83.

 

J’ignore si je me suis téléporté par mes propres moyens, sans l’aide de mon médaillon, ou si je n’ai fait que suivre Héphaestos dont je touchais le bras lorsqu’il s’est TQ. Aucune importance. Je suis arrivé ici.

Ici, c’est la demeure d’Odysseus. Un chien se met à aboyer comme un fou en nous voyant apparaître tous les trois, mais il suffit d’un regard jeté par Achille pour que le clebs s’enfuie dans la cour, la queue entre les pattes.

Nous nous trouvons dans une antichambre donnant sur la salle de banquet d’Odysseus en son palais d’Ithaque. Une sorte de champ de force bourdonne au-dessus des bâtiments. Il n’y a pas un seul prétendant assis à la longue table, et je ne vois ni Pénélope cherchant à gagner du temps, ni le jeune Télémaque ourdissant ses complots, ni les domestiques s’affairant à servir à ces insolents bons à rien les mets et les vins appartenant au maître absent. Pourtant, à en juger par l’état des lieux, le massacre des prétendants a déjà pris place : toutes les chaises sont renversées, on a arraché une tenture pour en recouvrir la table, on a renversé les amphores de vin, et j’aperçois même le grand arc d’Odysseus – celui que lui seul a la force de bander, à en croire la légende, un arc si splendide et si rare qu’il a préféré ne pas l’emporter à Troie. Il gît sur le carreau, sans nul doute arraché à sa cachette, au milieu des flèches à la pointe barbelée et probablement empoisonnée.

Zeus se retourne vivement. Le dieu est vêtu des mêmes atours qu’il avait choisis pour sa proclamation du trône, mais il n’a désormais plus rien d’un géant. Toutefois, même à cette échelle, qu’il a dû adopter en raison de l’exiguïté des lieux, il est deux fois plus grand qu’Achille.

Le tueur d’hommes aux pieds rapides nous enjoint d’un geste de ne pas bouger, empoigne son épée et s’avance dans la salle.

— Mon fils, tonne l’assembleur des nuées, épargne-moi ton infantile courroux. Oserais-tu commettre d’un seul coup les crimes de déicide, de tyrannicide et de parricide ?

Achille s’avance jusqu’à ce que seule la table le sépare de Zeus.

— Bats-toi, le vieux.

Zeus continue de sourire, nullement inquiet de toute évidence.

— Réfléchis, Achille aux pieds rapides. Pour une fois, sers-toi de ton cerveau et non de tes muscles ou de ta bite. Tiens-tu à voir cet estropié ridicule s’asseoir sur le trône doré d’Olympos ?

D’un mouvement de menton, il désigne Héphaestos, qui se tient sur le seuil à mes côtés sans dire un mot. Achille ne tourne même pas la tête.

— Réfléchis, pour une fois, répète Zeus, d’une voix dont les accents vibrants font frémir la vaisselle dans la cuisine. Rejoins-moi, Achille. Tu ne feras plus qu’un avec cette pénétrante présence qu’est Zeus, père de tous les dieux. Ainsi réunis, le père et le fils, ces deux puissants esprits l’un et l’autre immortels, en se confondant produiront un troisième plus puissant qu’eux – la Trinité du Père, du Fils et de la Sainte Volonté régnera sur le ciel et sur Troie, et renverra les Titans dans l’abîme du Tartare, dans les siècles des siècles.

— Bats-toi, réplique Achille. Espèce d’enculé.

Le visage de Zeus vire au pourpre en passant par le cramoisi.

— Prodige détesté ! Même ainsi, privé du contrôle des éléments, je t’écrase !

Empoignant la lourde table, Zeus la jette dans les airs. Quinze mètres de planches et de pieds robustes vont retomber sur la tête d’Achille. Celui-ci se baisse vivement, et la table se fracasse sur le mur derrière lui, détruisant une fresque et projetant de toutes parts une explosion d’échardes.

Achille avance de deux pas.

Zeus ouvre les bras, tend les paumes de ses mains.

— Oserais-tu me tuer ainsi, homme ? Désarmé comme je le suis ? Ou bien lutterons-nous à mains nues, tels deux héros dans l’arène, jusqu’à ce que l’un de nous s’effondre, laissant à l’autre la victoire ?

Achille n’hésite qu’une seconde. Puis il ôte son casque doré et le pose près de lui. Il détache le bouclier passé à son bras, le pose ainsi que son épée, se défait de son plastron et de ses jambières de bronze et, d’un coup de pied, catapulte le tout dans notre direction. Il n’est plus vêtu que d’une légère tunique, d’un pagne, de sandales et d’un ceinturon de cuir.

Immobile à deux mètres cinquante de son adversaire, Achille écarte les bras comme un lutteur et se met en position.

Zeus sourit alors et – avec une telle vivacité que je n’en crois pas mes yeux – s’empare de l’arc d’Odysseus et d’une flèche empoisonnée à l’empenne noire.

Fiche le camp ! hurlé-je mentalement à l’adresse d’Achille, mais le héros blond et musclé ne bouge pas d’un pouce.

Zeus bande l’arc à fond, un exploit dont seul Odysseus est censément capable, vise le cœur d’Achille distant d’un peu plus de deux mètres et tire.

La flèche rate sa cible.

Elle ne peut pas la rater – pas à une telle distance –, elle file droit au but, merveilleusement équilibrée… mais elle rate sa cible de trente ou quarante centimètres, se plantant dans ce qui reste de la grande table. J’ai l’impression de sentir le terrible venin, dont la légende dit qu’Hercule l’a prélevé sur les plus redoutables des serpents, se diffuser dans le bois.

Zeus ouvre des yeux ébaubis. Achille ne bouge pas.

Vif comme l’éclair, Zeus ramasse une deuxième flèche, se rapproche, l’encoche, bande, tire.

Raté. La flèche passe à un mètre cinquante de sa cible.

Achille ne daigne même pas frémir. Il adresse un regard de haine pure au père de tous les dieux, qui commence visiblement à paniquer.

Zeus ramasse une nouvelle flèche, l’encoche avec le plus grand soin, bande l’arc une nouvelle fois, ses muscles puissants luisant de sueur, mobilise toutes ses forces, arrachant à l’arc puissant un sourd vrombissement. Le roi des dieux s’avance jusqu’à ce que trente centimètres à peine séparent la pointe de la flèche du torse musclé d’Achille.

Zeus tire.

Et rate son coup.

Contre toute vraisemblance, la flèche se plante dans le mur derrière Achille. Elle ne lui est pas passée au travers, elle ne l’a pas contourné, mais – c’est impossible, absolument impossible ! – elle l’a manqué.

D’un bond, Achille arrache l’arc des mains de Zeus et le prend à la gorge.

Zeus se met à courir dans tous les sens en chancelant, s’efforçant de desserrer la puissante étreinte d’Achille, le martelant de son poing divin, qui est encore plus massif que le dos de son adversaire. Le tueur d’hommes aux pieds rapides s’accroche tandis que Zeus pulvérise successivement les débris de la table, quelques poutres, l’arche de la porte et, pour finir, le mur lui-même. Les deux combattants sont si disproportionnés qu’on croirait voir un adulte s’en prenant à un enfant, mais Achille tient bon.

Puis le dieu glisse ses doigts surpuissants sous ceux d’Achille, nettement plus petits, et réussit à soulever sa main gauche, puis la droite. Et Zeus va délibérément heurter divers meubles et cloisons, empoignant Achille par les deux bras tout en lui assénant coup de boule sur coup de boule – les échos de ces chocs évoquent une avalanche de rochers –, puis c’est du torse qu’il frappe son adversaire humain, et tous deux finissent par s’écraser sur le mur qui nous fait face, franchissant le seuil du couloir, et je vois Achille rebondir sur l’embrasure.

Encore cinq secondes de ce régime, et il va lui briser l’échine comme un vulgaire morceau de bois.

Achille ne lui accorde pas cinq secondes. Ni même trois.

Le tueur d’hommes aux pieds rapides réussit à libérer sa main droite l’espace d’un instant, alors que Zeus semble vouloir le ployer comme naguère il ploya l’arc d’Odysseus.

Ce qui suit est si rapide que je n’en perçois que l’image rémanente.

La main d’Achille se porte à son ventre et rejaillit armée d’une dague.

Il en plante la lame sous le menton barbu de Zeus, la tord, l’enfonce un peu plus, la remue en poussant un cri qui étouffe le hurlement d’horreur et de souffrance échappant au dieu.

Zeus recule dans le couloir en chancelant, va s’effondrer dans la pièce voisine. Héphaestos et moi le suivons en courant.

Les deux adversaires se trouvent maintenant dans la chambre d’Odysseus et de Pénélope. Achille retire sa dague et le père de tous les dieux lève les deux mains vers sa gorge, vers son visage. Un geyser d’ichor doré et de sang écarlate jaillit de ses narines et de sa bouche béante, inondant sa barbe blanche de vieil or et d’écarlate.

Zeus tombe de tout son long sur le lit. Achille lève sa dague bien haut, la plonge dans le ventre du dieu et le taillade de gauche à droite jusqu’à ce que la lame magique bute sur les côtes.

Zeus pousse un nouveau hurlement, mais, avant qu’il ait pu faire un geste, Achille a dévidé plusieurs mètres de boyaux gris – de divins intestins étincelants –, les enroulant autour de l’un des pieds du grand lit d’Odysseus, les fixant au moyen d’un nœud marin des plus solides.

C’est le fût d’olivier autour duquel Odysseus a bâti et ce lit et cette chambre, songé-je, pris d’un soudain vertige. Et un passage de l’Odyssée me revient en mémoire, celui qui m’avait tant frappé dans ma jeunesse, le passage où Odysseus cherche à convaincre sa Pénélope sceptique :

« Au milieu de l’enceinte, un rejet d’olivier éployait son feuillage ; il était vigoureux et son gros fût avait l’épaisseur d’un pilier : je construisis, autour, en blocs appareillés, les murs de notre chambre ; je la couvris d’un toit et, quand je l’eus munie d’une porte aux panneaux de bois plein, sans fissure, c’est alors seulement que, de cet olivier coupant la frondaison, je donnai tous mes soins à équarrir le fût jusques à la racine, puis, l’ayant bien poli et dressé au cordeau, je le pris pour montant où cheviller le reste ; à ce premier montant, j’appuyai tout le lit dont j’achevais le cadre ; quand je l’eus incrusté d’or, d’argent et d’ivoire, j’y tendis des courroies d’un cuir rouge éclatant…»

Désormais, il n’y a pas que ces courroies pour être d’un rouge éclatant, car à mesure que Zeus se débat, dans une vaine tentative pour se libérer des rets de ses propres tripes, l’ichor doré et un sang bien humain coulent à flots de sa gorge, de son visage et de son ventre. Aveuglé par ses fluides et par sa souffrance, le puissant Zeus mouline des bras pour chercher à frapper son adversaire. À chaque sursaut, c’est une longueur d’intestin supplémentaire qui se dévide. Héphaestos lui-même finit par se boucher les oreilles pour ne plus entendre ses cris.

Achille esquive gracieusement les coups, sautillant de temps à autre près du dieu pour lui lacérer de sa dague les bras, les jambes, les cuisses, le pénis et les tendons.

Zeus s’effondre à bas du lit, toujours attaché au fût de l’olivier par dix mètres de tripes déroulées, voire davantage, mais l’immortel ne cesse de gémir et de tressauter, projetant sur le plafond des jets artériels qui y dessinent des tests de Rorschach aussi divins qu’énigmatiques.

Achille sort de la chambre et y revient avec son épée. Plantant un pied sur le bras gauche de Zeus afin de l’immobiliser, il lève son épée et l’abat avec une telle force qu’elle fait crépiter le sol après avoir tranché le cou de Zeus.

La tête du père de tous les dieux va rouler sous le lit.

Achille prend appui sur ses genoux en sang et semble vouloir enfouir son visage dans la plaie béante qu’est devenu le ventre naguère musclé et bronzé de Zeus. L’espace d’une seconde d’horreur absolue, je suis persuadé qu’il dévore les tripes de son ennemi vaincu, le visage plongé dans sa cavité abdominale – un homme transformé en prédateur à l’état pur, en loup enragé.

Mais il cherchait simplement un morceau de choix.

— Ah-ah ! s’écrie le tueur d’hommes aux pieds rapides en arrachant à la gelée grise et frémissante une masse pourpre encore palpitante.

Le foie de Zeus.

— Où est passé le chien d’Odysseus, bon sang ? se demande Achille à haute voix, les yeux étincelants.

Il sort de la chambre, bien décidé à offrir son trophée au chien Argos, qui s’est planqué quelque part dans la cour.

Héphaestos et moi nous écartons de son passage.

Tandis que s’estompe le bruit des pas du tueur d’hommes – du tueur de dieu –, le dieu du feu et moi parcourons la pièce du regard.

Pas un centimètre carré de lit, de plancher, de plafond ou de mur qui n’ait été aspergé de sang.

Le gigantesque corps sans tête gisant sur la pierre, toujours attaché à l’olivier, est parcouru de tressaillements convulsifs, ses doigts sanguinolents vibrent comme les pattes d’une grenouille galvanisée.

— Bordel de merde, souffle Héphaestos.

Je voudrais arracher mon regard de la scène, mais je n’y arrive pas. Je voudrais quitter cette chambre pour aller vomir dans un coin tranquille, mais je n’y arrive pas.

— Comment… se fait-il… qu’il soit encore… en vie ? articulé-je.

Héphaestos me gratifie d’un sourire de dément.

— Zeus est immortel, Hockenberry, l’avais-tu oublié ? Mais il souffre le martyre, je peux te l’assurer. Je vais brûler ses restes dans le Feu céleste. (Il se penche pour ramasser la dague d’Achille.) Et je brûlerai aussi le petit jouet d’Athéné. Et je récupérerai le métal fondu pour fabriquer autre chose – une plaque commémorative en l’honneur de Zeus, pourquoi pas ? Jamais je n’aurais dû fabriquer la dague déicide que m’a demandée cette salope.

Je secoue la tête pour me ressaisir, puis j’agrippe le dieu du feu par sa veste en cuir.

— Que va-t-il se passer à présent ?

Il hausse les épaules.

— Ce dont nous étions convenus, Hockenberry. Nyx et les Moires, qui ont de tout temps régné sur l’univers – sur celui-ci, à tout le moins – vont me laisser occuper le trône d’Olympos une fois qu’aura pris fin cette seconde Titanomachie.

— Comment pouvez-vous savoir qui en sera le vainqueur ? Il me gratifie d’un sourire de ses dents déchaussées.

On entend une voix autoritaire résonner dans la cour.

— Ici, mon chien… ici, Argos. Ça, c’est un gentil chien. J’ai quelque chose pour toi, mon chien… viens ici.

— C’est pas pour rien qu’on les appelles les Moires, Hockenberry, reprend Héphaestos. Le conflit sera long et pénible, et il ravagera la Terre d’Ilium, mais les quelques Olympiens survivants remporteront la victoire… une nouvelle fois.

— Mais cette chose… dans les nuées… cette voix…

— Démogorgon est rentré chez lui, dans le Tartare, gronde Héphaestos. Il n’en a rien à foutre de ce qui se passe sur Terre, sur Mars et sur Olympos.

— Mais, mes amis…

— Tes potes grecs vont se faire enculer, coupe Héphaestos, souriant de son humour gras. Les Troyens aussi, si ça peut te réconforter. Toute personne présente sur la Terre d’Ilium va se retrouver entre deux feux pendant les cinquante, voire les cent prochaines années, le temps que durera cette guerre.

Je serre un peu plus fort le cuir de sa veste.

— Vous devez nous aider…

Il se dégage de mon étreinte aussi facilement qu’un adulte se débarrasserait d’un bambin.

— Ne viens pas me dire ce que je dois faire, Hockenberry.

Il s’essuie les lèvres avec le dos de la main, considère la chose qui continue de tressaillir sur le sol et reprend :

— Mais je veux bien t’être agréable. TQ-toi et va retrouver tes pitoyables Achéens, ainsi que ta pétasse d’Hélène, et dis-leur à tous de se casser de leurs tours altières et de tous les autres bâtiments. Dans quelques minutes, cette bonne vieille Ilium va subir un séisme de degré 9 sur l’échelle de Richter. D’abord, il faut que j’incinère cette… chose… et que je ramène notre héros à Olympos afin qu’il tente de convaincre le Guérisseur de ressusciter sa blondasse.

Achille revient vers nous. Il siffle un air guilleret et j’entends cliqueter les griffes d’Argos, qui le suit en remuant la queue.

— Va-t’en ! me lance Héphaestos, dieu du feu et de l’artifice. Je vais pour saisir mon médaillon, je constate qu’il n’est plus là, je me rappelle que je n’en ai pas besoin, et je me téléporte ailleurs.

Olympos
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