De Harry Rosenmerck a Monique Duchêne
Nazareth, le 20 juin 2009
Chère Monique,
C’est drôle j’ai l’impression de seulement commencer à comprendre qui tu es. Des années après. À moins qu’on mue, que tu aies laissé ton ancienne peau dans notre appartement de la rue de Vaugirard ?
Quand on a deux enfants, qu’on s’est aimés, puis haïs, puis dégoûtés puis indifférés et émus. Que sommes-nous l’un pour l’autre ? De la famille ? Un morceau de nous, qu’on a planté en chemin, de la jeunesse perdue peut-être ?
Chère jeunesse perdue,
Sèche tes larmes.
Pourquoi penses-tu que c’est ta faute ? Pourquoi t’en vouloir ? David n’est pas victime de la conséquence de nos actes. David est David. Les raisons pour lesquelles je lui en veux sont très entrées à l’intérieur de moi. Je ne pense pas pouvoir les dévoiler sans m’effondrer. Aimez-le comme il est, et plus encore, puisque je n’en suis pas capable.
Nous ne sommes pas coupables et il n’est pas malade, il est juste différent. Ce sont les conséquences de cette différence qui sont coincées dans ma gorge de père, pas les différences elles-mêmes.
Tu seras là. Tu seras toujours là. Tu es une emmerdeuse. Et la mort ne s’accrochera pas à toi.
Harry