125

Izri baissa la vitre de la Mercedes et alluma une cigarette. Il s’était garé en face du bar et attendait qu’en sorte l’ennemi.

Robin avait changé d’adresse mais continuait à fréquenter les mêmes rades minables. Pas bien difficile de le loger.

— Les habitudes, c’est tuant ! ricana Izri.

Il songea soudain à Gabriel. Il aurait aimé l’avoir à ses côtés, ce soir. Cet homme l’avait impressionné et ce n’était pas chose facile. Il espérait un jour avoir l’occasion de mieux le connaître. Savoir ce qui lui rongeait les tripes. Découvrir ce qui avait fait de lui le plus doué des assassins.

Quand Robin quitta le bar, Izri remonta la vitre. Il regarda son ex-lieutenant tituber sur le trottoir, accompagné par une fille qui avait la dégaine d’une pute des bas quartiers. Lorsqu’ils montèrent dans la voiture, une décapotable tape-à-l’œil, Izri démarra la sienne.

— Toujours les mêmes goûts de chiotte ! murmura-t-il.

Ça valait pour la voiture et pour la fille.

Izri les suivit à distance et ils quittèrent le centre de Montpellier pour s’arrêter sur le parking d’une boîte de nuit. Robin passa devant tout le monde, serra la main du videur et s’engouffra dans le club, tenant sa conquête par la taille.

Izri récupéra un couteau de combat dans le vide-poches et le glissa à l’intérieur de son blouson. Puis il verrouilla la Mercedes et s’avança vers l’entrée. Il attendit son tour et n’eut aucun mal à pénétrer dans la discothèque.

Contre quelques billets, ils acceptaient n’importe qui.

Samedi soir, la boîte était bondée. Camouflage parfait.

Izri ressentit un léger vertige en arrivant aux abords de la piste de danse. À croire qu’il s’était habitué aux longs silences, aux grands espaces. Il repéra la table où s’était installé Robin. Il avait commandé une bouteille de champagne et caressait la cuisse dénudée de la fille, espérant monter plus haut au cours de la nuit.

Izri commanda un whisky au bar et alla s’asseoir non loin de la porte des toilettes. Tout en gardant un œil sur sa cible, il regarda les gens s’enivrer, draguer, danser. Chacun espérait quelque chose en venant ici. Montrer qu’on était encore désirable, qu’on faisait partie de ce monde, qu’on avait des amis, même s’ils étaient factices.

Certains cherchaient des proies faciles à ramener dans leur lit, d’autres s’ennuyaient avec celui ou celle qui partageait déjà leur lit.

Tout était mauvais ici. Le scotch, l’ambiance, la musique. Mais Robin avait toujours aimé claquer son fric dans les bas-fonds de la société.

Izri commanda un deuxième verre, sans quitter sa position stratégique. Une fille au décolleté vertigineux l’aborda.

— Tu viens danser, beau mec ?!

Elle était complètement défoncée et Izri refusa d’un signe de tête. Comme elle insistait, il s’approcha de son oreille et fut obligé de crier pour couvrir les décibels :

— Je voudrais bien mais j’attends quelqu’un !

— C’est moi que tu attends ! Allez, viens !

— Je te rejoins tout à l’heure, assura Izri avec un sourire ravageur. Pour patienter, bois un coup à ma santé…

Elle éclata de rire avant de retourner sur la piste. Izri la suivit des yeux et vit soudain Robin qui se frayait un chemin en direction des toilettes. Alors qu’Izri était vêtu de noir, Robin portait une chemise blanche, ce qui le rendait particulièrement visible.

Izri baissa la tête quand sa future victime passa près de lui.

Trente secondes plus tard, après avoir enfilé ses gants, il pénétra à son tour dans les toilettes au moment où un gars en sortait. Robin lui tournait le dos, occupé à remonter sa braguette face à un urinoir. Izri l’attrapa par la gorge, lui plaqua la lame sous le menton et le poussa jusque dans une cabine. De son autre main, il tourna le verrou.

— Salut, mon pote !

Robin essaya de parler malgré l’acier qui comprimait sa gorge.

— Iz, putain… qu’est-ce qui te prend ?

— J’ai une mauvaise nouvelle pour toi : Greg est mort. Je l’ai crevé. Et toi aussi, je vais te crever… Tu connais le sort réservé aux traîtres ?

— Iz, attends ! Fais pas le con…

Izri le saisit par la nuque, le força à s’agenouiller et lui plongea la tête dans la cuvette nauséabonde avant de tirer la chasse d’eau.

— De la part de Tama, connard !

Puis, tout en le maintenant dans cette position, Izri enfonça profondément la lame entre ses côtes. Une fois, deux fois, trois fois. Alors, il le releva en le tirant par les cheveux et le laissa tomber contre le mur carrelé. Robin n’était pas encore mort. Il manquait le coup de grâce. L’estocade.

Izri lui trancha la gorge et le regarda s’étouffer dans son propre sang. Il entendit un type entrer dans les toilettes et posa sa main gantée sur la bouche de Robin pour masquer ses gémissements. Il attendit que la mort fasse son œuvre puis grimpa sur la cuvette et escalada la cloison pour atterrir dans la cabine d’à côté.

Il en ressortit aussitôt, ôta ses gants puis se lava les mains. Il quitta la boîte et fuma tranquillement une cigarette sur le parking avant de monter dans sa voiture.

Il avait hâte de rejoindre Tama.

*
*     *

Un peu intimidée, un peu gauche, Tama hésita un instant. Finalement, elle se hissa sur la pointe des pieds et l’embrassa sur la joue.

— Ça me fait plaisir de vous revoir, dit-elle.

— Moi aussi, répondit Gabriel en serrant la main d’Izri.

Le froid flanchait, l’hiver commençait à montrer faiblesse. Ils s’installèrent sur la terrasse, Gabriel leur servit un café.

— Tu as l’air d’aller mieux.

— Oui, répondit Tama. Beaucoup mieux, même.

Son visage portait encore les traces de son calvaire, mais elle avait repris un peu de poids et Gabriel la trouva magnifique.

— Tu ne risques plus d’avoir la visite de Robin, annonça Izri. Il y a deux semaines, il a eu un malheureux accident.

— Un accident ? répéta Gabriel avec un petit sourire.

— Oui… il a glissé dans les chiottes et s’est empalé sur un objet tranchant.

— Ce sont des choses qui arrivent ! soupira Gabriel.

Il tourna la tête vers Tama qui contemplait l’horizon d’un air songeur.

— Comment tu t’en sors ? s’enquit-il.

— Ça peut aller, je vous assure… Je voulais apporter des fleurs, mais je me suis dit que vous ne voudriez pas les déposer là où elle est enterrée.

— Il vaudrait mieux éviter d’attirer l’attention, en effet… Même si peu de gens passent par là, mais on ne sait jamais.

— Alors, j’ai apporté autre chose, dit-elle en se levant.

Elle redescendit vers la voiture et Gabriel se tourna à nouveau vers Izri.

— Comment elle va, en vrai ?

— Elle hurle de peur toutes les nuits… Et parfois, je la vois complètement perdue, comme si… comme si elle était ailleurs. Dans un endroit où je n’ai pas le droit d’aller… Mais elle est forte alors je me dis qu’elle va y arriver.

— Avec toi, elle y arrivera, prédit Gabriel en lui offrant une cigarette. Izri… Il se pourrait que je te demande un petit service, prochainement

— Tout ce que tu voudras, répondit le jeune braqueur.

Tama revint vers eux avec un pot entre les mains. Plusieurs petites pousses émergeaient de la terre brune.

— C’est quoi ? demanda Gabriel.

— Ce sont des pensées sauvages. Chaque année, elles fleuriront au début de l’été. Et avec le temps, elles formeront un tapis de fleurs… Un parterre de pensées.

Une émotion violente traversa le regard de Gabriel.

Il songea que si Tayri avait survécu, elle n’aurait plus jamais lâché la main de Tama.

Il songea que si les femmes n’étaient plus de ce monde, il plongerait aussitôt dans les ténèbres et le chaos.

— Merci, Tama… C’est une très belle attention.

— Si vous voulez bien m’accompagner jusqu’à l’endroit où est Tayri, je les planterai moi-même.

— On peut parcourir une partie en voiture, mais après, il faut marcher pendant plus d’un kilomètre. Tu pourras y arriver ?

— J’ai encore mal à la cheville, mais je vais me débrouiller ! assura la jeune femme.

— J’ai une meilleure idée, fit Gabriel.

Un quart d’heure plus tard, les deux juments étaient sellées. Gabriel confia Gaïa à Izri et Tama tandis qu’il montait sur le dos de Maya.

Tama passa ses bras autour de la taille d’Izri et se laissa bercer par le pas régulier de sa monture, admirant les paysages grandioses qui s’offraient à eux. Le pèlerinage lui sembla moins douloureux, ainsi. La mort, soudain plus facile à supporter. Comme si cet animal lui insufflait une force nouvelle, une sagesse, un apaisement.

Ils arrivèrent dans la petite clairière et Gabriel resta quelques secondes immobile face à la sépulture de Tayri. Puis il dégagea les branchages et les feuilles mortes qu’il avait disposés sur la terre retournée.

— Elle est là, dit-il simplement.

Tama serra la main d’Izri et ferma les yeux. Elle adressa un message silencieux à cette jeune femme qu’elle avait à peine connue. Cette jeune femme qui, pourtant, avait changé le cours de sa vie.

Tayri,

Si je n’avais pas croisé ton chemin, je n’aurais pas pu retrouver Iz.

Sans moi, tu serais restée une esclave.

Sans toi, je le serais encore.

Elle refusa l’aide de Gabriel et d’Izri et les deux hommes comprirent qu’ils devaient s’éloigner un peu pour les laisser entre elles. Tama s’agenouilla à même la terre et commença à semer ses pensées.

Ma chère Tayri,

Apprends-moi ce qu’est la mort.

Dis-moi qu’elle est douce, qu’elle est juste.

Raconte-moi qu’elle est comme une mère qui te prend dans ses bras et te console de la vie.

Jure-moi qu’entre ses mains, il n’y a ni maître ni esclave.

Promets-moi qu’en son royaume, on oublie ses blessures et ses chaînes.

Mais jamais son amour.

*
*     *

Assise dans le canapé, Tama lisait un livre que Gabriel avait bien voulu lui prêter. Son esprit fatigué avait encore du mal à fournir l’effort des mots, mais elle réalisait à quel point ses fidèles compagnons de route lui avaient manqué.

Izri se posta derrière elle pour lui masser délicatement les épaules. Elle ferma les yeux, sourire béat sur les lèvres. Il l’embrassa dans le cou, un frisson descendit le long de son dos.

— Comment tu vas ? murmura-t-il.

— Bien…

Ce soir, elle se sentait prête. Elle le lui fit comprendre en glissant une main sous sa chemise.

Retrouver leur intimité passée, réapprendre leurs jeux sensuels.

Effacer ce qui les avait séparés, blessés.

Se réenchaîner l’un à l’autre. Redevenir des amants.

Un désir lancinant émergea au creux de son ventre et Tama lui abandonna son corps encore meurtri.

L’envie, aussi forte que la peur.

Cette peur qui ne la quittait pas.

Malgré la faim qui tenaillait ses chairs, Izri s’attarda sur chaque millimètre de sa peau, transformant les cendres tièdes en braises rougeoyantes.

Ce soir, Tama se croyait prête.

Ouvrir une brèche au milieu de la carapace, faire sauter les verrous, les uns après les autres.

Oublier. Se fondre l’un dans l’autre.

Le plaisir se transforma en douleur brutale, son cœur se vrilla sur lui-même, un éclair déchira sa tête.

Le visage de Greg. Ses mains, son regard, son odeur.

Tama repoussa violemment Izri et se recroquevilla sur le canapé. Le front posé sur ses genoux, elle se balançait doucement.

— Tama ?

Izri caressa sa jambe, elle poussa un cri, s’éloignant davantage encore. Il n’osa plus l’approcher et la regarda souffrir, ignorant ce qu’il devait faire. Ce qu’il devait dire.

Quand elle releva enfin la tête, ses yeux étaient remplis d’horreur.

— Excuse-moi, dit-elle. Je peux pas…

Izri se remit debout et fit quelques pas dans le salon. Soudain, il attrapa une chaise et la fracassa contre le mur avec un hurlement bestial.

— Je suis désolée !

Incapable de se contrôler, Izri cassait tout ce qui lui tombait sous la main.

— Calme-toi, Iz ! implora Tama.

Leurs yeux se croisèrent, elle comprit que sa colère n’était pas dirigée contre elle.

Même mort et enterré, Greg les séparait encore.

*
*     *

La petite maison biscornue était toujours entourée d’épaves.

Izri se faufila au milieu des tas de ferraille et son pied heurta violemment un vieux moteur. La douleur remonta le long de sa jambe, il étouffa un juron.

Collé à la façade, il jeta un œil à l’intérieur et aperçut Nico affalé devant sa télévision. Sa main droite faisait l’aller-retour entre sa bouche et un paquet de chips éventré.

Il était seul, certainement ivre ou défoncé.

Une proie facile.

Izri récupéra son fidèle Glock dans la poche de son blouson, vissa un silencieux au bout du canon. Il frappa à la porte et attendit que Nico parvienne à se lever. Trente secondes plus tard, Izri eut la mauvaise surprise de voir un inconnu apparaître sur le seuil.

— Ouais ?

— C’est qui ? hurla Nico depuis le salon.

L’homme venait d’apercevoir le pistolet, Izri n’avait plus le choix. Il leva son bras droit et pressa la détente.

Une balle en pleine poitrine.

Le petit ami de Nico s’effondra vers l’arrière, renversant une vieille sellette et tout ce qu’il y avait dessus.

Boucan de tous les diables.

Izri enjamba le corps mais une main agrippa sa cheville et il tomba à son tour, lâchant le Glock qui glissa sur le carrelage.

— Merde !

Il se redressa aussi vite qu’il le put et tomba nez à nez avec Nico.

Seconde de flottement.

Ils se ruèrent vers l’arme qui fila sous un meuble. Nico était sur Izri, labourant son visage avec ses poings. Il parvint à se dégager et roula sur le côté. Nico tendit le bras, attrapa le Glock. Il ne prit pas le temps de viser, se contenta de tirer. Izri se relevait lorsque la balle lui traversa la cuisse. Il poussa un hurlement, se jeta à nouveau sur son adversaire. Il tenait son poignet et une nouvelle balle fusa du canon pour aller se loger dans le plafond. Izri réussit à lui faire lâcher le pistolet et lui asséna un coup de tête. Le tenant par le col de sa chemise, il lui envoya plusieurs droites dans la mâchoire.

Sonné, Nico ne bougeait plus. Alors Izri se releva, récupéra son arme et pulvérisa le cœur de sa cible.

Dans la cuisine, il trouva un torchon pour se confectionner un garrot. Sa jambe pissait le sang, tout comme son nez.

Du sang, partout.

De l’ADN, partout.

Il quitta la maison en claudiquant et rejoignit sa voiture. Malgré l’intolérable douleur, il démarra aussitôt.

*
*     *

Tama ne dormait pas.

Ce soir, Izri était parti, sans lui préciser où il allait.

Je rentrerai tard, ne m’attends pas.

Elle avait lu pendant des heures, terminant le roman de Gabriel et, désormais, elle guettait le retour de son homme.

Était-il allé voir une autre femme ? Lui donnait-elle en ce moment même ce que Tama était incapable de lui offrir ?

Elle quitta la chambre, se prépara un thé dans la cuisine. L’horloge murale lui indiqua qu’il était déjà 3 heures du matin.

Allait-il découcher ?

Allait-elle le supporter ?

Ses vieux démons refaisaient surface, venant ricaner à son oreille.

Tu veux savoir combien de nanas il a baisées pendant que tu l’attendais bien sagement à la maison ?

Soudain, Tama entendit le bruit de la voiture qui approchait. Elle se posta devant la baie vitrée et vit ralentir la Mercedes. Mais la voiture ne freina pas complètement et alla se planter dans le mur du garage. Tama se précipita à l’extérieur et se heurta à une portière verrouillée.

— Iz, ouvre-moi !

Il trouva la force de tirer sur la poignée et Tama découvrit le carnage. Elle l’aida à descendre, il s’effondra dans ses bras. Emportée par le poids d’Izri, Tama chuta avec lui. C’est là qu’elle vit le linge imbibé de sang qui comprimait sa cuisse. Elle tenta de le relever, mais il était bien trop lourd. Pourtant, elle devait le ramener à l’intérieur avant qu’il ne perde connaissance.

— Aide-moi, je t’en prie ! Lève-toi !

Dans un effort surhumain, il parvint à se redresser et prit appui sur elle. Deux fois, il tomba à genoux et Tama le releva. Ils arrivèrent enfin devant le canapé où Izri put s’écrouler.

Si l’artère fémorale avait été touchée, Izri serait déjà mort.

Alors, ne pas paniquer.

Découper le pantalon, affronter la blessure. Impressionnante.

Désinfecter, stopper l’hémorragie. Enlever le sang qui maculait le visage de l’homme qu’elle aimait.

Serrer sa main, lui parler, le rassurer. Toute la nuit, veiller sur lui.

Toute la vie, veiller sur lui.

Toutes blessent, la dernière tue
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