XIIe siècle
PHILIPPE AUGUSTE
Paris, capitale de la France
Descendre à la station Philippe Auguste, à deux pas de la Nation, c’est se retrouver bien loin hors les murs du Paris du XIIe siècle. Le quartier conserve pourtant quelques évocations du temps de ce roi : l’avenue à son nom, l’avenue de Bouvines, souvenir de sa victoire sur l’empereur germanique, et surtout sa statue de quatre mètres de haut placée sur l’une des colonnes du Trône, élevée en 1843 en bordure de la place de la Nation. Mais ce petit détour excentré n’est-il pas l’occasion de s’interroger sur les limites que le souverain voulait donner à sa capitale ?
La ville tout entière a été marquée de l’empreinte de Philippe Auguste, un roi conquérant, combattant, qui livra bataille sur bataille pour asseoir sa souveraineté.
Mais il fallut tout d’abord défendre Paris, sa capitale, avec une puissante enceinte. La muraille de Philippe Auguste mesurait près de trois mètres de large sur neuf de haut, et était ponctuée de tours dont certaines s’élevaient à vingt-cinq mètres. Ces formidables remparts allaient fixer les limites de Paris pour près de deux siècles, et de nombreux fragments de ces ouvrages sont encore visibles aujourd’hui.
Si l’on veut retrouver ces témoignages, il faut s’éloigner, démarrer son périple sur la rive droite, là où la muraille a été commencée, car les menaces d’invasion se faisaient plus pressantes de ce côté-là.
À l’ouest, la Seine fut barrée par de lourdes chaînes et bordée par la forteresse du Louvre. Il existait déjà, on l’a vu, une citadelle le long du fleuve. Mais Philippe Auguste va en faire un point d’ancrage autour duquel se nouera bientôt la défense de la ville, place forte protégeant tout le royaume.
D’abord, pièce maîtresse de l’édifice, il fait ériger un fort donjon de trente-deux mètres de haut. Bouleversement dans l’architecture militaire : ce donjon n’est pas de forme rectangulaire, comme c’est le cas d’ordinaire, mais circulaire, ce qui complique l’agression – en offrant moins de prises pour les projectiles – et simplifie le guet, en facilitant la surveillance et les tirs des archers.
Le château lui-même se développe tout autour : il forme un énorme rectangle fait de puissantes murailles. Au milieu de chaque mur se dresse une tour et à chaque angle une autre tour. La dérivation des ruisseaux de Belleville et Ménilmontant alimente en eau les larges fossés qui ceinturent l’édifice. La porte d’entrée, située à l’est, est relativement étroite, encadrée de deux nouvelles tours. Pour accéder à l’intérieur, et permettre aux troupes comme aux voitures de franchir le fossé, un pont-levis s’abaisse quelques instants et se relève bien vite, faisant du Louvre un château fort quasiment inexpugnable. Il défend Paris contre une éventuelle invasion tout en offrant un refuge au roi si une colère populaire devait éclater. D’ailleurs, les appartements destinés à recevoir Philippe Auguste et sa famille en cas d’urgence se trouvent dans le donjon même, au cœur du dispositif, dans la partie la plus retranchée.
Où sont les vestiges de la forteresse du Louvre ?
En définitive, le donjon, appelé la Grosse Tour ; ne servit jamais de résidence royale, mais de prison et de dépôt pour le Trésor royal à partir de 1295. En 1527, François Ier le fit démolir : la forteresse médiévale fut remplacée par un château Renaissance.