Lors des travaux d’aménagement du Carrousel du Louvre, entrepris entre 1984 et 1989, les archéologues mirent au jour, sous la cour Carrée, des vestiges de la forteresse construite par Philippe Auguste. Ces impressionnantes fondations de tours et de murailles sont visibles dans la crypte archéologique du musée. Devant ces pierres massives, on perçoit le rôle défensif du Louvre de l’époque.
La splendide salle Saint-Louis reste le dernier témoignage de l’intérieur médiéval du château de Philippe Auguste. À l’endroit où se trouvait le donjon, on voit encore les restes d’un puits et d’une fosse, traces de l’ancienne forteresse.
Il fallut attendre Charles V et l’an 1360 pour que le Louvre devienne résidence royale. Dès lors chaque roi, ou presque, aménagea le palais à sa façon, jusqu’à Napoléon III, qui entreprit de grands travaux à partir de 1854, ordonnant notamment la destruction des bicoques qui encombraient les abords du palais depuis plusieurs siècles. L’aspect du Louvre tel que nous le connaissons est dû en grande partie à cet empereur. Enfin, dernière transformation : la pyramide de verre voulue par François Mitterrand, œuvre de l’architecte Ming Pei, qui offre au plus grand musée du monde une entrée digne de lui.
La muraille démarrait au niveau de l’actuel pont des Arts par la tour du Coin, traversait le Louvre pour passer rue de l’Oratoire où l’on peut voir encore un fragment de tour dans la sacristie du temple réformé. Continuons. Franchissons la rue Saint-Honoré dont les cheminées des numéros 148 et 150 montrent que les bâtiments ont été appuyés sur l’enceinte (d’ailleurs la construction du 148 a la même largeur que celle-ci.)
Ici se trouvait la porte Saint-Honoré. Nous arrivons rue du Louvre, où le no 11 conserve la base d’une autre tour : la forme arrondie des édifices mitoyens la fait comme surgir de ce moule de pierre. Passé la Bourse du commerce, la muraille suivait l’orientation donnée à la rue du Jour située sur le chemin de ronde intérieur : au 9, un morceau de tour est parfaitement visible. Nous poursuivons par l’ancienne porte Montmartre, dont une plaque rappelle le souvenir au 30, rue Montmartre, et nous pénétrons dans la rue Étienne-Marcel qui, elle aussi, suit l’orientation intérieure de l’enceinte. Nous cheminons ainsi jusqu’à un vestige important, la tour Jean-sans-Peur, un donjon, reste du palais parisien des ducs de Bourgogne construit dès 1409 contre la muraille côté campagne. Au rez-de-chaussée de la tour, vous découvrirez le vestige arrondi d’une tour de Philippe Auguste : il y a donc deux tours l’une dans l’autre !
Avançons jusqu’à la porte Saint-Denis, au 135, rue Saint-Denis. La muraille longeait ensuite la droite de l’impasse des Peintres, un chemin de ronde extérieur… Nous allons jusqu’à la porte Saint-Martin, au 199, rue Saint-Martin. À partir de cet endroit, la muraille se refermait, obliquait en direction du sud-est, suivant l’angle de l’impasse Beaubourg vers le passage Sainte-Avoie. Ce passage nous conduit rue des Archives puis rue des Francs-Bourgeois, laquelle épouse en grande partie le chemin de ronde extérieur de l’enceinte. Au niveau des 55-57, rue des Francs-Bourgeois, se trouve la base d’une tour rehaussée grossièrement d’une construction plus moderne. Un pavage au sol nous montre le tracé de la courtine. Nous empruntons celui de la muraille au 10, rue des Hospitalières-Saint-Gervais, puis celui de la rue des Rosiers où, dans la cour du 8, on voit encore une tour. L’enceinte s’élevait sur cet axe jusqu’à la rue de Sévigné où elle s’infléchissait au sud, passait la porte Baudet, à l’intersection de la rue Saint-Antoine, longeait à droite l’église dont la double épaisseur demeure bien visible dans le passage Charlemagne. Nous parvenons ensuite au plus beau morceau encore debout : celui qui longe le lycée Charlemagne, rue des Jardins-Saint-Paul, plus de soixante mètres de muraille, dont la tour Montgomery – du nom du capitaine de la garde écossaise qui y aurait été enfermé après avoir blessé le roi Henri II au cours d’un tournoi en 1559. Sur une autre tour, dans les jardins de l’hôtel des Tournelles, nous découvrons des « marques de tâcherons », c’est-à-dire les signatures des artisans qui travaillaient sur les pierres. La muraille se finissait sur la Seine à hauteur des 30-32, quai des Célestins.