Chapitre 52 LE PARVIS NOTRE-DAME

Vous auriez pris la comtesse Louise pour une statue de marbre, tant son visage était blême. Elle voulut parler, mais le vicomte Paul lui ferma la bouche, disant :

– Je n’ai pas fini, ma mère. Je me retirai à pas lents, accompagné par leurs menaces. Je voulais suivre Lotte et son père : non que je crusse découvrir leur adresse, dans le sens vulgaire du mot, car celui dont nous parlons ne peut avoir une demeure ; mais je désirais voir Lotte le plus longtemps possible.

D’ailleurs, ma tête était en feu. Il me fallait mon calme revenu pour reparaître devant toi.

Lotte et le Juif errant descendirent toute la rue Saint-Jacques jusqu’à la Seine. Ils passèrent le pont. Ils entrèrent tous deux dans une grande vieille maison qui est derrière Notre-Dame : l’avant-dernière de la rue du Cloître.

J’attendis. Je ne les en vis point ressortir.

La nuit se faisait, et le doute naissait en moi, car comment croire que l’Homme de la pénitence dix-huit fois séculaire pût habiter sous un toit ?

Je pris le chemin de notre logis. Au moment de quitter le parvis ; je me retournai pour jeter un regard à la grande façade de Notre-Dame.

Les dernières lueurs du crépuscule éclairaient la galerie à jour qui relie les deux tours carrées. Je vis, – ou je crus voir, – l’Homme qui n’a pas le droit de s’arrêter passer et repasser derrière les colonnettes…

Partout autour de moi dans la rue des groupes sombres se formaient. Sous la blouse de l’ouvrier comme sous l’habit des bourgeois, on voyait briller des armes. Et il y avait des voix menaçantes qui disaient :

– C’est cette nuit ! Vive la charte, à bas le charretier !