L’économie africaine dépend encore
beaucoup de l’exportation de produits primaires (agricoles et
miniers) peu ou pas transformés. La longue histoire de
l’intégration du continent à la mondialisation est en effet
caractérisée par des relations asymétriques avec les pôles
européens dominants : elle s’ébauche avec le système de la traite
au XVIe siècle et se confirme durant la
colonisation et au-delà. Les tentatives d’industrialisation
post-indépendances ont globalement échoué. Ce modèle d’extraversion
est indissociable du mal développement : grande vulnérabilité aux
baisses cycliques des prix des matières premières et faiblesse de
la valeur ajoutée. Depuis le début des années 2000, l’hypothèse
d’une émergence africaine est à l’ordre du jour. Elle repose sur la
croissance démographique et urbaine qui élargit les marchés
nationaux et régionaux, l’augmentation des investissements
étrangers (les pays émergents s’ajoutant aux partenaires
traditionnels) et l’essor de nouveaux secteurs (notamment dans les
services). L’Afrique fait figure de nouvelle frontière du
capitalisme, susceptible de prendre le relais d’une Asie où le coût
de la main-d’oeuvre augmente. Cependant, de tels changements
sont-ils suffisants pour remettre en cause les structures héritées
?