CHAPITRE 21

Le reptilien géant à deux pattes était penché sur lui et rugissait dans sa langue. Starkiller ne comprenait pas ce qu’il disait. La peur l’empêchait pratiquement de penser. Il voulait fuir. Une lame jaune brillante fendit l’air devant ses yeux et le lézard tomba en arrière, mort. La femme qui manipulait la lame courut vers lui et l’enveloppa dans sa cape. Il essaya de ne pas pleurer mais sa peur était trop forte.

— Emmène-le, Mallie… Emmène-le à l’abri !

La voix de son père interrompit les cris et les hurlements qui montaient du village.

— Je vais les retenir.

— Ne sois pas fou, Kento. Tu n’y arriveras pas tout seul.

— Je peux les ralentir pendant que tu vas dans la forêt. Va !

— Non.

Mallie se redressa et fit face à son mari.

— Tu connais Kkowir mieux que moi.

— Tout ce que tu dois faire, c’est aller jusqu’à Kerritamba. Si le village est attaqué, essaie les grottes Myyydril en dernier recours…

— Mais il y a aussi les Sayormis et la Forêt Morte. C’est toi l’expert, Kento. Si quelqu’un doit y aller, c’est toi.

Le garçon leva les yeux vers ses parents, angoissé et perdu, incapable de comprendre la discussion. Ils ne venaient pas tous les deux ? N’était-il pas temps de s’enfuir au plus vite ?

Des explosions abattirent des arbres non loin de là. L’un d’eux tomba sur la hutte qu’il avait toujours habitée. C’est là que sa mère lut racontait les histoires des grands guerriers Wookiees et lui avait appris à tresser un bracelet d’amitié. Là que son père le projetait jusqu’au plafond, le faisait flotter et tourner comme s’il était assis sur un coussin d’air. Les murs s’effondrèrent en projetant des éclats de bois et le gamin se mit à hurler à la pensée que tout ce qu’il aimait disparaissait en un instant.

D’autres grands lézards surgirent en courant des arbres. Ils tiraient sur les villageois et enflammaient leurs cheveux.

Le père fit mine de courir vers eux en brandissant son sabre laser bleu mais la mère du garçon l’attrapa par le bras.

— Kento, dit-elle d’une voix douce mais ferme. Tu sais que j’ai raison.

La souffrance de son père était évidente, même pour un jeune enfant.

Quand il céda, quelque chose se brisa en lui.

— Tu as toujours raison, mon amour.

Ils se prirent rapidement dans les bras puis elle courut vers les lézards en poussant un cri de guerre. Son fils hurla à son tour. Il se demandait où elle allait mais son père le prit dans ses bras et courut en direction de la forêt.

— Ne t’inquiète pas, mon fils, dit-il tandis qu’ils s’échappaient, je vais te protéger. Et quand elle reviendra, nous construirons une nouvelle maison. Dans un endroit sûr et unique, je te le promets.

Derrière eux, les lézards poussaient des cris de surprise et de douleur. Il essaya de regarder mais son père le tenait trop serré. Quand les arbres les enveloppèrent, le bruit de sa mère et du combat fut assourdi puis devint inaudible. Lentement, avec les années, il fit place au silence.

Starkiller ouvrit subitement les yeux. Où était-il ? Il était plongé dans l’obscurité. Il sentait une odeur de fumée et avait l’impression que son corps avait été frappé par un astéroïde. La dernière chose dont il se souvenait c’était du bouclier de Force et de la destruction du Salvation qui devait sauver Juno. Il se trouvait donc quelque part sur Kamino. Mais son esprit était toujours traversé par des images et des sentiments qu’il n’avait jamais ressentis.

Kashyyyk. Les négriers Trandoshans. Ses parents… ?

Il essaya de ne plus y penser. Ils étaient morts depuis longtemps et les vivants étaient plus importants. Mais il avait du mal à oublier cette brève image de la femme qui l’avait mis au monde. De grande taille, elle avait les cheveux châtains et un physique sculpté par des années de formation. Elle était Chevalier Jedi, comme son mari. C’était une guerrière mais elle aimait son fils. Elle l’avait aimé et l’avait sans doute défendu jusqu’à la mort, lui et les Wookiees avec lesquels ils étaient devenus amis.

Il n’avait jamais eu conscience de son existence, ni de la promesse que son père n’avait pu tenir.

D’où provenait ce souvenir ?

Cela n’avait pas d’importance. Sa mère n’avait pas d’importance. Starkiller devait se remettre en route ou il ne pourrait tenir sa promesse non plus.

Pour Juno.

Il voulut saisir son comlink mais il avait disparu. Il l’avait sans doute perdu dans sa chute. Il s’assit et tâtonna autour de lui pour explorer l’espace dans lequel il se trouvait. C’était un puits de pierre profond. Pendant quelques horribles secondes, il eut l’impression d’être de retour dans une des salles d’entraînement où Vador l’avait consigné depuis sa résurrection.

Mais il découvrit une porte, non loin du tas de débris qu’il avait entraînés dans sa chute. Quelque part au-dessus de lui, loin de là, se trouvait, il en était sûr, le trou qu’il avait creusé en sautant sur l’usine. Il était impossible maintenant de savoir à quelle profondeur il était tombé, brûlant et fumant comme une météorite.

Il arracha la porte de ses gonds. Il faisait un peu plus clair de l’autre côté. Un corridor s’enfonçait dans les profondeurs. Il le suivit à grandes enjambées, se concentrant sur de faibles rumeurs de bataille au loin. De multiples armes étaient en jeu et plusieurs chasseurs stellaires hurlaient au-dessus de sa tête. Cela signifiait que les boucliers étaient inactifs et que les forces Rebelles progressaient vers l’usine. Il s’autorisa un petit sentiment de satisfaction, même si la bataille était loin d’être gagnée. Les positions des Impériaux sur Kamino étaient bien retranchées. Ils ne se laisseraient pas vaincre sans lutter.

Le corridor menait à une salle de commandes plongée dans l’obscurité. Il actionna un interrupteur et les boucliers de protection s’ouvrirent, laissant entrer la lumière grise du monde extérieur. Il fut assailli par des détails, trop nombreux. Il devait tout d’abord déterminer sa position. À sa droite se trouvaient les tours de clonage, où il avait aperçu Juno. Le sommet était maintenant protégé par un dôme transparent incurvé. Le dôme était trop noirci par la fumée pour qu’il puisse vérifier si elle s’y trouvait toujours. Une épaisse colonne de vapeur s’élevait des générateurs de bouclier, formant un nuage en forme de champignon qui s’étendait dans le ciel à la verticale de l’usine. Des chasseurs des deux bords contournaient le nuage, tandis que, plus haut encore, des vaisseaux-capitaux rivalisaient pour remporter la bataille.

Plus près de lui, il repéra des zones d’affrontement où les forces Rebelles tentaient de pénétrer dans le dôme de haute sécurité autour de la zone interdite de Dark Vador. Ils étaient soumis de tous côtés à un feu nourri. Des transporteurs de troupes atterrissaient sous escorte rapprochée pour acheminer les renforts. Mais, pour un qui se posait, deux étaient déviés ou détruits.

Les bombardements réduisaient les défenses Impériales, qui étaient peu mobiles. Des bombardiers TIE ripostaient, essayant de mettre les Rebelles en pièces dès qu’ils arrêtaient de bouger trop longtemps. Des canons fixes mitraillaient les vaisseaux Rebelles en approche lorsqu’ils tentaient de progresser vers le dôme, tandis que des TR-TT sur le qui-vive patrouillaient en permanence le périmètre au sol.

Pour sauver Juno, Starkiller devait traverser les mêmes défenses que les Rebelles. Il examina les commandes devant lui à la recherche de cartes ou de chemins cachés qu’il pourrait emprunter. Des écoutilles étaient percées de façon irrégulière dans la base du dôme mais il ne connaissait pas les codes d’ouverture. Cela ne l’inquiétait pas. Il n’avait pas besoin de codes pour les ouvrir.

Il repéra l’écoutille la plus proche – elle donnait dans un hangar – et mémorisa le trajet. Il activa ses sabres laser et quitta la salle des commandes.

Le souvenir de Kashyyyk était encore présent à son esprit tandis qu’il affrontait des Impériaux sur sa route. Il devait de temps en temps esquiver un Rebelle qui le croyait du côté des Impériaux.

Il ne savait pas où il était né et, maintenant qu’il avait la certitude que ses deux parents étaient des Jedi, il avait encore plus de mal à l’imaginer. Leur relation avait dû être interdite par le Conseil, puis mise en danger par l’Ordre 66 et le massacre de tous les Jedi qui avait suivi.

Il ne savait pas comment ils avaient réussi à passer entre les mailles du filet. Au bout du compte, ils avaient abouti sur Kashyyyk, où une attaque par des négriers Trandoshans les avait tous les deux obligés à sortir de leur cachette. C’est probablement pour cela que Dark Vador était venu sur la planète à la recherche du père survivant de Starkiller.

Son premier souvenir était désormais la mort de sa mère. Lui appartenait-il vraiment ? Cela non plus, il ne pouvait le vérifier. Si Vador disait la vérité, son véritable lieu de naissance était devant lui, sous le dôme de haute sécurité, et les souvenirs de Kashyyyk étaient ceux d’un autre.

Il atteignit l’écoutille de maintenance et la découpa pour se glisser par l’ouverture. À l’intérieur, il fut accueilli par un stormtrooper armé d’un lance-flammes qui tenta de le griller : une solide poussée de Force le projeta contre ses compagnons d’escouade et son réservoir de combustible explosa. Starkiller prit le temps de faire tomber le plafond sur l’écoutille pour que personne ne puisse le suivre puis il se mit à ramper vers l’usine sécurisée. À l’extrémité du tunnel, il ouvrit la grille d’un solide coup de pied et se laissa tomber sur une passerelle qui longeait la base du dôme. À l’intérieur du bâtiment, la bataille était encore plus difficile pour les Rebelles. Ils ne disposaient plus de soutien aérien et leurs points d’accès étaient limités. Plusieurs chasseurs TIE patrouillaient les airs, prêts à tirer en rafale sur les intrus. Les Rebelles devaient à tout prix trouver un moyen de faire entrer en jeu leurs vaisseaux de combat.

Starkiller se baissa pour éviter des tirs d’une arme qui le visait depuis l’autre bout du bâtiment. Des tireurs isolés. Il courut le long de la passerelle vers sa droite pour ne plus être qu’une cible en mouvement. Il accélérait puis ralentissait, cherchant à compliquer la visée des tireurs. Il n’y avait pas de trace de Dark Vador, et Starkiller était trop loin pour voir si Juno était encore attachée au sommet des tours de clonage.

En bas, parmi les combattants Rebelles, il repéra un chignon blanc qui lui était familier. Kota se battait pour dégager un chemin vers un centre de commandement. Il était accompagné par des membres de son escouade mais les tirs de snipers ralentissaient leur progression. Starkiller leva les yeux et attendit les flashes des canons. Les snipers qui harcelaient Kota étaient situés dans une tour non loin de là, à portée de la passerelle sur laquelle il avançait.

Il courut plus vite et bondit dès qu’il fut assez proche de la tour. Pendant un moment, il flotta dans les airs puis atteignit le flanc de la tour, ses sabres laser pointés en avant. Ils amortirent sa chute juste au-dessus d’une fenêtre d’observation, qu’il brisa d’une rapide poussée de Force. Il se balança à travers l’ouverture et courut jusqu’à la cage d’escalier la plus proche, si vite qu’aucun des snipers n’eut le temps de tourner une des armes puissantes vers l’intérieur. Starkiller franchit la porte en haut de la pièce et se retrouva au centre d’un faisceau de tirs de blasters concentrés. Chaque sniper était armé d’au moins une arme non spécialisée et tous avaient délaissé Kota pour s’occuper de lui. Ses sabres laser tournaient comme des hélices, renvoyant tous les tirs vers les tireurs. Bientôt, l’air se remplit de fumée et de cris, et le dernier sniper tomba, affalé sur son arme.

Pour éviter qu’une autre équipe d’impériaux ne reprenne ce poste, Starkiller sabota les armes fixes des snipers avec ses lames. Il les rendit inoffensives. Il quitta la pièce et rejoignit le toit. Un TIE qui passait par là tira sur lui au jugé, mais il sauta avant que les tirs ne puissent l’atteindre. Le sommet de la tour explosa en flammes juste au moment où il amortissait sa chute contrôlée et se rétablissait sur le sol pour rejoindre Kota et son escouade.

Ils étaient accroupis à l’entrée du centre de commandement. La lame de Kota était enfoncée dans la porte blindée et sa milice essayait de découper la serrure. Ils y parvinrent au même moment et l’escouade fit irruption à l’intérieur. Starkiller était sur leurs talons. Ils se débarrassèrent sans difficulté des officiers Impériaux et prirent immédiatement le contrôle des consoles.

— Ouvrez les portes du hangar, ordonna Kota, vite !

Il se tourna vers Starkiller.

— Les chasseurs TIE de Vador vont nous coincer ici tant que nous n’aurons pas de renfort aérien.

— C’est bon de vous revoir, général.

— Je savais que tu reviendrais.

Il tourna son visage vers la fenêtre incurvée et l’usine, comme s’il pouvait voir sans aucun problème.

— Je suis juste étonné qu’il t’ait fallu tant de temps pour nous rejoindre, reprit Kota.

— Je dois arriver aux tours de clonage.

— Eh bien, dépêche-toi. Elles vont s’abattre comme un château de cartes dès que nous aurons pénétré dans le dôme.

Un tir de bombardier TIE tout proche fit trembler le centre de commandement.

— Nous n’avons plus le temps, grogna Kota à l’attention d’un des Rebelles, en tapotant furieusement sur la console.

— J’ai presque le contrôle des portes du hangar, répondit-il. Donnez-moi juste…

Une deuxième explosion arracha un coin du toit et emporta le technicien Rebelle dans le même mouvement. Kota poussa un juron et dévia le souffle loin du centre en direction des passerelles.

— Je vais m’occuper des portes du hangar, lui assura Starkiller pendant que pleuvaient de tous côtés des tirs de snipers et de canons fixes. Laissez-moi juste le temps de récupérer Juno avant de tout détruire.

Kota ne discuta pas.

— Bien, bien. Nous trouverons le centre de sécurité et nous essayerons d’empêcher toute autre fermeture des bâtiments.

Ils se séparèrent au carrefour suivant et Starkiller sauta d’un rebord à l’autre pour rejoindre un autre poste de commandement près de la base du dôme. Derrière se trouvait le point d’accès le plus proche vers le hangar et les épaisses portes en duracier étaient solidement fermées pour retenir les Rebelles à l’extérieur. Les Impériaux dans le poste de commandement le virent approcher et se préparèrent à l’accueillir : le temps qu’il ait fait fondre la porte pour entrer, les commandes étaient bloquées et, quand il essaya de les trafiquer, elles s’autodétruisirent. Ce plan avait échoué. Mais il en avait un autre. Il abandonna le poste de commandement hors d’état et sauta au pied de la porte du hangar. Il se tint bien droit puis étendit les bras, paumes en avant.

Pour Juno, pensa-t-il. Et il poussa.

Les portes du hangar tremblèrent dans leurs gonds mais ne cédèrent pas.

Il recula, changea de position et essaya de tirer les portes vers lui. À nouveau, rien ne se produisit.

Un sniper lui tirait dessus. Starkiller prit le temps de dévier un tir vers l’autre côté du dôme. L’explosion qui en résulta semblait minuscule, observée d’aussi loin, mais elle eut l’effet désiré. Plus personne ne lui tirait dessus.

Il reporta son attention sur les portes et étendit ses doigts écartés en direction du métal coriace.

Des vagues de décharges électriques intenses déferlèrent sur les portes, mettant hors d’état les systèmes physiques et électromagnétiques de fermeture. Il leur accorda une bonne vingtaine de secondes de répit, recula et tenta à nouveau de tirer. Cette fois, les portes réagirent comme il le voulait. Avec un grincement plaintif, le métal se déforma et s’incurva, dégageant un passage étroit. Il replia ensuite les deux pans métalliques vers l’intérieur pour élargir l’accès.

Il avait à peine fini qu’une première Aile-Y Rebelle s’approcha, repéra l’ouverture et fit demi-tour pour s’y engouffrer.

Le chasseur passa devant Starkiller en grondant, lâchant une vague de gaz d’échappement dans son sillage. Le pilote jaugea la situation et se mit à tirer sur les chasseurs TIE qui harcelaient Kota, rééquilibrant la bataille en faveur des Rebelles.

Starkiller eut l’impression que Kota avait à présent la situation bien en main. Il était temps d’aller chercher Juno. Mais les tours se trouvaient de l’autre côté du dôme et les niveaux inférieurs grouillaient de TR-TT et de stormtroopers.

Pour repérer le meilleur raccourci disponible, il grimpa au sommet du hangar dévasté et attendit le passage d’un chasseur stellaire.

Deux chasseurs TIE suivirent l’Aile-Y, puis un chasseur de tête Z95. Il les laissa passer : les prises sur les verrières de ces modèles n’étaient pas suffisantes. Le cinquième vaisseau était une Aile-Y. Exactement ce qu’il cherchait. Quand il s’engouffra dans le hangar, Starkiller sauta dessus et attrapa l’unité R2 qui dépassait de son châssis, s’accrochant fermement à sa tête hémisphérique.

L’impact faillit lui arracher les bras et l’Aile-Y plongea sous l’effet de ce poids inattendu. Le droïde émit un cri de surprise et le pilote fit un tonneau. Starkiller se cramponna tandis que le monde tournait autour de lui.

— Dis au pilote que je suis de votre côté, cria-t-il au droïde par-dessus le grondement des deux moteurs ioniques.

Le chasseur stellaire s’inclina pour éviter la tour noircie où Starkiller s’était débarrassé des snipers puis il se redressa.

— Vous ne faites pas de dégâts là-derrière, dit une voix métallique à travers le vocodeur du R2, je suppose que vous n’êtes pas un Impérial. Mais qu’est-ce que vous faites ? Vous avez envie de mourir ou quoi ?

J’espère que non, pensa Starkiller.

— Il faut que vous me déposiez quelque part. Vous voyez ces tours à tribord ? C’est là que je dois aller.

— Là où les tirs sont les plus nourris ?

— Si vous ne vous en sentez pas capable, je peux trouver un autre moyen de transport…

Le pilote éclata de rire.

— Wedge Antilles n’est pas du genre à se débiner. Accrochez-vous et on va voir de quoi est capable ce bréchet.

L’Aile-Y amorça un virage puis longea les parois intérieures du dôme, évitant les tirs de turbolasers et de chasseurs TIE. Starkiller se cramponnait, les deux pieds et une main accrochés à un bras manipulateur déployé par l’unité R2. De sa main libre, il complétait le travail des boucliers d’énergie du chasseur stellaire à l’aide d’un sabre laser. Il renvoyait des tirs de laser vers le dôme et repoussait les torpilles ioniques à l’aide de la Force. Au début, il lui semblait qu’il serait facile d’atteindre les tours mais plus le nombre de vaisseaux présents dans le dôme augmentait, plus il était difficile de voler en ligne droite.

Un affrontement intense avec des chasseurs TIE qui volaient en tandem se termina par une collision entre les deux vaisseaux Impériaux, causée par une manœuvre habile d’Antilles. Puis l’Aile-Y se dirigea droit vers les tours mais fut repoussé par des tirs de barrage trop concentrés pour permettre un passage en force.

— Bon, et maintenant, on fait quoi ? demanda Antilles dès qu’ils furent hors de portée des tirs.

Starkiller réfléchit pendant une seconde.

— Ça dépend du genre de risque que vous êtes prêts à prendre.

— Le risque ne me fait pas peur.

— Bien. Descendez.

— Quoi ? On ne peut pas descendre. Il y a…

— Il y a une occasion. L’usine est installée sur une plateforme au-dessus de l’océan. Trouvez un trou dans la plateforme et vous pourrez passer en dessous. Après, il suffira de trouver un chemin pour remonter vers les tours. Vous voyez ?

— Tout ce que je vois, c’est ma vie qui défile devant mes yeux.

Le pilote rit à nouveau avant de reprendre :

— Mais c’est pas grave, j’évite toujours les parties ennuyeuses. Préparez-vous : on y va !

L’Aile-Y piqua du nez sans ménagement. L’unité R2 émit un son plaintif. Starkiller se cramponnait des deux mains tandis que les toits de l’usine défilaient devant lui. L’euphorie mêlée de terreur qu’il ressentait était plus intense encore que lorsqu’il avait surfé sur le Salvation vers Kamino.

Il était passager cette fois et il faisait entière confiance aux capacités de ce pilote qu’il n’avait jamais rencontré auparavant. Bien sûr, Antilles pouvait mal évaluer la descente dans l’usine et les tuer tous les deux. Mais il était trop tard pour reculer. Ils étaient allés trop loin.

L’Aile-Y s’engouffra à toute vitesse entre deux bâtiments, évitant de justesse ponts et passerelle. Au début, Starkiller ne vit pas de passage entre les niveaux inférieurs qui se rapprochaient rapidement puis, à travers un trou carré, il aperçut un rai de lumière qui se reflétait sur le sommet des vagues. Antilles devait l’avoir repéré d’en haut grâce au radar. Le passage semblait terriblement étroit, à peine assez large pour laisser passer les deux moteurs ioniques, même en diagonale.

— Gardez un œil sur ce globe oculaire pour moi, d’accord ?

Starkiller regarda derrière lui. Un chasseur TIE les suivait. Le chasseur Impérial tira deux fois, ratant de justesse leur moteur bâbord. Starkiller ne savait pas ce qu’Antilles attendait de lui. Il ne pouvait pas lâcher prise, pas au moment où ils allaient changer de cap. Il pouvait juste espérer que les boucliers déflecteurs arrière tiendraient assez longtemps. Le trou se rapprochait. Le pilote fit pivoter l’Aile-Y d’un côté à l’autre, ajustant sa trajectoire au centième de degré près. Puis, tout à coup, ils franchirent le trou et Starkiller fut projeté à droite par le violent changement de vitesse. Ses jambes lâchèrent prise et il se retrouva accroché par le bout des doigts à l’unité R2. Les fusées ioniques grondèrent. Il fut arrosé par la vapeur d’eau de mer bouillante que le vaisseau dégageait sur son passage. Il fut basculé violemment d’avant en arrière avant que l’Aile-Y ne se retrouve en position horizontale et ne poursuive sa route, slalomant autour des piliers sous-marins de l’usine.

Derrière eux, le chasseur TIE accrocha le bord du trou et explosa dans un éclair de lumière jaune englouti par la mer. Le genou de Starkiller toucha l’arrière de l’Aile-Y, ce qui allégea la pression sur ses mains à son grand soulagement. Il faisait noir sous l’usine, à part quelques rares rais de lumière qui filtraient depuis les niveaux inférieurs. Une lueur distante brillait par-delà les contours extérieurs du bâtiment.

— Beau vol, dit-il à bout de souffle.

— Vous êtes toujours là ? Je suis soulagé. D-6 ne dit plus rien. Je pense qu’il est sous le choc.

L’unité R2 émit un son plaintif.

— Tiens bon encore une minute, ordonna Antilles au droïde, on va bientôt pouvoir à nouveau dégommer des pilotes de TIE.

L’Aile-Y contourna gracieusement un trio de grosses colonnes qui soutenaient quelque chose de lourd.

— Si je devine bien, et je ne me trompe jamais, nous approchons des tours. Tout ce qu’il nous faut, c’est un passage…

— Pas besoin de subtilités, lui dit Starkiller en changeant de position pour mieux voir par-dessus la verrière. Là-bas, par exemple, près de cette échelle d’accès.

— Je suis prêt. Accrochez-vous, mon gars, ça va secouer ! Préparez-vous à prendre des G !

L’Aile-Y bondit en avant, les canons laser tiraient en flot continu. Du gaz chaud et du métal fondu explosèrent sur le lieu d’impact. Un nouveau rai de lumière filtrait par le trou qu’Antilles avait dégagé dans les niveaux inférieurs. Il enclencha les rétros et effectua une manœuvre compliquée, qui laissa son chasseur stellaire le nez en l’air et la queue en bas, juste sous le trou. Les deux moteurs vrombirent et ils rentrèrent dans l’usine sécurisée, à la verticale, par un conduit qui ressemblait à une chute à ordures.

Ils se retrouvèrent au milieu des tours de clonage. Des turbolasers fixes les repérèrent immédiatement et commencèrent à tirer. Les impacts sur les boucliers de l’Aile-Y provoquaient des éclairs. Presque immédiatement, Antilles s’inquiéta.

— Je peux tenir le coup mais pas longtemps. Où voulez-vous que je vous dépose ?

Starkiller essaya de s’orienter mais il était perdu depuis qu’ils étaient passés sous l’usine. Son instinct lui disait que Juno était devant lui et il espérait ne pas se tromper.

— Continuez à cette vitesse, inutile de ralentir.

— Vous n’allez pas sauter à nouveau quand m…

Starkiller n’entendit pas la fin de la phrase de Wedge Antilles. Il bondit dans les airs depuis le dos de l’Aile-Y. Le flanc d’une tour se rapprochait de lui à toute vitesse et il alluma ses sabres laser juste avant de heurter le mur de verre. Il atterrit au milieu d’une pluie de verre brisé, se fit rouler sur le sol et se releva indemne.

L’Aile-Y repassa devant lui pour vérifier qu’il allait bien et Starkiller agita son sabre laser pour remercier le pilote. En réponse, le vaisseau trapu piqua du nez et s’éloigna en grondant.

Il était seul. Des morceaux de verre crissèrent sous ses pieds tandis qu’il courait jusqu’à l’extrémité du couloir dans lequel il avait atterri. Des alarmes rivalisaient d’intensité avec le bruit des explosions et des moteurs de chasseurs stellaires. Le raffut autour de lui était assourdissant. Il n’entendit ni voix, ni bruit de pas. Si des techniciens Kaminoens occupaient d’habitude cette zone de l’usine, ils avaient été évacués.

Il passa devant une porte ouverte et se retrouva au cœur de la tour. Il se tînt dans l’embrasure un moment et leva les yeux vers une série apparemment infinie de cuves de clonage fixées à des plateformes à peine assez larges pour que des droïdes et des techniciens y circulent. Des stormtroopers patrouillaient devant les cuves mais Starkiller ne pensait pas qu’ils l’attendaient. Ils étaient probablement de faction pour protéger ceux qui viendraient un jour grossir leurs rangs. Il s’agissait de clones de stormtroopers ordinaires, ils n’avaient rien d’expérimental ni de sinistre. Ils constituaient tout de même une cible légitime pour une attaque de l’Alliance Rebelle.

Starkiller visait beaucoup plus haut. Il avait la certitude d’être dans la bonne tour. Il sentait la présence de Juno et de Dark Vador dans les hauteurs. Il devait simplement les rejoindre.

Mais si Starkiller pouvait sentir la présence de Vador, le Seigneur Noir pouvait sentir la sienne également et cela compliquait la situation. Les stormtroopers dans la tour de clonage étaient trop dispersés pour qu’il puisse les abattre d’un seul coup. Pour compliquer la piste qu’il allait inévitablement laisser derrière lui, il adopta une autre stratégie.

Un jour, il s’était retrouvé paralysé et abandonné dans une tranchée où grouillaient des loups sanguinaires, avec pour seule défense le pouvoir de son esprit. Dark Vador avait programmé cette leçon avant même de commencer l’entraînement au combat.

Tuer des ennemis ou les contrôler : les deux techniques étaient radicalement différentes. Chaque méthode avait ses avantages mais elles n’étaient pas interchangeables.

Il courut avec légèreté au pied de la tour et s’approcha par-derrière d’un premier groupe de sentinelles. Grâce à la télékinésie, il déclencha l’alarme du système de survie à quelques tubes de clonage de là. Les stormtroopers se dépêchèrent d’aller l’inspecter. Il en profita pour monter quatre à quatre les escaliers dont ils gardaient l’entrée et accéda à la plateforme supérieure.

Là, il glissa dans l’esprit d’un trooper l’idée qu’il venait d’entendre un bruit suspect à quelques mètres de là. Dès que son collègue et lui furent occupés, Starkiller avança en cachette. La Force absorbait le bruit de ses mouvements et le maintenait dans l’ombre. Il ne se fondait pas simplement dans le décor : il devenait le décor.

Mais, bientôt, les soupçons de l’équipe de garde furent éveillés. Ils étaient en contact permanent via le comlink de leurs casques et une cascade de fausses alertes ne pouvait être due hasard. Starkiller passa à la vitesse supérieure et insuffla dans l’esprit des stormtroopers l’idée que des espèces de fantômes couraient en cercle autour d’eux. Il fit exploser des lances à haute pression comme des grenades d’un simple blocage à distance. Des tubes de clonage s’ouvrirent inopinément, répandant sur les ponts des corps équipés d’un demi-cerveau et complètement désorientés.

Le temps qu’il atteigne le sommet de la tour, la confusion des stormtroopers était totale et Starkiller n’avait même pas dû activer ses sabres laser.

Satisfait, il rejoignit la jonction entre cette tour de clonage et celle du dessus. Il dut faire face à une première véritable opposition. Des troopers camouflés gardaient un rétrécissement entre les tours. Quand ils l’aperçurent, ils ouvrirent le feu sans sommation. Starkiller provoqua un choc qui fit apparaître leurs armures et régla leur compte en vitesse. Mais le mal était fait. Des troopers au-dessous et au-dessus de la jonction savaient maintenant où il se trouvait et convergeaient en masse. Il se fraya un chemin vers la seconde tour en repoussant une pluie incessante de tirs de blasters tout en défendant ses arrières. Il fit ployer des plateformes surélevées, balançant des stormtroopers dans le vide vers une mort certaine. Il utilisa des tubes de clonage comme projectiles : le liquide amniotique renversé rendait le sol glissant. Il arracha des plaques des murs et les lança vers des groupes de stormtroopers qu’il n’avait pas le temps d’affronter. Il fut bientôt entouré de ruines.

Encore des morts, se dit-il. Même quand il essayait, la maudite formation de Vador pesait sur lui de tout son poids. En serait-il toujours ainsi ? Ne se débarrasserait-il jamais de cet héritage funeste ou existait-il un autre moyen de résister qu’il n’avait pas encore découvert ?

Une grande maîtrise de la Force devait ouvrir sur autre chose qu’une violence toujours plus puissante, sinon tous les Jedi seraient des Sith et la guerre civile galactique n’aurait jamais démarré.

Il pensa à nouveau à la première fois que le Starkiller original avait affronté son Maître en duel. Si Vador avait été un Jedi, quel genre de Jedi avait-il été ? Un héros ou un raté ? Starkiller avait du mal à croire qu’un mal aussi colossal puisse naître de l’indifférence ou de l’impuissance. Il avait aussi du mal à croire qu’un tel talent naturel puisse passer inaperçu. Son don avait été remarqué. Peut-être que le jeune Vador avait, lui aussi, été gardé secret. Le masque était peut-être une habitude plutôt qu’une nécessité.

Starkiller atteignit le sommet de la seconde tour en un seul morceau. Un turbo-ascenseur ouvert l’y attendait. Il resta devant pendant un moment, se demandant où l’engin le mènerait mais il pressentait qu’il devait avancer dans cette direction. Il ignorait ce qui l’attendait à l’autre bout mais il devait l’affronter.

Il  supposa que sa mère avait ressenti la même chose sur Kashyyyk quand elle repoussait les négriers Trandoshans qui menaçaient sa famille. Elle non plus n’avait pas eu le choix mais elle s’était battue quand même pour quelque chose de plus important que sa survie… Pour l’amour. Son héritage était puissant et Dark Vador n’avait jamais réussi à l’effacer complètement de ce garçon qui était devenu son apprenti. Ou d’un clone de ce garçon.

Starkiller pénétra dans le turbo-ascenseur. Les portes se refermèrent et il fut emmené vers les étages supérieurs. Il se prépara à la fois physiquement – ses sabres laser étaient dressés et prêts à entrer en action – et émotionnellement du mieux qu’il le pouvait.

La cabine ralentit, s’arrêta et les portes s’ouvrirent.

L’espace qui s’étendait devant lui était vaste et lugubre. Starkiller sortit avec précaution de l’ascenseur, tous les sens en alerte. Dark Vador était proche, très proche. Dans l’ombre au-dessus de lui, il distinguait les contours vagues de plateformes très semblables à celles qui se trouvaient dans les tours de clonage en bas. Plus loin, une faible lueur était reflétée par des tubes de verre incurvé, mais il ne discernait pas ce qui se trouvait à l’intérieur.

Il frissonna. Quelque chose était très proche, vraiment très proche.

Ce que tu cherches, seulement à l’intérieur tu le trouveras.

Étrangement, les paroles de la petite créature pleine de sagesse qu’il avait rencontrée sur Dagobah le rassurèrent.

Une partie de toi-même, peut-être ?

Le vrombissement d’un sabre laser qui s’activait fut répercuté par les surfaces de métal et de verre.

— Tu es revenu.

Starkiller regarda autour de lui. Il n’arrivait pas à déterminer l’origine de la voix de son ancien Maître.

— Comme vous le voyez, répondit-il en avançant lentement d’un pas confiant mais prudent.

— C’était juste une question de temps, reprit la voix de Vador.

— Où est Juno ? demanda Starkiller.

La dernière fois qu’il l’avait vue, elle se trouvait sur la plateforme au sommet de la tour. Elle avait pu être emmenée n’importe où depuis lors.

Une silhouette noire bondit sur lui de l’ombre. Starkiller bloqua un coup puissant qui visait sa tête et répliqua avec un double balayage des jambes. Le Seigneur Noir sauta en l’air, hors de portée, et Starkiller le suivit.

Quand il atterrit sur la première plateforme, Dark Vador était introuvable.

Quelque chose bougea à sa droite. Il pivota pour faire face, les sabres laser levés.

Une silhouette mince sortit de l’ombre.

— Je savais que tu viendrais, lui dit Juno en souriant. Nous sommes enfin réunis.

Il faillit baisser les armes. C’était elle. Elle tendit les bras pour le serrer contre elle. Il avait envie de courir dans sa direction. Mais son instinct lui signalait quelque chose d’anormal.

Un souvenir jaillit comme un éclair – un souvenir de vision. Il avait vu Juno capturée par le chasseur de primes sur la passerelle de commandement du Salvation. Tout ce qu’il avait vu s’était ensuite réalisé dans les moindres détails. PROXY avait été abattu, et son commandant en second à tête de chien également. Et Juno avait été touchée à l’épaule.

Or cette Juno n’était pas blessée.

— Recule, lui ordonna-t-il en préparant ses défenses.

Le sourire de Juno s’effaça. Elle baissa les bras. Quand elle bougea, ce fut avec une rapidité qui n’avait rien d’humain. Elle glissa les mains dans son dos pour saisir deux blasters de poche Q2. Le visage impassible, avec une agressivité implacable et dépersonnalisée, elle ouvrit le feu.

Starkiller dévia les tirs dans sa direction et elle tituba en arrière, laissant échapper un cri d’agonie. Alors il se jeta sur elle, lui trancha l’abdomen en deux avec son sabre laser gauche et la décapita à hauteur du cou avec son sabre droit.

Le corps tomba en morceaux sur le sol métallique dans une pluie d’étincelles, tandis que Starkiller se tenait au-dessus, haletant.

L’illusion disparut, révélant entre ses pieds les pièces calcinées d’un droïde PROXY.

C’est beaucoup plus facile de combattre l’Empire quand il n’a pas de visage, entendit-il Juno dire depuis son passé, quand tes gens qui meurent sont cachés sous des casques de stormtroopers ou des coques en duracier. Mais quand ce sont des gens qu’on a connus, des gens comme nous avant…

Il se retourna en devinant l’écho d’une respiration artificielle derrière lui. Il bloqua le sabre laser de Dark Vador au moment où il allait s’abattre sur lui. Ils restèrent ainsi, les lames collées l’une contre l’autre, pendant un moment, puis Starkiller repoussa le Seigneur Noir. Il fendit l’air de son sabre laser avec une violence qui aurait coupé le bras gauche de Vador, tandis qu’il portait un coup de l’autre sabre sur le flanc, espérant attraper son adversaire à la poitrine.

Vador bloqua les deux coups puis sauta à nouveau vers la plateforme supérieure.

— Jusqu’où est-ce que tout ça va nous mener ?

Starkiller se renfrogna.

— Tu as des regrets ? avait-il demandé à Juno le même jour, après avoir eu la vision de son père sur Kashyyyk.

Sa réponse avait été immédiate :

— Non.

Mais il avait senti un malaise en elle, comme celui que son ancien Maître avait senti en lui peu après. Leur loyauté était mise à l’épreuve. Leurs principes aussi. De telles mises à l’épreuve n’étaient jamais faciles.

Le jeu de Dark Vador était clair maintenant, Starkiller le comprenait et il ne se laisserait pas détourner de sa trajectoire. Il sauta jusqu’au deuxième niveau. Là, il dut affronter Bail Organa, suivi de Kota, de Mon Mothma, puis de Garni Bel Iblis. Quand tous les dirigeants de l’Alliance Rebelle furent mis en pièces, quand tous les corps de droïdes furent révélés sous les hologrammes trompeurs, Dark Vador l’attaqua à nouveau. Ses coups étaient rapides et économes. La menace n’était pas moindre mais Starkiller sentait qu’autre chose l’attendait. Dark Vador le tuerait, oui, sans la moindre hésitation, mais il voulait le faire basculer du Côté Obscur d’abord.

Au quatrième niveau, il se retrouva face à son propre père, qu’il abattit de sang-froid. Les rêves et les souvenirs n’avaient plus aucun pouvoir sur lui.

Il se retourna pour affronter l’attaque qu’il attendait du véritable Dark Vador, plein de confiance et de certitude. Le Seigneur Noir recula sous ses coups et, une fois de plus, sauta pour se mettre à l’abri. Starkiller le fit redescendre par télékinésie. Son ancien Maître était étendu devant lui, le sabre laser levé pour se défendre. Starkiller tailla la main qui le brandissait puis plongea son second sabre profondément dans sa poitrine.

Avec un gémissement sifflant, Dark Vador tomba en arrière et révéla un autre droïde PROXY.

Absolument pas surpris, Starkiller recula et chercha autour de lui le véritable Vador. Il ne voyait ni n’entendait rien mais ses sens frissonnaient. Leur message était aigu et insistant.

Au-dessus.

Il effectua un saut périlleux puis atterrit sur la plateforme supérieure, accroupi et prêt à tout.

— Tu es confiant, dit Dark Vador. Ce sera ta perte.

Le Seigneur Noir était hors de portée de Starkiller. Au lieu de l’attaquer, il fit un geste en direction des cuves de clonage à côté de lui. Des lumières s’allumèrent à l’intérieur et révélèrent rangée après rangée des silhouettes identiques. Vêtues de versions simplifiées de son ancienne tenue de formation et reliées par des tubes d’alimentation et des respirateurs sophistiqués, elles flottaient dans un fluide transparent. Un rêve semblait parfois agiter leur sommeil.

Starkiller eut un choc quand il les reconnut. Il ne s’agissait pas de stormtroopers. C’était lui. Inachevé et bizarrement déformé par rapport à l’original mais aucun doute n’était possible.

Vador fit un nouveau geste et les yeux des clones s’ouvrirent.

Starkiller n’y vit que haine, colère, confusion, folie et destruction.

Leurs cages de verre se brisèrent. Le fluide amniotique se répandit. Les clones se libérèrent de leurs câbles. Ils s’extirpèrent de leurs tubes avec des gestes d’abord hésitants qui devenaient rapidement plus assurés. Ils se dégageaient des décombres.

Starkiller ne bougea pas tandis qu’un cercle de clones avortés se formait autour de lui.

Derrière eux, Dark Vador hocha une fois la tête.

Les clones se jetèrent sur lui comme un seul homme.