Ma belle Noémie,

 

Cela fait des mois maintenant que je suis parti et que je reste sans nouvelles de toi.

Je crois bien que tu m’abandonnes. Je suis bête d’utiliser le présent. Cela fait bien longtemps que tu n’es plus dans ma vie. Je devrais plutôt dire que je ne suis plus dans la tienne.

As-tu calculé au moins le nombre de fois où je t’ai dit je t’aime depuis que j’habite ici.

Il faut que tu saches. Tu es en droit de savoir. Tout m’échappe. Tout m’échappe de toi.

Je ne sais plus où j’en suis. Je comprends bien que c’est la fin. Que tu n’as plus envie de moi. Que peut-être même tu as rencontré quelqu’un et que je compte maintenant pour rien.

Je n’aurais jamais dû m’en aller, te laisser comme ça, avec ton père qui ne m’a jamais aimé, qui a tout fait, je suis sûr, pour te décourager, te répéter que nous deux, ça ne pouvait pas durer. Je n’aurais pas dû.

Ce sera ma dernière lettre, Noémie. N’y vois aucune sorte de chantage. C’est juste que je n’ai plus le courage d’avancer davantage. D’avancer sans toi.

Je ne sais plus trop quoi te dire pour te convaincre de venir me rejoindre.

Je t’ai déjà tout dit. Tout raconté. La majesté du fleuve, la forêt, les gens. Tout est magique, ici. Tout est tranquille. On a juste à se laisser vivre. Je dis on. Je ne devrais pas. Isidore et Yolande sont partis depuis bien longtemps. Je suis seul à présent. Je t’attends. Je ne t’attendrai plus très longtemps. J’ai bien aimé nos débuts. C’est toujours bien, les débuts. Je l’ai toujours pensé. Toujours répété : il ne devrait y avoir que des débuts. Après vient l’ennui. Tu as peut-être eu raison de m’abandonner au silence, de ne rien me promettre. De ne me laisser que ce début. Je demeure ainsi sur un bon souvenir.

Si, toutefois, tu changeais d’avis, si je me trompe, si ton silence n’est pas le fait de ton indifférence, mais d’autre chose que je ne comprends pas, tu seras toujours la bienvenue.

Je n’ai pas changé. Je t’aime comme avant. Je t’aimerai toujours. Ça fait un peu benêt d’utiliser ce verbe. On dirait le genre de lettre que les gens s’écrivent dans un roman-photo. Manquent plus que les cœurs dessinés au dos de l’enveloppe et mes larmes délayées dans de l’encre pour faire encore plus vrai.

Eh bien oui, je t’aime. Je n’ai pas peur de ce ridicule-là. Et si tu viens, il faut que tu viennes, parce que là, tu ne vas pas en revenir, j’ai une super surprise pour toi. Tu vas en tomber par terre, je te le garantis. Je ne t’en dis pas plus. Viens. Tu verras.

Quelle que soit ta décision à mon égard, bonne ou mauvaise, fais-moi au moins un signe.

J’attends ta réponse.

Je t’embrasse tendrement.

 

Ton Benjamin.

Gazoline Tango
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