À partir du guichet de Rohan, les bâtiments qui donnent sur la rue de Rivoli datent de Napoléon III, grand architecte de ce colossal édifice qui a vu passer tant de régimes : même la République y a laissé sa trace ! En effet, on peut voir sur les cheminées et les frises du pavillon de Marsan le chiffre RF de la IIIe République.
On a fait le tour du palais, pénétrons maintenant à l’intérieur du musée par la pyramide de verre. C’est pendant la Révolution, en novembre 1793, que le Muséum de la République a ouvert ses portes. Fortement enrichi par les campagnes de Napoléon, il continue de bénéficier des munificences de prestigieux donateurs et possède aujourd’hui près de trois cent cinquante mille objets… contre six cent cinquante à l’ouverture !
Quant aux salles, le changement de vocation du palais en musée les a fortement modifiées, mais certaines ont résisté aux transformations. Pour se limiter au XVIe siècle, on retiendra la chambre de parade d’Henri II, et l’escalier Henri II, qui mène de la salle Henri II à la salle des Cariatides. Depuis cet endroit magnifique, on voit encore la partie arrière du chœur de la chapelle de saint Louis ménagée dans le mur ouest, deux fois plus épais que les autres, car il est un témoignage du Louvre de Philippe Auguste. Cette pièce était celle du tribunal, c’est-à-dire qu’elle contenait la tribune où le roi siégeait lors des fêtes et des réceptions. Son trône était dressé sous l’arcade centrale, entre les deux colonnes cannelées. On y voit aussi les quatre cariatides qui datent du début du palais Renaissance. Ah, si elles pouvaient parler, elles auraient tant à nous dire sur ce siècle riche de promesses…
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Quand François Ier revient à Paris en 1527, il est un roi vaincu et humilié. Il a vu tourner à la catastrophe son expédition en Italie contre les armées de Charles Quint. Fait prisonnier, le souverain a dû verser une rançon de deux millions d’écus pour recouvrer la liberté après un an de captivité. La somme a été payée, en partie, par les Parisiens, riches et pauvres réunis. Aussi, pour remercier ces bons sujets, le roi décide-t-il de s’installer momentanément au Louvre.
Finalement, de sa défaite italienne, François Ier fait une victoire : celle de revenir en son royaume porteur des lumières de la Renaissance ! En effet, il rapporte d’Italie des trésors artistiques et des idées nouvelles. C’est la poursuite d’une politique entamée de longue date. N’avait-il pas déjà ramené en 1515, plus que la victoire de Marignan, Léonard de Vinci qui transportait la Joconde dans ses bagages ?
Comme un symbole des temps nouveaux, le vieux donjon massif du Louvre est abattu. C’est la tour de guet de Clovis qui disparaît, la forteresse des Normands, la tour du comte de Paris ; bref, c’est la fin du Moyen Âge… D’autres travaux vont suivre : la forteresse médiévale laisse lentement la place à un château Renaissance. À partir de 1546, l’architecte Pierre Lescot construit la demi-aile sud du côté ouest, laquelle marque l’arrivée du style Renaissance à Paris avec ses trois avant-corps, ses colonnes qui encadrent les portes, ses statues et ses fenêtres aux frontons arrondis ou triangulaires.
Il s’agit presque du testament artistique de François Ier, qui n’a plus qu’un an à vivre et ne verra pas la fin des travaux. En définitive, pour Paris, les promesses artistiques entrevues au retour d’Italie, presque vingt ans auparavant, n’ont pas été tenues. Le roi a délaissé les bords de la Seine pour les bords de la Loire. Il a fait entreprendre des travaux dispendieux pour la construction de Chambord et la transformation des châteaux de Blois et d’Amboise. C’est d’ailleurs près d’Amboise que Léonard de Vinci a demeuré jusqu’à sa mort, et son œuvre emblématique, la Joconde, a ensuite été accrochée sur les murs du château de Fontainebleau, qui fut peut-être le lieu de résidence favori du roi.