Une agriculture kenyane à deux vitesses
L’agriculture kenyane reflète nombre de situations africaines : socle de l’économie nationale, elle emploie 75 % de la population active en 2014, contribue à 30 % du PIB et représente plus de la moitié des exportations du pays en valeur. Cependant, l’agriculture vivrière n’a pas le même dynamisme que les filières exportatrices et le Kenya peine à couvrir les besoins alimentaires de sa population, dont la croissance reste supérieure à 2,5 % par an.
Un kaléidoscope agricole africain

Dans un territoire à 80 % aride ou semi-aride, les surfaces cultivées (10 % du total) se concentrent dans le centre-ouest, composé de hautes terres et de vallées qui bordent le lac Victoria. Offrant des conditions agro-écologiques favorables à un large spectre de cultures, ces plateaux et montagnes constituent le cœur démographique et agricole du pays. Les vastes plateaux chauds et secs couvrant le nord-est du Kenya accueillent un élevage extensif et des cultures céréalières dispersées ; sur la côte, chaude et humide, se déploient des plantations de cocotiers et des cultures vivrières. Presque exclusivement pluviale – moins de 2 % des terres sont irriguées – l’agriculture kenyane combine plusieurs modèles. L’économie de plantation (thé, café, canne à sucre, sisal, tabac, pyrèthre, coton), pourvoyeuse d’emplois et de devises, prolonge l’héritage colonial avec quelques grands domaines et de nombreuses petites exploitations. L’agriculture vivrière (maïs, riz, blé, sorgho, pomme de terre, manioc, légumes et haricot) repose sur le modèle de l’exploitation familiale. Dans les interstices des terres cultivées, des formes d’élevage intensif fournissent lait et viande. Enfin, l’horticulture sous serre s’est développée à partir des années 1980 sur le modèle du complexe agro-industriel à haute intensité de main-d’œuvre, fortement consommateur d’intrants et de technologie.

 

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Un secteur horticole florissant

Stimulée par la demande européenne, par la libéralisation de l’économie kenyane et par la consommation nationale, la production horticole (légumes, fruits, fleurs et plantes aromatiques et médicinales) a crû à un rythme de 15 à 20 % par an au cours de la décennie 2000. L’horticulture occupe aujourd’hui 600 000 ha (12 % des terres cultivées) et fournit 8 millions d’emplois directs et indirects. La filière des fleurs coupées (roses principalement) est un exemple réussi d’insertion dans la mondialisation. Le Kenya fournit en effet un tiers des fleurs du marché européen et en tire 600 millions de dollars par an, presque autant que le tourisme (820 millions). Soumises aux prescriptions du marché tant pour la qualité des produits que pour les processus de fabrication, les entreprises floricoles sont soit des unités délocalisées des Pays-Bas à la recherche de coûts de production moins élevés, soit des domaines détenus par des investisseurs transnationaux ou kenyans. Concentrée autour du lac Naivasha, bien connectée à l’aéroport international de Nairobi, la production de fleurs a favorisé le développement de filières amont pour les intrants et aval pour la commercialisation, l’ensemble formant un cluster agro-industriel rare en Afrique.

 

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Fragilités et incertitudes

La réussite du secteur floricole ne peut toutefois occulter d’autres réalités, moins brillantes, de l’agriculture kenyane. Depuis 1961, les surfaces cultivées en céréales ont été multipliées par 2,4 mais les rendements par 1,2 seulement. La sécurité alimentaire reste fragile et dépendante des importations, d’autant que depuis les années 2000, les sécheresses et les crises ethnopolitiques, dont les effets se sont parfois cumulés (2007-2009), ont ébranlé les bases, déjà fragiles, de l’agriculture vivrière. Après la phase de libéralisation économique, l’État s’est doté de nouvelles politiques de sécurité alimentaire, Strategy for revitalising agriculture (2004-2014) et Agricultural sector development strategy (2010-2020), promouvant l’extension des surfaces cultivées, la diffusion de l’irrigation et de la mécanisation et le recours aux innovations. L’amélioration des revenus tirés de l’agriculture est un autre un défi majeur : plus de la moitié des ruraux vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, contre 15 % des urbains. Enfin, piégé entre l’extension des aires cultivées et les aires protégées, l’avenir de l’élevage pastoral est incertain.

 

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Atlas de l'Afrique
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