Chapitre 27
Un ennemi ne sera jamais autre chose qu’un ennemi. Tout ce que l’on peut faire avec un ennemi, c’est le vaincre.
Un adversaire, en revanche, peut parfois devenir un allié.
Cela a un coût, bien entendu. Pour toutes les choses de la vie, il y a un coût. Lorsque l’on fait affaire avec un adversaire, le prix se paie en pouvoir ou en position. Parfois, il se paie en fierté ou en prestige.
Parfois, le coût est plus élevé. Parfois, c’est son avenir ou même sa vie que l’on risque.
Mais dans toutes ces situations, le calcul est simple : est-ce que, oui ou non, le gain potentiel dépasse les pertes éventuelles ?
Et le guerrier ne doit jamais oublier que son adversaire et lui ne sont pas les seules variables dans cette équation. Il arrive parfois que l’univers entier se retrouve mis en jeu.
Nightswan patientait à l’endroit indiqué lorsque Thrawn arriva.
— Je pensais que vous attendriez que je sois là pour me rejoindre, s’étonna le Chiss.
— Je m’ennuyais, répliqua Nightswan.
Sa voix est teintée d’ironie. Sa posture laisse transparaître de la tension, mais également de la lassitude.
— Et puis j’étais curieux de voir si vous disiez vrai, ajouta-t-il.
Il fit un geste en direction des étoiles au-dessus de lui et poursuivit :
— Même maintenant, vous pourriez me tuer et je ne pourrais rien y faire.
— Vous ne m’êtes d’aucune utilité, mort ou prisonnier.
— C’est ce que vous m’avez dit. Je suppose que vous attendez de moi que je me rende, et de mes partisans qu’ils en fassent autant ?
— Il est intéressant que vous les appeliez partisans, nota Thrawn. Lors de notre première rencontre, vous n’étiez qu’un simple consultant. Vous louiez vos compétences tactiques aux plus offrants, sans vous soucier des conséquences.
— Vous me faites passer pour un mercenaire sans scrupule, dit Nightswan.
Sa voix dénote une forme d’acceptation et de concession. Sa posture montre de la tension, mais il semble reconnaître la justesse de l’évaluation.
— Toutefois, vous n’êtes pas loin de la vérité, ajouta-t-il. Même si je tiens à vous rappeler que je vous ai bel et bien sauvé la vie à bord du Dromedar.
— Comment cela ?
— En persuadant Angel d’emporter le droïde buzz à bord de son vaisseau avec vous et les autres prisonniers. J’étais quasiment sûr que vous aviez une idée en tête pour lui, et je voulais que vous puissiez en disposer.
— Pourquoi ?
Nightswan haussa les épaules.
— Je lui avais dit de tous vous déposer à l’endroit prévu. Mais je craignais qu’il ait malgré tout l’intention de vous tuer, du moins vous et les autres Impériaux. Ne pouvant rien faire moi-même, j’ai espéré que vous serez assez intelligent pour survivre avec les bons outils. D’où le droïde.
— Merci. Permettez-moi de vous faire remarquer à mon tour, que si vous ne l’aviez pas fait, j’avais déjà un second droïde amarré à la coque.
— Ah. Bien sûr.
Le sourire de Nightswan est ironique.
— Moi qui espérais vous faire sentir redevable, c’est loupé…, ajouta-t-il.
— Je ne considère pas ce sentiment comme la base solide d’une relation. C’est peut-être différent dans la Guilde Minière.
Nightswan écarquilla les yeux.
— Pas vraiment, lâcha-t-il.
Son ton laisse deviner de l’incrédulité et une peur naissante. Les muscles de ses bras se contractent et tout son corps semble se préparer à une fuite éventuelle.
— Comment l’avez-vous su ?
— Vous vous y connaissez en mines et en métaux, répondit Thrawn. Vous avez remarqué la disparition du doonium trop vite pour quelqu’un qui ne serait pas familier du marché des métaux. Vous avez aussi parlé au lieutenant-colonel Vanto de la ceinture d’astéroïdes de Thrugii, où se trouvent plusieurs exploitations de la Guilde Minière.
— J’ai su que j’avais fait une erreur à la minute où j’en ai parlé.
Il secoue la tête, son corps se détend et adopte une attitude de consentement à la défaite.
— Alors que savez-vous d’autre ?
— Je sais qu’après avoir observé la confusion croissante qui gagnait le marché des métaux de l’Empire, un groupe s’est désolidarisé de la guilde avec l’intention de tourner cette confusion à son avantage. Je sais que plusieurs membres sont ensuite partis et ont suivi des voies différentes. J’imagine que vous étiez l’un d’entre eux.
— Oui.
L’expression de Nightswan manifeste une sérénité prudente.
— Le chaos des prix du métal faisait du tort à beaucoup de petites entreprises, et plus particulièrement aux constructeurs de vaisseaux, expliqua-t-il. J’ai rejoint le groupe en espérant que nous puissions siphonner une partie assez grande de la demande de la Marine pour les aider.
Il plisse les lèvres et son visage laisse percevoir de la frustration ainsi qu’un bref éclair de colère.
— Lorsque j’ai découvert qu’ils se contentaient de revendre nos métaux volés à l’Empire sur le marché noir, je suis parti.
— Pour rejoindre les insurgés ?
— Pas encore. Ce fut bien plus tard. J’ai d’abord travaillé avec de simples citoyens que l’Empire avait fait souffrir et qui ne pouvaient obtenir justice. La justice coûte cher, et le vol et la contrebande de métaux comme le doonium constituaient la façon la plus efficace de générer de l’argent.
— Du doonium et du gaz tibanna ?
Nightswan sourit.
— J’aurais aimé voir votre tête quand vous avez découvert que j’avais réussi à avoir le dernier mot sur ce coup-là ! Enfin, une partie du dernier mot.
Son expression et sa posture manifestent une plongée dans ses souvenirs.
— Quand j’y repense, c’était probablement la première fois que je travaillais directement avec un groupe d’insurgés, poursuivit-il. La première fois que je le savais, en tout cas. Un groupe basé au sol, cependant, dépourvu de vaisseaux, sans quoi je n’aurais jamais engagé Angel et ses Sankanes dégénérés.
— Ils ne seront plus jamais une nuisance pour la galaxie, lui assura Thrawn.
— C’est ce que j’ai entendu dire, en effet. Après ça… Je ne sais plus. Pendant un moment, je suis resté à cheval sur la ligne, je continuais principalement à aider des innocents, mais il m’arrivait aussi de travailler avec des insurgés lorsqu’une occasion se présentait. J’ai songé à retourner à la Guilde Minière, mais entre-temps elle avait découvert l’existence du groupe avec lequel j’étais parti et lâché l’Empire après lui. Vous pouvez imaginer le résultat…
Il sourit.
— Ou pas, parce que vous savez déjà.
— Oui, lui confirma Thrawn. Vous n’aviez donc plus personne vers qui vous tourner à part les insurgés ?
— Oh, j’aurais pu mener une vie confortable sans eux.
Nightswan s’humecte les lèvres et son visage exprime un brusque sentiment d’effroi.
— Mais ensuite j’ai commencé à entendre des rumeurs. Des histoires au sujet d’un projet pas net sur lequel l’Empire travaillait au milieu de nulle part. Le même projet qui bouffait tout le doonium, l’iridium et ces autres métaux qui disparaissaient des marchés. J’ai entendu parler de planètes entières dont les sols avaient été ravagés. Les vieilles installations de Thrugii pour lesquelles j’avais travaillé sont toujours officiellement sous le contrôle de la Corporation Kanauer, mais dans les faits elles sont désormais exploitées par l’Empire. Ça a piqué ma curiosité.
Il plisse les lèvres. Son visage exprime du regret.
— Parfois, il ne fait pas bon être curieux.
— Il est toujours bon d’être curieux. Mais cela peut parfois être dangereux. Ce projet sur lequel vous enquêtez. Souhaitez-vous y mettre un terme ?
Nightswan fronce les sourcils, son visage et sa posture manifestent de la suspicion.
— Pourquoi ? Vous êtes chargé de sa protection ?
— Non.
— Peut-être que vous devriez.
Sa suspicion s’estompe.
— S’ils tiennent vraiment à le protéger, évidemment, ajouta-t-il. Est-ce que je veux y mettre un terme ? Je ne sais pas. J’imagine qu’il faudrait que je sache dans un premier temps de quoi il s’agit, afin de juger s’il mérite ou non tout le chaos qu’il provoque. Pourquoi me demandez-vous cela ?
— Parce que je m’intéresse, moi aussi, à ce projet. J’aimerais savoir ce que vous avez appris.
— Bien sûr.
Nightswan fait un geste en direction de Creekpath avec un sourire sardonique.
— Retirez cet uniforme, venez nous rejoindre, et je vous dirai tout ce que je sais.
— Vous savez que je ne peux pas faire ça.
— Et je ne peux pas partager des informations qui un jour pourraient être vitales pour ces gens, répliqua Nightswan. Le sentiment d’être redevable, vous voyez.
— Et pourtant vous vous sentez aussi obligés à l’égard d’idéaux plus grands encore. Parlez-moi de Cyphar.
— De Cyphar ?
Nightswan fronce les sourcils, perplexe.
— Eh bien quoi ?
— Vous vous dites redevable envers le peuple de Creekpath. L’argent que vous auriez obtenu de l’opération de contrebande sur Cyphar aurait permis de lui acheter des armes et des provisions. Et pourtant, vous avez délibérément employé la technique du coquillage qui ne m’était pas inconnue dans l’espoir que je m’en aperçoive et que je mette fin à l’opération.
Nightswan secoue la tête. Son expression dénote de la résignation et de l’admiration. Les muscles de ses bras se détendent, indiquant qu’il ne s’attend plus à devoir combattre d’une façon ou d’une autre.
— Parfois, j’oublie à quel point vous êtes doué. Parfois, j’en suis heureux. Vous avez raison, j’ai fait en sorte que vous fassiez capoter l’opération. J’ai vu l’effet que l’épice avait sur les gens, et je ne voulais rien à voir avec ça.
— Vous avez pourtant travaillé pour eux.
— Ils ne m’avaient pas dit toute la vérité.
Son ton est amer.
— Ils prétendaient qu’ils étaient coincés entre les Afes et le gouvernement de Cyphar, poursuivit-il, et qu’ils ne parvenaient pas à attirer l’attention de l’Empire. Le temps que je découvre ce qu’ils trafiquaient réellement, j’étais déjà sur le terrain et ne pouvais pas me retirer du jeu sans me prendre un tir de blaster dans la tête.
— Vous auriez pu alerter les autorités.
— Qui n’auraient sans doute rien fait du tout.
Le sourire de Nightswan est teinté d’ironie.
— Et puis, j’avais une réputation à entretenir. Non, mon meilleur espoir était que vous le remarquiez et que vous vous en chargiez. Et c’est ce que vous avez fait.
— Tout comme je me suis chargé de Stratosphère sur Coruscant, dit Thrawn.
Nightswan lève les mains, les paumes en avant. Sa posture dénote cette fois de la prudence et du désaccord. Son visage exprime un mélange de colère et de mépris.
— Quoi que vous pensiez de Stratosphère, vous devez me croire quand je vous dis que les assassinats ou tentatives d’assassinat n’avaient jamais fait partie du plan. S’ils soudoyaient les gardes du corps, c’était uniquement pour avoir accès à des fichiers ultraconfidentiels et obtenir des données sur le projet secret de l’Empire.
— Avez-vous appris quoi que ce soit ?
— Nous avons appris beaucoup de choses, répondit Nightswan.
Son visage exprime de la détermination.
— Nous avons appris que le Grand Moff Tarkin est impliqué au plus haut niveau, pour commencer. Et nous avons appris que le travail était concentré en un seul et même endroit, plutôt qu’éparpillé à travers la galaxie.
— Ce n’est pas tout à fait exact, précisa Thrawn. Il y a un chantier principal, mais il y en a aussi un secondaire.
— Vraiment ? s’étonna Nightswan, les sourcils froncés. Intéressant. Ce genre de choses m’échappe rarement.
— Une erreur excusable. Une grande partie des équipements de l’emplacement secondaire ont déjà été livrés depuis un certain temps, avec uniquement de petits ajouts occasionnels. Comme je l’ai dit, le chantier principal absorbe l’essentiel des livraisons en cours.
— Merci, voilà qui me fait me sentir un peu mieux.
Son ton se teinte d’humour caustique.
— Néanmoins, poursuivit-il, je pense qu’il s’agit plus d’une structure principale unique ou d’un ensemble de structures imbriquées, que d’un groupe de gros vaisseaux ou de stations de combat. Sinon, il serait plus sûr d’envoyer les vaisseaux à des emplacements différents.
— Je suis d’accord.
— Il ne me manque plus grand-chose. Encore quelques semaines…
Il s’interrompt, sa détermination de nouveau remplacée par de la lassitude.
— Mais je ne dispose pas de quelques semaines, n’est-ce pas ? continua Nightswan.
— Cette décision vous appartient toujours.
— Vous croyez ?
Nightswan secoue la tête. La lassitude s’étend à toute sa posture.
— Ces gens m’ont donné leur loyauté, amiral. Je ne peux pas leur tourner le dos.
— Je vois, dit Thrawn. J’ai toujours su que vous étiez un fin stratège. Je vois à présent que vous avez aussi l’âme d’un chef.
— Vraiment ?
Son expression exprime de l’amertume.
— Laissez-moi vous dire un secret. Fut un moment, j’avais le plan ambitieux de réunir tous ces groupes d’insurgés et de rebelles sous un seul et même toit.
— Qu’est-ce qui vous en a empêché ?
— La paranoïa. La méfiance. Les querelles. La fierté.
Il secoue de nouveau la tête.
— Je ne sais pas si un jour quelqu’un parviendra à les réunir. Je sais simplement que moi, j’en serais incapable. Alors une âme de chef, ça me fait bien rire…
Il esquissa un geste vers Thrawn.
Une expression de perplexité traverse son visage.
— Ce que je ne comprends pas, dit-il, c’est pourquoi vous servez toujours l’Empire ? Ne voyez-vous pas le mal que vous aidez à perpétuer ?
Derrière Nightswan, les lumières du complexe minier rayonnaient faiblement à travers les nuages bas et épars qui parsemaient le ciel. Des milliers de gens attendaient là, se préparant à l’attaque inéluctable de l’Empire.
— J’ai un scénario à vous soumettre, dit Thrawn. Imaginez que vous et moi affrontons un dangereux prédateur déterminé à nous massacrer. Il est impossible de fuir ; nos provisions d’armes et d’outils sont limitées. Quelles sont vos différentes options ?
— La plus évidente serait de joindre nos forces, répondit Nightswan.
Son ton est hésitant, pensif.
— Mais vous pensez à autre chose, manifestement, ajouta-t-il.
— Pas forcément, dit Thrawn. S’unir contre l’ennemi commun est une possibilité. Mais il y en a une autre.
— Laquelle ?
— Vous le savez déjà. Vous m’assommez afin de faire de moi la proie la plus facile. Pendant que le prédateur me dévore, vous espérez avoir le temps de trouver ou de fabriquer l’arme qui vous permettra de survivre.
— Logique, admit Nightswan.
Son ton manifeste de la répulsion. Sa posture exprime l’envie d’échapper à une telle pensée.
— Cruel, mais logique, ajouta-t-il. Où voulez-vous en venir ?
— Il se trouve que c’est précisément le choix que j’ai eu à faire lorsque j’ai décidé de rendre visite à l’Empire.
Nightswan fronça les sourcils.
— D’après ce que j’ai entendu, vous avez été secouru d’une situation d’exil.
— Je n’étais pas conscient que cette information avait été rendue publique.
— Elle ne l’a pas été.
Le sourire de Nightswan laisse percevoir de l’ironie.
— J’ai dû m’atteler à de sérieuses recherches pour le découvrir, précisa-t-il. Comme pour exhumer les archives de votre passage à l’Académie Royale Impériale, ainsi que tous les autres détails de votre carrière.
— Je suis honoré que vous me considériez digne d’une telle persévérance.
Nightswan hausse les épaules.
— Pour vaincre un ennemi, il faut le connaître. Pas que je vous ai vaincu très souvent, mais vous avez toujours été l’objet d’une étude fascinante. Et maintenant vous me dites que vous n’avez pas été exilé ?
— C’est ce que je voulais faire croire. Mais ce n’était pas la réalité.
Nightswan affiche un petit sourire. Son expression exprime l’envie d’en savoir plus.
— Parlez-moi de cette réalité.
— Il se trouve que j’ai exploré les confins du Nouvel Empire peu après la Guerre des Clones. J’avais assisté à une petite partie de ce conflit et j’avais été témoin du chaos que l’effondrement de la République avait créé à travers la région.
— Certaines théories prétendent que le conflit comme l’effondrement ont été orchestrés par des agents extérieurs.
— Les causes ne changent rien au fait que la République était instable. Il y avait trop de points de vue différents. Trop de styles de pensée et d’actions politiques différentes. Le système était par nature apathique et inefficace.
— Et vous trouvez l’Empire si différent ?
— À l’époque, j’en savais très peu au sujet de l’Empire, reprit Thrawn. Mais au cours de l’une de mes explorations, j’ai découvert une colonie de réfugiés neimoidiens. Lorsqu’ils ont appris de qui j’étais le représentant, ils m’ont supplié de pousser les Chiss à prendre les armes contre Coruscant. Ils m’ont promis que leur peuple se soulèverait à notre suite et qu’ensemble nous serions à même de renverser l’Empereur Palpatine et de restaurer la République.
— J’espère que vous n’avez pas accepté leur offre.
Le ton de Nightswan laisse transparaître du mépris.
— Les Neimoidiens ont une vision d’eux-mêmes et de leurs aptitudes tout à fait exagérée, ajouta-t-il.
— De toute façon, je ne risquais pas de me fier à de telles paroles en l’air. Je n’ai donc fait aucune promesse. Néanmoins, mes supérieurs se sont montrés préoccupés par mon compte-rendu.
— À cause de l’Empire ? Ou à cause des Neimoidiens ?
— À cause de la réalité, répondit Thrawn. Il existe des choses maléfiques dans cette galaxie, Nightswan. Bien plus maléfiques que l’Empire, et bien plus dangereuses pour tous les êtres vivants. Nous en connaissons certaines et n’avons entendu que des rumeurs pour d’autres. Il nous fallait déterminer si l’Empire, qui était en train de naître des cendres de la Guerre des Clones, pouvait être un allié contre elles.
— À moins qu’il ne puisse être transformé en proie facile, dit Nightswan.
Sa voix est maintenant remplie d’effroi.
— Vous comprenez maintenant le sens de mon scénario. J’avais fait la connaissance d’un général Jedi au cours de mes enquêtes sur la Guerre des Clones. Ce qui me donnait des références à présenter aux nouveaux leaders de l’Empire. J’étais donc la personne la mieux placée pour être envoyé.
— Alors ils vous ont abandonné dans un coin perdu et ont fait croire que vous étiez exilé ?
— Oui. Le campement avait été conçu pour faire croire que j’étais là depuis plusieurs années. En vérité, je n’y étais que depuis quelques mois. Nous avons tenté différents leurres afin d’attirer un vaisseau impérial sur la planète. Le troisième essai a été le bon. J’ai utilisé mes compétences tactiques pour me glisser à bord du vaisseau, avec l’espoir d’impressionner son commandant. J’y suis parvenu et ai été emmené sur Coruscant.
— Où vous avez été fait officier de la Marine Impériale.
— Un événement tout à fait inattendu, précisa Thrawn. J’avais simplement espéré persuader l’Empereur de m’autoriser à étudier la structure politique et militaire de l’Empire sous le prétexte de partager des informations au sujet de menaces lointaines. Mais son offre m’a donné l’opportunité d’en apprendre bien davantage.
— Et votre enquête vous a donc convaincu qu’il était préférable de faire de l’Empire un allié plutôt qu’une proie…
Nightswan secoue la tête. Son visage exprime de la déception.
— Je crains que cet uniforme ne vous ait aveuglé, ajouta-t-il.
— Pas du tout, dit Thrawn. L’Empire est certes corrompu. Aucun gouvernement n’échappe totalement à ce fléau. Il est certes tyrannique. Mais une implacabilité rapide et absolue est nécessaire lorsque la galaxie est continuellement menacée par le chaos.
— Et que se passe-t-il quand l’implacabilité provoque encore plus de chaos ? voulut savoir Nightswan.
Sa voix exprime du défi ; sa posture se débarrasse un instant de la fatigue pour dégager une nouvelle énergie.
— Car c’est bien ce qui se passe, insista-t-il. La répression et la révolte se nourrissent et se dévorent l’une l’autre.
— Alors la révolte doit mourir. Le danger est trop grand. Les enjeux trop importants. Si l’Empire s’effondre, par quoi sera-t-il remplacé ?
— Par la justice, la clémence…
Le sourire de Nightswan laisse deviner de la tristesse.
— … la liberté.
— Le chaos, rétorqua Thrawn. L’anarchie. La Guerre des Clones.
Nightswan secoue la tête.
— J’ai peut-être une opinion plus optimiste que vous de mes compatriotes. Vous pensez donc que la tyrannie est à même de faire rempart contre le mal ? Pour combien de temps ?
— Expliquez.
— Combien de temps allez-vous accepter que la tyrannie soit nécessaire à l’action de l’Empire ? demanda Nightswan. Jusqu’à ce que toute résistance soit écrasée ? Jusqu’à ce que soit vaincu tout ce qu’il y a de maléfique dans l’univers ?
— Peut-être que votre optimisme n’est pas aussi grand que vous le prétendez, dit Thrawn. Le ton d’un gouvernement est donné par son chef. Mais l’Empereur Palpatine n’est pas éternel. Lorsque son autorité passera aux mains d’un autre, ma position d’officier supérieur me permettra d’influencer le choix de ce chef.
— Et vous vous attendez à ce que ce nouveau chef devienne un phare dans l’obscurité ?
— Il y a un espoir qu’il le fasse. Mais si le mal l’emporte, cet espoir disparaîtra. À jamais.
— L’espoir.
Nightswan secoue la tête. Sa posture ne laisse transparaître aucun espoir.
— Je crains, amiral, que vous soyez toujours dangereusement naïf en matière de politique.
Il lève une main. Sa posture exprime à présent la défaite.
— J’espère que vous avez raison, concède Nightswan. Mais je crains que vous ayez tort.
— Nous verrons.
— Certains d’entre nous le verront. D’autres ne seront plus là depuis longtemps. Et les Neimoidiens ? Que leur est-il arrivé ?
— À ma connaissance, ils se trouvent toujours là où je les ai laissés, nourrissant leurs rancœurs et rêvant d’une victoire trop longtemps différée. Comme je l’ai dit, je ne leur ai fait aucune promesse. Néanmoins, c’est ce premier contact qui m’a poussé à lier connaissance avec le jeune cadet Vanto. Lorsque je l’ai entendu prononcer le nom de Chiss, j’ai pensé que les Neimoidiens l’avaient peut-être placé à bord du Vifassaut pour m’observer en secret.
— Je suppose que ce n’était pas le cas ?
— Non. Le temps que j’en sois convaincu, j’avais vu en lui d’autres qualités, des qualités que je l’ai aidé à développer ces dernières années. Comme vous, il possède cette combinaison rare d’aptitudes tactiques et de leadership.
— Ah.
La voix de Nightswan se charge de tristesse.
— On arrive maintenant au moment où vous me demandez d’abandonner mon peuple et ma cause pour vous rejoindre dans votre combat pour améliorer l’Empire.
— Pas du tout. Après les activités que vous avez menées ici, vous ne seriez jamais accepté dans la Marine.
— Et je n’accepterais pas une telle offre.
— Mais vous avez raison quant à ma proposition de poste, reprit Thrawn. Pas avec l’Empire, mais avec l’Ascendance chiss.
Nightswan écarquille les yeux. Son visage manifeste une surprise totale. Les muscles de ses bras et de son torse se contractent.
— Vous voulez… ? Amiral, c’est de la folie.
— Un humain parmi les Chiss est-il plus improbable qu’un Chiss parmi les humains ? Cela vous donnerait l’opportunité d’affronter des forces bien plus maléfiques que celles que vous affrontez aujourd’hui. De plus, votre travail là-bas pourrait un jour sauver les vies de tous ceux qui vous entourent actuellement à Creekpath.
— Et qu’en est-il d’eux, maintenant ? Que va-t-il leur arriver ?
— J’ai une offre à leur faire, dit Thrawn. S’ils se dispersent, en laissant derrière eux leurs armes, j’en resterai là.
— Quoi, aucune représaille ?
L’expression et le ton de Nightswan sont sarcastiques.
— Pas de marteau tyrannique pour repousser le chaos ? s’étonna-t-il.
— Le peuple de Batonn constitue une ressource impériale, lui rappela Thrawn. Un commandant avisé ne gaspille jamais une ressource sans raison.
Nightswan secoue la tête. Son expression dénote de l’incrédulité et du chagrin.
— J’aurais dû me douter que c’est ainsi que vous voyiez les gens.
— Je vois la réalité. Vos partisans pourraient retourner à leurs foyers et à leurs activités. Il n’y aura pas de représailles et pas d’action lancée contre eux.
— Jusqu’à votre départ.
L’expression de Nightswan se teinte d’amertume.
— Même si le Gouverneur Restos devait honorer votre accord – ce qu’il ne fera pas –, cela ne durera pas longtemps, poursuivit Nightswan. Les injustices faites au peuple sont trop nombreuses, l’arrogance des puissants trop ancrée. Tôt ou tard, ils se soulèveront à nouveau. Seulement, cette fois, ils n’auront personne pour les mener. Ils seront fauchés comme les épis d’un champ, et l’on fera taire leurs voix avant même qu’elles puissent être entendues.
— Vous décidez donc de rester ?
— Je n’ai pas le choix, répliqua Nightswan. Nous avons le même sens du devoir, amiral. Peut-être partageons-nous le même objectif, en tout cas pour un avenir éloigné. Mais les voies que nous souhaitons emprunter pour y parvenir sont bien trop différentes.
Il se raidit à nouveau ; sa posture manifeste le souhait d’un départ imminent.
— Puis-je compter sur votre promesse de protéger les civils – excusez-moi, les ressources impériales de Creekpath – du mieux que vous le pourrez ?
— Vous le pouvez, répondit Thrawn. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour tâcher de préserver toutes les vies placées sous votre responsabilité, qu’ils s’agissent ou non de combattants. Et mon offre de clémence en cas de reddition tient toujours.
— Je vous en remercie. Bonne soirée, amiral, et merci pour le temps que vous m’avez accordé. Nous avons longtemps été des adversaires distants. Ma curiosité est à présent satisfaite.
— Vraiment ? demanda Thrawn. Il reste néanmoins cette question du nouveau projet de l’Empire. Si je vous aidais dans votre quête de réponses, pourrais-je vous persuader de me rejoindre ?
Nightswan fixe l’espace qui les sépare. Son expression est tendue, ses yeux plissés. Sa posture dénote à nouveau de la surprise.
— Que savez-vous exactement ?
— Je n’ai pas de source directe, reconnut Thrawn. Mais j’ai moi aussi pu réunir certaines pièces du puzzle. Il est possible également que je sache où se trouve le chantier principal.
— Mais vous n’y êtes pas allé pour vérifier ?
— Je n’ai pas encore trouvé l’occasion.
— Vous ne l’avez pas trouvée ? Ou vous avez refusé d’en trouver une ? Et le jour où vous découvrirez ce que c’est, que ferez-vous ? Vous servez l’Empire. Or ce projet, quel qu’il soit, représente énormément de ressources impériales.
— En effet, je sers l’Empire, concéda Thrawn. Mais je sers également la cause de l’Ascendance chiss. Si j’estime que ce projet représente une menace pour eux, il se peut que je décide de reconsidérer ma voie.
L’expression de Nightswan laisse deviner de l’intérêt et de la tentation. Ses doigts frottent nerveusement sa jambe, signe d’incertitude.
— Imaginons que je me rende et que j’accepte vos conditions ? Que me proposeriez-vous ?
— De nous rendre ensemble jusqu’au chantier.
— Et le peuple de Creekpath et de Batonn ?
— Je vous ai donné mes conditions.
— Et leurs doléances envers le Gouverneur Restos ?
— Je ferai ce que je peux.
Nightswan secoue la tête, sa posture montre de la résignation.
— C’est là que réside le problème. C’est une situation politique, et vous n’avez aucun pouvoir politique. D’un côté, nous avons une énigme, et la peur de ce que pourrait planifier l’Empire. De l’autre, j’ai des gens en chair et en os à protéger. Je suis désolé.
— Comme je le suis.
Nightswan se retourne et avance vers le complexe minier.
— J’ai fait des recherches au sujet du nightswan1, poursuivit Thrawn. Et vous ?
Nightswan se retourne légèrement. Son visage reste dans l’ombre. Sa posture manifeste à nouveau de la lassitude, ainsi qu’une peur muette.
— Vous voulez parler du fait qu’il ne chante qu’à la tombée de la nuit ?
— Oui. Vous n’espérez pas une victoire, n’est-ce pas ?
— Je sais que je serai vaincu, répondit Nightswan.
— Cela ne signifie pas forcément que c’est fini. Je peux donner l’ordre de vous capturer indemne.
— Il sera ignoré. La moitié des troupes ici font partie de la Force de Défense de Batonn, et Restos est déterminé à se débarrasser de moi.
— Alors venez avec moi, maintenant.
— Un homme doit faire ce qu’il a à faire, amiral Thrawn. Même si son dernier combat consiste à affronter la nuit éternelle.
Il s’éloigna. Une minute plus tard, il avait disparu derrière les collines. Une autre minute plus tard, les répulseurs d’un airspeeder murmurèrent dans le calme de la nuit.
— Merci de ne pas l’avoir abattu, dit Thrawn.
— Ne me remerciez pas encore.
La voix du colonel Yularen s’élève derrière lui. Elle exprime de la colère et de la suspicion.
— Dites-moi plutôt pourquoi je ne devrais pas vous tuer, pour avoir trahi l’Empire.
*
Elainye fut surprise de voir son mari et sa fille revenir si tôt. Mais sa surprise ne fut pas aussi grande que celle de Talmoor.
— Tu vas bien ? demanda-t-il à son épouse en la serrant dans ses bras. Tu semblais être au plus mal. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Quoi ? s’étonna Elainye, les sourcils froncés de perplexité. Je n’ai aucune idée de ce dont tu parles.
— C’était moi, désolée, intervint Arihnda, en sortant l’unité comm de sa mère pour la lui rendre. J’avais besoin de revenir ici, et j’avais besoin de m’éloigner de Mattai. C’était le moyen le plus simple de le faire.
— Pour faire… quoi ? demanda sa mère, les yeux braqués sur Arihnda tandis qu’elle récupérait machinalement son unité comm.
— Il va bientôt y avoir une bataille. Une grosse bataille. Je dois vous faire sortir de là avant qu’elle commence. Alors vous devez faire vos bagages et…
— Arihnda, dit son père d’une voix apaisante. Tout va bien, ils ne vont pas attaquer la mine… Je t’assure. Le Gouverneur ne va pas se séparer d’un seul de ses précieux gardes du corps pour mener l’assaut.
— Il n’aura pas le choix, lâcha Arihnda, les dents serrées. Il y a une force opérationnelle impériale en orbite, et son amiral a pour ordre de neutraliser les insurgés de Batonn. Creekpath en d’autres termes. Et je te promets qu’il va le faire. Donc vous devez rassembler tout ce qui vous est indispensable…
— Arihnda, je t’en prie…
— Il n’y a pas de « je t’en prie » qui tienne, mère ! la coupa Arihnda. Et il n’y a pas de temps à perdre non plus. Vous devez faire vos bagages, et les faire tout de suite !
Elle n’avait pas eu l’intention de crier. Mais elle n’avait pas pu s’en empêcher, et elle ressentit une pointe de culpabilité quand sa mère sursauta face à cette véhémence inattendue.
Mais si c’était ce qu’il fallait faire pour les réveiller, Arihnda s’en remettrait.
— Viens, Elainye, dit Talmoor en serrant la main de son épouse. Fais ce qu’elle dit.
Il avança en direction des escaliers. Elainye ne bougea pas.
— Et nos amis ? demanda-t-elle d’une voix ferme en résistant à la poigne de son mari. Que vont devenir les hommes et les femmes qui travaillent avec nous dans la mine ?
— Je ne suis pas ici pour eux. Je suis ici pour vous.
Il y eut un long silence.
— Je vois, finit par dire Talmoor. Bien. Allez, viens, Elainye.
— Et dépêchez-vous, les avertit Arihnda en observant par la fenêtre les lumières de la mine au loin.
Parce que Gudry ne savait rien au sujet de cette partie du plan. Et s’il devait la découvrir, il y avait de sacrées chances pour que ça ne lui plaise pas.
*
— Je croyais que vous aviez des affaires urgentes à régler ailleurs ? dit Thrawn en regardant le colonel Yularen descendre de la colline, une carabine blaster dans les mains.
Comme sa voix, sa posture manifeste de la prudence et de la suspicion.
— Vous m’avez demandé si je retournerais au Chimaera, lui rappela Yularen. Je vous ai répondu que non. Et c’est ce qui s’est passé.
— Vous ne vouliez pas que la Gouverneur Pryce et que l’agent Gudry sachent que vous viendriez ici les observer de loin.
— Exact, confirma Yularen. Ils se seraient sentis insultés l’un comme l’autre, mais pas pour les mêmes raisons. Vous imaginez ma surprise lorsque le lieutenant-colonel Vanto m’a informé que vous aviez quitté le Chimaera à bord de ce cargo subtilisé au nomade de Nightswan.
— Je vois que vous avez également demandé au lieutenant-colonel Vanto de se montrer vigilant.
— Et maintenant, vous essayez de gagner du temps.
Il continue d’avancer, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que quatre mètres entre eux. Le canon de sa carabine est pointé légèrement sur le côté, sans menacer directement sa cible, mais prêt à être braqué dans sa direction si nécessaire.
— Je veux savoir ce que vous faites ici, et ce que vous manigancez avec Nightswan, exigea Yularen.
— Je suis un amiral, lui rappela Thrawn. Vous êtes un colonel. Je pourrais vous ordonner de vous retirer.
— En théorie, oui, concéda Yularen. Mais en pratique, le BSI a plus de poids auprès de Coruscant que ce que suggèrent nos rangs respectifs.
Il hésite une seconde, puis pointe la carabine vers le sol.
— Je ne crois pas que vous soyez un traître, amiral. Mais cette rencontre a toutes les apparences d’une trahison, et cela suffirait amplement à vos ennemis pour vous détruire. En résumé : vous me dites tout maintenant ou c’est à eux que vous devrez un jour rendre des comptes. Que choisissez-vous ?
— J’ai invité Nightswan ici pour lui offrir un poste auprès de mon peuple. Non seulement cela aurait bénéficié aux Chiss, mais la perte du chef des insurgés aurait entraîné la chute de l’opposition sur Batonn.
— Je vois.
La voix de Yularen exprime de l’incertitude.
— Il a refusé, n’est-ce pas ? ajouta-t-il.
— Vous l’avez vu partir.
— Il pourrait être parti se changer, rétorqua le colonel. Vous êtes certain qu’il ne reviendra pas ?
— Certain.
— Bien. Maintenant, parlez-moi de vos croiseurs légers. En particulier, dites-moi pourquoi vous les avez positionnés aussi loin du Chimaera et les avez recouverts de ces immondes barges dégotées je ne sais où ?
— Les croiseurs sont en cours de réparation et inaptes au combat. Je les ai positionnés à cette distance afin qu’ils ne soient pas touchés en cas d’attaque provenant de la surface.
— Oui, oui, grommela Yularen. Ça semble raisonnable… Excepté que là où ils se trouvent ils sont complètement exposés en cas d’attaque provenant de l’espace ! Auriez-vous oublié ces vaisseaux qui ont échappé à Kinshara sur Denash ?
— L’existence de ces vaisseaux n’a pas été prouvée.
— Les preuves sont pour les juristes et les politiciens ! Je parle de tactiques et de stratégies, des sujets dont vous semblez avoir tout oublié soudainement. Ces croiseurs sont assez loin du puits de gravité de Batonn pour qu’il suffise que quelqu’un débarque brusquement et monte à bord pour les emmener où bon lui semble.
Il hausse les sourcils.
— Leurs hyperdrives fonctionnement parfaitement, hein ? C’est ce que Vanto a déduit des registres de réparation.
— Le lieutenant-colonel Vanto est très capable en matière de fournitures et de réparations, commenta Thrawn. S’il affirme que les hyperdrives sont en état de marche, vous pouvez le croire.
— Heureux d’entendre cela. Vous n’avez pas répondu à ma question.
— Vous avez raison. Un assaillant rapide et déterminé pourrait subtiliser les croiseurs, reconnut Thrawn. Mais n’avez-vous pas réfléchi à ce que pourrait donner ce scénario ?
Yularen fronce les sourcils. Le pli sur son front s’estompe à mesure qu’il comprend.
— Les croiseurs peuvent également sauter si une attaque est imminente ?
— Exactement. C’est la raison pour laquelle je les ai placés de la sorte. Les barges de réparation sont volontairement mal fixées et ne seront donc pas un obstacle.
— Et si vous les avez autant éloignés, c’est parce que… ?
Son expression montre de l’impatience.
Thrawn resta silencieux.
L’expression de Yularen manifeste à présent une compréhension mesurée.
— Parce que vous ne voulez pas que des voleurs potentiels les trouvent alignés, à disposition, prêts à être ramassés.
— Précisément. Vous possédez les mêmes compétences tactiques que le lieutenant-colonel Vanto, colonel. Je ne sais pas si vous possédez également ses qualités de chef.
— Vous n’avez vraiment aucun sens politique, n’est-ce pas ? Peu importe. J’ai reçu une transmission de Gudry pendant que Nightswan s’en allait. Il s’est introduit au cœur de la base de Creekpath et a miné le générateur du bouclier ainsi qu’un dépôt d’explosifs qu’il a trouvé. Il a relié les deux déclencheurs à son unité comm.
Son visage exprime soudain de la frustration.
— Il a également précisé qu’une fois qu’il aurait rejoint Pryce, il serait prêt à sortir, et qu’il pourrait alors faire exploser l’une des bombes ou les deux à la fois à votre signal.
— Lorsqu’il aurait rejoint la Gouverneur Pryce ?
— C’est la partie qui m’a inquiété moi aussi, concéda Yularen.
Frustration et colère le submergent.
— Manifestement, elle s’est rendue quelque part, probablement en compagnie de ses parents, et il n’arrive pas à la retrouver ni à localiser son comlink. Il a dit qu’il essaierait d’abord leur maison. Et si elle n’y est pas…
Il secoue la tête.
— Nous la trouverons, affirma Thrawn. Je dois retourner au Chimaera.
— Allez-y. Espérons juste que nous n’aurons pas à annoncer au Grand Moff Tarkin qu’il doit encore trouver à Lothal un nouveau Gouverneur.
1. Nightswan signifie littéralement « cygne de la nuit ». (N.d.T.)