9
Jamais Jaxon n'avait été en proie à une telle fureur. Et tout cela à cause d'une femme...
Le'Ace avait commis plusieurs erreurs fatales ce soir-là. La première avait été d'oublier son portable sur la table de chevet, ce qui lui avait permis d'appeler Dallas. Elle lui avait également ainsi fourni l'occasion de trafiquer l'appareil afin de mieux pouvoir la retrouver, ce qui constituait sa deuxième erreur. La troisième avait été de saboter la moto qu'il avait trouvée dans le garage en s'imaginant qu'il ne pourrait la réparer. Enfin, la quatrième et la plus grave : elle l'avait embrassé avant de l'abandonner pour rejoindre un autre homme.
Il était entré dans sa chambre avec l'intention de l'adoucir pour la faire parler. Mais dès qu'elle était sortie de la salle de bains, nue, humide, c'était lui qui s'était adouci. Sur le plan émotionnel, du moins. Car sur le plan physique, une certaine partie de son anatomie s'était subitement durcie, et plus rien n'avait compté à ses yeux qu'une fringale sexuelle qui le poussait exclusivement vers elle.
Quand elle lui avait demandé, aussi vulnérable qu'une adolescente, de faire comme si c'était son premier baiser, le dossier « Schôn » et les menaces qu'il faisait peser avaient cessé d'exister. Soit Mishka était une actrice de premier ordre - ce qui n'était pas à exclure étant donné la prestation de « Marie » -, soit elle avait été violée à un moment de son existence. La seconde hypothèse lui paraissait la bonne. Il avait interrogé suffisamment de victimes de violences sexuelles pour reconnaître les signes qui ne trompaient pas : l'attitude hésitante, le regard hanté, la découverte bouleversante du premier orgasme.
« Pour survivre, je dois faire ce qu'on m'ordonne de faire », lui avait-elle dit. Cela, également, le plongeait dans l'inquiétude. Par quoi se sentait-elle menacée ? Quelles basses œuvres se sentait-elle obligée d'accomplir pour « survivre » ? Et que s'imaginait-elle qu'il lui arriverait si elle désobéissait ? Pourquoi, en restant auprès de lui, mettait-elle sa vie en danger ?
À toutes ces questions, Jaxon n'avait pas de réponse.
En s'appuyant sur la canne qu'il avait pris la précaution d'apporter, il laissa son regard courir sur elle. Sa poitrine se soulevait irrégulièrement, comme si elle ne parvenait pas à reprendre son souffle. Ses jambes tremblaient, comme sur le point de se dérober sous elle, et elle était extrêmement pâle. Les pointes de ses seins ne se devinaient pas, ce qui signifiait que cette ordure d'alien ne l'excitait pas. Il se détendit un peu... jusqu'à ce que le Schôn tende la main pour toucher le bras de Mishka.
Un brusque accès de jalousie fulgura en lui, qui le mit en colère contre lui-même autant que contre elle. De justesse, il parvint à ne pas se jeter sur le Schôn, capable qu'il se sentait de le tuer sur-le-champ. Il ne se détendit qu'en la voyant repousser la main de l'alien. Jamais aucune femme ne lui avait semblé aussi douce. Il n'en avait jamais caressé aucune qu'il savait à ce point faite pour lui. Dès qu'il avait posé les mains sur elle, Mishka était devenue sienne, et il n'était pas prêt à partager, même pour le bien d'une mission.
Jaxon s'avança, s'efforçant d'afficher un visage de marbre, même si sa cheville et son poignet lui faisaient souffrir le martyre. Il avait immédiatement repéré dans la salle trois hommes qui devaient être les complices de Le'Ace. Deux faisaient mine de jouer au billard, le troisième flirtait sans conviction avec une jeune fille. Tous trois semblaient trop aux aguets pour n'être là que par hasard.
Le'Ace, à son tour, fit un pas et le rejoignit au milieu de la salle. La panique - et le soulagement ? - faisait scintiller ses yeux vert émeraude.
— Qu'est-ce que tu fous là ? chuchota-t-elle d'un air féroce.
Jaxon soutint son regard en faisant de son mieux pour ne pas trahir son propre soulagement.
— Tu n'es pas la seule à bien faire ton boulot, répondit-il.
— Beau travail, en effet ! C'est ce qui s'appelle se mettre inutilement en danger.
— J'ai suivi ton exemple.
— Tu as bousillé ma couverture, idiot !
Par-dessus son épaule, Jaxon jeta un bref coup d'œil à l'alien qui ne les quittait pas du regard.
— Ta cible est ferrée, constata-t-il. Il a déjà envoyé balader trois soupirantes pour ne pas te quitter des yeux. Tu as réussi à attirer son attention. Mission accomplie.
Les yeux étrécis, elle le foudroya du regard.
— Ma mission consistait à en apprendre davantage à son sujet. Maintenant, il va se méfier de moi et la boucler. À moins...
A moins qu'elle ne réussisse à le séduire ? L'aveu, implicite, le fit voir rouge.
— Tu veux en apprendre plus sur lui ? Très bien ! Tu n'as qu'à me ramener à votre table, me présenter comme ton frère et la boucler. Je t'obtiendrai les réponses que tu attends. Mais si tu le touches encore, ne serait-ce qu'une fois...
— Il ne voudra jamais croire que tu es mon frère, l'interrompit-elle. Il n'est pas stupide.
— Alors dis-lui que je suis ton mec. Honnêtement, je m'en branle du moment qu'on en termine rapidement.
Le'Ace en eut le souffle coupé et un frisson la parcourut. Ce que Jaxon vit flamber dans son regard ne pouvait être que du désir. Ainsi, elle était excitée lorsqu'il ne censurait plus ses paroles ni ses actes. Il s'était douté qu'elle l'appréciait tel qu'il était et cette confirmation lui semblait aussi délicieuse que l'avaient été ses baisers.
— Je lui ai dit que je n'avais personne, objecta-t-elle, sans animosité.
— Alors dis-lui que tu as menti.
— Non.
— Tu sais quoi ? conclut-il, à bout de patience. J'ai une meilleure idée.
Sans lui laisser le temps de répliquer, Jaxon la contourna et se dirigea aussi dignement que possible vers la table ou patientait le Schôn. Jamais il n'avait été si conscient de ses blessures et ne les avait autant détestées.
Décidé à jouer le petit ami furieux même si Le'Ace avait prétendu être libre, il foudroya l'alien d'un regard meurtrier et lança :
— Elle est à moi !
Il avait fait preuve de suffisamment de conviction pour se leurrer lui-même.
— C'est ce que j'ai cru comprendre, répondit le Schôn.
Il s'était exprimé calmement. Jaxon avait même cru percevoir dans son étrange voix dédoublée une nuance de sympathie et de curiosité.
Sa première réaction fut néanmoins d'arrêter ce salaud sur-le-champ. Il connaissait le mal dont ceux de sa race se rendaient coupables. Il avait pu le constater de ses propres yeux, et il lui avait fallu achever sciemment les humaines contaminées par ses congénères. De plus, il aimait avoir une situation sous contrôle. Mettre cette créature sous les verrous lui offrirait une plus grande maîtrise de ce dossier. Mais Jaxon connaissait également l'importance de la phase d'observation sur le terrain avant de procéder à toute arrestation. Il savait que parfois, le meilleur moyen pour obtenir des réponses était de se contenter d'observer, d'attendre, et de resserrer les mailles de son filet.
Découvrir où se cachaient les autres Schôn, comment ils opéraient, quels étaient leurs pouvoirs et leurs armements constituait des objectifs prioritaires. Certains aliens étaient capables de se déplacer en hypervitesse. D'autres pouvaient imposer leur volonté par la pensée. Il y en avait même dont le petit talent consistait à traverser les murs.
Faible comme il l'était, il ne voulait pas prendre le risque de rater son coup, son adversaire ne devait pas apprendre que l'A.I.R. était sur ses traces.
— Vous êtes souffrant, constata l'alien en lui désignant une des chaises libres. Asseyez-vous. S'il vous plaît.
Il se montrait si poli, insouciant... Pas du tout la réaction à laquelle Jaxon s'était attendu.
— Je suis venu ici pour vous botter les fesses.
Le Schôn sourit, mais son expression témoignait bien plus de son amusement que d'une attitude de défi.
— Ça, je m'en doute.
Il avait eu l'élégance de ne pas relever ce que la menace de Jaxon avait de ridicule. Lui qui paraissait tout juste capable d'ouvrir sa braguette pour aller pisser aurait eu bien du mal à triompher d'un géant tel que lui.
— Quoi qu'il en soit, reprit l'alien, je tiens à préciser qu'il ne s'est rien passé entre votre femme et moi. J'avais besoin de discuter avec quelqu'un et elle a bien voulu échanger quelques mots avec moi.
Votre femme... Ces deux mots flattaient l'instinct de possession de Jaxon et apaisaient sa colère.
— Peut-être, admit-il d'un ton radouci. Mais vous aviez d'autres intentions la concernant.
Plutôt que de lui répondre, l'alien fit signe à la serveuse d'approcher et commanda une tournée de bières.
— Dernière opportunité de vous asseoir, susurra-t-il. Permettez-moi de vous offrir un verre. Vous paraissez en avoir besoin.
Conscient qu'en s'obstinant dans son attitude de refus il risquait de faire fuir le Schôn, Jaxon prit le siège qu'il lui présentait en faisant de son mieux pour paraître pacifié et épuisé par la station debout prolongée. Une fois assis, il tira une autre chaise et fit signe à Le'Ace de venir s'y asseoir.
Toujours debout au centre de la salle, elle l'observait sans parvenir à reprendre contenance. J'ai goûté ses lèvres. Je l'ai serrée contre moi. Je l'ai fait jouir... Ces considérations l'enivraient. Avec sa robe noire moulante et ses gants, Le'Ace incarnait la féminité.
— Elle aime se rendre insupportable, confia-t-il à l'alien sans cesser de la regarder. Mais son seul mec, c'est moi !
— Je n'en ai jamais douté, répondit le Schôn avec un autre de ses sourires énigmatiques. Je fais aux femmes un tel effet que même les plus fidèles peuvent s'y laisser prendre. Sans cela, jamais elle ne serait venue me rejoindre. Je l'ai tout de suite compris.
Vraiment ? Comment avait-il fait ?
Le'Ace vint les rejoindre. Boudeuse, elle prit le siège que Jaxon lui avait offert et croisa les bras. Il comprit qu'elle avait choisi d'endosser le rôle de la petite amie en colère.
— Nolan, je te présente Jay, dit-elle. Jay, Nolan. Vous savez tous les deux que je suis Jane, nous voilà donc officiellement présentés.
Jaxon admira la manœuvre. Glisser ainsi dans la conversation le pseudonyme qu'elle s'était choisi l'empêcherait de compromettre sa couverture. Enfin... plus qu'elle ne l'était déjà. Faisant mine de lui battre froid, il reporta son attention sur « Nolan », alias aussi transparent que l'étaient « Jane » et « Jay ».
— Une bagarre ? s'enquit celui-ci en désignant sa canne du regard.
— Non, maugréa-t-il. Accident de moto.
— Ah.
Jaxon dévisageait l'extraterrestre sans chercher à masquer sa curiosité.
— De quelle race êtes-vous donc ? demanda-t-il de but en blanc. Je n'arrive pas à vous situer...
Une question dont Jaxon connaissait la réponse et qui n'avait pour but que de tester sa sincérité. Celui-ci ne parut pas se formaliser de sa brusquerie et répondit :
— Les humains nous ont baptisés « Schôn ». Jaxon haussa les épaules pour masquer sa surprise de le voir revendiquer son appartenance.
— Jamais entendu parler.
Nolan eut lui aussi un haussement d'épaules et répliqua :
— Cela ne signifie pas que nous n'existons pas.
La tournée de bières commandées arriva. La serveuse, une fausse blonde assez vulgaire aux lèvres tartinées de rouge et aux seins trop opulents, s'attarda pour demander en caressant d'un doigt la mâchoire de Nolan :
— Puis-je faire autre chose pour vous ?
— Non, merci, répondit-il avec sa politesse coutumière.
Presque en transe, la jeune femme soupira de déception.
— Laisse-nous, ajouta Nolan.
Bien qu'à regret, l'intéressée s'exécuta.
Jaxon but une gorgée de bière en observant son interlocuteur par-dessus le rebord de son verre.
— Vous êtes là depuis longtemps ? s'enquit-il.
— Quelques semaines, répondit vaguement le Schôn.
— Content d'être ici ?
Ce qui ressemblait fort à de la tristesse altéra brièvement les traits trop parfaits de l'alien.
— Non. Devoir quitter sa patrie n'est jamais plaisant.
— Pourquoi l'avoir fait, dans ce cas ?
Jaxon avait posé la question par pure curiosité, mais tous ses sens étaient en alerte. Nolan lui disait-il la vérité ou cherchait-il à l'embobiner ? Et s'il jouait la comédie, dans quel but ? Soupçonnait-il quelque chose ?
Des centaines de minuscules étoiles illuminaient les yeux du Schôn fixés sur lui, mais celles-ci paraissaient s'éteindre l'une après l'autre à chaque millième de seconde qui passait.
— Parfois, seul l'exil permet de survivre, répondit-il.
C'est donc la survie qui les motive...
— Votre planète était en train de mourir, ou quelque chose comme ça ? intervint Le'Ace.
Les coudes posés sur la table, elle donnait l'impression de boire la moindre de ses paroles.
— Quelque chose comme ça, oui.
Imitant Jaxon, Nolan porta le verre à ses lèvres. Lui, cependant, le vida d'un trait.
— Parlez-moi plutôt de vous, reprit-il. Je suis fasciné par tout ce qui concerne ce que vous appelez l'amour.
— Je ne suis pas amoureuse de lui, confia Le'Ace, les yeux rivés sur ses doigts. Cela m'est impossible.
Difficile de ne pas déceler l'incertitude dans le ton de sa voix. Bien joué... songea Jaxon avec amertume. Peut-être, après tout, était-elle suffisamment bonne actrice pour s'être jouée de lui. Peut-être n'avait-elle jamais été agressée sexuellement et ne faisait-elle que simuler. Il savait qu'elle ne l'aimait pas, mais cette hésitation qu'elle avait réussi à glisser dans sa confession - comme si, peut-être, un amour pourrait exister - lui semblait un coup de maître.
— Elle m'a sauvé la vie, compléta Jaxon. C'est elle qui m'a tiré de cet accident et qui a fait en sorte que je sois soigné.
S'en tenir autant que possible à la vérité constituait le meilleur moyen de ne pas commettre d'impair. Nolan fronça les sourcils et conclut :
— Donc, cela ne fait pas très longtemps que vous vous connaissez.
— Parfois, il ne faut pas plus d'une seconde. Jaxon n'avait fait qu'énoncer une vérité. Un regard posé sur Le'Ace avait suffi pour qu'elle devienne une obsession pour lui. Dès le départ, il n'y avait pas eu que sa beauté pour le fasciner - la complexité de sa personnalité, les mystères qui l'entouraient l'attiraient tout autant.
— Vous me dites la vérité, constata Nolan, plus détendu.
Cela le surprenait-il ?
— Avez-vous une petite amie ? s'enquit Le'Ace.
De nouveau, elle faisait mine d'être captivée par lui.
— Jane... prévint Jaxon d'un ton menaçant.
— Qu'est-ce qu'il y a ? feignit-elle de s'étonner en battant des cils.
— Essayer de me rendre jaloux n'est pas très avisé.
— Essayer ?
Elle se mit à rire d'un air désinvolte que démentait la dureté de son regard. Nolan l'imita.
— Vous ne vous ennuyez jamais avec elle, n'est-ce pas ? lança-t-il à l'intention de Jaxon.
— Non. Malheureusement.
Mishka Le'Ace était aussi fantasque et indomptable qu'une femme peut l'être, peut-être même davantage que Cathy Savan-Holt. Pourtant, cette fois, il n'avait pas envie de prendre ses jambes à son cou. Il était incapable de renoncer à résoudre l'énigme qu'elle lui posait.
Le sourire de Nolan se fit de plus en plus éclatant, jusqu'à illuminer tout son visage.
— Je me demandais combien de temps il faudrait à l'A.I.R. pour me retrouver, dit-il enfin. J'étais également curieux de savoir lesquels de ses agents elle m'enverrait. Je dois dire que le choix qu'elle a fait n'est pas pour me déplaire.
En entendant l'alien mentionner l'agence, Jaxon ne put s'empêcher de tressaillir. Nolan savait donc à quoi s'en tenir. Il l'avait su dès le départ. Le'Ace, elle aussi, s'était redressée et figée sur son siège.
Il aurait pu nier, jouer l'incompréhension, mais Jaxon savait le Schôn trop intelligent pour se laisser berner. Il lui fallait passer à l'attaque. En se saisissant subrepticement du couteau glissé à sa ceinture, il demanda :
— Pourquoi êtes-vous ici ? Pourquoi ne pas vous être enfui ? Vous avez délibérément cherché le contact avec nous, n'est-ce pas ?
Une lueur de farouche détermination brilla dans le regard de Nolan lorsqu'il répondit :
— Pourquoi suis-je ici ? Disons que je suis las de la vie que je mène et des méfaits perpétrés par mes frères. Pourquoi ne pas m'enfuir ? Même réponse. Ai-je cherché à vous rencontrer ? Oui.
— Vos frères ? répéta Jaxon, décidé à ne rien laisser dans l'ombre. Vos frères de race ?
L'extraterrestre acquiesça d'un hochement de tête et ajouta :
— Ceux que vous recherchez. Ceux qui tuent vos femmes.
Le'Ace eut un rire sans joie et lança d'un ton caustique :
— Et vous, vous voulez nous aider à les arrêter ?
— Ce que je voudrais vraiment et ce que je m'apprête à faire, ce n'est pas la même chose. Donc, pour répondre à votre question : oui, je veux vous aider.
Le'Ace leva les yeux au plafond et lança sèchement :
— S'il vous plaît, arrêtez... J'ai peut-être été assez stupide pour m'imaginer vous avoir leurré, mais je ne le suis pas assez pour croire que vous allez trahir les vôtres pour nous venir en aide par pure bonté d'âme !
Jaxon aurait préféré mener l'entretien seul, mais il savait que Le'Ace ne se tairait pas et qu'il devait s'accommoder de sa présence. Faisant fi de sa remarque, il ajouta :
— Prouvez-nous la sincérité de vos intentions. Répondez à quelques-unes de nos questions. Pourquoi les vôtres contaminent-ils nos femmes ?
Nolan poussa un soupir à fendre l'âme et répondit :
— Parce que nous ne pouvons faire autrement.
La table vibra sous le poing de Le'Ace qui venait de s'abattre.
— Conneries ! s'emporta-t-elle.
Jaxon lui lança un regard menaçant pour l'inciter à se calmer, mais elle lui rendit la monnaie de sa pièce en l'ignorant à son tour.
— Dites-nous où trouver les autres. Ça, c'est le meilleur moyen de nous aider.
Un rire amer souleva les lèvres de Nolan, révélant deux rangées de dents qui paraissaient plus acérées que quelques minutes plus tôt.
— Vous pensez que c'est si facile ? railla-t-il. Vous vous imaginez qu'il vous suffit de savoir où ils sont pour aller les arrêter ?
— Oui.
Jaxon fit glisser son couteau sur son genou et se tourna vers Le'Ace. Si Nolan esquissait un geste pour s'en prendre à elle, il le lui ferait payer de sa vie sans la moindre hésitation. Mais en se faisant cette promesse, il réalisa qu'elle aussi s'était préparée à tout, comme lui. Son accès de colère lui avait permis de tirer de sa chaussure un poignard qu'elle gardait à portée de main.
Manifestement, c'était lui bien plus qu'elle-même qu'elle cherchait à protéger ainsi.
Jaxon n'eut pas le temps de se remettre de cette révélation ni de savourer le plaisir qu'elle lui procurait. Brusquement, Nolan se leva, aussitôt imité par « Jane » et « Jay ». Renonçant à dissimuler son arme, Jaxon la brandit devant lui. Le'Ace l'avait devancé et braquait un pyroflingue sur l'alien, visant le cœur. Elle fit feu. Le rayon bleu du faisceau incapacitant passa au-dessus de l'épaule du Schôn, qui venait de plonger pour l'éviter.
Nolan se mit à rire et lança :
— Nous nous retrouverons. Je n'ai aucun doute là-dessus.
Il reculait vers le mur, contre lequel il allait finir par buter.
— Stop ! cria Le'Ace en tirant de nouveau.
Une fois encore, il parvint à esquiver le rayon paralysant. Son dos s'enfonça dans le mur qui parut l'engloutir. Du Schôn, il ne restait plus rien.