Permanence des économies primaires ou émergence ?
L’Afrique a connu de 2000 à 2014 une conjoncture favorable liée notamment au prix élevé des matières premières, situation ayant conduit à évoquer une « émergence » africaine. Cependant, les structures productives demeurent marquées par le poids du secteur primaire, agricole ou extractif, et une forte vulnérabilité. L’émergence n’est en effet pas le reflet mécanique de la croissance et la transformation structurelle des économies reste encore à réaliser.
L’Afrique de la croissance

Après deux décennies de faible croissance, l’Afrique a renoué avec une dynamique positive. Dans un contexte d’essor démographique et de grande pauvreté, la croissance économique est plus qu’ailleurs un impératif du développement : en Afrique subsaharienne, elle doit dépasser 3 % pour permettre d’augmenter le revenu par habitant et 7 % (selon la Banque mondiale) pour réduire vraiment la pauvreté.

La tendance masque la diversité des situations. Les taux de forte croissance ou les récessions qui durent plusieurs années traduisent souvent les effets d’un conflit : effondrement du revenu national en RDC dans les années 1990, en Côte d’Ivoire dans les années 2000, en RCA depuis 2010 et au Mali depuis 2012 ; reprise post-conflit au Rwanda dans les années 2000 et en Côte d’Ivoire après 2011. Ces taux extrêmes résultent aussi de la montée des cours (pétrole au Nigeria et en Angola dans les années 2000) ou de la mise en exploitation de nouvelles ressources (pétrole en Guinée équatoriale après 1995, or au Burkina Faso à partir de 2007). Depuis 2009, l’Afrique de l’Est présente les taux de croissance les plus élevés d’Afrique, grâce aux dynamiques sociopolitiques internes et à l’intensification des liens avec l’Asie. L’année 2014 marque un changement de cycle : la croissance africaine ralentit avec la baisse du prix des matières premières, liée à celle de la demande chinoise.

 

 

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Le poids persistant du secteur primaire

Les économies africaines reposent toujours largement sur les activités primaires, dont dépendent en grande partie les exportations et les budgets publics. À l’échelle du continent, l’agriculture et les activités extractives restent prépondérantes (52 % du PIB en 1970, 45 % en 2013), les transports, les communications et les services non commerciaux progressent (de 26 à 32 %) et l’industrie décline (de 10 à 8 %). L’agriculture et le secteur informel pourvoient une grande part de l’emploi.

Divers profils de pays se distinguent suivant l’origine de leurs revenus : les économies diversifiées à base industrielle (Afrique du Sud, Maroc, Égypte, Tunisie, Maurice) ; les rentiers des hydrocarbures, à forte population (Nigeria, Algérie, Angola) ou non (Libye, Guinée équatoriale, Gabon, Congo) ; les agro-exportateurs (Cameroun, Côte d’Ivoire, Kenya, Tanzanie) ; les « agro-extractifs », aux ressources publiques d’origine minérale mais où l’agriculture fournit l’essentiel des emplois (RDC, Tchad, Burkina, Mali, Niger, Soudan…).

Les dynamiques actuelles brouillent ce schéma. L’économie nigériane ne se réduit pas au pétrole : le cinéma (Nollywood), la téléphonie et le bâtiment sont en plein essor. La forte croissance éthiopienne repose sur des bases diversifiées (agriculture, infra-structures, services, industrie textile).

 

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Émergence(s) africaine(s) ?

Depuis 2010, l’émergence est un slogan tout autant qu’un objectif pour nombre de dirigeants africains. Cette notion, inventée dans la finance pour décrire l’essor de nouveaux marchés en dehors des pays riches, désigne un processus d’affirmation politique et économique d’un État dans la mondialisation, tel qu’il a concerné la Chine, l’Inde, le Brésil voire l’Afrique du Sud. L’émergence suppose un certain poids démographique, des taux de croissance élevés dans la durée et une capacité à exercer une influence au niveau mondial : cette dernière peut être politique, économique (via de grandes entreprises actives à l’international) ou via le soft power (culture, etc.).

En dehors de l’Afrique du Sud, et peut-être du Maroc, le statut d’émergent ainsi défini est encore hors de portée pour la plupart des États africains. Néanmoins, la transformation démographique en cours leur est favorable, à condition que les structures économiques poursuivent leurs mutations, à peine esquissées : cela passe par la diversification, la montée en gamme et le rééquilibrage des échanges au profit des marchés intérieurs africains.

 

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