Chapitre 18
« D’être hanté par mes vieilles obsessions, cela me rassure. Mieux vaut un cauchemar apprivoisé que la blessure à vif d’un souvenir récent. »
De Daniel Sernine /Quand vient la nuit
Une Chevrolet break grise s’arrêta juste devant elle. Des planches de surf et des paddles étaient empilées dans le coffre, avec en prime un énorme chien noir, un Terre Neuve. L’animal tirait la langue, intrigué par cette femme blonde, stoïque, les bras croisés sur le trottoir.
Un homme plutôt mince, du milieu de la vingtaine, en descendit aussi vite. Un métis au crâne natté, aux yeux très noirs, lui offrit une poignée de main plutôt virile. Le personnage tranchait avec la population majoritairement blanche qui vivait sur l’île. Saint-Barth était une exception parmi les îles de la Caraïbe. De lointains ancêtres bretons ou normands s’étaient installés ici.
— Alors, c’est vous la touriste distraite qui oublie de remonter sur le bateau ?
Il parla avec un léger accent, des « r » trop prononcés, ce qui excluait de facto une origine antillaise.
– Oui, si on veut… C’est moi la distraite. Harmony Flynt et vous ? murmura-t-elle en tendant une main timide.
— Florent.
— Florent ? Florent comment ?
— À quoi ça sert que je vous le dise ? Vous allez loger chez moi quelques heures à peine. Demain, vous ne me verrez plus et vous aurez tout oublié.
— J’aime connaître le nom des gens, surtout lorsqu’ils m’hébergent.
— Vous connaissez le nom du directeur de l’hôtel où vous dormez ?
— Vous faites de l’humour, je suppose ? En général lorsqu’un particulier m’héberge, je connais son nom.
— OK, vous l’aurez voulu, c’est Florent Van Steerteghem.
— « Van » quoi ?
— Bon, vous comprenez pourquoi je ne donne pas mon nom, c’est imprononçable. Mais, félicitations, c’est rare qu’une Américaine parle aussi bien le français. Ça me permettra de souffler.
Il lui fit signe de prendre place dans la Chevrolet, fila derrière le volant. Il démarra tellement en trombe qu’elle dut se retenir en catastrophe à la poignée de la portière. En fin de compte, n’était-il pas plus judicieux qu’elle aille s’allonger sur un banc public ? La compagnie des étoiles et même des moustiques lui semblaient tout à coup plus douce que la conduite nerveuse de ce Florent Van « machin ». Mais trop tard, elle n’avait plus le courage de lui ordonner : « stop, laissez-moi là ».
Cette conduite sportive lui fit revivre des moments tragiques. L’année de ses douze ans où elle fut transportée par le SAMU sans pouvoir bouger. Elle était sous le choc.
Cela la fit également songer à ces attractions de foire, comme les montagnes russes. Son frère en avait fait une véritable fixation. Alors, elle lui avait cédé. Elle avait fini par l’emmener en Floride, la « Terre promise » des parcs d’attractions. Elle était montée dans un de ses chariots infernaux. Ceux-ci s’élançaient sur des rails où de part et d’autre, il n’y avait que le vide. Elle avait dû dissimuler ses sentiments, oublier ses peurs. Elle l’avait fait pour son frère, avait fermé très fort les yeux.
Mais pour faire plaisir à celui-ci, elle avait pris de faux congés de maladie, les fameux paid sick days. En sortant des montagnes russes, elle était tombée nez à nez avec la directrice des ressources humaines, madame Ellen Wiggins. Quelle était la probabilité pour que cela se produise ? Prendre les mêmes dates de vacances, choisir une destination identique, se rendre à la même heure à cette attraction et pas une autre ? Une malchance sur un million ? Ce jour-là, elle aurait peut-être mieux fait de jouer au Loto. Licenciement pour faute grave, la sanction avait été sans appel. Elle avait ensuite quitté Chicago pour migrer à Milwaukee, là où les relations de Jonathan Clark lui avaient permis de retrouver un nouvel emploi. À nouveau, elle repensa à la théorie de « l’effet Papillon », si chère à Maxence.
Florent Van Steerteghem demeurait silencieux, concentré, le pied droit passant sans cesse de l’accélérateur à la pédale de frein. Variation de vitesse, tous les quinze mètres : première, deuxième, troisième, rarement quatrième, puis il rétrogradait. Ils montaient et dévalaient des collines, empruntaient virage après virage à une allure sauvage. Des montagnes russes en vrai.
Le souvenir de son frère, sa rencontre avec Maxence, leur amour, sa disparition brutale et l’épreuve de cette conduite musclée fut celle de trop. Les fenêtres étaient ouvertes, malgré tout, une bouffée de chaleur l’envahit soudainement. Son corps sembla prisonnier d’un four invisible.
La glace vanille-fraise, le café et les brownies du charmant gendarme Yves Duchâteau. Tous ces aliments, elle les sentit encore anormalement présents. C’était fou comme l’estomac pouvait tout garder, sans vouloir passer le relais aux intestins voisins.
Elle vomit en jet. Florent freina aussi sec.
— Oh, ce n’est pas vrai, bordel de merde. Vous me faites quoi là !
Il s’arrêta, partit ouvrir la portière côté passager, l’aida à descendre en l’empoignant par le bras. Il la fit s’asseoir sur le talus où avaient poussé de hautes herbes sauvages qui plièrent sous son poids. Puis, il se dirigea vers le coffre. Son chien, jusque-là très calme, commença à remuer, prêt à apporter son aide.
Florent revint avec un bidon rempli d’eau, il le jeta violemment sur le vomi. Avec un torchon et de la Javel, il nettoya le siège plus en profondeur.
— Désolé de vous avoir sortie de là brutalement, mais il fallait que j’enlève ça tout de suite. Avec la chaleur, ça s’incruste et je ne vous dis pas l’odeur après. Ça met des jours pour qu’on se débarrasse de cette puanteur. Tenez, rincez-vous le visage avec cette bouteille !
L’eau, pourtant tiède, qu’elle déversa sur elle, la raviva. Elle en garda un peu dans la bouche, se gargarisa et cracha.
— C’est encore loin ? parvint-elle enfin à prononcer. Je ne peux plus supporter ces virages et votre façon de conduire. Je vous préviens, si vous ne levez pas le pied, ça risque de recommencer.
— Remontez. Je vais rouler moins vite. Courage, je dépose les paddles chez un pote et puis on file au bateau.
Il tint promesse et roula moins sèchement. Harmony fixa un point devant elle, tenta de bouger le moins possible pour ne pas réveiller les nausées.
Ils firent une halte dans le quartier de Grand Fond totalement endormi. Florent Van Steerteghem déchargea les équipements sportifs avec l’aide d’un jeune homme de type européen, mais coiffé de dreadlocks à moitié cachées dans un foulard aux couleurs jamaïcaines. Sorti d’une petite case, il n’était vêtu que d’un simple slip orange, pas gêné que celui-ci soit trop moulant. L’homme et Florent se dirent au revoir en entrechoquant leurs poings, une manière plus virile pour se saluer.
Florent redémarra au deuxième tour de clé, ce qui inquiéta Harmony. Tempête, entre-temps, était passé à l’avant. L’immense bête, assise entre eux deux, tournait la tête vers cette nouvelle occupante. Harmony dut dès lors supporter une odeur de chien mouillé ainsi que sa langue suintante. Rien ne semblait vouloir lui être épargné.
Le temps lui parut long, il n’excéda pourtant pas dix minutes, lorsqu’ils dépassèrent un panneau annonçant l’entrée dans le quartier de Corrosol. Bordant une anse proche de Gustavia, les habitations ne pouvaient pas être plus collées les unes aux autres. Il ne fallait perdre aucun centimètre de terrain, ce qui était compréhensible vu le prix au mètre carré. Un épais mur de béton semblait servir de digue. Devant celui-ci, des places de parking s’alignaient face à la mer. L’endroit ne paraissait pas être le plus paradisiaque de l’île.
Le dinghy de Florent était posé au milieu de la plage, flanqué de barques de pêcheurs. La mer était déchaînée comme la météo l’avait prédit. L’eau venait régulièrement frôler l’annexe. Mal fixée, elle aurait pu être emportée. Florent s’en voulut de ne pas avoir été plus vigilant. Il avait eu de la chance pour cette fois-ci, on ne l’y prendrait plus. Mais en débarquant, il avait été déconcentré par Tempête. Elle s’était mise à courir après un autre chien, dix fois plus petit, faisant hurler sa propriétaire. Il n’aurait pas dû l’amener à terre, il avait cédé une fois de plus aux caprices de son animal de compagnie.
— Enlevez vos chaussures ! Je pousse le dinghy puis vous sautez dedans sans hésiter. « Don’t worry », ça ira mieux sur le bateau. Ici, on sent la houle au maximum, mais beaucoup moins là-bas.
Il eut beau la rassurer, c’était une nouvelle torture qui s’annonçait. D’une manière ridicule, elle parvint à se hisser dans l’annexe. Sa souplesse habituelle lui fit faux bond. Ses articulations avaient tout à coup l’âge d’une grand-mère arthrosique, sans parler de sa cheville toujours sensible. Dans la manœuvre, ses deux sacs prirent l’eau, ainsi que sa robe, jusqu’à la taille, ce qui l’acheva et lui porta le dernier coup au moral. Elle eut envie de pleurer, mais les larmes restèrent coincées. Un sursaut de pudeur. Que son futur hôte l’ait déjà vue vomir était amplement suffisant à ce stade.
Le voilier, un imposant catamaran d’environ seize mètres de long, était ancré non loin de la côte parmi une multitude d’autres bateaux. Un autre village, flottant, s’était créé en face du village terrestre. Harmony observa le substitut d’hôtel pour le reste de la nuit tanguer fortement dans toutes les directions. Et pourtant, ses nausées ne s’aggravèrent pas. Son estomac avait déjà tout vidé.
Avec difficulté, Florent s’approcha du catamaran, il était trop fatigué et manœuvrait moins bien qu’à son habitude. Définitivement, il regretta d’avoir cédé à l’invitation de cette soirée. Son envie de présence féminine l’y avait poussé. Sur place, les filles étaient mignonnes, mais nulles à chier, superficielles. Une perte de temps. Il pensa au corps sensuel de Carolina Monteiro. Il irait la voir bientôt à Saint-Martin.
Après plusieurs tentatives, Florent parvint à fixer l’annexe à l’arrière du bateau. Soulagée, Harmony s’extirpa de cette embarcation molle qui ne la rassurait pas. Elle grimpa enfin les quelques marches qui l’amenèrent à bord. Le dernier effort, du moins, elle l’espérait.
Elle traversa le carré central et se retrouva dans le cockpit. Une touriste, d’une quarantaine d’années à vue de nez, emmitouflée sous plusieurs couches de paréos, sirotait un verre de rosé. Les jambes croisées sur la table, elle dévisagea avec un sourire en coin cette logeuse inattendue. Elle lança un « salut » interrompu par un hoquet de ceux que provoque l’alcool. Harmony lui répondit du bout des lèvres. Elle ne souhaitait pas entamer une conversation. D’autant plus que cette femme semblait prendre du bon temps, et ce malgré la météo qui se dégradait.
— Bon, Madame Harmony Flynt, voici Brigitte Blondel, qui dort également chez moi. Derrière vous, dans le carré central, je vous servirai demain matin votre petit déjeuner. Enfin tout à l’heure…
En prononçant cela, Florent fut tout à fait convaincu que s’être rendu à terre avait été une très mauvaise idée. Il avait en horreur ces lendemains de fête où toute la journée, il aurait l’impression d’avoir la tête en mille morceaux. Pourtant, il avait limité sa consommation d’alcool. Mais trop d’heures de sommeil en moins, il ne supportait pas. Et toutes ces nanas lui avaient donné le tournis avec leurs rires débiles. Il n’aimait pas baiser une conne, même si c’était gratuit.
Il remit un peu d’ordre dans son matériel de snorkeling, replaça les planches de bodyboard qui jonchaient le sol. Quelques cadavres de bière rejoignirent la poubelle. Brigitte Blondel n’avait visiblement pas freiné sa consommation durant son absence.
— Madame Flynt, voici l’espace-cuisine. Au frigo, vous trouverez des boissons fraîches. C’est gratuit et à volonté, sauf les boissons alcoolisées. À quelle heure voulez-vous que je vous serve le petit déjeuner ?
— Oh ! Je ne sais pas. Quand je me réveillerai et si les nausées sont finies, ce qui n’est pas gagné.
— Vous n’avez pas un bateau à prendre demain matin ?
— Oui, enfin non… Je ne prendrai certainement pas celui du matin, peut-être celui du soir. Il n’y a rien de sûr. D’ailleurs, c’est possible que je doive rester plus longtemps sur l’île.
— Pas de problème, la cabine que vous occuperez est encore libre dix jours. Bon, ne traînons plus. Faut qu’on dorme quand même un peu. Suivez-moi, on va descendre les escaliers sur la droite. Ceux sur la gauche mènent à ma cabine. À côté de la vôtre, il y a la salle de douche, ensuite la cabine de Brigitte, et pour terminer les w.-c. Et la douche, c’est obligatoire avant d’aller vous coucher. J’aime que mon catamaran reste impeccable, faudra juste pas abuser avec l’eau. On s’asperge, on se savonne, on rince puis stop. OK ?
Harmony enregistra sans répondre.
Florent balaya son regard sur sa robe tachée puis sur ses bras recouverts de sable et de sel, ses mains écorchées. Il lui tendit une serviette qui dégagea une odeur agréable de lavande. Les règles principales sur un bateau étaient l’excès d’ordre et de propreté. Il soupira en pensant aux bouteilles qui gisaient encore là-haut. Les derniers millilitres de bière s’étaient déversés sur le pont. Demain, il tirerait les oreilles de Brigitte.
— Excusez-moi, auriez-vous un pyjama ou une robe de nuit à me prêter ?
Florent s’éclipsa deux minutes et réapparut assez fier de lui. Il brandit un t-shirt avec un imposant cœur rouge. Plus ridicule, cela ne pouvait exister. Il lui présenta aussi une trousse de toilette. Il ouvrit celle-ci, les yeux à la limite de l’émerveillement, pour en sortir un minuscule tube de dentifrice, une mini-brosse à dents et un savon de la taille d’une cerise. Ce genre de cadeaux qu’on offre dans les hôtels pour dépanner. Puis, d’un sac en plastique jaune, il extirpa un short en jeans, aux bords décousus, ainsi qu’une culotte à l’échancrure brésilienne, d’un vert pistache de mauvais goût.
— Tenez, ce sont des vêtements oubliés par des clientes et jamais réclamés. Le sous-vêtement a déjà servi, désolé. Mais je l’ai passé à l’eau de javel. Habituellement je jette, mais pas ceux-ci, je ne sais pas pourquoi. Peut-être la couleur de la culotte qui me retient ? La trousse, rassurez-vous, elle n’a jamais été utilisée. Un cadeau d’Air France.
Et il sourit, certain de la faire rire. Mais Harmony n’avait pas le cœur à cela. Elle parvint juste à dire merci d’un signe du pouce et ironisa :
— Je vous crois sur parole ! Le nettoyage avec de la javel, c’est votre marque de fabrique !
Quelques minutes plus tard, elle se retrouva assise en bouddha dans la douche. L’eau tiède coulait à flots au-dessus d’elle. Hypnotisée par cette cascade artificielle, elle resta ainsi à méditer. Des tambourinements violents sur la porte mirent un terme à cette quiétude. Une voix en colère, déformée par le ruissellement de l’eau lui parvint :
— Dites donc Miss Flynt, vous n’êtes pas à l’hôtel, l’eau est précieuse à bord.
Transbahutée dans la dure réalité, elle referma aussitôt le robinet et pleura. Des larmes de soulagement, des larmes qui la libéraient de tout ce stress intense accumulé en quelques heures.
Maxence, où es-tu ? Qu’ai-je encore fait pour endurer tout cela ? Je n’aurais pas dû aller acheter cette robe et te laisser seul.
Elle quitta la douche et posa nue devant l’évier. Le miroir rond imitait de manière réussie le hublot d’un bateau. Trop de buée le recouvrait pour qu’elle puisse se voir. Machinalement, elle se sécha avec la serviette au doux parfum de lavande puis l’enroula autour de son torse. La Provence, une région où Maxence souhaitait un jour l’emmener.
Elle sortit de la salle de douche, ne dut effectuer que trois pas pour ouvrir la porte de sa cabine privée. Devant elle se dressait un imposant lit en bois, au couchage surélevé, fixé solidement au sol. Des niches de rangement occupaient l’espace au-dessus de celui-ci. Elles abritaient des oreillers ainsi que des draps de rechange. Rien de lourd ne pouvait la blesser en cas de tangage important. Florent avait pensé à tout. Elle fut étonnée de la fraîcheur qui régnait à l’intérieur de la cabine. Elle qui craignait ne pouvoir dormir sans climatisation fut rassurée.
Après avoir enfilé le t-shirt très « kitch » avec le cœur rouge fourni par son hôte, elle s’étendit sur le lit, releva la couette marron jusqu’à son cou. Elle devait se reposer, éteignit machinalement son iPhone.
Vider sa tête, ne plus penser, se laisser envahir par la fatigue.
Elle s’endormit et rêva.
Une baignade en mer. L’eau était délicieuse, turquoise. Elle s’y sentait bien, nageant aux côtés de Maxence, découvrant sous eux des poissons-anges, des poissons-chirurgiens, des étoiles de mer. Mais tout à coup, il lui lâcha la main et s’enfonça dans les profondeurs marines. Quelques instants plus tard, il remonta, paniqué, vers la surface. Ensuite, il se démena, fournissant des efforts surhumains pour ne pas sombrer. Pétrifiée à côté de lui, elle regardait la scène telle une spectatrice dans une salle de cinéma. Impuissante devant le scénario qui semblait déjà écrit, elle lui hurla : « Je t’aime, je n’ai jamais aimé que toi ». Toujours dans ce rêve, en complet décalage avec ce qu’elle vivait, elle se surprit à sourire voire à se réjouir. Pourquoi se réjouissait-elle ainsi ?
Au même instant, des cris, cette fois-ci réels, l’éjectèrent de son cauchemar. Un couple s’en donnait à cœur joie. Des cris de jouissance qui montaient crescendo, indécents puis qui s’éteignirent. Quelques secondes plus tard, des chuchotements, puis plus rien.
Un silence presque total, en dehors des bourrasques et des vagues qui cognaient à cadence régulière contre la coque. Exténuée, elle se rendormit aussitôt.
Un nouveau rêve s’installa.
Maxence, son frère et elle avaient cette fois-ci pris place dans un chariot qui allait les emporter à l’assaut des montagnes russes. Son frère était assis au milieu d’eux, ils avaient pris soin de lui tenir chacun une main. Ils riaient, ils s’amusaient. Ils étaient heureux. Le convoi partit dans un élan effroyable et continua à une vitesse folle. Mais l’ours en peluche que son frère avait coincé fermement entre ses cuisses s’éjecta et s’écrasa au sol. La séquence de rêve suivante, elle se vit se pencher pour observer la peluche ensanglantée. Lorsqu’elle se redressa, elle tomba nez à nez avec Monsieur Jonathan Clark qui la fixait intensément avec des yeux désolés.