La déforestation en question
Si la déforestation ralentit au niveau mondial, elle continue de progresser en Afrique, où la FAO a estimé une perte nette de 14,2 millions d’hectares entre 2010 et 2015. Stable en Afrique du Nord, la forêt recule à un rythme annuel de 0,26 % en Afrique centrale, 0,65 % en Afrique australe et orientale et 1,1 % en Afrique occidentale. Cette tendance fait du continent l’une des principales cibles des mécanismes de protection déployés à l’échelle mondiale.
Diversité des processus

Parmi les dix pays de la planète ayant la plus forte baisse annuelle de superficie forestière entre 1990 et 2015 figurent le Nigeria, la Tanzanie, le Zimbabwe et la RDC, chacun ayant perdu entre 300 000 et 400 000 hectares de forêt chaque année. Pour l’essentiel, les facteurs de déforestation et de dégradation des forêts africaines sont d’origine anthropique, même si les sécheresses contribuent à fragiliser les formations arborées sahéliennes et si des parcelles de forêts plantées souffrent occasionnellement de maladies ou d’insectes ravageurs. Les plus puissants facteurs de déforestation sont les défrichements préalables à l’extension des surfaces cultivées, l’exploitation des grumes, les feux de brousse liés à la chasse ou au pastoralisme et surtout l’augmentation de la consommation de bois combustible (liée à la croissance démographique et l’urbanisation). Le bois de feu représente 97 % des extractions annuelles de bois en Éthiopie (100 millions de m3) et 94 % en RDC (76 millions de m3). En Ouganda, la réduction des surfaces boisées est due à l’extension des terres agricoles : les premières sont passées de 19,3 % du territoire en 1990 à 11,7 % en 2013, les secondes de 62,6 % à 71,8 % dans le même temps.

Dans d’autres pays, les surfaces boisées progressent, dont le Gabon où la forêt a gagné un million d’hectares depuis 2010. En Côte d’Ivoire et au Ghana, l’arboriculture marchande (cacao, café, hévéa…) a presque entièrement éliminé les forêts primaires qui n’y représentent plus aujourd’hui que 400 000 à 600 000 ha (4 à 6 % des surfaces boisées). Néanmoins, depuis les années 1990, des forêts se reforment par régénération naturelle et par un effort de reboisement (20 000 ha/an depuis 2010 pour le Ghana) : la Côte d’Ivoire a gagné 180 000 ha de forêts depuis 1990, le Ghana plus de 700 000.

 

 

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La forêt du bassin du Congo en danger ?

La plus vaste et la plus emblématique forêt du continent était plutôt épargnée, encore récemment, mais des signes de dégradation et de déforestation s’observent désormais avec l’intensification de son exploitation. Cette forêt de 220 millions d’hectares s’étend sur six pays où résident 100 millions de personnes. En partie corrélé à la densité de population, le taux d’exploitation des forêts reste faible : moins d’1 m3 par hectare en moyenne. Les pays du bassin du Congo fournissent 3 % de la production mondiale de bois rond tropical et une part encore plus marginale du bois transformé.

À côté de l’exploitation industrielle, la production informelle artisanale se développe, poussée par une forte demande en bois de feu et en bois de construction des pays du bassin et des voisins (Tchad, Soudan et même Niger et Égypte). Elle aurait dépassé la production formelle au Cameroun et en RDC, où se créent, dans les zones les plus accessibles, des poches de surexploitation (prélèvements supérieurs au seuil de régénération). Si la faible densité du réseau routier protège encore le cœur de la forêt, elle constitue un frein pour l’essor d’autres activités. Pour les pays du bassin, tracer des voies de développement permettant d’éviter une grave déforestation sera un défi majeur.

 

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Les forêts africaines, enjeu « glocal »

Les enjeux de la déforestation sont à la fois locaux (dégradation des sols, perte de ressources végétales et fauniques pour les populations) et globaux (biodiversité et stock de carbone). La forêt primaire a de ce point de vue une valeur particulière, car elle constitue encore 37 % des forêts africaines (67,3 % de celles de la RDC, moins de 9 % en RCA). Aux programmes de conservation nationaux et internationaux s’ajoutent progressivement des plans pour une gestion raisonnée des forêts.

Le programme des Nations unies REDD+ (Reducing emissions from deforestation and forest degradation) permet aux États africains d’obtenir des fonds des pays du Nord en échange de la mise en place de vastes concessions forestières, destinées à constituer des stocks de carbone. Avec 15 % des forêts du monde (624 millions d’hectares) et 23,6 % des stocks mondiaux de carbone dans la biomasse, l’Afrique dispose d’un patrimoine à forte valeur. Or, enrayer les processus de dégradation et de déforestation ne dépend pas que des plans de gestion. En l’absence d’alternative énergétique, la consommation de bois de feu progressera dans les années à venir. De même, dans les conditions actuelles, les agricultures africaines peuvent difficilement répondre au défi alimentaire sans accroître les surfaces cultivées et donc les défrichements.

 

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Atlas de l'Afrique
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