Chapitre 15 SECONDE IDÉE DU VICOMTE PAUL

Comme bien vous pensez, ce n’était pas l’affaire du vicomte Paul. Il avait l’habitude d’être obéi, ce magnifique bambin. Il frappa du pied et jura sabre de bois ! Tout le monde eut grand’peur, mais tout le monde se tut.

Et, pour garder une contenance, tout le monde, y compris Fanchon, se remit à boire du vin de Chambertin.

Le soleil se rapprochait lentement de sa couche éblouissante.

– Personne ne veut me dire, cria le vicomte Paul, pourquoi ce bonhomme ne boit pas de bière, et en quel pays les mendiants ont des haillons d’or ?

– Mme la comtesse l’a défendu ! murmura Fanchon.

– M. le comte aussi, appuya Joli-Cœur.

– Eh bien ! s’écria le vicomte Paul, c’est moi qui suis papa. Lotte est maman. Nous vous permettons de parler ; n’est-ce pas, Lotte ?

On eût dit que les rayons obliques du soleil passaient à travers la diaphane beauté de Lotte sans pouvoir colorer sa blancheur de statue.

– Que Dieu ait pitié de nous ! balbutia la nourrice. Elle était comme cela quand je la vis pour la première fois…

Lotte murmura d’une voix qui était douce comme un chant, mais si faible, que nul n’aurait pu dire s’il avait bien entendu ce qu’elle disait :

– Mon père va venir…

Le vicomte Paul n’écoutait pas, parce qu’il avait encore une idée.

– Au fait, dit-il, je suis un niais : je n’ai qu’à lire moi-même la légende !