7.

 

L’aube venue, Hector ordonna que l’on éteigne le bûcher avec du vin. Puis, assisté des plus fidèles camarades de Paris, il entreprit de fouiller les braises, rassemblant avec un soin infini les restes de l’autre fils de Priam en les séparant des cendres et des os calcinés provenant des chiens, des chevaux et du dieu déchu. Ces résidus gisaient sur la périphérie du feu, alors que ceux de Paris se trouvaient près du centre.

Les joues mouillées de larmes, Hector et ses frères d’armes rassemblèrent les os de Paris dans une urne d’or qu’ils scellèrent avec deux couches de graisse, ainsi que le voulait la coutume lorsque le défunt était un brave de noble naissance. Puis, entamant une procession solennelle, ils la transportèrent dans les rues et les places animées – guerriers et paysans s’écartaient sur leur passage dans un silence respectueux –, pour gagner le terrain, à présent nettoyé de ses gravats, où s’était dressée l’aile sud du palais de Priam, démoli huit mois plus tôt par le premier bombardement olympien – les restes d’Hécube, reine de Troie, épouse de Priam, mère d’Hector et de Paris, y étaient déjà ensevelis –, et Hector, après avoir recouvert l’urne d’un carré de lin, la descendit lui-même dans le tumulus.

— C’est ici, mon frère, que je dépose provisoirement tes os, déclara Hector devant les hommes qui l’avaient suivi, afin que la terre t’étreigne avant que je t’étreigne à mon tour dans les sombres cavernes de l’Hadès. Quand cette guerre aura pris fin, nous érigerons pour toi, ainsi que pour notre mère et pour tous ceux qui périront – et je serai probablement du nombre – un mausolée qui rappellera la maison de la mort. En attendant ce jour, mon frère, je te fais mes adieux.

Puis Hector et ses hommes repartirent, et une centaine de héros troyens ensevelirent la tombe temporaire, y dressant un empilement de rochers et de gravats.

Et puis Hector – qui n’avait pas dormi depuis deux jours pleins – partit à la recherche d’Achille, impatient de reprendre la lutte avec les dieux, plus assoiffé que jamais de leur ichor doré.

 

Cassandre se réveilla à l’aube et constata qu’elle était presque nue sous sa robe déchirée, et que ses poignets comme ses chevilles étaient attachés aux montants d’un lit qui n’était pas le sien. Qu’est-ce que ça veut dire ? se demanda-t-elle, craignant de s’être une nouvelle fois enivrée en compagnie d’un soudard aux mœurs déviantes.

Puis elle se rappela le bûcher funéraire, la crise qui l’avait saisie au moment de son embrasement, Andromaque et Hélène se pressant autour d’elle.

Merde, songea-t-elle. J’ai encore perdu une occasion de me taire. Elle parcourut la pièce du regard : pas de fenêtre, des moellons de belle taille, une certaine humidité dans l’air. Sans doute se trouvait-elle dans la cave des supplices d’un particulier. Cassandre se débattit en vain. Les cordes de soie, quoique douces au toucher, étaient solides et fermement liées.

Merde, répéta-t-elle mentalement.

Andromaque, l’épouse d’Hector, entra dans la pièce et considéra la sibylle. Elle avait les mains vides, mais Cassandre imaginait sans peine la dague nichée dans les replis de sa robe. Les deux femmes observèrent un long silence, et ce fut Cassandre qui le rompit.

— S’il te plaît, mon amie, libère-moi.

— Je devrais te trancher la gorge, mon amie, répliqua Andromaque.

— Alors fais-le, salope. Inutile d’épiloguer.

Cassandre ne craignait pas grand-chose, car même si ses visions ressemblaient à un kaléidoscope depuis huit mois, depuis que le futur d’antan n’était plus, jamais elle ne s’était vue périr aux mains d’Andromaque.

— Cassandre, pourquoi as-tu proféré ces sottises à propos de la mort de mon bébé ? Il y a huit mois, comme tu le sais très bien, Pallas Athéné et Aphrodite se sont introduites dans la chambre où dormait mon enfant et l’ont massacré ainsi que sa nourrice, nous signifiant par ce geste que les dieux d’Olympos étaient mécontents de mon époux, qui avait échoué à brûler les nefs argiennes, et que le petit Astyanax, que son père et moi appelions Scamandrios, avait été sacrifié « comme une génisse promise au massacre ».

— Foutaises, rétorqua Cassandre. Débarrasse-moi de ces liens. Elle avait mal au crâne. Les plus saisissantes de ses prophéties la laissaient toujours avec une gueule de bois.

— Dis-moi d’abord pourquoi tu as affirmé que j’avais substitué le bébé d’une esclave à mon Astyanax. (Les yeux d’Andromaque étaient glacials, et la dague venait d’apparaître dans sa main.) Comment aurais-je pu faire cela ? Comment aurais-je su que les déesses allaient apparaître ? Et pourquoi aurais-je agi de la sorte ?

Cassandre ferma les yeux en soupirant.

— Il n’y avait pas de déesses, dit-elle d’une voix lasse où perçait néanmoins le mépris. (Rouvrant les yeux :) Quand tu as appris que Pallas Athéné avait tué Patrocle, l’ami très cher d’Achille – et peut-être s’agit-il d’un autre bobard –, tu as décidé, seule ou avec la complicité d’Hécube et d’Hélène, de tuer le bébé de ta nourrice, qui avait le même âge qu’Astyanax, et de tuer aussi cette dernière. Ensuite, tu as raconté à Hector, à Achille et à tous ceux qu’avaient attirés tes cris d’orfraie, que c’étaient les déesses qui avaient occis ton fils.

Les yeux noisette d’Andromaque étaient aussi froids, aussi impitoyables que la glace qui s’obstine à tenir le torrent au début du printemps.

— Pourquoi aurais-je agi de la sorte ? répéta-t-elle.

— Pour saisir une occasion rêvée d’accomplir le dessein des Troyennes. Le dessein que nous entretenons depuis des années. Détourner nos hommes de la guerre contre les Argiens – une guerre qui ne pouvait se conclure que par notre destruction à tous, ainsi que l’annonçaient mes prophéties. Excellente initiative, Andromaque. Je ne peux que louer ton courage et ton audace.

— Sauf que, si tu dis vrai, mon acte a eu pour conséquence de déclencher une guerre contre les dieux, dont l’issue ne peut être que plus désespérée encore. Dans tes visions d’antan, au moins certaines d’entre nous survivaient-elles, même si elles étaient réduites en esclavage.

Cassandre haussa les épaules, ce qui lui demanda un certain effort vu la position qui était la sienne.

— Tu ne pensais qu’à sauver ton fils, qui aurait été condamné à une mort atroce si les événements avaient suivi le cours que nous attendions. Je comprends, Andromaque.

Andromaque brandit sa dague.

— Si tu répètes ce que tu as dit, et si la populace – troyenne ou achéenne – vient à te croire, cela signifie la mort de toute ma famille – Hector inclus. Seul ton trépas peut garantir ma sécurité.

Cassandre regarda son aînée dans les yeux.

— Mon don de double vue peut encore te servir, mon amie. Il peut même vous sauver – toi, ton Hector et ton Astyanax, où que tu l’aies planqué. Quand je suis en proie à l’une de mes visions, je ne contrôle pas ce que je dis, tu le sais parfaitement. Toi, Hélène et vos éventuelles complices, restez en permanence à mes côtés, ou bien faites-moi surveiller par des esclaves décidées, et qu’on me fasse taire de force si jamais je parle à tort et à travers. Et si un tiers a vent de mes propos, eh bien, tuez-moi.

Andromaque hésita, se mordilla la lèvre inférieure, puis se pencha sur Cassandre et trancha le lien qui maintenait son poignet droit au montant du lit.

— Les Amazones sont arrivées, déclara-t-elle tout en coupant les autres cordes.

Ménélas passa toute la nuit à écouter son frère, réussissant sur la fin à parler un peu avec lui, et, lorsque apparut Aurore aux doigts de rose, il était résolu à passer à l’action.

Des heures durant, il avait visité les campements achéens dressés le long de la plage, écoutant Agamemnon décrire l’horrible spectacle que présentaient leurs cités vides, leurs campagnes désertes et leurs ports abandonnés ; les nefs grecques, privées de leurs équipages, flottaient sur les eaux de Marathon, d’Erétrie, de Chalcis, d’Aulis, d’Hermione, de Tirynthe, d’Hélos et autres villes portuaires. Horrifiés, les Achéens et les Argiens, les hommes venus de Crète, d’Ithaque, de Lacédémone, des Calydnes, de Bouprasion, de Doulichion, de Pylos, de Pharis, de Sparte, de Messe, de Thrace, d’Œchalie – les centaines de détachements grecs venus du continent, des îles rocheuses, du Péloponnèse – avaient ainsi appris que leurs cités étaient vides, leurs foyers désertés comme par la volonté des dieux – que les aliments pourrissaient sur les tables, que les vêtements traînaient sur les couches, que l’eau des bassins et des piscines virait au vert sale, que les armes n’étaient pas rangées dans leurs fourreaux. Sur la mer Égée, raconta Agamemnon de sa voix modulée de ténor, ce n’était que nefs vides ballottées par les vagues, aux voiles gonflées mais déchirées, et ce bien qu’il n’y eût aucun signe de tempête ; durant leur voyage d’un mois, ils n’avaient vu qu’un ciel bleu et une mer d’huile, expliqua Agamemnon, mais les nefs n’en étaient pas moins vides : cargos athéniens aux soutes encore pleines, aux bancs jonchés de rames oisives, chalands perses vidés de leurs marins balourds et de leurs piquiers couards, felouques égyptiennes chargées de grains qui ne parviendraient jamais à destination.

— Le monde a été vidé d’hommes, de femmes et d’enfants, proclamait Agamemnon à chaque campement, il ne reste plus que nous-mêmes et les rusés Troyens. Nous nous sommes détournés des dieux – pis encore, nous nous sommes retournés contre eux –, et les dieux nous ont enlevé ce que nous avons de plus cher : nos épouses et nos familles, nos pères et nos esclaves.

— Sont-ils donc morts ? lui demandait-on dans chaque campement.

Ce cri du cœur se mêlait aux pleurs et aux lamentations. Le chagrin montait autour des feux argiens tout le long de la grève.

En guise de réponse, Agamemnon levait les mains et observait un long, un très long silence.

— Il n’y avait aucune trace de lutte, répondait-il finalement. Aucune trace de sang. Aucun cadavre pourrissant pour nourrir les chiens errants et les oiseaux tournant dans le ciel.

Et, dans chaque campement, les courageux Argiens qui avaient accompagné Agamemnon, marins et gardes du corps, fantassins et capitaines, s’entretenaient en privé avec des camarades de leur rang. L’aube venue, tout le monde avait appris la terrible nouvelle, et les tremblements d’horreur cédaient la place aux frémissements de rage.

Ménélas savait que cela servait le dessein des Atrides : convaincre les Achéens non seulement de reprendre la guerre contre les Troyens, afin d’en finir avec eux une bonne fois pour toutes, mais aussi de renverser ce tyran qu’était Achille aux pieds rapides. Dans quelques jours, voire dans quelques heures, Agamemnon serait redevenu le commandant en chef.

L’aube venue, Agamemnon avait achevé sa tournée des campements grecs, les grands capitaines s’étaient éloignés – Diomède avait regagné sa tente, ainsi qu’Ajax Télamonide, dit le Grand, qui avait sangloté comme un enfant en apprenant que Salamine était aussi déserte que les autres cités, Odysseus, Idoménée et Ajax le Petit, qui avait hurlé à l’unisson de ses Locriens lorsque Agamemnon leur avait appris la triste nouvelle, et même ce bavard de Nestor – tous s’étaient retirés pour dormir quelques heures durant d’un sommeil agité.

— Alors, raconte-moi comment se déroule la guerre contre les dieux, dit Agamemnon à Ménélas.

Les deux frères étaient assis au centre du campement lacédémonien, entourés par un contingent de capitaines, de gardes du corps et de piquiers également fidèles. Tous se tenaient à l’écart afin que leurs seigneurs puissent s’entretenir en privé.

Ménélas le roux fit part à son frère aîné des récents événements : les ignobles affrontements quotidiens opposant la magie des moravecs aux armes divines, les rares combats singuliers, la mort de Paris et d’une centaine de guerriers moins connus, troyens et achéens, et les funérailles qui venaient de s’achever. Une heure plus tôt, on avait cessé de voir la fumée monter dans le ciel et les flammes rougeoyer derrière les remparts d’Ilium.

— Bon débarras, commenta le royal Agamemnon, mordant à belles dents dans le porcelet qu’on avait fait rôtir pour le petit déjeuner. Je regrette seulement que ce soit Apollon qui ait tué Paris… J’aurais aimé le faire moi-même.

Ménélas s’esclaffa, mangea une bouchée de porcelet, la fit passer avec un peu de vin et raconta à son cher frère comment Œnoné, la première épouse de Paris, avait fait une apparition inattendue pour s’immoler aussitôt après sur le bûcher.

Agamemnon partit d’un grand rire.

— Dommage qu’Hélène, ta traînée d’épouse, n’ait pas eu la même idée, mon frère.

Ménélas opina, mais son cœur se serra lorsqu’il entendit prononcer le nom d’Hélène. À en croire cette cinglée d’Œnoné, précisa-t-il, c’était Philoctète et non Apollon qui avait occis Paris, une révélation qui avait suscité la colère des Troyens, si bien que la petite délégation achéenne s’était hâtée de quitter la ville.

Agamemnon se tapa sur la cuisse.

— Formidable ! L’avant-dernière pierre se met en place. Dans moins de deux jours, les Achéens seront passés du ressentiment à la rage meurtrière. Avant la fin de la semaine, nous serons de nouveau en guerre avec les Troyens, mon frère. Je le jure sur la terre du tumulus de notre père.

— Mais les dieux…

— Les dieux n’auront changé en rien, coupa-t-il avec une assurance absolue. Zeus restera neutre. Certains assisteront ces lavettes de Troyens. La majorité fera alliance avec nous. Mais, cette fois-ci, nous finirons le boulot. Dans moins de quinze jours, Ilium sera réduite en cendres… aussi sûrement que l’a été Paris.

Ménélas acquiesça. Il aurait dû demander à son frère comment il allait s’y prendre pour faire la paix avec les dieux et renverser l’invincible Achille, mais ce n’était pas là le sujet qui le préoccupait au premier chef.

— J’ai vu Hélène, dit-il, percevant le tremblement qui saisissait sa voix. Quelques secondes de plus, et je la tuais.

Agamemnon essuya ses lèvres et sa barbe luisantes de graisse, but à sa coupe d’argent et arqua un sourcil pour lui signifier qu’il l’écoutait.

Ménélas décrivit sa résolution, l’occasion qui s’était présentée à lui… et l’échec de sa tentative, suite à l’apparition d’Œnoné et aux accusations lancées contre Philoctète.

— On a eu du pot de sortir vivants de la ville, conclut-il. Agamemnon plissa les yeux pour contempler les remparts d’Ilium. Une sirène moravec se mit à hurler, et des missiles foncèrent vers quelque invisible cible olympienne. Le champ de force protégeant le principal campement achéen vibra sur une tonalité un rien plus grave.

— Tu devrais la tuer aujourd’hui, déclara le frère si sage de Ménélas. Tout de suite. Ce matin même.

— Ce matin ?

Ménélas se lécha les lèvres. En dépit de la graisse de porc qui les maculait, elles étaient sèches.

— Ce matin, répéta l’ancien et futur commandant en chef des armées grecques mobilisées pour le sac de Troie. Dans moins d’une journée, l’inimitié entre nos hommes et ces chiens de Troyens sera si grande que ces couards auront refermé à double tour leurs putains de portes Scées.

Ménélas se tourna vers la cité. Les premiers feux du soleil hivernal coloraient ses murailles de rosé. Il n’y comprenait plus rien.

— Jamais ils ne me laisseront entrer…

— Déguise-toi, coupa Agamemnon, qui but une nouvelle gorgée de vin et rota. Réfléchis ainsi que le ferait Odysseus… ainsi que le ferait une fouine.

Ménélas, qui était aussi fier que son frère, ou que n’importe quel guerrier achéen, n’était pas sûr de goûter cette comparaison.

— Comment pourrais-je me déguiser ?

Agamemnon désigna sa tente royale, dont la soie écarlate s’enflait sous le vent.

— J’ai gardé la peau de lion et le casque clouté de défenses de sanglier que portaient Diomède et Odysseus lorsqu’ils ont tenté de voler le Palladion l’année dernière, dit-il. Avec ce casque pour cacher tes cheveux roux et ces défenses pour cacher ta barbe – sans parler de la peau de lion qui dissimulera ta glorieuse armure achéenne –, ces sentinelles à moitié endormies te prendront pour un de leurs alliés barbares et te laisseront passer sans problème. Mais hâte-toi – agis avant qu’on les ait relevées et avant que les portes ne soient refermées pour les quelques jours qui nous séparent de l’anéantissement d’Ilium.

Ménélas ne consacra que quelques secondes à ruminer cette idée. Puis il se leva, gratifia son frère d’une tape sur l’épaule et entra dans la tente pour rassembler les éléments de son déguisement et ceux de son arsenal d’armes blanches.

Olympos
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