L’incertitude des progrès sanitaires
Le recul des maladies infectieuses et l’amélioration des conditions de vie ont permis un allongement de l’espérance de vie en Afrique, de 42 ans dans les années 1960 à plus de 58 ans aujourd’hui. Mais le paludisme et le VIH/Sida demeurent des causes importantes de mortalité, alors que des maladies liées au développement (diabète, cancers) et des épidémies brèves mais brutales (Ebola) mettent à l’épreuve les capacités d’adaptation des systèmes de santé.
Vers une transition épidémiologique

Les indicateurs relatifs à la santé sont de bons révélateurs du développement : ils montrent un continent en transition où s’observent de fortes différenciations. Ainsi, le taux de mortalité infantile souligne les inégalités entre pays : en 2015, il dépasse 90 ‰ en Angola et en République centrafricaine, atteint 12 ‰ en Tunisie, alors qu’avec 61 ‰ la Guinée est dans la moyenne africaine.

L’évolution des maladies, causes principales de la mortalité des adultes, inscrit le continent dans le processus de transition épidémiologique selon lequel les maladies chroniques non transmissibles se substituent progressivement aux maladies infectieuses. Cependant, l’Afrique s’éloigne du modèle général en suivant une étape de combinaison d’épidémies et de carences (alimentaires surtout), qui entrent en interaction.

Les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires et surtout le diabète progressent à mesure que les modes de vie évoluent : elles sont favorisées par l’urbanisation, la sédentarité, les pollutions, l’enrichissement des régimes alimentaires, l’augmentation des consommations d’alcool et de tabac. Elles représentent déjà 25 % des causes de décès en Afrique subsaharienne.

 

 

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Maladies des tropiques et maladies mondialisées

Le milieu joue un rôle déterminant sur la santé en Afrique où l’eau, le climat, la forêt, offrent des conditions favorables aux maladies parasitaires et infectieuses. Celles-ci sont globalement en recul, mais elles exercent toujours des menaces fortes.

Selon l’OMS, le paludisme a touché plus de 163 millions d’Africains et causé au moins 528 000 morts sur le continent en 2013, soit 90 % de l’ensemble des décès dus à cette maladie dans le monde. En l’absence de vaccin, l’usage de moustiquaires imprégnées reste la protection la plus efficace et la plus accessible, d’autant que l’efficacité des traitements se heurte à l’apparition de souches résistantes.

D’autres endémies, en net recul mais pas encore totalement endiguées, sont regroupées par l’OMS sous le terme de « maladies tropicales négligées » : onchocercose, trypanosomiase, dengue, lèpre, etc. Avec la malnutrition et les famines, ces maladies des tropiques pauvres touchent les populations les plus vulnérables.

Initialement apparus sur le continent, le sida et la fièvre hémorragique à virus Ebola sont devenus des pandémies sans frontières dont la résonance mondiale est tout autre. Après deux décennies de croissance forte, les taux de prévalence du VIH ont commencé à baisser dans plus de vingt pays africains au cours des années 2000, même s’ils restent les plus élevés du monde. Ils atteignent des records en Afrique australe : 22 % au Botswana, 23 % au Swaziland et 27,4 % au Lesotho en 2013. Cette même année, 24,7 millions d’Africains étaient porteurs du virus (70 % du total mondial), dont 58 % de femmes. Aux conséquences démographiques épouvantables du sida sur le continent (plus d’1 million de morts par an) s’ajoutent ses impacts économiques et sociaux, difficiles à mesurer mais considérables, car la maladie touche d’abord les femmes, les jeunes, les cadres urbains ; elle provoque exclusion, endettement et dépendance, et crée des générations d’orphelins.

 

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Loin de la couverture sanitaire universelle

Si on tombe moins malade aujourd’hui qu’il y a quelques décennies en Afrique, est-il plus facile de se soigner ? L’objectif de l’OMS d’une couverture universelle des services de santé, accessibles physiquement et financièrement à tous, est encore loin d’être atteint.

Après des phases de recul au gré des crises environnementales, politiques et économiques des décennies 1980-1990, les dépenses publiques de santé augmentent à nouveau. Entre 2001 et 2011, elles sont passées de 8,7 % à 9,7 % du total des dépenses publiques en moyenne pour l’Afrique subsaharienne, mais ne représentent que 49 dollars par habitant contre 613 en moyenne dans le monde. L’équipement sanitaire, le recrutement de personnel médical, les campagnes de vaccination mobilisent des budgets considérables pour des États aux ressources limitées, soutenus néanmoins par l’aide au développement dont, depuis quelques années, plusieurs fonds mondiaux et des fondations privées. Ces soutiens représentent plus de la moitié des dépenses totales de santé.

Le coût de la santé est une question cruciale pour chaque Africain et en particulier pour les plus pauvres. Les consultations médicales, les hospitalisations et les médicaments sont inaccessibles à une large part de la population. En protégeant ses brevets et en limitant la production de génériques, l’industrie pharmaceutique mondiale exclut une majorité de consommateurs africains. Pour ceux qui en ont les moyens, se faire soigner à l’étranger permet d’échapper à des systèmes de santé peu performants, voire peu fiables. Les pays au nord du Sahara – Europe, mais aussi Tunisie, Maroc ou Égypte – sont ainsi devenus les destinations privilégiées d’un tourisme sanitaire des élites subsahariennes. Pour les autres, le recours à la pharmacopée et aux guérisseurs dits traditionnels ou à la médecine chinoise émergente en ville est une option jugée moins risquée que la « pharmacie par terre », qui fournit dans les marchés ou au coin de la rue des médicaments contrefaits ou périmés.

 

Des inégalités marquées

L’espérance de vie à la naissance est la durée de vie moyenne d’une génération soumise aux conditions de vie et aux risques de décès d’une société donnée. Liée au développement économique, à l’amélioration de l’alimentation, de l’hygiène et des dispositifs de santé publique, elle s’allonge depuis cinquante ans en Afrique, à des rythmes inégaux selon les pays. Elle est de 70 ans en 2013 en Algérie et de 50 ans au Lesotho.

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Atlas de l'Afrique
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