De Harry Rosenmerck au rabbin Moshe Cattan

 

 

Nazareth, le 2 juin 2009

 

 

Cher Moshe,

 

Je vais essayer de venir te voir d’ici deux jours. Il faut que nous parlions et que tu m’aides. Une vingtaine d’hommes sont venus détruire mes installations ce matin. Il y avait des juifs, des musulmans et des chrétiens. Ils se sont trouvé une cause commune. Ils veulent que je m’en aille d’ici. Les juifs ne veulent pas de porcs en Terre sainte et disent que ce ne sont pas les cochons qui régleront le terrorisme. Les Arabes étaient tout à fait d’accord avec eux. Ils argumentaient ensemble. Déjà que les uns contre les autres on ne peut pas les départager mais alors ensemble, tu imagines ? Si je n’avais pas craint pour ma vie, j’aurais sans doute ri. Et les chrétiens, alors, c’est le pompon ! Figure-toi que l’un des prêtres de Nazareth pense que je vis sur les vestiges de l’habitation du Christ, Mgr Jésus de Nazareth, et qu’il faut que je donne ma maison à l’Église, et à la postérité. Ils criaient : « Cet endroit appartient à l’histoire ! »

Ils m’ont sommé de partir. Le prêtre, un certain Eusebius Martin, belge et roux, m’a dit que je recevrais un courrier du pape ! Rien que ça… Et une offre pour me racheter cette parcelle de terrain.

Tout cela ressemble à une blague. Ce pays en est une. L’humour juif a élu résidence parmi et malgré les siens.

J’espère que tu vas bien.

 

Je t’embrasse,

 

Harry