Un continent inégalement peuplé
Deux traits ont longtemps caractérisé le peuplement de l’Afrique : sa faiblesse et la vigueur des contrastes entre espaces vides et zones densément occupées. Ces héritages s’expliquent par la combinaison de facteurs naturels et historiques. Ils s’atténuent sous l’effet de la forte croissance démographique, mais de manière inégale : la densification est plus rapide dans les villes et les zones rurales les plus favorisées par leur intégration économique.
Des contrastes hérités aux causes complexes

Longtemps peu peuplée, l’Afrique est aujourd’hui un continent de densité moyenne à l’échelle mondiale, comparé à des ensembles de gabarit similaire : 40 hab/km2, contre 33 en Amérique du Sud, 33 en Europe (Russie incluse) et 140 en Asie. L’occupation humaine se caractérise depuis longtemps par des contrastes très importants, opposant des zones quasiment vides d’hommes à des secteurs très densément peuplés.

Les principaux foyers de peuplement africains correspondent à trois types de configuration. D’une part, des hautes terres (montagnes berbères en Afrique du Nord, Éthiopie et Grands Lacs en Afrique de l’Est, hautes terres malgaches, monts Mandara en Afrique centrale, Kabyés et Fouta Djalon en Afrique de l’Ouest), où les populations sont historiquement nombreuses du fait de conditions sanitaires (absence de paludisme) et politiques (zones refuges) favorables. D’autre part, des vallées, comme celles du Sénégal, du Niger et surtout du Nil, qui ont aussi fixé des peuplements denses. Enfin, des régions dont l’économie s’est orientée précocement vers les exportations (industrielles ou agricoles) et qui ont concentré à la fois des populations rurales et des pôles d’urbanisation majeurs (littoral maghrébin, presqu’île du Cap-Vert au Sénégal, golfe de Guinée, Gauteng et sud-est de l’Afrique du Sud).

Les grandes zones arides, qui présentent des contraintes particulières aux activités agricoles, comme le Namib et le Kalahari, et surtout le Sahara, sont très peu peuplées – sauf exception, comme le ruban de hautes densités dessiné par la vallée du Nil. Certaines régions forestières subéquatoriales sont également peu densément occupées, comme l’essentiel du bassin du Congo. L’insalubrité de tropiques humides a ici une part d’explication. L’histoire a aussi la sienne : si l’insalubrité du milieu entretient la mortalité, c’est aussi parce que les populations n’étaient pas assez nombreuses pour maîtriser l’environnement. Comment expliquer, sinon, l’accumulation humaine dans des zones au climat comparable, comme les bouches du Niger, au Nigeria ?

De nombreuses régions peu peuplées, parfois présentées aujourd’hui comme des espaces pionniers à conquérir, correspondent à des zones jadis dépeuplées par la traite esclavagiste, comme la bande qui apparaît en Afrique de l’Ouest entre les plages densément peuplées du littoral et la zone sahélo-soudanienne (bande particulièrement visible en Côte d’Ivoire et au Ghana).

 

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Une densification aux implications ambivalentes

La forte croissance démographique observée depuis le dernier tiers du XXe siècle s’accompagne d’une fréquente augmentation des densités.

À partir des foyers historiques, celles-ci se diffusent en tache d’huile, par contiguïté, vers d’anciens no man’s land dont les réserves foncières sont progressivement consommées, comme sur les pourtours du pays mossi au Burkina Faso ou au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. En zone rurale de savanes, 30 hab/km2 signale un seuil à partir duquel, en l’absence d’intensification agricole et d’intégration agriculture/élevage, la pression sur les terres conduit à raccourcir les jachères et provoque des tensions sociales.

Les espaces qui perdent des habitants demeurent des exceptions : il s’agit soit de milieux déjà faiblement peuplés touchés par l’exode rural (forêts du Gabon ou de République centrafricaine, Sahel septentrional), soit de foyers de peuplement anciens dont les conditions de production sont devenues trop défavorables dans le cadre d’une économie ouverte, et qui alimentent les migrations nationales ou internationales (montagnes de Kabylie, moyenne et haute vallée du Sénégal, monts Mandara, Fouta Djalon).

La croissance est la plus forte dans les aires urbanisées, en particulier en périphérie des grandes villes et dans les zones interstitielles entre les chapelets de villes, ou dans les régions qui ont connu des développements économiques significatifs, notamment agricoles (littoraux du golfe de Guinée).

La densification du peuplement en cours est ambivalente : elle rend moins coûteux le contrôle de l’espace et permet de rentabiliser les infrastructures mais elle s’accompagne de tensions foncières et de pressions sur l’environnement.

 

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Atlas de l'Afrique
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