De Harry Rosenmerck au rabbin Moshe Cattan

 

 

Nazareth, le 18 juillet 2009

 

 

Cher Moshe,

 

On ne voit pas nos enfants grandir. Je suis heureux que le mien ne doive pas jouer à la guerre.

Mais sa mère est malade. Elle va mourir. J’ai peur, comme si je me retrouvais face à un nouveau-né, que je ne savais ni donner le biberon, ni changer une couche. Pourtant mes enfants sont grands. J’aimerais pouvoir goûter la pièce montée du mariage de ma fille.

Je suis troublé ce matin. J’ai rêvé de ma mère et c’était si réel.

Elle me disait de me réconcilier avec mon fils, David. Je ne vous ai jamais parlé de lui.

Maman ne cessait de répéter : « Si tu ne te lèves pas pour aller le prendre dans tes bras, je ne viendrai jamais te voir. » Ce à quoi je lui ai répondu qu’elle était morte. « La preuve que non », m’a-t-elle répliqué. Elle m’a flanqué une grosse baffe qui m’a fait très mal.

Ce matin je me suis réveillé avec une énorme marque rouge sur la joue.

 

Harry

 

P.-S. : Tu vois, moi aussi parfois je te vouvoie malgré moi.