Au mois de février suivant, les seigneurs francs réunis à Compiègne acclament Eudes : le comte de Paris est nommé roi de Francie occidentale. Pour ne pas perdre de temps, et par crainte de voir se lever d’autres candidats au trône, on procède au couronnement à Compiègne même. On bâcle un peu la messe, on procède à une rapide onction, et vive le roi !
— Vous, hommes d’Église et seigneurs séculiers, déclare le nouveau monarque, vous me serez fidèles en m’aidant de vos conseils et de votre puissance… Avec l’aide de Dieu et de votre concours, je réformerai tout ce qui a besoin de réformes, et remettrai toutes choses dans l’état de droiture et de justice qui existait anciennement.
Belles promesses électorales. En attendant, le roi Eudes doit poursuivre son combat contre les Vikings, qui reviennent avec des forces toujours plus importantes pour s’emparer de la Francie.
L’ennemi a définitivement renoncé à Paris, mais la ville panse ses plaies. Les invasions des Vikings ont ruiné ses édifices : de la basilique Saint-Germain-des-Prés, il ne reste que la partie inférieure d’une tour carrée ; Sainte-Geneviève, Saint-Julien-le-Pauvre, Saint-Marcel, Saint-Germain-l’Auxerrois et de nombreuses autres églises ont été mises à sac et incendiées.
Pourtant, de cette désolation Paris sort grandi. Par leur acharnement, les pillards de Scandinavie ont démontré que celui qui voulait tenir la Francie devait tenir Paris. Par leur défense obstinée, les Parisiens se sont imposés au reste du royaume, et même si, à sa mort, le comte de Paris Eudes redonnera la couronne de Francie occidentale aux descendants directs de Charlemagne, ce sont eux, les Parisiens, qui désormais font l’Histoire, ce sont eux qui font les rois.