D’Annabelle Rosenmerck à Harry Rosenmerck
Paris, le 2 décembre 2009
Mon papa,
Comme je te l’ai dit au téléphone hier, maman est morte dans la nuit. Tu n’as pas articulé un mot, tu n’as pas répondu, est-ce que ça va ? Je ne parviens pas à te joindre depuis. Elle est partie vite, sans douleur. Le Dr Maurice Blet, que tu connais, nous a beaucoup aidées. David est arrivé ce matin du Maroc, presque aussi maigre qu’elle, comme s’il avait porté ses maux, partagé son chemin. Il pensait qu’elle le prendrait dans ses bras. Jamais il n’avait imaginé qu’elle pourrait s’envoler aussi vite, que c’était pour de vrai. Il est désemparé, papa, comme un enfant. Même loin, même ailleurs, il restait plus proche de maman que je ne l’ai jamais été.
Je peux prendre ton billet d’avion si tu veux venir pour l’enterrement. Je m’active. J’organise les choses. Pour tenir debout. Je pleurerai après, je me dis. Après…
Mon bébé me console en dedans. Il me rend forte. Dis-moi des choses papa. J’ai besoin de bruit autour de moi, tout est vide dans l’appartement de maman. Je n’ose pas toucher à ses affaires. J’ai demandé à Moshe de venir te voir. Je ne sais pas si tu tiens le choc. Peut-être que ce n’est pas si grave pour toi ? Comme tous les enfants de divorcés j’ai toujours imaginé que vous vous aimiez encore.
Annabelle