24
Un noir pressentiment torturait Dallas. Il était en train de s'armer, et une certitude s'imposait peu à peu à lui : cette fois, il y était. Ici, à cet instant, la vision qui le hantait depuis des jours commençait à rejoindre la réalité. Le jour du jugement dernier... songea-t-il en lâchant un rire sans joie. Serait-il de taille à empêcher les événements tant redoutés de se produire ?
Chaque jour, l'avenir s'était un petit peu plus révélé à lui, avec toujours la même issue fatale pour Jaxon. J'aurais dû la tuer quand j'en avais l'occasion... Finalement, la nuit précédente, Dallas avait vu ce qui était en train de se produire : Mia faisant les cent pas dans sa chambre et l'incitant à se dépêcher.
— Plus vite !
En observant ses armes blanches et ses flingues étalés devant lui sur son lit, Dallas réprima un nouveau rire. Les remords ne servaient à rien. Il aurait pu boucler Jaxon avant qu'il s'en aille. Il aurait pu tuer Le'Ace comme son instinct le lui ordonnait. Mais il ne l'avait pas fait.
— Il va se faire tuer, annonça-t-il avec fatalisme. A cause d'elle.
— A moins qu'elle ne s'en charge elle-même. Mia passa une main impatiente dans ses cheveux.
— Mais il ne veut rien entendre, reprit-elle. Tu as vu comme moi comment il se conduit avec elle.
— Pourquoi ne l'ai-je pas liquidée quand je pouvais le faire ?
— Parce que tu aimes Jaxon et que ça l'aurait anéanti. En soupirant, Mia renonça à arpenter la pièce et vint s'asseoir au bord du lit.
— Tu as vu son visage s'éclairer quand il est arrivé ? demanda Dallas. Elle est restée de glace pendant les trois jours où nous l'avons gardée prisonnière, et il a suffi qu'il débarque et crie son nom pour que...
Il renonça à conclure sa phrase. Mia, comme lui, avait vu Le'Ace transfigurée par l'amour et la tendresse lorsque Jaxon était venu la délivrer.
— Un truc pour nous rouler... marmonna-t-elle. Cette femme est incapable du moindre sentiment.
S'emparant du pyroflingue de Dallas, Mia vérifia pour lui la chambre de détonation. Le faisceau projeta un arc-en-ciel lumineux dans la pièce avant qu'elle fasse tourner l'arme pour la remettre en place.
— Si c'est ce que tu penses, pourquoi ne l'avoir pas tuée toi-même ? répliqua-t-il.
— Je suis une sentimentale, voilà pourquoi.
Dallas laissa fuser un petit rire amusé.
— Ouais, ton portrait craché...
Mia inspira à fond et expira lentement avant d'ajouter :
— Écoute... Si j'avais fait ça avant de lui prouver la duplicité de cette femme, il m'aurait détestée toute ma vie. J'ai essayé de lui ouvrir les yeux. Je lui ai dit des trucs que je n'avais jamais confiés à personne. Même la liste que j'ai trouvée n'a pas suffi à lui faire voir clair.
— Il fallait la lui montrer.
— Ça n'aurait rien changé. Il n'écoute plus personne. Il se fiche de tout.
Dallas glissa sa lame crantée dans son fourreau, à sa ceinture, et fit face à son amie.
— Mia... dit-il d'un ton troublé. Est-ce que je pourrais, selon toi, mal interpréter ce que j'ai vu ?
Mia ne lui avait avoué que récemment avoir des visions elle aussi. Si quelqu'un pouvait l'aider, c'était bien elle.
— Non, répondit-elle après avoir médité quelques instants. Ce que nous voyons se réalise toujours. Ce qui ne m'empêche pas de tout faire pour éviter ça. Il y a quelques semaines, Kyrin a rêvé que j'allais me casser la cheville. Il s'est ingénié à éviter que ça se produise... mais ça s'est produit quand même.
— J'ignorais que tu t'étais cassé la cheville.
Mia haussa les épaules et marmonna :
— Tu sais que je me remets très vite.
Cela signifiait-il que son sang d'origine extraterrestre avait de jour en jour plus d'influence sur elle ? Dallas, au fond, s'en fichait. Elle aurait pu être totalement alien qu'il l'aimerait toujours autant. Pour le moment, seul Jaxon importait. Et la nécessité de le maintenir en vie.
— Pourquoi avons-nous ces visions si nous ne pouvons les utiliser à notre avantage ? s'interrogea-t-il en mettant sa dernière lame à sa cheville.
Mia soutint son regard et fit la grimace.
— Si je le savais...
Elle lui tendit son pyroflingue et demanda en se levant :
— Alors, que comptes-tu faire ?
— Le'Ace ne pourra pas lui tirer dessus si elle est morte. Donc, je vais faire ce que j'aurais dû faire dès le départ.
Sa détermination était à présent sans faille.
— Je vais la tuer d'abord, conclut-il. Et je ne laisserai pas la crainte de perdre l'amitié de Jaxon m'arrêter.
La voiture filait en pilotage automatique dans les rues de New Chicago. Sur le siège passager, Mishka surveillait le portable de Jaxon, transformé pour l'occasion en récepteur isotonique et de fréquence vocale. La première fonction était réglée pour repérer à distance l'énergie dépensée par Nolan pour se mouvoir, la seconde était calée sur sa voix. Le curseur indiquant sa position sur la carte puisait sous ses yeux. Qu'il reste silencieux, qu'il se rende invisible ou qu'il se tienne immobile, elle le suivait à la trace.
— Dans cinq minutes nous l'aurons rejoint, annonça-t-elle. Il ne bouge plus.
— Je me demande ce qu'il fabrique... murmura Jaxon, les yeux dans le vague. Avait-il rendez-vous ? Et avec qui ?
Il avait pris le temps de passer un nouveau tee-shirt, avant de partir, ce qui permettait à Mishka de ne pas être distraite de sa tâche.
— Notre disparition pendant quelques jours a dû être une bonne chose, dit-elle. Il est d'un tempérament nerveux, et cette mise à l'écart lui a probablement forcé la main. Je suis prête à parier qu'il est mûr à présent pour nous révéler ses véritables intentions : soit nous trahir, soit nous tendre ses « frères » sur un plateau.
Jaxon lui adressa un sourire crispé et ajouta :
— Dans un cas comme dans l'autre, il devra mourir.
— Je sais.
Mishka se surprit à penser que l'extraterrestre allait lui manquer. D'une certaine manière, elle se sentait proche de lui. N'était-il pas, comme elle, à la recherche de quelque chose qu'il ne pourrait que détruire en le trouvant ? Pour Nolan, cet amour auquel il disait aspirer serait anéanti par le virus dont il était porteur. Et pour elle, d'où venait la menace ? Plus d'Estap, désormais. Mais si elle mourait sur la table d'opération, Jaxon parviendrait-il à s'en remettre ?
Elle s'était préparée à l'idée de devoir mourir, au terme de cette mission. À présent que cela n'était plus nécessaire et qu'elle était libre de prendre ses propres décisions, d'autres sujets d'inquiétude s'imposaient à elle. Jaxon pourrait-il être heureux avec elle, même si elle ne pouvait lui donner tout ce à quoi il aspirait ?
— Est-ce que tu veux des enfants ?
La question avait jailli de ses lèvres, sans qu'elle puisse la retenir. Jaxon, sourcils froncés, se tourna vers elle.
— Tu me prends de court... avoua-t-il. Pourquoi cette question ?
— Pour rien, répondit-elle en faisant mine de reporter son attention sur l'écran. Laisse tomber.
Quelle gourde je fais ! Naturellement, qu'il devait vouloir des enfants. Tous les hommes tenaient à ce que leur lignée se perpétue. Et même si elle pouvait lui offrir sa dévotion, son amour, sa protection, elle serait à jamais incapable de lui faire ce cadeau-là. Si elle survivait à l'opération, finirait-il par lui en vouloir ? Voire par la quitter un jour pour une autre ?
Mishka sentit les doigts chauds de Jaxon lui saisir le menton et l'inciter doucement à tourner la tête vers lui. Dans ses yeux qui la fixaient intensément, elle perçut une tendresse qui lui fit battre le cœur plus vite.
— Non, dit-il.
— Non quoi ?
— Non, je ne veux pas d'enfants.
— Tu mens ! décréta-t-elle, refusant d'y croire.
— Jamais je ne te mentirais. Enfin... sauf pour t'entraîner sous de faux prétextes dans un lit.
En le voyant plaisanter, Mishka ne put repousser les assauts de l'espoir qu'il faisait renaître en elle.
— Pourquoi ? insista-t-elle.
— Pourquoi je voudrais t'entraîner dans un lit ? Je n'arrive pas à croire que tu me poses la question...
Un rire enfantin jaillit des lèvres de Mishka.
— Tu sais ce que je veux dire.
Un désir sans fard assombrit les yeux de Jaxon quand il répondit :
— J'aime quand tu ris. Tu ne le fais pas assez souvent. Pourquoi je ne veux pas d'enfants ? Parce que je te veux pour moi tout seul, sans risquer que de petits monstres viennent s'interposer entre nous.
— Non... sérieusement.
— Mais je suis sérieux. Et puis si, après cinquante ou soixante ans de vie commune, je commence à supporter l'idée de te partager - ce qui ne risque pas d'arriver, alors ne te réjouis pas trop vite -, nous pourrons toujours adopter si tu décides que tu veux des enfants.
Cinquante ou soixante ans ! Mishka se mordit la lèvre pour ne pas pleurer. Là, à cette minute, elle tomba à nouveau amoureuse de lui. À ses tympans, elle entendait son pouls battre comme un tambour. Alors qu'il lui avait déjà tant donné, il s'arrangeait pour lui donner encore.
— Jaxon, je...
La voiture, en s'arrêtant devant un supermarché, l'empêcha de poursuivre.
— Nous y sommes, constata Jaxon.
Il s'était redressé sur son siège, tous les sens aux aguets. Métamorphosé, il était passé en l'espace d'une seconde du statut de tendre amant à celui d'agent en mission. Les yeux étrécis, il observait les alentours. Le soleil déclinait dans le ciel, emplissant les rues de pénombre. Une cinquantaine de personnes encombraient les trottoirs.
— Je ne vois pas tes amis, s'étonna Mishka.
— Ils doivent se planquer dans le coin.
Elle faillit lui demander de les appeler, puis elle se souvint qu'elle utilisait son portable.
Lucius apparut soudain côté conducteur et tapota du bout des doigts la vitre de Jaxon, qui déverrouilla les portières pour le laisser entrer.
— Il t'en a fallu du temps... maugréa-t-il.
Lucius s'était éclairci les cheveux et fait poser un piercing au sourcil. Le tatouage d'un python s'enroulant autour de son cou complétait le déguisement.
— Où sont les autres ? s'enquit Jaxon.
— Eden et Devyn surveillent nos arrières, au cas où l'X-tro déciderait de faire demi-tour.
— Devyn serait-il capable de l'immobiliser ? demanda Mishka, qui n'avait pas oublié sa mésaventure. Même s'il est invisible ?
Lucius secoua négativement la tête et répondit :
— Il préfère ne pas essayer. Même avec le scanner, il ne peut le voir pour cibler son offensive mentale. Et s'il vise plus large et que Nolan se révèle immunisé, il se saura découvert et pourra s'enfuir.
Jaxon poussa un soupir dépité.
— Alors comment allons-nous faire ? dit-il. Je sais que nous pouvons le localiser sur le portable, mais si nous sommes incapables d'épier ses faits et gestes, je vois mal comment nous pourrons nous emparer de lui.
— Donnez-moi une minute, intervint Mishka. Je pense pouvoir vous dire ce qu'il fait.
Du moins, je l'espère... Elle n'utilisait que rarement cette fonction. Les deux hommes la dévisageaient, incrédules.
— Comment vas-tu t'y prendre ? demanda Jaxon.
— La puce, répondit-elle, laconique.
J'ai besoin de voir la chaleur corporelle.
Vision infrarouge enclenchée.
Aussitôt, le monde autour d'elle commença à s'effacer. Quand il ne fut plus que ténèbres, des ombres rouges s'y animèrent, certaines d'un rouge sombre, d'autres plus lumineuses. Il y en avait même qui clignotaient, signalant la présence d'extraterrestres aux alentours.
Effacement des traces d'origine humaine, ordonna-t-elle à la puce. Sauf celle de l'humain assis à côté de moi, ajouta-t-elle, espérant que ce serait possible.
D'un coup, la plupart des ombres s'effacèrent. Mishka tourna la tête vers Jaxon, heureuse de distinguer une silhouette d'un rouge franc à l'endroit où il se tenait.
Peux-tu te connecter au récepteur isotonique, et te concentrer sur le Schôn, à l'exception des autres aliens ?
Tentative.
Plusieurs secondes s'écoulèrent sans que rien ne se produise.
— Mishka ? s'inquiéta Jaxon.
— J'essaie de me focaliser sur Nolan, répondit-elle. Autour d'elle, toutes les ombres s'effacèrent, sauf une.
Celle-ci, d'un rouge éclatant, puisait littéralement.
Tentative réussie.
— Je l'ai ! annonça-t-elle. Il est seul. Je ne distingue rien d'autre que son empreinte infrarouge et la tienne, maintenant.
Nolan se tenait à l'angle d'un immeuble, d'où il pouvait observer le parking aussi bien que tous ceux qui entraient et sortaient du supermarché.
— Il ne bouge pas, mais...
Alors qu'elle parlait, la trace laissée par Nolan avait filé vers la droite.
— Attends ! Il part. Jaxon, est-ce que tu as ton oreillette ?
— Oui, répondit-il de mauvaise grâce. Pourquoi ?
— Tu n'as qu'à le suivre. Je vais te guider jusqu'à lui, te dire ce qu'il fait, où il va.
— Pas question que je t'abandonne dans cette voiture !
Que craignait-il ? Que Lucius s'en prenne à elle ?
— Il n'y a pas d'autre solution, insista-t-elle. Je serais un obstacle pour toi si je t'accompagnais sans rien y voir. Je me cognerais partout et attirerais l'attention.
— Si tu es sans défense dehors, tu l'es aussi dedans. Oui, il s'inquiétait pour elle...
— Tant que je peux être utile à attraper le Schôn, tes amis ne s'en prendront pas à moi. En plus, Lucius peut s'installer au volant et conduire la voiture.
— Avec grand plaisir, intervint l'intéressé. Ne t'inquiète pas, je prendrai soin d'elle.
Mishka entendit Jaxon étouffer un juron, pousser un soupir, puis sortir l'oreillette de son étui. Ensuite, il déposa un trop rapide baiser sur ses lèvres, glissa le récepteur dans sa main et claqua sèchement la portière derrière lui.
— Est-ce que tu me reçois ?
Sa voix résonna dans l'habitacle, même s'il n'avait fait que murmurer.
— Cinq sur cinq, répondit-elle.
Le halo rougeâtre signalant sa présence apparut dans son champ de vision.
— Nolan vient de tourner à droite, lui indiqua-t-elle. Tu dois être à vingt pas derrière lui.
Mishka sentit Lucius lui effleurer l'épaule en se glissant entre les sièges pour s'installer au volant.
— Tu as suivi tout ça ? demanda-t-il.
Elle ouvrit la bouche pour lui répondre, mais se ravisa en percevant le murmure de la voix d'Eden dans son oreillette.
— Oui.
— Où sont-ils, maintenant ? reprit Lucius. Mishka, qui observait Jaxon se rapprocher de Nolan, ne lui répondit pas.
— Le'Ace ? insista-t-il.
— Oui ?
— Où sont-ils, maintenant ?
Oups ! C'était donc à elle qu'il s'adressait cette fois...
— Ils se dirigent vers l'est. Nolan est toujours en marche. Jaxon, tu es maintenant à une quinzaine de pas derrière lui. Laisse-toi distancer un tout petit peu.
Mishka entendit Lucius tripoter le tableau de bord.
— Mode manuel ! ordonna-t-il à voix haute.
Quelques bourdonnements se firent entendre, signalant l'ouverture de panneaux de commande, puis le véhicule quitta son emplacement. L'homme qui venait de se mettre au volant intriguait beaucoup Mishka. Elle aurait voulu lui demander comment il avait rencontré Eden et comment deux tueurs appointés parvenaient à être heureux ensemble, mais ses questions devraient attendre.
— Nolan vient de tourner à droite, annonça-t-elle.
La voiture prit un peu de vitesse, et bientôt, ils tournèrent eux aussi. Mishka se cala dans son siège et s'arrangea pour maintenir en place sans les voir le portable de Jaxon et le récepteur de l'oreillette. De nouveau, elle distinguait les deux ombres rouges, et elle vit que Jaxon était encore une fois dangereusement proche de Nolan.
Tous deux continuèrent sur leur lancée un moment encore, puis Nolan tourna à gauche, ce que Mishka s'empressa de relayer.
— Où est-ce qu'il va, comme ça ? marmonna Lucius.
— Il s'est arrêté ! annonça-t-elle soudain. Il agite les bras. Tu es presque sur lui. Recule un petit peu.
Une seconde s'écoula, puis deux, puis trois.
— Nous sommes dans une allée latérale, chuchota Jaxon. Une impasse.
— Ça ne sent pas bon... maugréa Lucius.
Un bruit de poignard tiré de son fourreau de synthé-cuir se fit entendre, puis :
— Ce salaud ne s'engagerait pas dans une impasse sans avoir une idée derrière la tête.
Le cœur de Mishka se mit à battre plus fort. Un voile de sueur perla à son front tandis qu'un doute affreux lui venait. Elle avait demandé à la puce de se concentrer sur le Schôn alors qu'il se trouvait immobile dans un espace donné. Mais peut-être le processeur avait-il besoin d'actualiser ses données ?
Autres aliens visibles à la vision infrarouge ?
Élargissement du champ de vision. Rafraîchissement des données.
Un instant plus tard, comme par enchantement, huit autres silhouettes rouges lui apparurent. Toutes étaient très vives et entouraient Nolan. Le cœur au bord des lèvres, Mishka vit que le groupe s'approchait de Jaxon.
— Jaxon, ils sont là ! s’écria-t-elle. Nolan a rejoint les autres Schôn dans l'impasse et ils viennent vers toi ! Ne les laisse pas te rejoindre ! Commence à tirer !
Une portière claqua, faisant tanguer la voiture. Mishka entendit Lucius s'éloigner au pas de course sur le trottoir. Je dois voir ce qui se passe ! songea-t-elle désespérément.
Retour aux paramètres normaux de la vision.
Tandis que le monde retrouvait pour elle son aspect coutumier, Mishka bondit hors du véhicule. Tombant de son giron, le portable de Jaxon et le récepteur de l'oreillette se fracassèrent sur le trottoir sans qu'elle y prête attention. Déjà, elle se lançait sur les traces de Lucius. Le soir venu, la lumière avait déjà singulièrement décliné. Quelques voitures encombraient encore la chaussée, mais il n'y avait plus aucun piéton sur ces trottoirs sales et mal fréquentés.
Il y avait d'autant moins de monde qu'elle était à présent incapable de distinguer les Schôn...
Les rayons bleus des pyroflingues illuminèrent soudain l'impasse devant laquelle elle venait de déboucher. Elle entendit Jaxon grogner, puis jurer. D'autres rayons zébrèrent l'impasse enténébrée.
Une fureur noire obscurcit l'esprit de Mishka, qui dégaina son flingue et un poignard. Personne ne s'en prendrait à l'homme qu'elle aimait sans avoir à rendre de comptes. Rien que pour cela, le Schôn devrait mourir.