Chapitre 29

Tout le monde a des regrets. Les guerriers ne font pas exception.

D’aucuns voudraient pouvoir distinguer les événements causés par la négligence ou l’incompétence de ceux causés par des circonstances ou des forces qui échappent à leur contrôle. Mais dans la pratique, il n’existe aucune différence. Tous les regrets, quels qu’ils soient, marquent notre esprit et notre âme au fer rouge. Tous laissent les mêmes cicatrices d’amertume.

Et à chaque fois, sous les cicatrices demeurent enfouies la pensée et la crainte qu’on aurait pu faire quelque chose. Qu’une action ou une omission de notre part aurait pu améliorer la situation. De telles réflexions nous permettent parfois d’apprendre de nos erreurs. Trop souvent, elles ne font que retarder la cicatrisation complète.

Un guerrier doit apprendre à mettre autant que possible ses regrets de côté. Tout en sachant pertinemment qu’ils ne seront jamais bien loin.

 

 

— Ce fut, sans conteste, un véritable massacre, affirma Yularen.

Sa voix est maîtrisée mais laisse percevoir un profond regret et l’écho de sombres souvenirs.

— J’ai vu beaucoup de choses horribles pendant la Guerre des Clones, ajouta-t-il. Celle-ci vient se hisser au même rang que les pires d’entre elles.

— Avez-vous les chiffres ? voulut savoir Thrawn.

— Oui, amiral, répondit le colonel en pianotant sur son datapad. Comme vous pouvez le voir, le nombre de civils tués dépasse largement celui des insurgés.

— Comment savons-nous qui était qui ? demanda la Gouverneur Pryce.

Sa voix dénote du mépris et de la prudence, mais aucune compassion. Les muscles de ses bras et de ses épaules sont contractés sous sa tunique.

— C’était un soulèvement de civils, après tout, ajouta-t-elle.

— Nous pouvons supposer que les gens situés à l’intérieur du cordon central et les sentinelles armées protégeant les piquets de grève faisaient partie des insurgés, commenta Yularen.

Son ton est poli mais manifeste un mépris à peine dissimulé.

— Les gens qui se trouvaient chez eux lorsque la tempête de feu les a carbonisés sur place ne l’étaient probablement pas, précisa-t-il.

— Il est inutile d’être si véhément, colonel, répliqua Pryce.

Sa voix est plus calme maintenant, et moins méprisante. Ses mains, posées sur la table, montrent un sang-froid inflexible.

— Vous ignorez comment les charges posées sur les explosifs ont pu être activées avant celles du générateur du bouclier ? demanda Thrawn.

— Je vais vous dire ce que j’ai dit au colonel Yularen, répondit Pryce. Je me suis rendue chez mes parents pour leur dire de se préparer à partir. Nous y avons attendu l’agent Gudry. Comme il n’était pas de retour à l’heure convenue, nous sommes partis sans lui. J’imagine qu’il a été piégé ou ralenti par les insurgés, et plutôt que de se laisser capturer vivant, a préféré déclencher les détonateurs.

— En commençant par ceux du dépôt d’explosifs ? demanda Yularen.

Son ton est méfiant. Il fixe Pryce sans ciller.

— À moins qu’il ait déclenché les deux en même temps, suggéra la Gouverneur.

Sa voix exprime de l’impatience et du défi. Ses mains commencent à bouger, puis s’immobilisent de nouveau lorsqu’elle parvient à se ressaisir.

— Ou peut-être qu’il a d’abord essayé le générateur, mais que ça n’a pas fonctionné, poursuivit-elle. Nous ne connaîtrons pas les détails tant qu’une enquête plus poussée n’aura pas été menée.

Le lieutenant-colonel Vanto s’agita sur son siège, l’air également frustré et méfiant. Mais il ne fit aucun commentaire.

— Le Sénat a déjà lancé une enquête, indiqua Yularen. Mais je doute qu’ils trouvent quoi que ce soit qui puisse nous être utile. La partie centrale du complexe où les explosions se sont produites a été réduite en poussière.

— Encore une fois, dit Pryce, si j’éprouve peu de sympathie pour les insurgés, je regrette profondément la mort de l’agent Gudry. C’était un bon agent, ainsi qu’un garde loyal.

— J’ose croire que vous regrettez également la mort des soldats tués dans l’explosion, lâcha Yularen. Y compris ceux qui avaient été envoyés pour vous secourir.

— Une mission dont je n’étais pas au courant.

La voix de Pryce est calme. La tension disparaît de ses muscles.

— Comme je vous l’ai déjà expliqué, je préférais ne pas utiliser mon comlink à moins d’une absolue nécessité.

— Disposons-nous d’informations permettant de penser que les insurgés étaient capables d’écouter ce type de communications ? voulu savoir Thrawn.

— Nous l’ignorons, amiral, répondit Vanto. Mais c’est théoriquement possible. Et quelqu’un comme Nightswan aurait certainement voulu surveiller ceux qui communiquaient depuis l’intérieur de son bastion, pour peu qu’il en ait été capable.

— Oui, acquiesça Thrawn. Votre compte-rendu, colonel, a confirmé sa mort ?

— Oui, amiral. Son corps a été retrouvé et identifié dans l’une des zones périphériques où les dégâts ont été moins sévères. Il était probablement en train de contrôler le périmètre…

Il hésita un instant puis ajouta :

— … se préparant peut-être à se battre aux côtés des défenseurs de cette zone.

— Oui, dit Thrawn.

C’était donc fini. La voie s’arrêtait là. Le schéma s’était brisé.

Le chant du cygne s’était éteint. La galaxie s’en retrouvait amoindrie.

— Cela étant dit, l’Empereur est content du dénouement, dit Pryce.

Sa voix est empreinte de fierté et de satisfaction. Elle se tient droite, la tête haute.

— Très content, même, précise-t-elle.

— Vraiment ? demanda Thrawn.

Le regard de Pryce évita celui de Thrawn.

Les muscles de sa gorge se contractent. Son visage exprime de la prudence ainsi qu’un certain malaise.

— Vraiment, dit-elle. Je m’attends à ce qu’il trouve un moyen concret de montrer sa reconnaissance.

Un signal s’éleva de l’intercom de la salle de conférences.

— Oui ? demanda Thrawn.

— Un message de Coruscant, amiral, rapporta Faro.

Sa voix manifeste une excitation contenue.

— L’Empereur exige votre présence au Palais Impérial dès que vous le pourrez.

— Merci, commandant, dit le Chiss. Transmettez-lui mes remerciements, et informez Coruscant que nous entreprendrons notre voyage aussitôt que l’affaire de Batonn sera réglée.

— Bien, amiral.

L’intercom s’éteignit dans un clic.

— Faire attendre l’Empereur n’est pas dans votre intérêt, amiral, l’avertit Pryce.

— Je suis d’accord, intervint Yularen. Sauf votre respect, amiral, nous pouvons gérer la situation depuis la surface.

— Et les croiseurs pourront nous suivre dès que leurs réparations seront terminées, amiral, ajouta Vanto. Ils ne devraient pas être à plus de deux jours derrière nous. Si vous le souhaitez, nous pouvons laisser les frégates ici avec eux afin qu’ils puissent voyager ensemble.

— Bien pensé, le félicita Thrawn. Très bien. Indiquez au commandant Faro de se tenir prêt. Le Chimaera quittera Batonn dans trois heures, et le reste de la force opérationnelle suivra dès qu’elle le pourra. Colonel Yularen, si au cours des trois prochaines heures vous considérez que ma présence ici est requise plus longtemps, veuillez m’en informer afin que je retarde notre départ.

— Oui, amiral.

Yularen, Vanto et Pryce se lèvent.

— Gouverneur Pryce, un mot en privé, je vous prie, dit Thrawn.

Vanto et Yularen échangèrent un regard. Mais ils récupérèrent leurs datacartes et quittèrent la salle de conférences sans un mot.

— Une question, amiral ? demanda Pryce lorsque les autres furent sortis.

Elle reste debout près de son siège, sa posture n’indiquant aucune intention de se rasseoir.

— Une affirmation, Gouverneur, la corrigea Thrawn.

Pryce secoue la tête. Les muscles de sa mâchoire et de sa gorge montrent une tension nouvelle, mais son dos reste droit et elle garde la tête haute dans une attitude d’assurance provocatrice.

— Non.

— Excusez-moi ?

— Ce n’est pas ainsi que l’on porte une accusation contre un membre puissant du gouvernement impérial, dit-elle. Vous avez beau posséder d’excellentes compétences tactiques, amiral, vous n’avez toujours aucune idée de la manière dont on s’adresse aux politiciens.

— Vraiment ?

— Vraiment.

Sa voix laisse paraître de l’assurance.

— Toute votre carrière a été jalonnée de triomphes militaires et de heurts politiques, et à chacun de ces heurts, vous avez eu besoin que quelqu’un avec du savoir-faire politique vous sorte de là.

Elle se penche en avant et pose les mains à plat sur la table.

— Jouons cartes sur table. Ou plutôt, laissez-moi jouer cartes sur table, puisque vous n’êtes pas du genre à jouer aux cartes. Vous me soupçonnez manifestement d’en savoir plus que ce que j’ai dit sur les événements de Batonn. Bien. Soupçonnez-moi autant que vous le voudrez. Mais n’oubliez pas que vous avez besoin de moi.

— Pour quelle raison ?

— Pour arrondir les angles de vos futures maladresses politiques. Et croyez-moi : il y en aura d’autres. Vous êtes un amiral qui a réussi. Ce qui fait de vous une cible pour les gens qui voudraient soutirer un peu de votre pouvoir.

— Des gens comme vous ?

Elle sourit à nouveau.

Son visage exprime de l’ironie. Sa posture dénote un respect comme accordé à contrecœur.

— Au moins, avez-vous retenu quelques leçons de politique. Mais non, je ne veux pas vous voler votre pouvoir. Je souhaite simplement l’orienter dans une direction qui soit la plus avantageuse pour nous deux.

— Telle que ?

— Il se trouve que je connais en ce moment une sorte de problème insurrectionnel sur Lothal.

Sa voix manifeste de la réticence. Sa posture laisse transparaître de la rancœur et de la colère mais dirigées ailleurs.

— Je voulais faire de mon monde le premier exportateur de métaux haut de gamme de la Bordure Extérieure, ainsi que le premier centre militaire et industriel du secteur. Ce faisant, il est possible que je sois allée un peu trop loin avec les locaux. Quoi qu’il en soit, nous avons un problème, et l’amiral Konstantine s’est montré plus qu’inefficace dans sa façon d’y faire face.

— En avez-vous parlé au Haut Commandement ?

— Le Haut Commandement a déjà beaucoup de choses urgentes à gérer en ce moment.

Sa voix exprime de l’impatience et du mépris.

— Et d’autres apparaissent chaque jour, poursuivit-elle. J’ai eu l’occasion d’en discuter avec le Grand Moff Tarkin, et il n’est pas plus heureux de la situation que je ne le suis. Il est particulièrement mécontent de voir que nos rebelles locaux commencent à contaminer d’autres zones de la région. Il m’a clairement fait comprendre que je devais trouver une solution.

— En avez-vous trouvé une ?

— Oui. Vous.

— Et quels avantages y trouverais-je ?

— Je vous ai déjà cité l’un d’entre eux, lui rappela Pryce. Si mes conseils en politique ne vous semblent pas assez précieux, considérez la plus-value qu’apporteraient à votre prestige une ou deux victoires supplémentaires. C’est tout ce qui compte pour Coruscant, vous savez : les résultats.

Elle incline la tête sur le côté.

— Mes sources me disent que l’amiral de la flotte Sartan de la 7e flotte devra bientôt être remplacé. Batonn est tout à fait le genre de victoire qui pourrait vous permettre d’obtenir une telle position.

— La 96e force opérationnelle me convient tout à fait.

— La 7e flotte vous conviendrait encore davantage, rétorqua Pryce.

Elle marque une pause, s’efforçant manifestement de reprendre son sang-froid.

— Une dernière carte, une carte à laquelle je sais que vous accordez de l’importance, continua-t-elle. La 7e flotte possède une grande puissance de feu. Elle est envoyée pour régler les conflits majeurs. Là où l’ennemi est puissant et déterminé. Si vous ne la commandez pas, quelqu’un d’autre le fera. Pensez-vous que quiconque dans la Marine Impériale attache autant d’importance que vous à limiter le nombre de victimes ?

— Vos arguments sont intéressants, dit Thrawn. J’étudierai votre proposition.

— Faites donc.

Sa posture dénote une totale confiance. Son visage exprime un triomphe silencieux.

— En attendant, allez rejoindre l’Empereur, lui conseilla-t-elle. Souriez et remerciez-le pour je ne sais quelles louanges ou babioles dont il vous couvrira.

Elle sourit, une expression cynique sur le visage.

— Qui sait ? ajouta-t-elle. Il pourrait peut-être même vous nommer grand amiral. En résumé, continuez comme cela, et nous nous reverrons bientôt.

— Voilà qui est possible, en effet, dit Thrawn. Au revoir, Gouverneur. Bon voyage.

Cela faisait dix-huit minutes qu’elle était partie lorsque Vanto revint dans la salle de conférences.

— La Gouverneur Pryce vient de partir, rapporta-t-il en observant Thrawn avec attention. Qu’a-t-elle dit ?

— Elle m’a offert ses services comme conseillère en affaires politiques.

— Vous pourriez effectivement avoir besoin de quelqu’un comme ça, dit Vanto d’un air dubitatif. Pas certain qu’elle soit la bonne personne pour ce poste, cela dit. Qu’a-t-elle dit au sujet de Creekpath ?

— Elle n’a pas avoué avoir joué un rôle dans la destruction. Mais je la crois au moins en partie coupable.

— Mais vous n’avez pas de preuves ?

— Aucune.

— Je m’en doutais, dit Vanto, le visage grave. Et d’après ce qu’a dit Yularen, nous ne sommes pas près d’en avoir. Donc elle va réussir à s’en sortir.

— Peut-être que oui, dit Thrawn. Mais peut-être que non. J’ai remarqué qu’il y avait souvent une symétrie à ce genre de choses.

— Nous pouvons l’espérer. Alors. Cap sur Coruscant ?

— Cap sur Coruscant.

— Je sais que vous n’allez pas aimer recevoir le mérite de ce qu’il s’est passé là en bas, concéda Vanto. Mais essayez de sourire et de vous montrer reconnaissant malgré tout, ajouta-t-il avant de froncer les sourcils. Qu’est-ce qui vous fait sourire ?

— La Gouverneur Pryce m’a donné à peu près le même conseil.

— Oh, dit Vanto en haussant les épaules. Eh bien, c’est quand même une bonne idée. Avec votre permission, j’aimerais aller voir s’il reste des données finales à récupérer de la surface avant notre départ.

— Faites, je vous en prie, acquiesça Thrawn. N’oubliez pas, également, que d’autres ont bien servi l’Empire. Je suis certain que l’Empereur pensera à récompenser chacun selon son mérite.

— Je ne parierais pas là-dessus. Ça n’a pas d’importance. Je suis plutôt satisfait d’être votre assistant, amiral. C’est ici qu’est ma place.

— Peut-être que oui. Peut-être que non.

*

La salle du trône était comme dans le souvenir de Thrawn, même s’il la voyait à présent avec des yeux différents. Le nouvel uniforme qu’il avait reçu était blanc, avec des épaulettes dorées et un insigne de col argenté, du jamais vu dans la Marine Impériale. La plaque de grade que l’Empereur tenait dans sa main noueuse était tout aussi impressionnante : douze carreaux bleus, rouges et or.

Jamais Thrawn n’avait vu le visage de l’Empereur ainsi. Son visage exprime de la satisfaction, avec une pointe d’amusement et de malveillance.

— Félicitations, grand amiral, dit-il en tendant la plaque vers le Chiss. Ce jour est un bon jour pour vous. Un bon jour également pour mon Empire.

Son amusement semble croître.

— Même si je crains que beaucoup ne le voient pas de cet œil, ajouta-t-il.

— Je m’efforcerai de tranquilliser leurs cœurs et leurs esprits, promit Thrawn. Mais il me faut d’abord tranquilliser les miens.

Le sourire disparaît du visage de l’Empereur. Son expression de satisfaction s’atténue quelque peu.

— Tiens donc, dit-il. Très bien. Dites-moi donc ce que vous avez sur le cœur, grand amiral.

— Parlez-moi de l’Étoile de la Mort.

Son expression amusée s’évanouit. Sa malveillance s’accroît.

— Quand et comment avez-vous entendu parler de ce projet ?

— J’ai appris le nom par des dépêches non surveillées, répondit Thrawn. Les affectations de ressources m’ont permis d’en deviner la taille et la puissance. J’ignore néanmoins sa raison d’être et je souhaiterais l’apprendre de votre bouche.

Son amusement réapparaît, auquel se mêlent à présent compréhension et triomphe.

— Ah, dit-il en laissant sa main retomber. Vos pensées sont mises à nu, Mitth’raw’nuruodo. Vous craignez qu’une fois le problème des rebelles réglé au sein de mes frontières, je pointe mon arme imparable sur vos Chiss. Est-ce cela qui vous préoccupe ?

— En partie, concéda Thrawn. Je ne souhaite certainement pas voir l’aide que je vous ai apportée à vous et à votre Empire subvertie en conquêtes ou en destructions. Mais je souhaiterais également vous mettre en garde contre le fait de détourner un trop grand nombre de ressources impériales autrefois allouées à une flotte à géométrie variable constituée de vaisseaux et de Destroyers Stellaires, au profit de projets massifs qui ne peuvent amener la présence de l’Empire que dans un seul système à la fois.

— Permettez-moi de dissiper vos craintes, dit l’Empereur. Je ne poursuis aucun dessein à l’encontre de votre peuple. J’ai en effet remarqué que, malgré l’aide que vous nous apportez pour cartographier les voies hyperspatiales des Régions Inconnues, vous avez gardé secret l’emplacement des mondes et des bases chiss. C’est acceptable. Vous voulez protéger votre peuple et je ne vous en tiens pas rigueur. Quant aux ressources impériales…

Il sourit à nouveau, son expression triomphante s’accentue et devient étrangement instable.

— … il n’y aura bientôt plus besoin d’étendre la présence impériale à travers la galaxie. Quand l’Étoile de la Mort sera opérationnelle, son existence même écrasera toute opposition. Alors… ?

Il tend le bras, l’insigne toujours dans sa main.

Cette fois, Thrawn la prit.

— Bien, dit l’Empereur.

Son sourire dénote à nouveau de la satisfaction. La malveillance se dissipe, mais ne disparaît jamais vraiment.

Sur le côté de la salle du trône, une porte coulissa et une grande silhouette vêtue de noir apparut, une longue cape noire ondulant derrière elle.

— Ah… Seigneur Vador, s’exclama l’Empereur pour accueillir le nouveau venu.

Il fait signe à la silhouette de s’approcher. Sa posture laisse deviner un sentiment de maîtrise et de domination.

— Venez nous rejoindre, ajouta-t-il. Je ne crois pas que vous ayez déjà rencontré Dark Vador, grand amiral Thrawn.

Vador approche, le pas mesuré, mais plein d’assurance. Son visage est dissimulé, et les mouvements de ses muscles ne sont pas visibles sous son armure. Mais sa posture manifeste puissance et autorité.

Elle dénote également de l’assurance. Plus que tout le reste, de l’assurance.

— Vous avez raison, Votre Excellence, dit Thrawn. Je vous salue, Seigneur Vador.

— Grand amiral, le salua à son tour Vador en inclinant sa tête casquée.

Sa voix est grave et partiellement mécanique. Elle aussi manifeste puissance et assurance.

— J’ai beaucoup entendu parler de vous, affirma Thrawn. Je suis ravi que nous ayons enfin pu nous rencontrer.

— Oui, répondit Vador. Moi de même.