De Monique Duchêne a Harry Rosenmerck
Paris, le 2 avril 2009
Cher ex-mari, et néanmoins père de mes enfants,
Je vais être brève mais précise. Tu es un vieux con indécrottable. Ton fils t’a écrit des centaines de lettres restées sans réponse.
Si tu voyais son succès aux premières de ses pièces, les gens qui applaudissent à tout rompre. « Un auteur de génie », voilà ce qu’a titré La Reppublica après la représentation romaine de la semaine passée. Mais lui, lui… Crois-tu qu’il souriait ? Non. Et toute la soirée, comme à chaque fois, il a regardé la porte au lieu de la scène. Et il a espéré te voir entrer.
Engueule-le ! Disputez-vous ! Ce sera toujours mieux que ton silence de vieux bougre !
D’autre part je voulais te remercier, je suis de tous les dîners parisiens depuis que tu élèves des porcs. Je fais un tel tabac quand je raconte cette histoire. Je ne suis pas sûre en revanche que cela fasse chuter l’antisémitisme ! Les porcs renifleurs de terroristes. Ha, ha ! Quand je pense que tu m’as fait me convertir pour qu’on en arrive là.
Te souviens-tu de notre premier dîner chez Cochonek ? Comment draguer une goy ?
Bref, mes affaires marchent bien. J’ai de nouveaux dossiers passionnants et lucratifs. Dieu merci, avec la pension que tu me donnes…
T’ai-je dit que cette vieille bique de Marine Duriet s’est remariée ? Avec un Russe. Pas juif. Juste un Russe. Et elle s’est fait lifter, si elle sourit, elle craque.
As-tu des nouvelles d’Annabelle ? C’est joli, ça rime « des nouvelles d’Annabelle », ça pourrait être un titre pour une pièce de David. Moi elle ne me dit rien. Je la sens triste. Elle va rentrer bientôt de New York. Et peut-être enfin finir ses satanées études ! Plus de dix ans d’études ! Elle passe de MBA en doctorat… À quoi bon ? Qu’elle nous fasse des petits-enfants, enfin !
Bon, écris à ton fils. Son fiancé est charmant by the way. Et prends le téléphone !
Monique