagne.

ahâdîth : pluriel de hadîth (voyez ce mot).

Aïcha az-Zegri : femme d'Aboû'l-Hassân et mère de Boabdil, de la tribu des Banoû-Zegri.

aïloûl : septembre dans le calendrier syriaque, employé poétiquement dans l'arabe classique pour signifier les saisons que n'impliquent pas les noms de mois dans le calendrier lunaire des Arabes, variant chaque année de telle sorte que les mois lunaires ne coïncident pas avec la floraison des plantes.

akbâ : arabe, pluriel de kabâ, robe-cotillon s'ouvrant de haut en bas, de façon que la danseuse se montre nue en l'ouvrant.

akbar : arabe, grand (comparatif).

‘alâm al-khayâl : arabe, monde de l'imagination.

Albacharât : arabe, les pâturages, nom de la région montagneuse au sud de Grenade, d'où venait une grande part du ravitaillement de la ville, monts Alpujarras des Espagnols, en français les Alpuxaras (correspondent à la province d'Alméria, entre la Sierra Nevada et la Méditerranée).

Albaïcin : espagnol, pour al-Baiyazin (voir ce mot).

al-Baiyazin : arabe, quartier de Grenade sur la rive droite du Darro, face à l'Alhambra, qui tire son nom des fauconniers qui y demeuraient.

Alcaïceria : espagnol, pour kaïssâriya (al-), en arabe, marché des étoffes à Grenade.

Alcala-la-Real : espagnol, pour Kal' at' Yahsoub, ville située au nord-ouest de Grenade.

Alhama : ville du royaume de Grenade, l'Artigi des Romains, l'Alhamma des Arabes (c'est-à-dire les bains chauds). Sa chute, sous Aboû'l-Hassân, marque le tournant de la guerre au profit des Castillans.

Alhambra : palais des rois de Grenade, en arabe el (ou al-)-Ham'râ, le Rouge.

Alhaurin : mines de sel dépendant des Albacharât (orthographe espagnole).

‘Alî : quatrième calife orthodoxe, après Mahomet, cousin du Prophète, pris par lui dans sa maison et plus tard son beau-fils (ayant épousé Fâtima). Assassiné en 661 par un Khâridjite (voyez ce mot), eut pour successeur Mo'âouiya, fondateur de la dynastie des Oméiyades Le schisme chiite se réclame de lui.

‘Ali Atar : père de Zoraiyma, femme de Boabdil, gouverneur de Loi cha (Loxa), tué à la bataille de Lucena (1483).

al-Kassaba : arabe, en espagnol Alcazaba, forteresse de l'Alhambra.

Allah akbar : arabe, Dieu est grand.

Almankab : arabe, en espagnol Almunecar (voir ce mot).

al-Mansoûr : arabe, le Victorieux, surnom de divers califes, rois, émirs ou généraux.

Almohades ou Unitaires : dynastie d'émirs berbères fondée en 1121 par Ibn-Toumert, le Mahdî, qui déclare la Guerre Sainte contre les Almoravides ; les successeurs de celui-ci envahirent l'Espagne, s'emparant de Grenade dont ils sont définitivement maîtres en 1162.

Almoravides : dont le nom signifie Gens de « Ribât » (voir ce dernier mot), dynastie berbère fondée au XIe siècle en Afrique, dont l'armée entra en Espagne à l'appel des Rois de Taïfas, s'emparant de Gre nade d'où les Almohades les chassèrent. Ce sont originairement des Sanhâdja (voir ce mot).

Al-Mou'izz : calife fâtimide, petit-fils du Mahdî Obéïd-Allâh (ne pas confondre avec le Mahdî almohade), imâm d'Ifrikiya en 953, transporta le califat en Égypte en 972, abandonnant l'Ifrikiya à la dynastie zîride.

Al-Mou'tamid (Abou'l-Kâssim Mohammed II) : prince de Séville (1088-1091) qui, ayant appelé contre le roi de Castille les Almoravides (lesquels s'emparèrent de toutes les villes à princes musulmans), fut envoyé par eux comme prisonnier au Maroc où il mourut en 1095. Poète, célèbre par sa liaison avec Ibn-Amir (voir ce nom) et ses amours avec la poétesse Ar-Roumaikiya qu'il épousa.

Almunecar : nom espagnol d'Almankab (ou Hizm-al-Monacab), port de la Méditerranée au sud de Grenade.

Alnayar (Cid) : fils d'Aboû'l-Hassân et de la Chrétienne, convainquit son père d'abdiquer au profit du Zagal, se convertit et fit souche chrétienne sous le nom de Don Pedro de Grenade.

Al-Ozza : « La Toute-Puissante », divinité préislamique dont le temple était à Nakhla (entre Taïf et La Mecque), adorée également à La Mecque, si bien que le jeune Mahomet lui fit sacrifice.

Alpujarras (Monts) : nom espagnol des Albacharât (voir ce mot).

altambour : arabe, tambour.

amân : arabe, sécurité, garantie par passeport, donne à l'étranger moustâ'min le statut de dimmi (tributaire) renouvelable chaque année.

amîn : arabe, prud'homme d'une corporation.

Amirites : clan bédouin auquel appartenait Kéis, l'amoureux de Leïlâ, aux temps préislamiques.

‘amma : arabe, la plèbe.

Andalous (al-) : l'Andalousie.

Andrach : arabe, en espagnol Andarax, ville et château des Albacharât, chef-lieu de taa (district).

Anjou (René d') : (1408-1480), roi de Naples et de Sicile. Chassé d'Italie, se retire à Aix. C'est en 1472-1473 que Colomb entre à son service dans la lutte contre Ferdinand le Catholique.

Ankor iécho ankor : en russe, un « encore » encore un « encore »... titre d'un tableau du peintre Fédotov (1815-1852).

Ansâr : nom des Compagnons du Prophète, à Médine, desquels la dynastie grenadine des Nasrides est considérée comme descendante (singulier : Ansarî).

Antequerra : forteresse entre Grenade et Malaga.

Arnaut Daniel : poète d'Oc, de la seconde moitié du XIIe « siècle, né près de Ribérac, inventeur du trobar clus, que Pétrarque et Dante ont considéré comme leur maître. Voir La Leçon de Ribérac in Les Yeux d'Elsa de l'auteur de ce livre.

Aromali : gitan, en vérité.

ar-Rachid (Haroun) : calife ‘abbâsside de Bagdad de 786 à 809, rendu célèbre par les Mille et Une Nuits.

arrobe : en espagnol arroba, en arabe roub', unité de poids et de contenu d'une valeur variable de 12 à 15 kg.

Arromana : la grenade, dans la langue des Agemiès (voir ce mot), nom ancien de Grenade, avant l'invasion du djound de Damas.

as-Safâ : rocher au-dessus de La Mecque (voir Aboû-Djahl ben Hichâm).

as-Sebika : quartier et montagne au nord de la colline du Nadjd, aux abords de Grenade. Nom qui signifie argent fondu en arabe : il s'y trouvait une villa des émirs et le cimetière royal des Nasrides (macâbir, mot pluriel).

‘Assi (Al-) ben Hichâm : remplaçant, pour 4 000 dirhams, de l'oncle de Mahomet, Aboû-Lahab, dans la troupe des Koraïchites qui prit part à la bataille de Bedr, et dont Mahomet prit le sabre comme « préciput » (prime) à sa quinte-part du butin.

Atarfé : ville entre Grenade et Alcala-la Real, à mi-chemin de Grenade et du Pont de Pinos.

At-Taïf : ville du Hedjaz, dans le haut pays, en arrière de La Mecque, où était adorée Al-Lât, divinité préislamique.

Averroès (Ibn-Rochd) : (1126-1198), philosophe, né à Cordoue. Écrivit en 1153 pour le calife almohade de Marrâkech un commentaire d'Aristote, fut l'introducteur de la philosophie grecque non seulement pour le monde arabe, mais pour l'Europe chrétienne. Cadî de Cordoue, puis de Séville, puis médecin du calife de Marrâkech. En 1196, lors de la Guerre Sainte contre les Chrétiens d'Espagne, est emprisonné pour donner satisfaction aux dogmatiques. Libéré, il ira finir ses jours à Marrâkech (1198). Taxé d'impiété pour avoir entrepris de concilier la philosophie grecque et la religion musulmane

Avicenne : nom latinisé d'Aboû-'Alî Ibn-Sînâ, philosophe, né en 979 à Afchané près de Boukhara sous la dynastie des Sâmânides ralliés à l'Islâm. Après leur chute, se réfugie à Gorgândj, capitale du Khorezm. Passe en Iran en 1012, vit à Ispahan, puis à Hamadân (l'ancienne Ecbatane), médecin, puis vizir du prince Bouyide de cette ville. Faveur et disgrâce alternent dans sa vie. Mis en prison à Gor gândj, il sera gracié et sera enterré dans cette ville (1037). C'est une légende sans fondement que son séjour en Andalousie. Avicenne considère que le mal est nécessaire pour que le bien subsiste, et qu'il n'y a pas de mal absolu (si ce n'est l'inexistence). Il a tenté une synthèse de l'aristotélisme et du platonisme, et s'est opposé aux motékallimîn. théologiens dogmatiques qu'il considérait comme des sophistes

Ayât : arabe (pluriel d'aya) ; versets du Coran, mot qui signifie aussi miracle ou signe accompli par Mahomet par délégation d'Allah.

‘azib : arabe, célibataire.

azulejos : espagnol, carreaux glacés de faïence. En arabe, zoulaïdj. Le mot azulejo signifie aussi bleuet.

B

bâb : arabe, porte. La forme bîb en est une forme parlée.

Bâb ach-Chari'ya' : Porte du champ de foire, à Grenade, dont on traduit généralement, et à tort, le nom par Porte de la Justice.

Bâb al-Beïra : Porte d'Elvire, à Grenade.

Bâb al-Bounoûd : Porte des Étendards, à Grenade.

Bâdîs (Ibn-Haboûs) : roi zîride de Grenade (1038-1073). Sous son règne, Joseph Ibn-Nagrila, son wazîr, qui était juif, s'étant rendu impopulaire, est tué par les Sanhâdja le 30 décembre 1066 et c'est le signal du pillage de la ville et du massacre de 4 000 Juifs.

Bain turc (Le) : tableau d'Ingres (musée du Louvre).

Bakhtchissaraï : ville de Crimée, siège au début du XVIe siècle du khan ‘Abdoul-Sakhal-Hiré, où se passe le poème de Pouchkine, La Fontaine de Bakhtchissaraï (1827).

Balansiya : nom arabe de Valence.

Balkîs : Reine des Sabâ.

Ballach : arabe, port, nom porté par Velez Melaga.

Balouch Enef : port sur l'estuaire du Rio Tinto, d'où Colomb partit pour l'Amérique (en espagnol : Palos de Moguer).

Banoû'l-Ahmar : clan des Rois Nasrides, dernière dynastie de Grenade, descendants de Sa'd ben Obadah, compagnon du Prophète.

Banoû-Sarrâdj : voir Abencérage.

Banoû-Zegri : clan grenadin d'où est issue Aïcha, mère de Boabdil.

Barabîr : arabe, berbère.

Barrès (Maurice) : écrivain français (1862-1923).

Basta : nom arabe de Baza.

Baza : ville du Royaume de Grenade prise en 1489 par Ferdinand le Catholique, à un peu plus de 100 kilomètres au nord-est de Grenade.

Bedr : où Mahomet livra bataille à la caravane des Koraïchites revenant de Syrie sous le commandement d'Aboû-Sofiyân, point d'eau au sud-ouest de Médine.

Bétique : nom de l'une des deux provinces romaines qui formèrent le Royaume de Grenade.

Bianca : héroïne du Dernier Abencérage, de Chateaubriand, en quoi se reconnaît une transposition de Natalie de Noailles.

Bibarambla : porte méridionale de Grenade, au-delà du Darro et du Pont du Peuplier (Kantarat al-Oûd), dont le nom signifie de la Sablonnière.

bigaradier : oranger porteur d'oranges amères, dont la culture initialement était bannie en Andalousie, comme portant malheur ; mais cette superstition avait disparu bien avant le XVe « siècle.

Bira (Beïra) : nom arabe d'Elvire, l'ancienne Illiberis qui, avant que Grenade la supplante comme capitale du royaume, était une ville peuplée de Juifs en majorité.

Boabdil : contraction du nom de Mohammed XI, dernier émir nasride de Grenade.

Borrow (George) : écrivain anglais (1803-1881), linguiste et ethnographe, surtout connu pour ses livres concernant la vie des Gypsies, Tsiganes et Gitans.

Bounoûd : pluriel de band : étendard.

Burlador : espagnol, séducteur, abuseur. Épithète appliquée à Don Juan Tenorio, d'après le titre de la Comédie fameuse de Tirso de Molina : L'Abuseur de Séville et l'invité de pierre (écrite vraisemblablement entre 1618 et 1623, imprimée pour la première fois en 1639).

Busno : gitan, pluriel : Busné, désigne qui est étranger à la race tsigane ou gitane. Nous écrivons phonétiquement bousno, bousné, quand le mot est hors d'une phrase gitane.

C

cadî : juge suprême de la ville, remplissant des fonctions à la fois civile et religieuse.

Cadîal-djoumâ'a : cadî présidant l'assemblée populaire du vendredi. Cadiar : chef-lieu d'un des taa ou districts des Albacharât à une cinquantaine de kilomètres à l'est de la route de Grenade à Motril, au-dessus de la rivière qui porte son nom.

Cadix (marquis de) : général des Armées catholiques, prête sa tente au camp de Santa-Fé à la reine Isabelle, réclamera par la suite la répression contre les Juifs.

calandar : calender ou kalenderî, en Orient derviche ou soûfi, qui a décidé de rejeter les règles de politesse de la conversation, ayant fait vœu de pauvreté et se contentant de la quiétude du cœur. Ce mot, en Occident, est étroitement lié aux récits des Mille et Une Nuits.

Calès : gitan, pluriel de Calo, gitan (ce mot étant une appellation espagnole que les Gitans n'emploient pas), s'appelant eux-mêmes Calès ou Rom-Mouni.

Calixte : voir Mélibée.

cantaor : espagnol, chanteur, trouvère.

Catalinon : masculin de Catalina, espagnol pour Catherine. Prénom du valet de Don Juan dans le Burlador de Séville.

Cathay : nom médiéval de la Chine.

chah : mot persan, en arabe, roi de Perse, roi d'échecs.

chah-mât : arabe, échec et mat (littéralement, le chah est mort).

châ'ir : poète aux temps antéislamiques.

Chaloûbiniya : arabe, pour Salobreña, espagnol, forteresse sur le littoral à l'ouest d'Almeria. Mines de cinabre et de tuthie (mercure et zinc).

Chandja : nom arabe de Don Sanche, fils d'Alphonse X le Pieux, roi de Castille et de Léon. Il s'insurgea contre son père en 1281 et s'allia avec l'émir nasride de Grenade. L'histoire à l'espagnole en a fait un personnage légendaire, dont la légende demande à être revue. Don Sanche en 1284 succède à son père sous le nom de Sancho IV ; il ne saurait être considéré plus que celui-ci, qui s'était allié contre lui avec le Sultan mérinide de la région côtière, comme un traître à la chrétienté. (Chandja est une version arabe de Sanche.)

Chanil : l'un des noms arabes du Xénil.

chaououâl : dixième mois de l'année musulmane

chari' : figuier.

Charich : nom arabe de Xérès.

Charifa : nom donné ici à l'une des femmes de Boabdil.

Chateaubriand (François-René, vicomte de) : écrivain français (1768-1848), vint à Grenade en 1807, à l'issue de son voyage à Jérusalem, écrivit peu après Le Dernier Abencérage, qui ne devait paraître qu'en 1826. Que Natalie de Noailles s'y trouvât en même temps que lui est contesté par divers auteurs.

châtibi : papier fabriqué à Châtiba, nom arabe de Jativa, ville de la province de Valence.

cheikh : arabe, originellement : vieillard, a pris le sens de senior, qui a donné seigneur, bien que nous traduisions toujours cheikh al-djebel par Vieux de la Montagne. Prend souvent le sens de chef religieux

chiboleth : hébreu, épi, en quoi l'on voit l'étymologie de Séville.

Chico (el) : espagnol, le gamin, surnom de Boabdil. En arabe, as saguir.

Chnyl : l'un des noms arabes de Xénil

Cholaïr : arabe, nom abrégé de la Sierra Nevada, Djebel Cholaïr assadj (Montagne du Soleil et de la Neige).

Choubroub : arabe, pour Segorba (Segobriga), ville de la province de Valence.

chueta : espagnol, descendant des Juifs convertis, dans les îles Baléares. Cid Alnayar : fils d'Aboû'l-Hassân et de la Chrétienne, demi-frère de Boabdil, persuada son père d'abdiquer en faveur du Zagal, se convertit et devint Don Pedro de Grenade.

Cid Campeador : surnom de Ruy Diaz de Bivar (ou Rodrigue), mercenaire qui avait servi Alphonse VI aussi bien que les Banoû-Hoûd de Saragosse, s'emparant de Valence en 1094, mourut en 1099 après sa défaite par les Almovarides. Devenu le héros du Romancero, et d'un grand « Poème du Cid » ; idéalisé plus tard par Corneille.

Cid Yaya : frère du précédent, converti secrètement, après avoir rendu Guadix à Ferdinand le Catholique, négocia la reddition du Zagal et prit le nom de Don Alonzo de Grenade.

Cipango : nom médiéval d'une contrée fabuleuse, généralement considérée comme étant le Japon.

Coin : ville d'Andalousie, à l'ouest de Malaga, à 27 kilomètres au nord de Marbella.

Coin ne orobiéla ne oropiéla : proverbe gitan, « qui ne pleure pas ne tète pas ».

converso : espagnol, converti, ici surtout appliqué aux Juifs baptisés corral : espagnol, cour.

D

dakakin. arabe, désigne en Andalousie des banquettes de maçonnerie le long des murs extérieurs de la mosquée.

Dâoûd : David.

Dâr-al-Islâm : la Maison de l'Islâm, ensemble des régions occupées par l'Islâm.

dâr-al-kharâdj : arabe, Maison publique, littéralement : maison de l'impôt (maison soumise à l'impôt).

Darro : nom espagnol de l'Ouâdi Hararrouh, affluent du Xénil, qui traverse Grenade entre l'Alhambra et l'Albaïcin.

dervîche : expression persane et turque pour l'arabe fakir (voir ce mot). Nous transcririons dérouîch.

despoblado : espagnol, pays inhabité.

dimmî : arabe, tributaire (chrétien ou juif, en général gentil), jouissant de la protection ou dimma de l'État musulman.

dirham : pièce de monnaie, de valeur, de poids et de métal variables. Pluriel : darâhim.

Dja'far : intendant du Palais du calife Haroun-ar-Rachid, que celui-ci fit mettre à mort après lui avoir donné sa confiance pendant dix-sept années. C'est la Giaffar des Mille et Une Nuits,

djâhiliya : état de ceux qui vivent dans l'ignorance des lois divines, désigne les non-musulmans, gentilité.

Djaiyân : nom arabe de Jaen.

Djâmî (Nour ed-Dîn Abdoû-r-Rahmân, dit) : poète persan (1414-1495) né à Djâm (Khorassan), étudie le soûfisme à Hérât, fait des vers à la cour de plusieurs sultans. De retour à Hérât en 1473, après le pèlerinage de La Mecque, y est protégé par Mîr, Alî Chîr Névâyî, qui conduisit dans cette ville son deuil public en 1495. Auteur du Medjnoûn et Leïlâ dont il est parlé dans ce livre et d'autres grands poèmes, il est un des plus grands poètes de la Perse.

djihâd : guerre sainte.

djinn : arabe, être intermédiaire entre l'homme et l'ange, esprit qui pénètre dans l'homme et le met en état de possession. Les poètes sont tous supposés habités d'un djinn,

djoumâ'â : arabe, vendredi.

djoumâdâ al-aounouâl (djoumâdâ 1er) : cinquième mois du calendrier musulman.

djoumâdâ as-Sâni (djoumâdâ 2e) : sixième mois du calendrier musulman. djound : division militaire, corps d'élite. Nom des groupes de combattants venus en Andalousie de Syrie ou d'Irak.

Dolorès : nom pris par Natalie de Noailles, pendant son voyage en Espagne, et dont elle signait sa correspondance.

doûl : arabe, féminin de djinn,

doû'l hidjdja : douzième mois de l'année musulmane.

doû'l ka'da : onzième mois de l'année musulmane.

Dryden (John) : poète et dramaturge anglais (1638-1700).

E

ech-chitrandj : arabe, les échecs.

el-Djézaïr : arabe, plus justement al-Djézaïr, les îles, d'où Alger. Mais l'auteur a choisi la version el de l'article, usuellement employé dans l'Algérie moderne, sans doute par suite d'une obsession naturelle à l'époque où le poème fut écrit.

Elvira, ou el-Beïra : chef-lieu de cora (province) et forteresse, sur la route de Grenade à Alcala-la Real, dans la Véga, au pied de la sierra, entre Atarfé et Pinos Puente. Le djound de Damas s'y était établi à son arrivée en Andalousie.

En-xa : vietnamien, Elsa, suivant la transcription du poète Xuan Dièu, auteur d'un poème intitulé A-ra-gông và En-xa, publié à Hanoï, et daté du 6 février 1962.

F

fahhâm : arabe, pluriel : fahhâmoûn, charbonnier.

faïlassouf : arabe, singulier defalâssifa (voir ce mot).

fakhkharîn : arabe, potiers, voir Rabad al-Fakhkharîn.

fakih : arabe, pluriel foukahâ, savant, sage, juriste.

fakîr : arabe, pauvre, abréviation de fakîr'ilâ-Llâh (pauvre envers Dieu), moine errant ayant fait vœu de pauvreté (fakr), pluriel : foukarâ, équivalent du persan dérouîch que nous écrivons derviche.

falâssifa : arabe, pluriel de faïlassouf, tenants de la falsafa, c'est-à-dire de la philosophie grecque.

Falla (Manuel de) : musicien espagnol, né à Cadix en 1876, mort à Grenade en 1946.

Fâtima : fille de Mahomet et de Khadidja, née à La Mecque en 606, épouse d'Alî, morte six mois après son père (633).

febrero : espagnol, février.

Ferdinand le Catholique : (1452-1516), en 1468 roi de Sicile, sous le nom de Ferdinand V roi d'Aragon, marié en 1474 à Isabelle la Catholique, reine de Castille.

Fontaine de Bakhtchissaraï : voir Bakhtchissaraï.

Fontaines de Guëtar : heu où Ferdinand le Catholique établit son camp dans la Véga de Grenade en 1490, et où sera élevée la ville de Santa-Fé après l'incendie de ce camp en 1491.

Fortunées (îles) : ancien nom des îles Canaries.

foukahâ : pluriel de fakih.

foundoûk : arabe occidental, auberge (équivalent de caravansérail en Orient).

Franco (Youcé) : Juif exécuté le 16 novembre 1491, sous la double accusation de pratique de la religion hébraïque et de profanation de l'hostie, en même temps que son père et le converso Benito Garcia. Cette affaire donnait argument à Thomas Torquemada, inquisiteur général du Royaume, pour obtenir des souverains l'expulsion des Juifs d'Espagne.

Futur : cette forme verbale n'existe pas en arabe, elle s'exprime par d'autres moyens comme il nous arrive de le faire en français. Quand une mère crie sur la plage : On s'en va ! et que l'enfant répond : Je viens ! ni l'un ni l'autre ne bougeant, ce ne sont pas là des mensonges, mais des formes du futur employant le présent. Certains verbes au présent, servant d'auxiliaire à un infinitif, ont en français même caractere intentionnel ou immédiat, je vais venir, par exemple. Dans ce poème, l'auteur s'est abstenu des formes propres du futur en sa langue, sauf quand il fait parler des non-Arabes. Il doit avouer qu'il a étendu cette particularité grammaticale au-delà de la lettre, et il faut entendre cet emploi figuré de l'absence de futur comme ce qu'il est, c'est-à-dire une image. Souvent abusive comme c'est le propre des images. Pour être complet, il faudrait dire ici que le concept du futur se traduit en arabe par deux mots, l'un qui signifie proprement ce qui pourra (ou peut) venir devant, almoustakbal, l'autre, grammaticale, al-moudâri', qui signifie semblable à... et envisage donc l'à-venir comme une répétition de ce qui fut, comme le printemps d'une année l'est de celui d'une autre. À ce futur spatial et à ce futur de répétition, il est d'évidence que l'esprit arabe ajoute un concept informulé, qui les rapproche de notre futur, mais de toute façon, en Andalousie à la fin du XVe siècle, l'auteur se croit autorisé à donner à l'expression ne pas avoir de futur une signification immédiate pour le peuple grenadin.

G

Gandja : ville d'Azerbaïdjan, où naquit Nizâmî.

Garnatâ : arabe, Grenade.

Gatchapla : gitan (espagnol : copla), couplet.

Gazâlî (al-) : (Aboû-Hâmid Mohammed de Gazâla, près de Toûs, Khorassan) philosophe persan (1059-1111), attiré par le soûfisme, qu'il concilia avec la théologie orthodoxe ou kalâm, à laquelle il donna forme définitive.

Gazel : pièce de vers de la poésie persane ou turque consacrée à la poésie amoureuse, où il est de règle que le nom du poète se trouve au dernier vers. Le nombre des vers, dont ici les deux hémistiches sont rendus comme deux vers français, y est de cinq à six, limite à laquelle l'auteur ne s'est pas tenu : mais n'accusait-on pas Hâfiz lui-même, qui fut le grand maître du gazel, de ne pas en respecter les règles ? Dans le gazel classique, la rime ne change pas, chaque hémistiche la comporte.

Gomera : île des Canaries.

Gongora y Argote (Luis) : poète espagnol (1561-1627). Le gongorisme (ou estilo culto) vivement combattu par Quevedo et Cervantès est généralement considéré comme synonyme d'afféterie. Gongora est un très grand poète dont l'influence n'a pas fini de se faire sentir. Il est fait ici allusion au sonnet qu'il écrivit pour épitaphe au Greco :

Esta en forma elegante, o'peregrino,

De porfyro luziante dura llave

El pincel niega al mundo mas suave,

Que dio espiritu el leño, vida al lino...

(Ce monument majestueux, ô voyageur – Cette dure clé de porphyre brillant – Refuse au monde le pinceau le plus suave – Qui donna l'âme au bois et la vie au lin...)

Gouzmân (ou Kouzmân, suivant la transcription) : Juif qui combattit à Bedr aux côtés de Mahomet.

Goya y Luciente (Francisco de) : peintre espagnol (1746-1828).

Grande Canarie : la plus grande des sept îles habitées des Canaries, habituellement nommée Ténériffe.

Guadix : ville située à l'est de Grenade, en arabe Ouâdi'Ach.

Guëtar : voir Fontaines de...

guilâla : arabe, pluriel : gala'îl, tunique.

H

hadîth : arabe, littéralement : récit, pluriel : ahâdîth. Les ahâdîth, récits des témoins de la vie de Mahomet, transmis après sa mort par eux à ceux qu'on appelle les Suivants, constituent un complément et un commentaire du Coran, qui en éclaire les parties obscures. L'ensemble des ahâdîth forme la Sounna (tradition) réunie au IXe siècle dans des recueils, où les auteurs justifient leurs sources en en donnant l'isnâd, c'est-à-dire la chaîne des appuis, la référence des transmetteurs successifs. Les ahâdîth ont été à leur tour objets de commentaires. Un certain nombre des recueils qui en furent faits ont reçu l'approbation de tous les docteurs orthodoxes (idjmâ').

hadjdj : arabe, pèlerinage. Ne s'emploie que pour le grand pèlerinage de La Mecque au mois de ramadân.

hâdjib : en Orient intendant du Palais, en Andalousie ministre d'État. Ce terme a varié de signification suivant les époques et les dynasties : répondant au wazîr des califes ‘abbassides de Bagdad, c'est d'abord un suppléant du souverain, il est le wazîr le plus proche de celui-ci. La charge de hâdjib fut parfois supprimée. Sous les Rois des Taïfas au XIe siècle, le titre en fut même porté par les souverains eux-mêmes à l'exclusion des noms de sultan ou de roi. Au XVe siècle, à Grenade, il a valeur de « premier ministre ».

Hafsa bint al-Hâdjdj : poétesse grenadine (? 1135-1190 ou 1191), à la fin de la domination almoravide et au début de la domination almohade. Maîtresse du poète Aboû-Dja'far ben Sa'îd (voir ce nom), que le jeune roi, gouverneur de Grenade, nomma wazîr, elle eut vers 1158 environ une liaison avec ce roi, dont le père, le calife de Cordoue ‘Ab dal-Mou'mîn, lui donne par brevet la bourgade de Roukoûna, près de Grenade, sans doute en raison du nom de son père, ar-Roukoûnî (venant sans doute d'une fraction zénète des environs de Marrâkech), et la poétesse prend le patronyme d'ar-Roukoûnîya. Après l'exécution d'Aboû-Dja'far en 1163, le deuil d'Hafsa s'exprime dans ses poèmes malgré sa liaison royale. Elle quitta Grenade et dirigea l'éducation des princesses, dans le harem du calife de Marrâkech, Ya'koûbal-Mansoûr, on estime qu'elle mourut au plus tard en 1191.

hakîm : juge secondaire, désigné par le cadî, chargé du tribunal civil, dont le rôle (suivant Ibn-'Abdoûn de Séville) était essentiellement la réconciliation des parties.

Hamâssa : « La vaillance », recueil des poésies du désert célébrant la bravoure des Bédouins, constitué au début du IXe siècle, à Bagdad, sous le calife ‘abbasside, ‘Abd'allâh al-Ma'moûn.

Hamet ben Sarrâdj : personnage qui figure dans les auteurs espagnols sous l'orthographe Hamet Abenzarah, Abenzarrax, ben Zarax, ben Zarag, ben Zarah, etc. Ce serait le fakîr, auteur de la prédiction faite à Aboû'l-Hassân touchant l'avenir de Boabdil, qu'on retrouve sous le règne de celui-ci, dans les moments troublés, comme agitateur populaire. Son caractère semi-historique a donné à l'auteur de ce livre l'audace, en le faisant purement romanesque, de modifier son nom, d'une façon qui en fait un Abencérage, ce à quoi les variations graphiques donnent quelque vraisemblance.

hammâm : bains à étuves.

Hanbalites disciples d'Ahmad Ibn-Hanbal, contemporain des ‘Abbassides au IXe siècle, dont le rite (ou école) florissant en Syrie et en Mésopotamie est le plus rigoureux. Ach'ari (voir ce nom) finit par s'y rattacher.

harissa : bouillie de blé, viande hachée et graisse, plat populaire dans tout l'Occident musulman.

hassîb : singulier de houssab (voir ce mot).

Hérât : ville du Khorassan (aujourd'hui nord-ouest de l'Afghanistan), à l'époque de ce poème siège des Timoûrides.

Hims : nom poétique de Séville, en raison de la fixation dans cette ville avec le djound de Damas des gens de Hims (l'ancienne Émèse, plus tard Homs) en Syrie.

Histoire : mot français, désignant dans tous les pays du monde une justification d'apparence scientifique des intérêts d'un groupe humain donné par le récit ordonné et interprété de faits antérieurs. Devrait un jour changer de nom (comme l'alchimie se mua en chimie) lorsqu'il y aura glissement suffisant de cette discipline d'état vers la science à proprement parler.

houssab ou koussas : arabe, conteurs des rues. Singulier : hassîb.

Huescar : ville du nord-est du Royaume de Grenade, à 50 kilomètres de Baza.

I

Ibn-'abbas : cousin de Mahomet, ancêtre des Califes ‘abbassides, l'un des plus grands docteurs de l'Islâm, qui fait autorité en matière de tradition. Les ‘Abbassides fondèrent leur pouvoir sur son autorité. Il semble bien que le texte d'Ibn-Hodeïl, en épigraphe à la partie IV du poème, soit l'exemple d'un recours analogue à cette autorité par le nationalisme andalou.

Ibn-'Ammâr (Aboû-Bakr) : poète, né près de Silves en 1031, d'une famille pauvre, devint l'ami intime du Prince de Séville, Al-Mou'tamid, quand celui-ci n'avait que douze ans, et qui le fit plus tard son wazîr dans sa ville natale, prise par les Sévillans. Exilé par le père de son ami, il fut rappelé par Al-Mou'tamid, d'abord comme gouverneur de Silves, puis comme hâdjib à Séville. Au cours des guerres qui opposèrent entre eux les Rois de Taïfas, comme de celle que Al-Mou'tamid eut à mener contre le Roi de Castille, les entreprises d'Ibn-'Ammâr, dont le caractère aventurier tourne vite à l'ambition personnelle, amenèrent des brouilles avec son souverain, qui devait finir par le tuer de sa main.

Ibn-'Arabî (Mouhyi-d-dîn) : l'un des plus grands mystiques arabes, né à Murcie en 1165, qu'on appela parfois le fils de Platon, Ibn-Aflatoûn ; après la mort d'Averroès (1198), il quitta l'Andalousie pour l'Orient, où il se fixera à Damas, et y mourra en 1240.

Ibn-Badjdja : philosophe, médecin et poète du XIe siècle qui vivait à Saragosse. Il est connu sous le nom espagnol d'Avenpace. Ses études sur la philosophie grecque le firent considérer comme un mécréant. C'est tout récemment qu'un islamiste d'Espagne, E. Garcia-Gomez, a émis l'hypothèse qu'Ibn-Badjdja serait l'inventeur du zadjal, qu'il aurait créé à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe « .

Ibn-Hazm (dit al-Andaloussî, que les Espagnols appellent Abenhazam) : théologien, juriste, historien et poète, né à Cordoue en 993, mort près de Badajoz en 1064. Fils d'un wazîr des Oméiyades, il fuit sa ville natale à la chute de cette dynastie et mène une vie agitée, emprisonné plusieurs fois pour ses sympathies oméiyades, dans les diverses villes où il séjourne, et à Cordoue même quand il y est revenu. C'est de son livre Le Collier du pigeon ou De l'Amour et des amants que le Medjnoûn tire la longue citation qu'il en fait, lui qui va être l'objet d'un procès d'idolâtrie pour avoir aimé autrement qu'en Allah. Comme théologien Ibn-Hazm se rattache au zahirisme, qui se réclame du sens extérieur du Coran. Le dernier Oméiyade, Hichâm III, lui interdit pour cela de professer à la Grande Mosquée de Cordoue, ses livres furent brûlés à Séville.

Ibn-Hodeïl (dit al-Andaloussî) : né vers 1329, d'une famille implantée à Grenade après l'expulsion des Musulmans de Valence par Don Jaime d'Aragon. Son œuvre la plus importante est un traité de la guerre sainte islamique, L'Ornement des âmes et la devise des habitants d'al-Andalous. Il vivait encore à la fin du XIVe siècle, sous le règne des émirs nasrides.

Ibn-Nagrîla (Joseph Ha-Lévy, dit) : succéda à son père comme ministre de Bâdis, roi zîride de Grenade, mais se rendit impopulaire et fut assassiné par les Berbères, à qui cette exécution politique donna l'occasion de piller les Juifs dont 4 000 furent massacrés à Grenade (1066).

Ibn-Rochd : voir Averroès.

Ibn-Sînâ : voir Avicenne.

Ibn-Zaïdoûn (Aboû'l-Oualid) : (1007-1071) poète, que R. Dozy appelle le Tibulle de l'Andalousie, amant de la poétesse de Cordoue Ouallada, fille d'un calife oméiyade empoisonné quelques années auparavant ; et le père d'Aboû-Bakr Ibn-Zaïdoûn, wazîr d'Al-Mou'tamid et adversaire d'Ibn-'Ammâr (voir ces noms).

Ichbiliya : nom arabe de Séville.

Ifrandjî : (pluriel masc. : Ifrandj, féminin : Ifrandjiyât), franc, français, terme qui désigne en Andalousie à la fois les Français d'outre-Pyrénées, les Catalans et les habitants des comtés pyrénéens. Parfois même les Aragonais.

Ifrikiya : la Tunisie, à quoi s'ajoutaient à l'ouest les royaumes de Bougie et de Dellis (c'est-à-dire les petites et grandes Kabylies), jusqu'au voisinage d'Alger (El-Djézaïr) à l'ouest, s'étendant à l'est jusqu'à Tripoli.

Ignacio Sanchez Mejias : personnage d'un poème de Federico Garcia Lorca (Chant funèbre pour I.S.M.), toréro andalou tué pendant une corrida.

Illora : ville à 32 kilomètres au nord-ouest de Grenade.

imâm : chef religieux, celui qui dirige la prière. Nom également donné au chef suprême du pouvoir exécutif, au calife.

Infant Don Juan : fils de Ferdinand et Isabelle, prince des Asturies (1478-1497), marié à Marguerite, fille de Maximilien d'Autriche, le 3 avril 1497, mort le 6 octobre de la même année d'avoir, dit-on, trop aimé sa femme.

Irving (Washington) (1783-1859) : écrivain américain qui, s'étant rendu en Espagne en 1824 pour étudier les documents récemment découverts sur Christophe Colomb à Grenade, y loua l'Alhambra et y écrivit sa Conquête de Grenade qui parut en 1829, l'année où il quitte l'Espagne. Ses Contes de l'Alhambra virent le jour en 1832.

Isfandj : littéralement éponge, beignets de pâte à pain molle et très levée qu'on frit à l'huile

Islâm : religion des musulmans, s'emploie aussi pour désigner l'ensemble des peuples musulmans, et signifie soumission (à la volonté divine).

Isna peskaro ker : gitan, voici sa maison.

J

Jaen : ville d'Espagne à 100 kilomètres au nord de Grenade, latin : Gienna, arabe : Djaiyân.

Jean de la Croix (Juan Yepez, dit) : théologien et mystique espagnol, canonisé en 1726 (1542-1591). Entré dans l'ordre des Carmes, ami spirituel de Thérèse d'Avila, fonda l'ordre des Déchaux (Carmes déchaussés), mais sa réforme lui vaut l'inimitié des anciens Carmes Emprisonné comme fugitif et apostat, pendant neuf mois à Tolède, est libéré sur l'intervention de sainte Thérèse. Vicaire provincial d'Andalousie en 1585, « définiteur de l'Ordre » en 1588, se voit, pour s'être opposé à la volonté des supérieurs de l'Ordre, envoyé en 1591 dans un couvent de la Sierra Morena, puis au monastère d'Ubeda où il meurt à la fin de cette même année. Il y a un certain rapport entre lui et les mystiques arabes. Pour lui comme pour eux se pose la question de la valeur de sa poésie par les non-mystiques.

Juan de la Cruz : voir Jean de la Croix.

Juan (Don, infant de Castille et d'Aragon) : voir Infant Don Juan.

Juan (Don) : voir article suivant.

Juan Tenorio : personnage de L'Abuseur de Séville de Tirso de Molina, prototype du Don Juan.

K

kaaba (ou ka'ba) : temple sacré de La Mecque, où se trouve la pierre noire, vers quoi le musulman doit se tourner pour la prière. Avant l'Islâm, sanctuaire polythéiste où étaient adorées les divinités préislamiques, appelées ilahât (fém. plur.) par le Coran.

Kadis : nom arabe de Cadix.

Kairouân : ville d'Ifrikiya, capitale des Fâtimides.

Kaïssâriya (al-) : voir Alcaïceria.

kalâm : arabe, la parole. Signifie aussi théologie dogmatique. Voir mou'tazilite.

Kal'at Yahsoub : arabe, Alcala-la Real.

kâmil : ou vers parfait, mètre de la poésie arabe.

kanoûn : les deux mois de kanoûn, dans le calendrier syriaque, correspondent à décembre et janvier.

kantarat : arabe, pont. K. al'Oûd, pont du peuplier, à Grenade sur le Darro, en face de la Bâb ar-Ramla ; K. Ibn-Rachik, pont d'Ibn-Rachik, sur le Darro (aujourd'hui pont des Chalumeaux, puente de las Chiriminos à l'entrée du Paseo de los Tristes) mène du pied de l'Alhambra vers la Bâb al-Bounoûd (porte des Étendards) et l'Albaïcin.

Khadidja : première femme de Mahomet, qui avait vingt ans de plus que lui. Il était entré à vingt ans chez cette riche veuve. Elle lui donna un ou trois fils morts en bas âge, et quatre filles dont seule Fâtima naquit après la révélation. Khadidja meurt en 620.

khâna : arabe, cabaret généralement tenu par une femme, où l'on buvait du vin.

kharâdj : arabe, impôt.

kharâdj (dâr-al-) : arabe (maison de l'impôt) ; appellation courante des maisons publiques, pour ce qu'elles payent contribution.

kharadjera : femme du dâr-al-kharâdj, prostituée.

khâridjites (arabe : khâridjî, pluriel : khaouâridj) : c'est-à-dire les révoltés, rebelles activistes ou sécessionnistes qui créèrent un schisme au temps du Calife, ‘Alî, celui-ci ayant accepté l'arbitrage entre lui et Mo'âouiya l'Oméiyade (quand il appartient à Dieu seul de juger) par quoi ‘Alî avait été déclaré déchu du califat. Ils enseignaient que le califat est accessible à tous par élection (même à un esclave abyssin). Puritains fanatiques, ils tinrent pour infidèles aussi bien les ‘Alides que les Oméiyades, déchaînèrent le terrorisme en Irak et assassinèrent ‘Alî en 661.

Khosroû (Chosroès) : nom de plusieurs rois persans. Il s'agit ici de l'Émir Khosroû de Delhi (1253-1325), pendant l'occupation mongole, qui donna du Khamsèh de Nizâmî une version indo-persane, plus claire mais édulcorée, comprenant, bien entendu, un Medjnoûn et Leïlâ.

kibla : arabe, originellement : ce qui est devant... par extension : ce qui doit être devant durant la prière. Par conséquence, direction de La Mecque et (en Andalousie) le sud.

Koraïchites : arabe (de koraïch, diminutif de kirch, requin, désignant un groupe de familles), membre de la tribu de Koraïch. La famille de Mahomet, les Banoû-Hâchim, était koraïchite. La Mecque était sous la domination des Koraïchites. Après la révélation, c'est contre eux que le Prophète réfugié à Médine entreprit les combats pour le triomphe de sa doctrine.

kourrâdj : persan, poulain. Jeu de kourrâdj : se fait avec des pièces taillées dans le bois, figurant des chevaux-jupons. « Les danseuses, écrit Henri Pérès, les suspendaient à leurs robes-cotillons (akbâ) pour signifier les cavaliers autour de la danse, au cours de laquelle ces robes s'ouvraient et les montraient nues. »

Kourtouba : nom arabe de Cordoue.

L

Laborde (Alexandre, comte de) : archéologue et homme politique français (1774-1842), servit dans l'armée autrichienne contre la France, mais y rentra en 1797 sur l'instance de David chez qui il était supposé étudier la peinture comme sa sœur Natalie. Séduit par les théories de Babeuf, déposa en faveur de l'accusé Ceretti au procès des Poignards, puis accompagna Lucien Bonaparte en Espagne, où il entreprit son Itinéraire descriptif de l'Espagne.

Lebrija (ou Lebrixa) : ville de la province de Séville. Le texte de Tirso de Molina dit : ... Allà en Lebrixa, – senor, nos esto arguardendo – otra boda... (Là-bas, à Lebrixa, – monsieur, nous attend – une autre noce...).

litâm : arabe, pluriel : litâmât, voile de bouche porté par les femmes, et par les Sanhâdja, Berbères du désert.

Livre de la Bravoure et des Braves : plus exactement : « L'étude de la Bravoure et des Braves », un des ouvrages qu'Ibn-Hodeïl donne pour source à son Ornement des Ames.

Livre des Dormeurs : plus exactement : « L'Éveil du dormeur en vue d'exercer le Cavalier à la Guerre Sainte », même remarque que pour le précédent.

Loja : ville du Royaume de Grenade à 45 kilomètres au sud-ouest de la capitale, prend ce nom en 1486 quand Ferdinand le Catholique s'en empare. En arabe, Loucha.

Lopera : ville du Royaume de Grenade où les Maures d'Aboû'l-Hassân furent défaits par Ferdinand, quand Boabdil libéré s'était réfugié à Alméria.

Lorca (Federico Garcia) : poète espagnol (1898-1936), exécuté dans la Sierra de Viznar par les activistes franquistes de Grenade.

Loucha : arabe, Loja.

Loxa : autre orthographe de Loja.

Lucena : ville du Royaume de Grenade, à 62 kilomètres au sud-est de Cordoue. Tombe aux mains des Chrétiens en 1483, quand Boabdil est fait prisonnier et son beau-père, ‘Alî-Atar, est tué.

M

madjara-tchibel : gitan, midi.

mafâ'ilatoun ou moustaf'iloun... : schémas de groupes de syllabes (composés de la racine arabe fa'ala, agir, faire) employés dans les mètres arabes.

Mahdî (al-) : surnom signifiant en arabe « guidé par Dieu », donné à divers personnages, messie attendu de la fin des temps. Ce rôle devait être tenu par Ismaïl, septième imâm ‘alide des Ismaéliens (secte chiite formée au IXe siècle) si cet événement s'était produit. Il s'agit ici d'Obéidallâh, le Mahdî fâtimide, qui se déclare près de Kairouân, et fonde en 909 la dynastie des califes fâtimides.

Mahradjân : forme andalouse de Mihrudjân, fête persane célébrée en Orient au mois de septembre, et en Espagne le 24 juin, se confondant ainsi avec la Saint-Jean.

Maimonide (Moûssâ Ibn-Maïmoûn ou Moise ben Maïmoûn) : théologien, philosophe et médecin juif, né à Cordoue en 1139, se fit, à l'arrivée des Almohades qui persécutaient ses coreligionnaires, passer pour musulman, alla avec sa famille au Maroc, puis s'en fut en Palestine où il se déclara de religion juive. Par la suite, étant en Égypte, comme médecin de Saladin et d'El-Mêlik el-Aziz, il faillit être arrêté comme renégat ; mais, protégé par les Sultans, fit connaître Averroès et sauva ses œuvres de la destruction, et ainsi l'aristotélisme. Son Guide des Égarés consacre le rôle des Juifs comme inter médiaires entre Arabes et Chrétiens.

Malaga : port à 82 kilomètres au sud-ouest de Grenade où se trouvait un arsenal pour la construction des navires corsaires.

Maleha Salines, dépendant des Alpujarras.

Maligrana : gitan, Grenade.

Mansoûr Hallâdj (Houssaïn ben Mansoûr al-Hallâdj) : l'un des plus grands mystiques musulmans (exécuté à Bagdad en 922).

Manuch tu hal busno ? : gitan, Homme est-ce que tu es un étranger (non-gitan) ?

maoulâna : arabe, mon maître ou notre maître.

Maouror (Rabad) : faubourg montagneux de Grenade au sud de l'Alhambra, sur la rive gauche du Darro en face de l'Albaïcin.

maravedi : espagnol, en français maravédis, ancienne monnaie espagnole de peu de valeur, liard. En arabe, mourabetîn. Le mot passe pour une altération d'Almoravide.

Marboulla : arabe, en espagnol Marbella, ville sur la côte au sud-est de Malaga.

Marcenac (Jean) : poète français contemporain, auteur du Cavalier de Coupe.

mardj : arabe, pré ; par ce mot est désigné le grand verger qui traverse d'est en ouest le Royaume de Grenade (en espagnol : vega).

Marie-Égyptienne (Ste Marie l'Égyptienne) : (345-421), prostituée pénitente, passa les quarante-sept dernières années de sa vie au désert. Maroua (al-) : avec as-Safâ l'un des rocs près de La Mecque, et sanctuaires de la ‘oumra (voir ce mot).

marriben : gitan, la mort.

méchoui : arabe moderne, mouton grillé.

medianoche : espagnol, minuit.

Medjnoûn ou madjnoûn : arabe, fou, possédé. Surnom de l'Amirite Kéïs an-Nadjdî, poète préislamique bédouin, et personnage de divers poèmes (Nizâmî, Djâmi, etc.) portant le titre Medjnoûn et Leïlâ. Dans ce poème-ci, surnom donné au Fou de Grenade, Kéïs Ibn-Amir an-Nadjdî, appelé le Fou d'Elsa.

Medjnoûn et Leïlâ : voir Medjnoûn.

Me hum calo pralo : gitan, je suis calo (gitan), camarade.

Mélibée : héroïne de la Tragi-Comédie de Calixte et Mélibée (connue sous le nom de La Célestine) de Fernando de Rojas. À l'époque de ce poème n'en était encore écrit que le premier acte, sous le nom de Comédie de Calixte et Mélibée, dont attribution était faite à divers auteurs. Ce n'est que plus tard que Fernando de Rojas avoua seulement avoir « achevé » en seize actes la pièce qu'il aurait trouvée à Salamanque. Celle-ci garde son nom de comédie dans l'édition originale de 1499, et celle de Tolède en 1500. Le mot de Tragi-Comédie n'apparaît que dans l'édition de Séville en 1502, avec diverses modifications et vingt et un actes, dont le XIXe interpolé sous le nom de Traité du Centurion. On estime de nos jours que la pièce est entièrement l'œuvre du « Bachelier » de Rojas. Ramon Menandez Pidal date le premier acte de 1490. C'est celui-ci que son auteur anonyme vient ici lire à Santa-Fé en février 1492. Rojas et sa vie sont demeurés ignorés jusqu'au début de ce siècle quand Serrano y Sanz découvrit qu'il était un converso, d'où l'explication des mystères entourant l'œuvre à son début, d'autant que suivant une thèse plus récente (due à Ramiro de Maeztu) l'intrigue même de la pièce aurait pour ressort caché l'opposition de la famille chrétienne de Calixte et de la famille juive de Mélibée, de conversion récente.

Mendoza (Pedro Gonzales de) : grand cardinal d'Espagne depuis 1473, archevêque de Séville (1474) puis de Tolède (1482). Homme d'État castillan, dévoué à Isabelle, il freina de 1477 à 1479 l'institution de l'Inquisition, recommandant à l'égard des Juifs des méthodes purement pédagogiques. Dès le début, seconda les projets de Christophe Colomb. Certains auteurs disent que sa famille était juive d'origine. Il mourut en 1495.

Méréville : localité de Seine-et-Oise où la famille de Laborde avait un château, bâti au XVe « siècle et reconstruit au XVIIIe par l'architecte Bellanger pour le marquis Jean-Joseph, père d'Alexandre et de Natalie. C'est où Chateaubriand fit connaissance de celle-ci

merla : tsigane, la mort.

mesjid : arabe, mosquée (étymologiquement : lieu de prosternation).

Mo'âoûiya ben Aboû-Sofyân : premier calife oméiyade, et poète, fils du chef koraïchite Aboû-Sofyân qui commandait les Mecquois contre les Médinois à Ohod, et livra plus tard La Mecque au Prophète. Après avoir fait la guerre à ‘Ali, il lui succéda quand celui-ci eut été assassiné par un Khâridjite (été 661). Se signala par son indulgence envers les Chrétiens et mourut à Damas en 680.

Moché : hébreu, Moïse (arabe : Moûssâ).

Moclin : ville d'Andalousie.

Mohammed XI : Boabdil, roi de Grenade sous ce nom.

Mohammed Ibn-Zayân : chef militaire du djound de Boabdil, d'origine marocaine (de la tribu berbère des Banoû-Zayan, d'où est issu l'Almohade ‘Abd al-Mou'mîn qui la fit entrer dans son djound en Espagne).

Mohtassib ou mouhtassib : arabe, a deux sens : juge chargé de maintenir les droits corporatifs et de réprimer les fraudes commerciales et artisanales et, d'autre part, général d'armée et inspecteur de tout ce qui concerne la guerre.

Molinet (Jean) : poète et prosateur français (1435-1507), l'un des grands rhétoriqueurs du XVe siècle, disciple de Georges Chastellain, chroniqueur de la Maison de Bourgogne, attaché à Charles le Téméraire, Maximilien d'Autriche et Philippe le Beau. Envoyé en Espagne par Maximilien, assista au siège de Grenade. Y retourna pour le mariage de Marguerite d'Autriche avec l'infant Don Juan.

Montechicar : arabe, pour Monte-Sacro (Sacro-Monte).

Monte-Sacro ou Sacro-Monte : montagne au nord de l'Albaïcin, siège au IXe siècle de sanglants combats quand la forteresse de Montechicar passa de mains en mains entre Arabes du djound de Damas et Espagnols (c'est-à-dire Agemiès, habitants musulmans, juifs et chrétiens de la péninsule avant l'occupation arabe). Les grottes du Sacro-Monte sont devenues le siège d'une gitanerie au XVe siècle et demeurent aujourd'hui encore la résidence des Gitans de Grenade.

Morisques : nom donné aux Maures demeurés en Espagne après la conquête de Grenade.

Môsen : titre militaire aragonais.

Moses ben Maïmon : voir Maïmonide.

moslim : arabe, musulman. Pluriel : moslimîn.

moucharabieh : tenture ou grillage en bois placé en avant d'une fenêtre sur la rue, ou à l'intérieur des maisons entre le harem et la partie où pénètrent les hommes.

moudabbar : esclave affranchi par la mort de son maître.

moudehar : altération de l'arabe moudjadân, tributaire ; espagnol : mudejar. Maure ayant reçu un tribut de protection du gouvernement chrétien.

moudjabanna : arabe, beignets au fromage.

moudjâhidîn : pluriel de moudjâhid, combattant de la Guerre Sainte.

mouharram : premier mois de l'année musulmane.

Moukarrab al-Khazrât (al-) : titre donné par le Sultan de Hérât à Alî Chîr Névayî (voir ce nom) lors de sa disgrâce ; Celui qui est le plus près de Sa Majesté.

Moukhaïrik : Juif qui a combattu pour Mahomet à Ohod bien que la bataille fût un samedi. Il y fut tué.

Moursiya : nom arabe de Murcie, anciennement Toudmîr.

moustâ'min : arabe, infidèle, ou rebelle bénéficiant de l'amân (sauvegarde). Autre forme moustâ'man.

moutakabbil : arabe, perceveur de taxe ou gabelle, contrôleur du fisc.

Mou'tamid : voir Al-Mou'tamid.

Mou'tazilite : membre d'un parti religieux se tenant à l'écart des deux grands partis religieux de l'Islâm (chiites et khâridjites), considérant la raison comme l'auxiliaire de la foi, s'appuyant sur la philosophie grecque (sans opter pour tel ou tel système comme les falâssifa) affirmant le libre arbitre de l'homme et déclarant le Coran création d'Allah, et non pas ayant toujours été. Doctrine officielle à Bagdad au IXe siècle sous les califes ‘abbassides Al-Ma'moûn et son successeur, écartée au milieu du siècle par Al-Motaouakkil retournant à la Sounna (tradition). En Espagne, le mou'tazilisme pénètre à la fin du IXe siècle, par les voyageurs venant d'Orient. Au Xe, il disparaît ou se confond avec le massarisme (doctrine d'Ibn-Massara, ermite de la Sierra de Cordoue), partisan du libre arbitre, reconnaissant une matière spirituelle commune à tous les êtres, Dieu excepté. Au XVe siècle, mou'tazilisme, mou'tazilite sont en Andalousie employés en mauvaise part contre le libéralisme en matière doctrinale. Les mou'tazilites se défendent contre les orthodoxes et les hérétiques par une dialectique dont la science est appelée ‘ilm al-Kalâm (science de la parole), ceux qui la professent, mou'tazilites ou non, sont appelés motékallimîn.

Mozarabes : nom donné aux membres des communautés chrétiennes en territoire musulman. Cependant les transfuges mozarabes dans les domaines des Rois chrétiens ont gardé au moins un certain temps un statut spécial et le droit de pratiquer leurs rites.

Murcie : capitale du Royaume de ce nom, anciennement Royaume de Toudmîr, à l'est du Royaume de Grenade.

N

nadjd : arabe, hauteur.

Nadjd (Rabad an-) : colline à l'est de Grenade sur la rive droite du Genil.

Nadjd ou Nedjd : région centrale de l'Arabie (entre le Hedjaz à l'ouest et le Bahraïn à l'est, au sud du Néfoud) entièrement désertique. Habitée par les Bédouins.

naïssan : avril, dans le calendrier syriaque.

nâ'oûra : arabe, noria.

Nasride : dynastie grenadine qui règne de 1232 à 1492. Ce mot signifie Auxiliaire. Les rois de cette dynastie sont issus de Sa'd ben Obâdah, compagnon du Prophète (Ansâr) qui faillit être calife à la mort de Mahomet, par la tribu des Banoû'l-Ahmar.

Natalie de Noailles : (1774-1835) née de Laborde, duchesse de Mouchy. Sœur d'Alexandre de Laborde, élève de David, mariée à Charles de Noailles, duc de Mouchy (1771-1834). Rencontre Chateaubriand en 1804. En 1807, celui-ci passe à Méréville avant son départ pour Jérusalem et donne à Natalie rendez-vous à Grenade au printemps suivant. Cette rencontre a été contestée, mais non point que Natalie et Chateaubriand aient voyagé ensemble d'Andalousie à Madrid. Leur liaison se défait en 1812 sur l'initiative de Natalie. Celle-ci, dont les malheurs conjugaux semblent avoir ébranlé la raison, devait être internée en 1817, et ne mourut qu'en 1835 sans avoir repris une vie normale.

Névâyî (Mîr 'Alî Chîr) : poète et homme d'État (1441-1501), né à Hérât, fils d'un gouverneur de Césarée pour le compte d'un Timoûride. Il est attaché à la cour d'un sultan qui lui donne en 1472 le titre d'émir (d'où le mot Mîr joint à son nom). Lié à Djâmî, duquel il apprend à connaître le soûfisme, l'avicennisme, les conceptions d'Ibn-Arabî. Un certain temps écarté de Hérât par des intrigues, il y revient et reçoit le titre d'al-Moukarrab al-Khazrât (voir ce mot), quand Djâmî meurt en 1495. Sous la signature de Fanî, il avait écrit des vers en persan, mais introduisit dans la poésie la langue turque orientale (langue de Djagataï). Son œuvre abondante comporte un Medjnoûn et Leïlâ et une réponse au poète soûfi Farid-Ouddîn'Attâr, auteur du Mantic Outtaïr, dont il semble que le Medjnoûn ait eu connaissance, à en juger par son Cantique des Cantiques.

Nizâmî (Nizam ed-Din Aboû-Mohammed Elias Ibn-Yoûssoûf, dit) : poète azerbaïdjanais, né à Gandja en 1141, qui vécut à la cour de plusieurs princes persans, mort entre 1203 et 1211. Auteur du Khamsèh, recueil de cinq poèmes dont l'un est un Medjnoûn et Leïlâ. Son soûfisme a le caractère des soûfis de cette époque, et il semble avoir été lié avec l'organisation des akhî (frères) qui constituait des sortes de communes de travail, dont les membres étaient tenus à ne vivre que du travail de leurs mains.

Noailles : voir Natalie de Nouilles.

Noria : mot espagnol et français, arabe, nâ'oûra.

O

oborothniya (la lettre) : transcription d'aspect arabe du nom de la lettre de l'alphabet cyrillique qui s'appelle en russe l'é oborotnoe, première lettre d'Elsa.

Occidentale (mer) : océan Atlantique.

Ohod (Djebel) : montagne au nord de Médine, au pied de laquelle les Koraïchites commandés par Aboû-Sofyân livrèrent bataille aux Médinois de Mahomet et leur infligèrent une défaite qui était la revanche de Bedr.

olébaratchi : gitan, minuit.

‘Omar : second calife après Mahomet (634-644) qui créa le diouân, administration gérant la caisse des taxes de guerre et la répartition des butins (on écrit aussi diwân).

Oméiyades : dynastie califienne fondée par Mo'âouiya, tient son nom du Koraïchite Ommeya, cousin du grand-père de Mahomet. Quatorze califes oméiyades régnèrent à Damas qui conquirent la Transoxiane, l'Afrique du Nord, l'Espagne, la Sicile et l'Asie Centrale, et poussèrent jusqu'à Tours où Charles Martel arrêta leurs armées. Le dernier d'entre eux vaincu en 749 par les ‘Abbassides se réfugie en Égypte, et son petit-fils ‘Abd-ar-Rahman, passé en Espagne, y fonde la dynastie des Oméiyades espagnols, califes de Cordoue (756-1031) dont à la mort du dernier l'héritage se trouve dispersé entre des petits états musulmans sous les mouloûk at-taouâif (rois de Taïfas).

Ophir : région où les navires de Salomon partant de la mer Rouge allaient chercher l'or, et que Colomb croyait atteindre par l'ouest.

Orgaz (comte d') : personnage du célèbre tableau du Greco : L'Enterrement du comte d'Orgaz (au musée du Prado, à Madrid).

Orthographe : pratique variable de l'écriture des mots et des noms, sorte d'alchimie encore fort loin de l'état de science.

Ouâdi Ach : Guadix.

Ouâdi Hadarrouh : le Darro.

Ouâdi'l-Kabîr : le Guadalquivir.

oualoual : voir walwal.

‘oumra : arabe, petit pèlerinage, se distingue du grand pèlerinage appelé hadjdj, en ce qu'il n'est pas d'obligation, et peut se faire à divers moments de l'année.

P

Padul : montagne et ville du même nom, à une vingtaine de kilomètres au sud de Grenade, sur la route de Motril, premier contrefort de la Sierra Nevada, où se trouve le Puerto del Sospiro, où légende veut que Boabdil se soit arrêté pour pleurer en sortant de Grenade.

Palos de Moguer : voir Balouch Enef.

parassange : de l'espagnol parasange, mesure itinéraire employée par les Maures, un peu moins d'une lieue (étymologiquement, provient du persan farsakh).

Paul (un poète appelé) : Paul Éluard, poète français (1896-1952) ; il est ici fait allusion à un poème de 1947, signé par lui Didier Desroches.

Pays du Sud pacifié : Vietnam.

penar badji : gitan, dire la bonne aventure.

Peregrinus Protée : philosophe cynique (105-165), né à Lampsaque, mort à Olympie. Lucien de Samosate dit qu'il s'était fait chrétien et qu'excommunié il se rallia à la philosophie cynique. Aux Jeux Olympiques, ayant annoncé qu'il se lancerait vivant aux flammes, il comptait, dit-on, que le peuple l'en retiendrait. Mais la foule n'ayant point bougé, il se jeta dans le feu et périt pour n'en pas avoir le dédit.

Pétrarque (Francesco) : poète italien (1304-1374), rencontre Laure de Noves à Sainte-Claire d'Avignon, le 6 avril 1327 ; Laure mourut de la peste le 6 avril 1348.

polgar : gitan, chef de clan.

Porcuna (château et ville de) : province de Jaen, à 63 kilomètres à l'est de Cordoue. C'est où fut signé l'accord entre les Rois Catholiques et Boabdil par quoi celui-ci, fait prisonnier à la bataille de Lucena, recouvra la liberté.

Q

Quevedo y Villegas (Francisco Gomez de) : poète et prosateur espagnol (1580-1645), un des esprits les plus singuliers du Siècle d'Or. adversaire de Gongora, et en général de l'idéalisme. On n'en peut presque plus rien écrire que n'y soit apporté le démenti d'un autre texte dans son œuvre même.

R

Rabad : arabe, faubourg.

Rabad al-Fakhkharîn : faubourg des Potiers à Grenade, quartier de cette ville communiquant avec le Rabad al-Maouror par la Bâb al-Fakhkharîn.

Rabad al-Maouror : voir Maouror.

rabb : maître, en sont issues les formes Rabbi, Ribbi, etc.

rabî al-aououâl (rabî 1er) : troisième mois de l'année dans le calendrier arabe.

rabî as-sâni ou, suivant les transcriptions, rabîeth-Thânî (c'est-à-dire rabî 2e) : quatrième mois de l'année du calendrier arabe.

Racine (Jean-Baptiste) : poète et dramaturge français (1639-1699). La tragédie de Bajazet est de 1672. Les faits qui en sont l'origine se situent en 1638, pendant le siège de Bagdad, que l'auteur orthographie Babylone.

radjab : septième mois de l'année du calendrier arabe.

raïhan : arabe, myrte, pluriel : rayâhîn.

ramadân : neuvième mois de l'année du calendrier arabe, où se fait le grand jeûne annuel, d'obligation, à partir de quatorze ans, du lever au coucher du soleil.

ramal : vers orné, mètre du vers arabe.

rayâhîn : pluriel de raïhan.

Région Côtière (Empire de la) : le Maroc. En arabe, Bar el'-adoua, continent de la rive, c'est-à-dire le bord sud du détroit de Gibraltar.

Reynaud (Paul) : homme politique français, né en 1878. Président du Conseil en 1940 après la chute du cabinet Daladier, démissionnaire le 17 juin, arrêté en juillet, l'un des accusés du procès de Riom, déporté en Allemagne en 1943.

Ribât : ermitage, poste frontière.

Rif : massif montagneux dans le nord du Maroc, siège de la résistance contre Espagnols et Français lors de la guerre de 1924-1926.

Rio-Tinto : petit fleuve d'Espagne qui se jette dans l'océan Atlantique à l'est de Huelva ; son estuaire aujourd'hui partiellement ensablé baignait à la fin du XVe siècle le port de Palos de Moguer. À son débouché, se situe le monastère de la Rabida où Colomb trouva appui pour ses projets.

Roderic : dernier roi wisigoth d'Espagne (770-771).

Rojas (Fernando de) : auteur de la Tragi-Comédie de Calixte et Mélibée, voir Mélibée.

rom : gitan, époux, se dit pour désigner un Gitan. Pluriel : roma. Féminin : romî.

româlis : gitan, danse gitane.

romanî ou rommani : gitan, langue des Gitans.

romani-chal : gitan, herbe dont les Gitans font une tisane.

Rondah : arabe, Ronda, place forte la plus avancée vers l'Occident du Royaume de Grenade.

Rosalès : riche famille de Grenade, dont les fils en 1936 sont dans la Phalange. L'un d'eux, Luis, poète, se considère comme un disciple de Federico Garcia Lorca, et c'est chez les Rosalès qu'aux derniers jours de juillet, Federico menacé trouve refuge, I calle de Angelo. Il y demeure jusqu'au 18 août, où un chef de section de l'Escouade Noire vient l'arrêter.

roûm ou roûmi : arabe, romain, et par extension : chrétien.

S

Sacro-Monte : voir Monte-Sacro.

sadj' : prose rythmée employée dans le Coran.

safar : deuxième mois de l'année dans le calendrier arabe.

sâhib al-baïyazira : chef fauconnier.

sâhib al-madîna : préfet de police.

Sainte-Hermandad : « Ligue fraternelle », milice fondée en 1486, en principe contre les voleurs et malfaiteurs.

Salobreña : voir Chaloûbiniya.

Samhar : région d'Abyssinie, face à l'Arabie. Ceux qui font honneur aux lances de Samhar, citation du poète Ka'b ben Zoheyr. Il s'agit des Ansâr, compagnons du Prophète ou de leurs descendants, les émirs nasrides de Grenade, dont Boabdil est le dernier.

Sanchol (l'infant) : voir Chandja. Il est à noter que celui qui parle ici fait une confusion entre deux personnages, l'infant Chandja (Don Sanche, fils d'Alphonse X, roi de Castille et de Léon, qui, en 1284, succède à son père sous le nom de Sanche IV), et Sanchol, fils du grand Al-Mansoûr et d'une fille du Roi Sanche de Navarre, lui-même hâdjib du Calife de Cordoue, Hichâm II, au début du XIe siècle.

Sandjil : l'un des noms arabes du Xénil.

Sanhadjî : pluriel Sanhâdja. Les Sanhâdja sont l'une des plus grandes tribus berbères, qu'on admet être issue d'Arabie yéménite. Leur pays est le Magrib central, d'Alger à Bougie (Kabylie). Leurs soixante-dix branches sont les unes fixées dans l'Ifrikiya, les autres vivent sous la tente du désert. La rivalité entre Sanhâdja et Berbères zénètes a mis les premiers du Parti des Fâtimides et les seconds de celui des Oméiyades d'Espagne. Les Zirides, successeurs des Fâtimides, étaient des Sanhâdja. Les Berbères appelés en Espagne au début du XIe siècle, un Zîride y fonde une dynastie à Grenade, qui subsistera jusqu'à la venue des Almoravides (1090). Les Sanhâdja porteurs de litâm (Lamtoûna et autres), ou Moletthemîn, avaient fondé l'empire du désert qui s'étendait du sud de Tripoli à l'Abyssinie et au Mali. Les Almoravides furent le parti qui combattit ceux d'entre eux qui ne voulurent pas se rallier à l'Islâm. La dynastie almoravide conquiert le Magrib et fonde Marrâkech (1062) et, ayant passé en Andalousie à l'appel d'Al-Mou'tamid contre Alphonse VI, s'empara des royaumes musulmans d'Espagne. Au milieu du XIIe siècle le parti des Almohades subjugue l'Afrique du Nord et, ayant vaincu les Almoravides, rallie les Sanhâdja. Ceux-ci combattirent en Espagne sous ‘Abd-el-Moumîn. La domination almohade en Espagne s'effrite au début du XIIe siècle et les derniers Almohades régnèrent encore au Maroc jusqu'en 1275, où s'établit la dynastie mérinide. C'est dès l'époque des rois zîrides de Grenade, que les anciens djounds andalous ont vu se pratiquer leur berbérisation, par un recrutement intensif en Afrique du Nord et, dans les siècles suivants, les Sanhâdja font en Andalousie figure de mercenaires.

Santa-Fé : ville construite sur l'emplacement du camp de Ferdinand et Isabelle devant Grenade, en 1491, après l'incendie.

sarâouîl : arabe, culottes bouffantes (singulier : sirouâl).

Sénèque (Lucius Annaeus Seneca) : philosophe, moraliste et dramaturge espagnol, de langue latine, né à Cordoue (4 av. J.-C.), exilé de Rome sous l'empereur Claude, en Corse de 41 à 49, écrivit probablement ses tragédies à son retour à Rome, quand Agrippine ayant obtenu sa grâce le prit comme précepteur de Néron, lequel l'ayant fait impliquer dans la conspiration de Pison lui enjoignit l'ordre de se tuer. Il s'ouvrit les veines (an 65). Le passage auquel on se réfère ici est dans Médée (vers 374 à 380).

... Venient annis

saecula seris quibus Oceanus

vincula rerum laxet et ingens

pateat bellus Tethysque novos

detegat orbes nec sit terris

ultima Thule

(Viendront les temps où dans un certain nombre d'années l'Océan relâchera les liens des choses et la terre apparaîtra immense et un Téthys découvrira de nouveaux mondes et ne sera plus d'entre les terres la dernière Thulé.)

Sépharad : nom hébraïque de la péninsule hispano-portugaise, d'où Séphardîm, Juifs de cette péninsule.

Sîmhâ : hébreu, la joie. Prénom féminin.

Sîmorg : oiseau fabuleux que – dans le Mantic Outtaïr (Le Langage des oiseaux) de Farid-Ouddin'Attar (1119-1230), poète persan de Nichapour, massacré à l'âge de cent onze ans par les soldats de Gengis Khan, – la huppe propose aux oiseaux comme roi. Sîmorg, vivant au Caucase, et dont le nom signifie Trente oiseaux, est une allégorie de Dieu, et signifie l'unité de Dieu et des êtres existants.

sîn : s dur de l'alphabet arabe, consonne solaire.

slougui : lévrier arabe (le dictionnaire exige que nous l'orthographiions sloughi, comme il écrit Maghreb, mais nous ne lui obéirons pas, le gh étant absent de notre transcription).

Soljénitsyne : écrivain soviétique contemporain, dont le roman Une journée d'Ivan Denissovitch, publié à la fin de 1962, est précédé dans la traduction française d'une préface de Pierre Daix (1963). souk : arabe, marché.

soumânâ : arabe, caille.

Svetlov (Mikhaïl) : poète soviétique contemporain.

Syrienne (mer) : l'un des noms de la Méditerranée, dans le monde arabe.

T

taa : district.

Tablate (Pont de) : sur la route de Grenade à Motril, entrée des Albacharât.

tabor : corps de troupe marocain, encadré par des officiers étrangers

Tagr : arabe, frontière, ville frontière du Dâr-al-Islâm.

Taïfas (Royaume des) : nom donné aux petits royaumes musulmans du XIe siècle en Espagne, résultant du morcellement du califat oméiyade. Taïfa (arabe, au singulier) signifie « part », il y a une taïfa andalouse, une taïfa berbère, une taïfa esclavone ; pluriel : taouâ'ïf.

taïlassan : « ample pièce d'étoffe jetée sur les épaules ou posée sur la tête » (Lévi-Provençal).

Tajo : espagnol, du nom commun signifiant coupure, ici il s'agit du vallon abrupt formé par la rivière qui traverse et coupe Rondah

tammûz : juillet, dans le calendrier syriaque.

taouil : vers long, l'un des modes du vers dans la métrique arabe.

Targuî : Berbère du centre saharien et des steppes qui séparent le Sahara du Soudan. Pluriel : Touareg.

Tarik ben Ziyâd : commandant du corps expéditionnaire de 300 Arabes et 7 000 Berbères qui envahit l'Espagne au printemps 711.

tchabo : gitan, garçon, enfant.

tchipalo : gitan, forgeron.

tchororo : gitan, pauvre.

Ténériffe : la plus grande île des Canaries ou Grande Canarie.

Thérèse de Jésus (sainte) : mystique espagnole, née à Avila, carmélite qui réforma son ordre (1515-1582), canonisée par l'Église catholique.

Thulé : nom romain d'une des îles Shetland (plus tard donné à l'Islande), supposée être la dernière terre du Nord. Aussi Thylé.

tibr : arabe, argent (métal, souvent lingot d').

Timoûr : Timoûr-leng ou Tamerlan, conquérant tartare né près de Samarkand (1336-1405).

Tiphys : nom du pilote qui conduisit les Argonautes dans l'expédition de la Toison d'or.

touboûl : tambourins (au singulier : tabl).

Toudmîr : arabe, ancien nom de Murcie, par la suite demeuré comme nom du Royaume de Murcie.

Toulaïtoula : arabe, Tolède.

tû : français, participe passé du verbe taire dont le dictionnaire dénie l'existence au masculin.

U

Ubeda : ancienne cité maure de la Sierra Morena, où mourut Jean de la Croix le 14 décembre 1591.

V

Véga : nom espagnol du mardj andalou, verger central du Royaume de Grenade.

Véléz Blanco : ville de la province d'Alméria, dans la corne septentrionale de celle-ci (entre les Royaumes de Grenade et de Murcie) à 63 kilomètres à l'est de Baza en passant par Véléz Rubio.

Véléz Malaga (arabe, Ballach, c'est-à-dire le port) : port situé sur la Benamargosa de Véléz à une lieue de la mer, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Malaga.

ventorillo : cabaret de rouliers, guinguette.

Viznar : localité située à une lieue et demie au nord-est de Grenade, donnant son nom à un ravin et une sierra où eurent lieu les exécutions du 18 août 1936.

W

walwal : arabe, prononcer oualoual, youyou.

wazîr : arabe, prononcer ouazîr, visir, et de même :

wazirat : fonction de visir (ouazirat), forme française, en arabe : wizâra.

Wieland (Christophe-Martin) : écrivain et poète allemand (1733-1813) wouzarâ : arabe, pluriel de wazîr (ououazarâ), visirs.

X

Xénil : rivière d'Andalousie, naissant de la Sierra Nevada et se jetant dans le Guadalquivir, passe au voisinage de Grenade. Espagnol, Genil ; arabe, Sandjil, Chanil, Chnyl.

Xérès : forme française de l'arabe Charich, espagnol Jerez ; ville forte d'Andalousie, célèbre par ses vins et jadis ses fromages.

Y

Yaya (Yahiya) : ici l'un des fils d'Aboû'l-Hassân et de la Chrétienne, par la suite converti sous le nom de Don Pedro de Grenade.

Yémen : ou Arabie Heureuse, royaume côtier de la mer Rouge, au sud-ouest de la péninsule arabique.

Yoûssef ben Aboû'l-Hassân : fils d'Aboû'l-Hassân et frère de Boabdil, tué par le Zagal à Al-Mariya en 1484.

Yoûssoûf ben Koumiya : wazîr, puis hâdjib de Boabdil, l'un des négociateurs de la capitulation de Grenade, suit son maître à Andrach, et, le trahissant, vend à Ferdinand le Catholique les derniers domaines que la capitulation avait laissés à l'émir déchu.

Yoûssoûf le Nasride : Yoûssoûf Ier (1333-1354), émir de Grenade, qui entreprit la construction de l'Alhambra.

Z

zadjal (transcription espagnole : zédjel) : forme proprement andalouse de la poésie arabe. Nous ne l'avons pas le moins du monde imitée ici, nous en rapprochant seulement dans Le Vrai Zadjal d'en mourir. C'est une forme populaire (par la langue) qui, en général, après un distique introductif se compose de quatrains, eux-mêmes constitués par un tercet monorime et un quatrième vers rimant obligatoirement avec le distique introductif. Nous avons ici accepté l'hypothèse récente de E. Garcia-Gomez qui fait d'Ibn-Bâdjdja l'inventeur du zadjal à la fin du XIe « siècle ou début du XIIe. On ne saurait parler de cette sorte de poèmes sans se référer à Ibn-Kouzman (ou Gouzman) de Cordoue qui en fit de ville en ville un genre dépassant le chanteur de rues (XIIe siècle). C'est au XIVe seulement que le zadjal passe en langue castillane. Par le contenu, notamment pour ce qui a trait au houbb al-mouroua d'Espagne, que E. Lévi-Provençal considère comme l'équivalent de « l'amour courtois », les diseurs de zadjal peuvent se comparer aux troubadours, même si on n'accepte pas l'étymologie hypothétique qui fait venir troubadour non de trobar (trouver), mais de l'arabe tarab (joie).

Zagal (al-) : Aboû' Abdallâh Ibn-Sa'd (frère de l'Émir de Grenade Aboû'l-Hassân et oncle de Boabdil) dit le Zagal, c'est-à-dire le Téméraire ; sous le nom de Mohammed XII, détrône son neveu en 1485. Le reste de l'histoire est raconté dans ce poème.

Zahrâ' : l'une des femmes du harem de Boabdil.

Zaïd : personnage fictif, dans son enfance ou volé à ses parents par des Gitans, ou perdu par ses parents gitans. Devient à Grenade le serviteur et le secrétaire de Kéïs Ibn-Amir an-Nadjdî.

Zaïd ben Harissa (aussi transcrit ben Haritha) : jeune esclave donné par Khadidja à Mahomet, originaire d'une tribu chrétienne de la steppe syrienne, sera adopté par le Prophète dont il est le disciple, et par la suite chef de ses armées.

Zaïdé : l'une des femmes du harem de Boabdil.

Zaïdoûn (Ibn-) : voir Ibn-Zaïdoûn.

zambra : voir zam'ra.

zam'ra : arabe, danse grenadine, et séance de danses à Grenade, cor respond à l'espagnol zambra.

Zanatî, pluriel Zanâta : en français Zénète, Zénètes, tribu berbère ayant fourni des mercenaires aux djounds des rois de Taïfas. et plus tard à l'armée grenadine.

Zandjabil : un des fleuves sortant de sous le trône d'Allah et arrosant son paradis.

zarzamores : mot espagnol (zarzamora) ici francisé, mûres sauvages. zéïn : lettre de l'alphabet arabe, consonne solaire, z.

Zirîdes (Rois) : rois d'Ifrikiya qui succédèrent aux Fâtimides, et dynastie grenadine (Banoû-Zîrî) qui régna de 1012 à 1090 et fut renversée par les Almoravides.

Zogoïbi (az-) : arabe, surnom de Boabdil, l'infortuné.

Zoraiyma : femme de Boabdil, fille d'Alî-Atar.

zoulaïdj : arabe, voir azulejos.

zoumourroud : arabe, émeraude.

Zurbaran (Francisco) : peintre espagnol (1598-1662).

 

Il se rencontrera des contradictions orthographiques entre le texte du poème et celui du lexique, tant par fantaisie que par négligence : le lecteur est prié de toujours donner raison au lexique qui lui permettra de corriger les erreurs, volontaires ou non.

 

EXCUSEZ LES FAUTES DE L'AUTEUR.