Quinze ans après la mort de l’évêque Marcel, voilà que se dresse un ennemi plus dangereux que l’hydre des marais : venu des confins de l’Asie, Attila prétend raser l’herbe fraîche de Paris !

Le roi des Huns a déjà tenté de dévorer l’empire d’Orient, mais le redoutable guerrier s’est cassé les dents. Diplomatie et combats, il a pourtant tout essayé pour vaincre cet empire et entrer en triomphateur à Constantinople. Brillant chef de guerre peut-être, mais piètre négociateur, il voit s’échapper son rêve : l’Empire romain d’Orient reste hors de sa portée. Le bilan de ses cavalcades et de ses ambassades est affligeant, il n’est arrivé à rien, ou à pas grand-chose… Parce que, oui, il a quand même une pièce en main dans le grand jeu des stratégies : une bague, une promesse que lui a envoyée Honoria, la sœur de l’empereur d’Occident Valentinien.

La dame aux yeux de velours est bien malheureuse car son frère, personnage aussi austère qu’intransigeant, veille avec suspicion et méticulosité sur la virginité sororale. Las, la gourgandine a pris un amant ! L’empereur, hors de lui, fait exécuter le gaillard, mais cela ne suffit pas car la drôlesse attend un bébé. On fiance vite fait la future maman à un vieux sénateur et, en attendant le mariage, on enferme la dame dans un couvent. Excès de précaution ne nuit pas.

Honoria, qui n’a pas vraiment la vocation religieuse, envoie alors sa bague à Attila… Elle lui promet tout ce qu’il veut et tout ce qu’il imagine, pourvu que le terrible Hun vienne la délivrer. Eh bien Attila prend cette plaisante affaire fort au sérieux ! Il se considère tout à fait fiancé à la belle Honoria, mais l’amour ne lui fait tout de même pas perdre la tête : il n’a rien de plus pressé que d’exiger une dot. Et qu’est-ce qu’un roi hun peut demander en cadeau de noces à un empereur romain ? La Gaule, rien de moins !

Valentinien est un peu accablé par la naïveté balourde de ce monarque barbare. La Gaule ? Pour un mariage qui ne se fera jamais ? C’est du délire !

Puisqu’on ne veut pas lui donner cette terre qu’il réclame, Attila est bien décidé à se servir tout seul. En 451, il déboule au grand galop à la tête de ses troupes formées de Huns et de Germains. Il défonce les murailles de Metz, met la ville à sac et poursuit tranquillement son périple ravageur, déterminé à traverser la Seine à Paris.

Dans la ville, la nouvelle de l’approche d’Attila sème la panique. C’est sûr, Paris va être brûlé et détruit ! La terreur enfle à l’annonce de l’arrivée de ces bandes venues d’Asie dont on dit que les guerriers cruels sont vêtus de peaux de bêtes, qu’ils mangent de la viande crue ramollie sous la selle de leurs chevaux, qu’ils ont des visages monstrueux tout couturés de cicatrices, qu’ils tuent, pillent et violent… Face à ce cataclysme annoncé, les Parisiens n’ont qu’une option : la fuite. Déjà ils font leur baluchon, emballent quelques richesses, emmènent femmes, enfants, esclaves, bétail et se résolvent au grand exode.

*

* *

— Que les hommes détalent, s’ils le veulent et s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous, les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’il entendra nos supplications !

La jeune femme de vingt-huit ans qui lance cet appel à la population parisienne s’appelle Geneviève. Elle n’est ni un stratège militaire ni un boutefeu agité, mais une chrétienne abîmée dans la foi parfaite d’une brebis de l’Église. Née à Nanterre, établie depuis une dizaine d’années à Paris où elle est venue après la mort de ses parents, elle consacre l’essentiel de sa vie à l’extase religieuse et à la saine gestion de ses propriétés héritées d’un père romain et d’une mère franque.

Geneviève fait partie des Parisiens les plus riches, mais pour elle ces contingences matérielles ne sont rien. Ce qui importe, c’est le Ciel. Elle voudrait se vouer entièrement au Christ, mais il n’existe pas alors de monastères ouverts aux dames. La jeune femme doit se contenter de coiffer le « voile des vierges », voile de la consécration qui la distingue du commun et force le respect. Devenue diaconesse, la demoiselle reste dans le monde, certes, mais choisit de vivre dans le silence, la prière et le jeûne. Si elle se nourrit, c’est seulement deux fois par semaine, le dimanche et le jeudi, consentant à regret à satisfaire ce corps trop humain qui réclame et proteste.

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