36

Charles Moon, l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, échouait à l’une de ses principales tâches de la soirée. Le président l’avait en effet expressément chargé de veiller à ce que le vice-président ne boive pas trop lors de la réception offerte par M. Ghami chez lui.

Le vice-président tenait mal l’alcool, et depuis leur arrivée chez le ministre libyen des Affaires étrangères, une demi-heure auparavant, il avait déjà avalé quatre flûtes de champagne. Cela aurait pu être compréhensible s’il avait su que la maison serait probablement la cible d’une attaque terroriste, mais le gouvernement, qui ne lui faisait pas confiance, avait estimé que pour la réussite de leur plan, on ne pouvait lui divulguer une telle nouvelle.

Moon posa sur une table en marbre sa propre coupe de champagne encore pleine et s’essuya les mains sur son pantalon de smoking. A côté de lui, le vice-président Donner terminait une blague salace. La dizaine d’invités qui l’entourait attendit une fraction de seconde avant de se laisser aller à un rire poli. Son attachée de presse, qui lui servait ce soir-là de cavalière, l’entraîna doucement à l’écart avant qu’il ait pu se lancer dans une autre histoire de la même veine.

Moon en profita pour jeter un coup d’œil sur l’élégante salle de réception. La maison d’Ali Ghami était somptueuse. Bâtie en pierre de taille et ornée de stucs, elle ressemblait à un palais mauresque dont elle offrait le caractère massif et sécurisant. Après la porte cochère, l’entrée principale s’ouvrait sur les trois étages supérieurs. D’élégantes balustrades en fer forgé bordaient chacun des paliers et l’escalier faisait au moins six mètres de large. Un orchestre jouant de la musique traditionnelle était installé en haut de la première volée de marches, là où l’escalier se divisait en deux.

Aussi impressionnante qu’elle fût, la maison pâlissait au regard de l’importance de ses hôtes, puisqu’il n’y avait là pas moins de dix chefs d’Etat. Dans un coin, sous un palmier en pot éclairé par l’arrière, le Premier ministre israélien échangeait quelques mots avec le président libanais, tandis que de l’autre côté de la salle, le Premier ministre irakien s’entretenait avec le ministre iranien des Affaires étrangères.

Moon n’était pas surpris de voir ces gens discuter cordialement lors d’une telle réception : après tout, c’étaient des diplomates, mais il avait l’impression qu’aujourd’hui cela allait un peu plus loin. On sentait dans cette salle régner un véritable optimisme quant à la réussite de la conférence de paix du lendemain.

Mais en lui, une voix de mauvais augure tempéra cette vision idyllique : d’abord survivre à cette soirée.

Debout à côté d’une fontaine en mosaïque, Ali Ghami rassemblait autour de lui l’assistance la plus nombreuse. Les deux hommes échangèrent un regard et Ghami leva son verre, un geste solennel signifiant à Moon que l’hôte le plus important pour lui n’était pas là ce soir.

Car Fiona Katamora occupait la plupart des conversations. Moon avait d’ailleurs appris que Kadhafi, vêtu d’un costume civil et non d’un uniforme, évoquerait sa disparition au cours de son allocution.

Le garde du corps de Moon, qui avait revêtu pour la circonstance un smoking qui lui allait mal, lui tapota le bras, et, d’un mouvement de menton, lui montra le passage ouvert entre la salle et le salon voisin. A hauteur de plafond, on distinguait une caméra vidéo.

— Jusque-là, j’en ai compté cinq, dit l’homme.

— Pour la sécurité ?

— Ou pour la postérité. On peut parier qu’elles sont branchées et prêtes à enregistrer l’attaque de ce soir. J’ai aussi remarqué que la télévision à écran plasma dans le salon a été installée pour l’occasion. Les câbles sont fixés au sol et non sous le tapis persan. Comme ça, tout le monde pourra assister à la décapitation. Et la foule sera aussi commodément réunie pour l’attaque. Je pense aussi que le spectacle se donnera dans les deux endroits, parce que j’ai vu une petite webcam à côté du poste de télévision.

— Ça va vraiment se passer, hein ?

— C’est leur plan, mais ne vous inquiétez pas, nous savons ce que nous faisons.

— Avez-vous pu déterminer quels sont les gardes loyaux et quels sont les terroristes ? demanda Moon.

— Les terroristes sont encore à l’extérieur. Ceux qui ont préparé cette attaque savent qu’ils ne pourraient pas garder leur couverture s’ils étaient déjà ici.

Le garde du corps semblait confiant, mais il n’en surveillait pas moins avec attention les quelques agents libyens dispersés au milieu des hôtes de marque.

Un micro sans fil à la main, Mouammar Kadhafi escalada deux marches pour se situer un peu au-dessus de la foule. L’orchestre se tut et tout le monde attendit avec impatience l’hommage qu’il devait prononcer en l’honneur de Fiona Katamora.

Le dirigeant libyen était connu pour prononcer des discours aussi longs que ceux de Fidel Castro, et au bout de cinq minutes, Moon cessa de lui prêter attention.

Au cours de ce bref laps de temps, il s’était essuyé deux fois les mains, et il savait que sous sa veste de smoking, sa chemise était trempée aux aisselles.

Curieusement, son garde du corps semblait, lui, parfaitement détendu.

*

Dans l’obscurité de la grotte, Eric introduisit un nouveau chargeur au jugé. Il ne lui en restait plus que deux dans l’étui pendu à sa ceinture. Son épaule le lançait et il n’avait aucun moyen de la panser. Un sang chaud et poisseux coulait jusqu’entre ses doigts.

Une nouvelle grenade jetée au jugé atterrit juste en dessous du plat-bord du Saqr et retomba dans la poussière. L’explosion fut assourdie par la coque, mais elle repoussa vers le quai le bateau qui donna de la gîte à dix degrés. Cette fois-ci, le bois desséché prit feu immédiatement et ils ne purent rien faire pour l’éteindre.

— Dès qu’il fera assez clair, on est foutus, dit Mark d’un air grave.

Déjà, Linda distinguait sa silhouette émerger de la pénombre. Il avait raison. L’obscurité les avait sauvés jusque-là, mais dès que l’incendie aurait atteint une certaine intensité il éclairerait la grotte et les terroristes prendraient l’avantage. Fallait-il attendre et tenter de les repousser, ou battre en retraite et trouver un moyen de sortir de la nasse ?

Elle prit rapidement sa décision.

— Bon, on va lâcher une courte rafale en couverture. Mark, Eric, prenez Alana, sautez sur le quai et éloignez-vous de l’entrée. Essayez de trouver une position qu’on puisse défendre. Je vous donne trente secondes d’avance. Ensuite, vous les arrosez à nouveau et moi je vous rejoins.

Ils s’alignèrent derrière le bastingage du Saqr. Le feu qui brûlait derrière eux n’était pas encore assez puissant pour illuminer toute la grotte, mais on y voyait environ à cinq mètres. Ils distinguèrent alors le corps d’un terroriste, allongé par terre, une flaque noire sous sa poitrine qui imbibait la poussière.

— Feu ! ordonna Linda.

Ils lâchèrent de longues rafales qui allèrent s’écraser contre l’éboulis qui avait servi à empêcher l’eau de la rivière d’envahir la grotte.

Dès qu’ils eurent vidé leurs chargeurs, Eric et Mark soulevèrent Alana par les avant-bras, tandis que derrière eux, Linda continuait de tirer. Ils sautèrent ensuite sur le quai et Alana serait tombée si Eric ne l’avait pas aussitôt rattrapée.

Courbé autant qu’il le pouvait, Mark ouvrit le chemin, les bras tendus devant lui. Lorsqu’il toucha la paroi au fond de la grotte, il tourna sur sa droite et poursuivit son chemin. Alana, elle, ne pouvait garder la main sur la roche, mais derrière elle, Eric la guidait, une main posée sur son épaule.

Ils marchèrent ainsi à l’aveugle sur une bonne vingtaine de mètres, mais en raison de l’acoustique de la grotte, le bruit de la fusillade sembla ne jamais décroître.

Lorsqu’ils se retrouvèrent à l’extrémité du quai, Mark osa allumer brièvement sa lampe et découvrit un empilement de matériel de navigation, surtout des cordages, mais également des chaînes enroulées dans des paniers et des rames. Mais ce fut surtout l’ouverture d’une grotte latérale qui attira son attention. Sur une barre métallique fixée au rocher pendaient encore des lambeaux de deux tapisserie destinées autrefois à en masquer l’entrée.

— Ça devrait être bon, dit-il, avant que tous trois ne s’engouffrent dans la petite grotte.

Eric referma rapidement les lambeaux de rideaux et remit un nouveau chargeur dans son arme tandis que Mark promenait dans la salle le faisceau de sa lampe.

— C’est incroyable, fit Alana, stupéfaite, qui oublia pendant un instant sa douleur aux mains et le fracas de la fusillade.

Non seulement le sol de la grotte était recouvert de plusieurs épaisseurs de tapis d’Orient, pour faire barrage au froid qui montait de la roche, mais les parois également, ce qui donnait au lieu l’atmosphère chaleureuse d’une tente. Deux lits de cordes occupaient un des côtés de la salle, l’un soigneusement fait, l’autre en désordre. On distinguait également plusieurs coffres et une grande table au plateau orné de marqueterie en nacre, avec des encriers et des plumes qui, avec le temps, s’étaient affaissées dans leur réceptacle en or. Par terre et sur des étagères tout autour, s’amoncelaient des piles de livres. A la place d’honneur, un Coran richement orné et une Bible écornée.

A côté des étagères se trouvait une alcôve remplie de coffres empilés du sol au plafond. Le couvercle de l’un d’eux était fendu et en dirigeant le faisceau de sa lampe dans l’ouverture, Mark aperçut le scintillement inimitable de l’or.

Il voulut voir s’il y avait une ouverture derrière les coffres, mais ils étaient si soigneusement empilés qu’il aurait fallu pour cela les déplacer. Il tenta donc de tirer celui qui se trouvait au sommet, mais en vain.

Il donna la lampe à Alana, qui, incapable de la tenir à la main, la glissa sous son bras.

— Il n’y a pas de sortie, annonça Mark en rejoignant Eric. Le bon côté des choses, c’est qu’on va mourir riches. Il doit y avoir cent millions de dollars en or entassés là-bas derrière.

Au-dehors, la fusillade demeurait toujours aussi intense, mais Linda avait dû à son tour quitter leur précédent abri car ils n’entendaient plus son arme au milieu des claquements secs des AK-47 des terroristes. La proue du Saqr était à présent la proie de flammes qui atteignaient le plafond et remplissaient la grotte de fumée.

Dans l’obscurité, Eric ne cessait de chuchoter « Marco » et entendit soudain qu’on lui répondait sur le même ton « Polo ».

Linda se glissa à l’intérieur avant que les terroristes se soient rendus compte qu’elle s’était déplacée.

— De bonnes nouvelles ? demanda-t-elle.

— Nous sommes riches, répondit Mark. Mais coincés.

*

Les deux navires étaient si proches l’un de l’autre qu’aucun des deux ne pouvait tirer au canon, mais l’Oregon, plus gros et équipé de moteurs plus puissants, poussait la frégate libyenne vers le rivage. De temps à autre, un terroriste courageux ou suicidaire surgissait sur le pont pour lancer une roquette, mais les mitrailleuses de calibre 30 anti-abordage entraient en action avant qu’il ait pu viser. Les deux roquettes ainsi lancées filèrent au-dessus de l’Oregon sans l’atteindre.

A l’intérieur du navire, les équipes de secours se croisaient en tous sens, au sein d’un véritable chaos. L’incendie à la proue dégageait une épaisse fumée qui se répandait dans toutes les coursives et les hommes hurlaient des ordres pour tenter de couvrir le hululement strident des sirènes.

Tout cela ravissait Fiona Katamora, allongée sur un sommier et menottée dans la cabine d’un officier. Elle n’avait aucune idée de ce qui se passait, sauf que ses ravisseurs avaient des ennuis.

Elle savait qu’après le trajet en hélicoptère depuis le camp d’entraînement djihadiste, elle avait été conduite à bord d’un navire. On lui avait placé un sac sur la tête, mais elle avait senti l’air marin, entendu le ronronnement des machines et le clapotis des vagues contre la coque. Mais c’est seulement en entendant tonner les canons qu’elle avait compris qu’il s’agissait d’un navire de guerre.

Il n’y avait rien d’étonnant à ce que Suleiman Al-Jama ait pu disposer d’un bateau de guerre libyen, et tout l’équipage devait faire partie de son organisation.

Les explosions secouaient la frégate, et chaque coup de canon l’enchantait un peu plus. Elle ne se faisait pas d’illusions : ils la tueraient avant la fin de la bataille, mais la marine américaine ferait en sorte qu’ils ne puissent jouir de leur victoire.

Soudain, une explosion plus violente que les autres secoua le navire tout entier. En n’entendant pas riposter le canon de proue, elle comprit que les Américains l’avaient fait sauter.

La porte de la cabine s’ouvrit à la volée. Ses geôliers portaient des foulards pour dissimuler leur visage et une AK-47 dans le dos. On la força à se lever et on la menotta avant de la pousser sans un mot dans la coursive.

Il y avait là des marins en uniforme qui lui accordèrent à peine un regard, tant ils étaient occupés à leurs tâches. Une nouvelle salve d’obus vint frapper les flancs du navire et Fiona heurta la cloison. La férocité de la bataille était telle qu’elle en oublia de prier.

Mais lorsqu’elle aperçut le drap noir tendu sur le mur du fond, la caméra vidéo et l’homme qui tenait un long cimeterre, les mots lui montèrent instantanément aux lèvres. Il y avait d’autres hommes dans la salle, des terroristes, pas des marins libyens. L’un se tenait derrière la caméra, l’autre, à ses côtés, réglait la liaison satellite. Les autres, également masqués et vêtus de treillis kaki étaient là comme témoins. L’homme au sabre, lui, était tout de noir vêtu.

— Au lieu de vous sauver, dit le bourreau en arabe, ce navire a précipité votre fin. Etes-vous prête à mourir ?

— Dès que j’ai compris ce que voulait dire le mot paix, j’ai accepté de mourir pour elle.

Ils l’attachèrent à une chaise devant le drap noir et placèrent une bâche en plastique à ses pieds, puis la bâillonnèrent pour l’empêcher de prononcer d’ultimes paroles.

Le bourreau adressa un signe de tête à l’homme derrière la caméra qui commença de filmer. L’objectif demeura un long moment fixé sur Fiona, de façon à ce que les spectateurs sachent de façon certaine qui allait mourir. Puis il s’avança devant la caméra, exhibant son brillant cimeterre et tenant un papier à la main.

— Nous, serviteurs de Suleiman Al-Jama, venons devant vous aujourd’hui pour débarrasser le monde d’une autre infidèle.

Décidée à ignorer sa déclamation, elle se mit à réciter sa prière.

*

Juan eut le cœur serré en voyant ses hommes touchés, mais il n’était plus temps de faire marche arrière. Il fallait désormais agir seul. D’ailleurs, aucun marin libyen ne lui prêtait la moindre attention. Alors que les terroristes d’Al-Jama utilisaient ce navire pour procéder à l’exécution de Fiona Katamora, ils n’avaient aucune raison de s’inquiéter d’un visage inconnu. Quant aux hommes qui s’activaient un peu partout dans les coursives, ils étaient trop occupés. En voyant se ruer vers lui une équipe de pompiers, Juan s’aplatit contre une cloison comme l’aurait fait n’importe quel marin.

— Viens avec nous, s’écria leur chef sans ralentir le pas.

— Peux pas. J’ai reçu des ordres du capitaine, lança Juan par-dessus son épaule en se mettant à courir dans la direction opposée.

Il descendit les marches d’un escalier quatre à quatre en bousculant un marin qui montait. Sur le pont inférieur, il courut au mess de l’équipage, devant lequel se tenaient deux gardes armés. Le premier regardait à l’intérieur de la pièce, l’autre jeta un coup d’œil à Juan mais le prit pour un membre de l’équipage en raison de son uniforme.

Si Juan avait eu encore un doute sur la présence de terroristes à bord, il aurait été dissipé par la vue de ces deux gaillards, avec leurs keffiehs et leurs AK-47.

Il entendit alors une voix venue de l’intérieur du mess : « …. tué nos femmes et nos enfants dans leurs maisons, bombardé nos villages et outragé la parole d’Allah. »

Il ne lui en fallut pas plus. Pris d’une rage qu’il semblait avoir trop longtemps enfouie en lui, il tira de sous sa veste son pistolet-mitrailleur compact. Le terroriste le regarda faire, les yeux écarquillés, mais ce fut la seule réaction que Juan lui autorisa. L’arme tressauta entre ses mains et la rafale atteignit les deux hommes en pleine poitrine ; l’une des balles fit éclater l’épaule d’un des terroristes, projetant une gerbe de sang sur la paroi, comme un graffiti obscène.

Juan bondit si vite qu’il dut écarter les corps qui s’affaissaient pour pénétrer dans le mess. Six hommes armés se tenaient à sa droite, derrière la caméra sur trépied, deux à côté et un autre devant, une feuille de papier dans une main, un sabre dans l’autre.

Fiona Katamora était assise derrière lui, bâillonnée, les yeux brillants.

Il ne fallut qu’une demi-seconde à Juan pour embrasser le tableau et une autre pour évaluer les risques. Pour frapper le coup mortel, l’exécuteur devrait bouger, et les hommes occupés à la caméra avaient posé leurs armes par terre.

Il posa un genou en terre pour affermir sa position de tir et ouvrit le feu sur les six terroristes. Deux s’effondrèrent avant même d’avoir remarqué sa présence. Un troisième mourut en essayant de saisir son fusil d’assaut. En raison de la tendance bien connue du H & K à relever le canon en tir automatique, le cinquième reçut en pleine tête deux balles qui firent gicler la cervelle autour de lui.

Juan dut ensuite relâcher la détente pour viser, et le sixième en profita pour tirer. La balle atteignit le mur sur la droite de Juan, arrachant la peinture blanche du métal avant de ricocher un peu partout.

Juan lâcha alors une rafale qui le projeta contre une paroi, avant de se tourner vers le bourreau. Celui-ci avait réagi avec une rapidité stupéfiante.

Au lieu de profiter des quelque quatre secondes qu’avait duré l’échange de coups de feu, il avait pirouetté sur lui-même et brandissait à présent son sabre au-dessus du cou de Fiona Katamora.

Juan le contempla, horrifié, comme s’il s’agissait d’une scène tournée au ralenti. Tout en sachant qu’il était déjà trop tard, il tourna vers l’homme le canon court de son H & K et ouvrit le feu. Au même instant, de l’autre côté de la salle, l’homme chargé de la caméra tira un pistolet d’un étui que Juan n’avait pas remarqué.

Il sentit une vive douleur à la tête et sa vision s’obscurcit.