L’importance des migrations internes
15,3 millions de migrants africains vivaient légalement en 2013 dans un État africain autre que celui de leur origine. Avec les millions de réfugiés, les illégaux et les migrations internes à chaque État, le nombre total des migrants africains à l’intérieur du continent atteindrait 40 millions d’individus, contre 16 millions à l’extérieur. Flux et circulations s’intensifient depuis les années 1980, créant de nouvelles dynamiques.
Anciennes et nouvelles dynamiques migratoires

La mobilité spatiale est une constante du peuplement depuis la dissémination des premiers hominidés. La descente des peuples bantous de l’Afrique centrale vers l’Afrique australe, commencée il y a 3 000 ans et achevée au XIXe siècle, et les mouvements provoqués par les traites esclavagistes ont marqué l’histoire précoloniale.

Durant la colonisation, des migrations de travail ont mobilisé des millions d’Africains, fournissant de la main-d’œuvre à l’extraction minière et aux cultures commerciales. Les firmes sud-africaines recrutaient en Afrique australe, les entreprises belges du Katanga en Afrique centrale, la culture de l’arachide au Sénégal attirait des ouvriers agricoles venant de Guinée et du Mali, celle du coton, puis du café en Ouganda prospérait grâce aux manœuvres venus du Rwanda et du Burundi, l’arboriculture cacaoyère au Ghana et en Côte d’Ivoire fonctionnait avec des migrants sahélo-soudaniens. À ces mobilités s’ajoutaient celles des éleveurs nomades, des négociants, des hommes et des femmes circulant entre campagnes et villes selon les calendriers agricoles et les différences de revenus.

Après les indépendances, l’ouverture de fronts pionniers agricoles et les grands projets ont accru la demande de force de travail, mais le contexte migratoire a changé. Les crispations identitaires de nouveaux États-nations, la multiplication des conflits, en particulier fonciers, et les tensions politiques ont exacerbé la distinction entre « autochtones » et « allochtones » et entraîné des restrictions de l’accès à l’emploi. La phase d’ajustement structurel des années 1980 a aggravé la situation. D’anciens pays d’accueil, comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Gabon, ont durci leur législation et les expulsions ont partout été multipliées. En réponse, des routes migratoires ont été ouvertes vers des pays pétroliers (Nigeria, Angola), miniers (Botswana) ou à forte croissance (Kenya) ; les arrivées légales en Afrique du Sud ont quadruplé depuis 1990. Les flux traversant le Sahara du sud au nord sont en plein essor : il y aurait 4,3 millions de migrants subsahariens illégaux dans les États d’Afrique du Nord. Le Maroc et la Libye sont devenus des États de transit et surtout de travail.

 

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L’Afrique des réfugiés

Fin 2013, toutes catégories confondues (réfugiés, demandeurs d’asile, déplacés internes, rapatriés, déplacés de retour), 13,5 millions d’Africains relevaient de la compétence du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, avec une forte concentration dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est (6,1 millions), en Afrique centrale et autour des Grands Lacs (5,8 millions). Au deuxième rang mondial après l’Asie, l’Afrique comptait alors 3,4 millions de réfugiés et 7,7 millions de déplacés internes ; 50 % du total mondial des déplacés dans leur propre pays sont africains. La part des enfants parmi les réfugiés est comprise entre 50 et 60 %.

La multiplication des conflits armés et des guerres civiles a propulsé l’Afrique dans le haut des classements mondiaux : 4 des 10 premiers États d’origine des réfugiés (Somalie, Soudan, RDC et Érythrée), 3 des 10 premiers États d’accueil (Kenya, Tchad, Éthiopie) sont africains. On trouve 6 pays africains dans les 10 premiers pour le nombre de réfugiés pour 1 000 habitants (Tchad, Mauritanie, Djibouti, Soudan du Sud, Liberia, Kenya), qui ne sont pas parmi les plus riches. Or, ils doivent faire face à la prolifération de camps de tous types, parfois proches des frontières, et à l’arrivée de réfugiés « visibles » (assistés et protégés) ou « invisibles » (clandestins) se rassemblant surtout dans les villes.

 

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Vers une gestion régionale des flux ?

De 1960 à 2013, le nombre de migrants africains internationaux circulant au sein du continent a doublé et les mobilités spatiales de tous types et à toutes échelles ont été intensifiées. Parallèlement, les obstacles à cette mobilité ont été accrus alors que les traités d’intégration régionale existants valorisent en théorie la circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Plusieurs communautés économiques ont élaboré des protocoles sur la libre circulation des personnes, mais les États imposent toujours des règles restrictives qui entravent l’intégration régionale.

Si les frontières demeurent poreuses, les migrants, dont l’âge médian (29,9 ans) est le plus faible au monde, sont aussi acteurs de leur propre trajectoire et beaucoup d’entre eux sont créateurs d’emplois et de richesses.

Or les flux migratoires ne cesseront pas et seront accentués par le changement climatique ainsi que par les inégalités induites par la métropolisation. Pour les prendre en compte, mutualiser les compétences et intégrer les migrants au marché du travail, il est impératif, selon la Banque africaine de développement, de passer du contrôle étatique à une gestion régionale des migrations.

 

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Atlas de l'Afrique
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