Jusqu’à la fin du régime d’apartheid, l’économie sud-africaine a été structurée par le Complexe minéralo-énergétique (CME), dominé par quelques grands conglomérats. Le CME, qui combine extraction de ressources abondantes et variées, transport ferroviaire et services bancaires, marque encore aujourd’hui l’économie du pays. Le secteur minier fournit 9 % du PIB et surtout plus de 50 % des exportations en valeur. Depuis le début des années 1990, l’économie est tournée vers les services (68 % du PIB) de plus en plus financiarisés et mondialisés : l’ensemble finance-assurance-immobilier représente 24 % du PIB et la Bourse de Johannesburg est la première du continent. Mais la croissance, dépendante de la demande extérieure (en particulier chinoise et indienne), s’est affaiblie depuis 2012. Or la « réouverture compétitive » au monde n’a pas été synonyme de diversification industrielle, à l’exception de la construction automobile. Le passage à des formes intensives de production a provoqué des crises sectorielles (textiles) et la « nouvelle croissance » est pauvre en création d’emplois.
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L’État tente de conjuguer croissance forte et redistribution équitable. Les politiques publiques ont abouti à des progrès certains : construction de 2,8 millions de logements subventionnés de 1994 à 2014, taux d’électrification atteignant 85 %, accès à l’eau potable pour 8 millions d’individus, aide sociale pour 16 millions de personnes, fourniture gratuite aux plus démunis de 6 m3 d’eau et 50 kWh d’électricité par mois. Les actions en faveur des « non Blancs » ont permis l’émergence de classes moyennes (estimée à 12 millions d’individus) et la pauvreté absolue a régressé. Néanmoins, la société sud-africaine reste l’une des plus inégalitaires du monde. En 2011, 21 % des Sud-Africains, soit 11 millions de personnes, vivaient avec moins de 34 euros par mois (seuil de pauvreté alimentaire) et 53,8 % avec moins de 79 euros (seuil haut de pauvreté monétaire). Cette pauvreté de masse résulte d’un taux de chômage élevé : s’il atteint 26 % en moyenne en 2015, il touche 40 % des Noirs. Ces derniers forment 80 % de la population totale et les deux tiers sont classés comme pauvres.
Les inégalités régionales : métropolisation
La croissance est polarisée sur les huit villes à statut métropolitain (Metros). En 2014, elles concentraient près de 60 % du PIB national et 48 % des emplois (respectivement 31 % et 28 % pour les trois Metros du Gauteng). Les dynamiques territoriales résultent de cette polarisation. Les provinces du Gauteng, du Cap de l’Ouest et du KwaZulu-Natal ont une croissance économique supérieure à la moyenne nationale et des soldes migratoires positifs. Seules les deux premières ont des revenus par ménage supérieurs à la moyenne. La pauvreté et le poids des populations rurales caractérisent le KwaZulu-Natal. Les autres provinces, hors des grandes villes, sont en marge.