De Harry Rosenmerck à Monique Duchêne
Tel-Aviv, le 5 octobre 2009
Ma Monica,
Cette nuit j’ai rêvé que je t’emmenais danser. Tu portais une jupe et moi je marchais facilement. J’ai même fait un petit solo de claquettes.
Je prie parce que je suis plus près de Dieu que toi. Je lui ai demandé de te guérir et je lui ai juré, s’il le faisait, que nous n’en parlerions à personne, que nous n’en ferions pas un bestseller, même pas une anecdote dans les dîners en ville.
Ah les dîners en ville… ça fait des siècles. Tu te souviens toutes les soirées chiantes à mourir à Paris ou à Londres avec mes confrères ?
Tu mettais toujours des talons hauts, tu étais si jolie. J’essayais de soulever ta jupe dans les ascenseurs et tu ricanais. Nous ne faisions rien, pour ne pas être en retard ou se faire surprendre. Et au retour, il était tard. Il est toujours tard au retour. On a bu. On est mariés. Les choses seront toujours là demain…
Me voilà, maintenant, prisonnier de mes vieilles jambes, loin de toi.
Si j’avais su. Si j’avais compris ce qu’était la vie. Tu sais, aux yeux de Dieu, tu es toujours ma femme. Nous n’avons pas divorcé religieusement. Allez, viens, Monique. Arrête tes simagrées. Je bande encore sous Viagra et tu m’as toujours plu. Tu fais semblant d’être malade pour me récupérer.
Tu m’as fait chier comme personne, mais Dieu que tu me plais.
Il est beaucoup question de Dieu dans cette lettre, je ne recommencerai plus.
Ton mari juif,
Harry