82.

 

Les moravecs à bord de la Reine Mab assistèrent à la scène en direct et en temps réel – les nanocaméras et les nanotransmetteurs d’Odysseus fonctionnaient à la perfection –, mais Asteague/Che décida de ne pas relayer les données vers La Dame noire. Cela faisait six heures que Mahnmut et Orphu d’Io travaillaient en immersion totale sur les ogives abritant les sept cent soixante-huit trous noirs, une tâche qui leur demanderait douze heures en tout, et personne ne souhaitait les en distraire.

Et il y avait de quoi être distrait par ce qui se passait.

Odysseus et la femme déclarant se nommer Sycorax observaient une pause entre deux ébats amoureux – si l’on pouvait appeler ainsi les séances de copulation frénétique auxquelles ils s’adonnaient. Allongés dans le plus simple appareil sur un amoncellement de coussins en soie, ils dégustaient des fruits et sirotaient du vin dans des coupes à deux anses lorsqu’une monstrueuse créature – ouïes d’amphibien, crocs et griffes, pieds palmés – écarta les tentures de la chambre et s’y avança d’un pas traînant.

— Mère, pense-t-il, oui, qu’il doit annoncer qu’alors qu’il se préparait à broyer un fruit en sa gourde, Caliban a entendu s’ouvrir le sas. Ici est une chose qui est venue te voir, mère. Dit-il, elle a le nez gainé de chair et des doigts durs comme la pierre. Dis-tu, mère, et en Son nom j’arracherai sa chair goûteuse de ses doux os crayeux.

— Non, merci, Caliban, mon chéri, dit la femme nue aux paupières empourprées. Fais entrer notre visiteur.

L’amphibien nommé Caliban s’écarta. Entra une version plus âgée d’Odysseus.

Tous les moravecs – y compris ceux qui avaient tendance à confondre les humains entre eux – remarquèrent la ressemblance. Le jeune Odysseus étendu tout nu sur les coussins de soie fixait son aîné d’un œil bovin. La version plus âgée avait sa taille et sa stature, mais bien plus de cicatrices, des cheveux gris et une barbe poivre et sel, et la prestance dont elle faisait montre n’avait rien de commun avec l’attitude dont était coutumier le passager de la Mab.

— Odysseus, dit Sycorax.

Selon les circuits d’interprétation des émotions humaines qui équipaient les moravecs, elle paraissait sincèrement surprise. Il secoua la tête.

— Mon nom est désormais Personne. Je suis ravi de te revoir, Circé.

Elle sourit.

— Nous avons donc changé tous les deux. Aux yeux du monde comme aux miens, je suis désormais Sycorax, mon Odysseus balafré.

Le jeune Odysseus fit mine de se lever, les poings serrés, mais, d’un geste de la main gauche, Sycorax le fit choir sur sa couche sans même le toucher.

— Tu es Circé, dit l’homme qui affirmait se nommer Personne. Tu as toujours été Circé. Toujours tu seras Circé.

Sycorax eut un délicat haussement des épaules, qui fit tressaillir ses seins plantureux. Le jeune Odysseus était allongé à sa gauche. Elle tapota les coussins à sa droite.

— Viens t’asseoir près de moi… Personne.

— Non, merci, Circé, dit l’homme, qui était vêtu d’une tunique et d’un short, et chaussé de sandales. Je resterai debout.

— Tu vas venir t’asseoir près de moi, répéta Circé d’une voix décidée.

Elle leva la main droite et en bougea les doigts suivant un arrangement complexe, qui ne devait rien au hasard.

— Non, merci, je resterai debout.

La femme parut surprise une nouvelle fois. Bien plus que la précédente, à en croire les circuits moravecs.

— Molu, dit Personne. Tu connais cette substance, je crois. Elle provient d’une plante rare, dont la racine est noire et dont la fleur blanc de lait ne pousse qu’en automne.

Sycorax acquiesça lentement.

— Tes voyages t’ont conduit fort loin. Mais n’es-tu pas au courant ? Hermès est mort.

— Aucune importance.

— Non, en effet. Comment es-tu arrivé ici, Odysseus ?

— Personne.

— Comment es-tu arrivé ici, Personne ?

— Grâce au vieux sonie de Savi. Il m’a fallu près de quatre jours, en sautant d’un taudis orbital à l’autre, en me cachant aux yeux de tes chiens de garde robotiques, quand je ne les semais pas en passant en mode furtif. Tu devrais te débarrasser de ces saletés, Circé. Ou alors, il faudrait équiper les sonies d’un cabinet de toilette.

Sycorax eut un rire de gorge.

— Et pourquoi me débarrasserais-je de mes intercepteurs ?

— Parce que je te le demande.

— Et pourquoi irais-je faire ce que tu me demandes, Odys… Personne ?

— Je te le dirai quand j’aurai fini d’exposer mes requêtes.

Derrière Personne, Caliban se mit à gronder. L’humain ignora et le bruit et son auteur.

— Je t’en prie, dit Sycorax. Continue d’exposer tes requêtes. Vu son sourire en coin, elle n’avait pas l’intention d’exaucer les requêtes en question.

— Premièrement, je le répète, tu dois éliminer ces intercepteurs orbitaux. Ou à tout le moins les reprogrammer afin que les spationefs puissent se déplacer sans risque dans les anneaux et alentour…

Le sourire de Sycorax ne s’altéra pas d’un iota. Pas plus que ses yeux violets ne se réchauffèrent.

— Deuxièmement, poursuivit Personne, j’aimerais que tu désactives le champ d’interdiction que tu as érigé au-dessus du Bassin méditerranéen, ainsi que celui des Mains d’Hercule.

La sorcière eut un petit rire.

— Quelle étrange requête. Le tsunami qui en résulterait serait proprement dévastateur.

— Tu peux procéder de façon graduelle, Circé. Je le sais parfaitement. Remplis le bassin.

— Avant d’aller plus loin, dit-elle d’une voix glaciale, donne-moi une raison pour laquelle je ferais une chose pareille.

— Il y a dans le Bassin méditerranéen des choses pour lesquelles les humains à l’ancienne ne sont pas encore prêts.

— Tu veux parler des dépôts, je suppose. Avec leurs armes et leurs vaisseaux spatiaux…

— Beaucoup de choses, coupa Personne. Laisse la mer vineuse remplir à nouveau le Bassin méditerranéen.

— Peut-être ne l’as-tu pas remarqué, occupé comme tu l’étais par tes voyages, mais les humains à l’ancienne sont au bord de l’extinction.

— Je l’avais remarqué. Je te demande néanmoins de remplir le Bassin méditerranéen – lentement, précautionneusement. Et pendant que tu y es, élimine donc cette folie qu’est la Brèche atlantique.

Sycorax secoua la tête et leva sa coupe à deux anses pour siroter une gorgée de vin. Elle n’en proposa pas à Personne. Le jeune Odysseus gisait toujours sur ses coussins, les yeux vitreux, apparemment paralysé.

— C’est tout ? fit-elle.

— Non, dit Personne. Je te demande aussi de réactiver tous les nœuds fax des humains à l’ancienne, ainsi que toutes leurs fonctions et toutes les cuves de rajeunissement subsistant dans les anneaux polaire et équatorial. Sycorax resta muette.

— Finalement, déclara Personne, je veux que tu envoies ton monstrueux familier auprès de Sétébos pour lui dire que le Quiet va venir sur cette Terre.

Caliban siffla et gronda.

— Pense-t-il, le moment est venu d’arracher à ce mannequin ses robustes jambes pour qu’il médite sur leurs moignons. Pense-t-il, Il est fort, Il est mon Seigneur, et ce type meurtri va recevoir un asticot, nom deux asticots, pour avoir profané Son nom.

— Silence ! ordonna Sycorax. (Elle se leva, plus royale dans sa nudité que toute souveraine en tenue d’apparat.) Personne, est-ce que le Quiet va vraiment venir sur cette Terre ?

— Oui, je le crois.

Elle sembla se détendre. Attrapant une grappe de raisins dans un bol, elle s’approcha de Personne pour la lui offrir. Il fit non de la tête.

— Tu me demandes beaucoup, toi qui es un vieillard et n’es point Odysseus, dit-elle à voix basse, faisant les cent pas entre l’homme et le lit. Qu’es-tu disposé à m’offrir en échange ?

— Le récit de mes voyages.

Sycorax éclata de rire une nouvelle fois.

— Je les connais déjà, tes voyages.

— Non, pas cette fois-ci. Vingt ans ont passé et non dix.

Le splendide visage de la sorcière se plissa en une expression que les moravecs interprétèrent comme un rictus.

— Tu es toujours en quête de la même chose… ta Pénélope.

— Non, dit Personne. Pas cette fois-ci. Cette fois-ci, quand tu m’as projeté, tout jeune encore, à travers la porte de Calabi-Yau, j’ai parcouru l’espace et le temps – vingt ans durant, du moins à mes yeux – en quête de toi et de toi seule.

Sycorax fit halte et se tourna vers lui.

— De toi seule, répéta Personne. Ma Circé. Nous nous sommes souvent aimés, et bien aimés, et à plusieurs reprises, au cours de ces vingt ans. Je t’ai découverte dans toutes tes itérations : Circé, Sycorax, Alys et Calypso.

— Alys ? répéta la sorcière.

Personne se contenta d’acquiescer.

— Avais-je les dents du bonheur dans cette itération ?

— Oui.

Elle secoua la tête.

— Tu mens. La même chose se produit dans toutes les lignes de réalité, Odysseus-Personne. Je te sauve, je t’arrache à la mer, je te soigne, je t’offre du vin miellé et des mets délicats, je guéris tes blessures, je te baigne, je te fais découvrir des plaisirs que tu ne connaissais qu’en rêve, je t’offre l’immortalité et l’éternelle jeunesse, et tu finis toujours par t’en aller. Par me quitter pour rejoindre Pénélope, cette fieffée tisseuse. Et ton fils.

— J’ai vu mon fils au cours de ces vingt ans, dit Personne. Il a grandi pour devenir un homme. Je n’ai plus besoin de le revoir. Je souhaite rester auprès de toi.

Sycorax retourna s’asseoir au milieu de ses coussins et but une nouvelle gorgée de vin à sa grande coupe.

— J’envisage de transformer en pourceaux tous tes nautes moravecs, déclara-t-elle.

Personne haussa les épaules.

— Pourquoi pas ? C’est le sort que toujours tu réserves à mes hommes, dans tous les autres mondes.

— Quel genre de pourceaux feront-ils, ces moravecs ? s’enquit la sorcière sur le ton de la conversation. Ressembleront-ils à une rangée de tirelires en plastique ?

— Moira s’est réveillée, dit Personne. La sorcière tiqua.

— Moira ? Pourquoi aurait-elle choisi de se réveiller maintenant ?

— Je l’ignore, mais elle a endossé le corps de Savi jeune. Je l’ai vue le jour où j’ai quitté la Terre, mais nous ne nous sommes rien dit.

— Le corps de Savi ? répéta Sycorax. Que mijote Moira ? Et pourquoi maintenant ?

— Pense-t-il, dit Caliban derrière Personne, Il a modelé la vieille Savi dans l’argile douce pour que Son fils la morde et la mange, y ajoutant des cosses et des rayons de miel, mâchonnant sa gorge jusqu’à faire monter l’écume, vite, vite, jusqu’à faire grouiller les asticots dans mon cerveau.

Sycorax se leva et recommença à faire les cent pas, s’approcha de Personne et leva une main comme pour lui caresser le torse, puis se détourna de lui. Caliban siffla et se tassa sur lui-même, les mains sur le granit, le dos voûté, les bras ballants entre ses jambes arquées, les yeux embrasés de colère. Mais il ne bougea pas d’un pouce, comme elle le lui avait ordonné.

— Tu sais très bien que je ne puis envoyer mon fils auprès de son père Sétébos pour lui parler du Quiet, dit-elle à voix basse.

— Je sais très bien que cette… chose… n’est pas ton fils, répliqua Personne. Tu l’as confectionnée à partir d’un tas de merde et d’ADN défectueux, dans une cuve de vase verte.

Caliban poussa un nouveau sifflement et reprit la parole de sa terrible voix sibilante. D’un geste, Sycorax lui ordonna de se taire.

— Sais-tu qu’au moment où nous parlons, tes amis moravecs sont occupés à mettre en orbite plus de sept cents trous noirs ? demanda-t-elle.

Personne haussa les épaules.

— Je l’ignorais, mais j’espérais bien qu’ils agiraient ainsi.

— Où les ont-ils trouvés ?

— Tu sais parfaitement d’où ils viennent. Sept cent soixante-huit trous noirs dans leurs ogives ? Ils ne peuvent provenir que d’un seul endroit.

— Impossible. Cela fait près de deux millénaires que j’ai enfermé cette épave dans un œuf de stase.

— Et cela fait plus d’un siècle que Savi et moi l’en avons libérée.

— Oui, je vous ai observés, toi et cette emmerdeuse, pendant que vous ourdissiez vos vains complots. Qu’est-ce que vous espériez accomplir avec ces turins connectés à Ilium ?

— C’était une préparation, dit Personne.

— Une préparation à quoi ? railla Sycorax. Tu ne crois quand même pas que ces deux sous-espèces humaines vont se rencontrer un jour ? Ce n’est pas sérieux. Les Grecs, les Troyens et leurs semblables ne feraient qu’une bouchée de tes ridicules humains à l’ancienne.

Personne haussa les épaules.

— Mets un terme au conflit qui t’oppose à Prospéro, et nous verrons bien ce qui se produira.

Sycorax posa violemment sa coupe sur une table.

— Abandonner la partie sans avoir pu triompher de ce salaud de Prospéro ? Tu ne parles pas sérieusement.

— Si, fit Personne. Prospéro, cette vieille entité, est quasiment dément. Son époque est révolue. Mais tu peux renoncer au combat avant d’être emportée par semblable folie. Partons d’ici, Circé, toi et moi.

— Partir ?

La voix de la sorcière était franchement incrédule.

— Je sais que ce caillou est équipé de fusiopropulseurs et de générateurs de trous de brane qui peuvent nous conduire dans les étoiles, et même au-delà des étoiles. Si nous sommes gagnés par l’ennui, il nous suffit de franchir les portes de Calabi-Yau et nous aurons toute l’Histoire pour servir d’écrin à nos amours – nous pourrons nous retrouver à l’époque de notre choix, en adoptant l’âge de notre choix, changeant de corps comme de vêtements, voyager dans le temps pour nous retrouver nous-mêmes pendant nos ébats, figer le cours du temps pour prendre part nous-mêmes à nos ébats. Tu as ici suffisamment d’air et de nourriture pour nous assurer mille ans de confort – dix mille ans, si tel est ton bon plaisir.

— Tu oublies un détail, dit Sycorax en se remettant à faire les cent pas. Tu es un mortel. Dans vingt ans, je te nourrirai à la petite cuillère et je serai obligée de changer tes couches souillées de merde. Dans quarante ans, tu seras mort.

— Un jour, tu m’as offert l’immortalité. Il y a encore des cuves de rajeunissement sur ton île.

— Tu as refusé l’immortalité ! glapit Sycorax. S’emparant de sa coupe, elle la lui jeta à la figure. Personne esquiva le projectile avec souplesse, mais sans décoller ses pieds du sol.

— Tu l’as refusée, encore et encore ! hurla-t-elle en s’arrachant les cheveux, en se griffant les joues. Tu m’as repoussée avec dédain pour retourner auprès de ta précieuse… Pénélope… encore et encore. Tu t’es ri de moi !

— Je ne ris plus. Viens avec moi.

La rage déformait les traits de Sycorax.

— Je devrais ordonner à Caliban de te tuer et de te dévorer, ici, sous mes yeux. Je me réjouirais de le voir sucer la moelle de tes os fracassés.

— Viens avec moi, Circé, dit Personne. Réactive le fax et les fonctions, désactive les vieilles Mains d’Hercule et tes autres jouets superflus, et viens avec moi. Redeviens mon amante.

— Tu es vieux, railla-t-elle. Vieux, grisonnant, couturé de cicatrices. Pourquoi préférerais-je un roquentin à un gaillard vigoureux ?

Elle caressa la cuisse et le pénis flasque du jeune Odysseus, qui restait immobile, sans doute sous l’effet de l’hypnose.

— Parce que l’Odysseus qui se tient devant toi ne disparaîtra pas par la porte de Calabi-Yau, dans une semaine, dans un mois ou dans huit ans, contrairement à ce gaillard. Et parce que l’Odysseus qui se tient devant toi t’aime.

Sycorax émit un bruit étouffé proche du grondement animal. Caliban lui fit écho.

Glissant une main sous sa tunique, Personne s’empara d’un lourd pistolet qu’il avait dissimulé au creux de ses reins.

La sorcière fit halte et le fixa des yeux.

— Tu ne crois quand même pas que ce machin va me faire mal.

— Ce n’est pas pour te faire mal que je l’ai apporté, répliqua Personne.

Elle tourna ses yeux violets vers le jeune Odysseus.

— Tu es fou ? As-tu une idée des conséquences au niveau quantique ? Rien qu’en envisageant d’agir de la sorte, tu courtises déjà kaos. Cela détruirait un cycle qui s’est reproduit sur un millier de brins pendant un millier de…

— Un cycle qui n’a duré que trop longtemps, coupa Personne. Il tira à six reprises, et chaque explosion sembla plus bruyante que la précédente. Les six projectiles ravagèrent le corps nu d’Odysseus, fracassant sa cage thoracique, réduisant son cœur en charpie, le frappant entre les deux yeux.

Le corps du jeune homme tressauta sous les impacts répétés puis glissa sur le sol, laissant des tramées de sang sur les coussins de soie et une mare de sang sur le sol de marbre.

— Décide-toi, dit Personne.

Olympos
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