De : annabelle.rosenmerck@mac.com
À : laurent.b@orange.fr
Date : 29 août 2009
Objet : Mon frère
Cher Laurent,
Je comprends ta douleur amoureuse. Je n’ai pas de nouvelles de David. Mon frère est un être complètement libre, qui glisse entre les doigts comme du vif-argent. As-tu déjà cassé un thermomètre et essayé de rattraper le mercure ?
Je sais qu’il t’aime Laurent. Avant tout, il écrit. Tout est prétexte à l’écriture. C’est un vampire. Votre histoire le nourrira et il nourrira votre histoire pour en inventer d’autres. C’est sa façon à lui de vivre, de retrouver son chemin. Il sème des petits mots, il enfile des perles, il ne s’arrête pas pour se relire. Il n’a pas peur de blesser.
Quand la vie réelle dépasse son histoire, David est perdu. Il fabrique des histoires par-dessus. Construire un château pour effacer la vague. Sans penser qu’une autre viendra.
Toi, moi, personne ne compte dans ces moments-là. Mais, dans la petite case « vie » au milieu de son imaginaire, tu as une place au chaud. Il est parti pour un autre, oui, et cet autre c’est lui.
Courage.
Annabelle
P.-S. : Oui, je laisse mon père entre de bonnes mains (sais-tu qu’une attaque a paralysé ses jambes ? Momentanément j’espère) et j’arrive. Dans deux jours.