Le docteur Canivet raconte

— Quand j’ai bu du vin clairet,
Tout tourne, tout tourne.
Quand j’ai bu du vin clairet
,
Tout tourne au cabaret !

 

Monsieur Kupfergrun avait à peine fini de parler, qu’une atroce petite voix de rocaille attaqua cet air.

— Et maintenant que l’on me donne des noix avelines, une boulette de pain tendre et des graines. Connaissez-vous ce que l’on nomme un canivet ? C’est un perroquet grand comme un aigle pêcheur, qui fait son nid dans les fumeterres qui couvrent les mornes des Antilles. Le canivet est habile logicien, clerc en langues mystérieuses et redoutables, maître en sortilèges, et très savant docteur.

Ainsi discourait M. Canivet, de Tarbes en France, et, tout en lançant ces goguettes sur un mode véloce et discourtois, il dénoua sa cravate qu’il jeta dans le feu, ôta prestement sa redingote puce pour en couvrir la tête de M. Kupfergrun et parut enfin…

Eh ! oui, sous la forme d’un gros et méchant perroquet au plumage bourru et aux yeux affreusement émerillonnés.

— Oyez ! cria-t-il, vilains, marauds et manants, becs-cornus et niquedouilles. Oyez la très véridique histoire du grand docteur Canivet !