18
— Il va falloir que je te laisse deux ou trois jours, ma belle, murmura Gabriel.
Il avait approché le fauteuil du lit et la couvait du regard depuis des heures. Elle s’était réveillée, pendant une minute ou deux. Mais ses yeux, pourtant grands ouverts, n’avaient pas semblé voir le monde. Elle avait prononcé un mot, peut-être un prénom. Gabriel n’en était pas sûr.
— Essaie de ne pas mourir pendant mon absence, continua-t-il. Essaie de m’attendre…
Il disparut quelques instants et revint, une petite bouteille d’eau dans la main. Il la posa près du lit avant d’effleurer le front de la jeune femme. Elle avait encore de la fièvre.
— À très vite, dit-il.
Il prit son sac, déjà prêt, installa Sophocle dans l’écurie avec une belle réserve de nourriture puis grimpa dans son 4 × 4. Il ne démarra pas immédiatement. Rien ne pressait. Il songea qu’il aurait pu rester près d’elle jusqu’à son dernier souffle et partir ensuite. Décidément, il avait du mal à la quitter, à s’éloigner d’elle. Oui, vraiment, il était temps qu’elle meure.
Il mit le contact en se faisant une promesse. Si elle est toujours en vie quand je rentre, je la tue de mes propres mains.