4

 

 

Dallas Guttierez endurait chaque jour trois migraines à se fracasser le crâne contre un mur. Tout le monde présumait qu'il s'était mal remis d'une giclée de pyroflingue. Tout le monde se trompait.

Alors qu'il gisait inconscient sur un lit d'hôpital, on lui avait délibérément perfusé du sang d'Arcadien - du sang d'alien. Plusieurs mois s'étaient écoulés, mais le processus de restauration des fonctions lésées par leur équivalent extraterrestre se poursuivait. Déjà, il n'était plus certain de la part d'humanité qui demeurait en lui - si tant est qu'il lui en restait encore une...

Désormais, il guérissait avant que le moindre mal ait pu s'enraciner en lui. Une bonne chose, il n'aurait pu dire le contraire. Il était également plus rapide que jamais, au point de glisser parfois dans un état d'hypervitesse dont il ne pouvait sortir qu'à l'épuisement complet de son corps. Cette nouvelle capacité n'était pas à dédaigner non plus. Parfois, il lui suffisait de donner un ordre pour voir des gens qui ordinairement l'auraient envoyé se faire foutre lui obéir comme s'ils n'avaient d'autre raison dans l'existence que celle de lui faire plaisir. Autre truc assez cool, non ?

Parfois, également, il lui arrivait de voir des choses qui ne s'étaient pas encore produites. De mauvaises choses, d'horribles choses, qui lui donnaient envie de gerber.

Dallas passa une main sur son visage las. La nuit dernière, il avait eu une vision plus funeste encore que toutes les précédentes. Il avait vu son ami, Jaxon Tremain, sangloter et supplier qu'on l'épargne. Pas ça ! Pitié ne fais pas ça ! criait-il à genoux, le visage noyé de larmes.

Un homme en train de crier grâce : chose anodine. Mais le calme et réservé Jaxon Tremain n'aurait jamais supplié quiconque ainsi, fût-ce pour sa propre vie. La priorité était de savoir quelle circonstance extrême allait pousser son collègue à de telles extrémités.

L'appréhension serrait l'estomac de Dallas. Cette vision ne pouvait pas être réelle. Même quand il avait failli perdre un bras lors d'un échange de tirs, Jaxon n'avait pas versé une larme. Pourtant, jusqu'à présent, les « flashs » de Dallas s'étaient toujours avérés fondés. Ce qu'il ignorait, c'est si la scène s'était déjà produite ou s'il était encore temps d'agir.

S'arrachant à ses idées noires, Dallas demanda à son chef :

— Répétez-moi ce que ces pontes du gouvernement vous ont dit.

Jack Pagosa, les coudes posés sur son bureau, semblait faire le gros dos. Depuis toujours, il ressemblait à un Père Noël sous stéroïdes. Épaisse barbe blanche. Bonnes joues rondes, larges épaules et bedaine généreuse. La flanelle, en toute circonstance, était son costume de prédilection. Celle qu'il arborait ce jour-là, verte et bleue, était assortie à la couleur de ses petits yeux rusés.

Cela faisait onze ans que Dallas travaillait sous ses ordres et il avait toute confiance en lui. Lorsque le patron avait appris que Mia, la partenaire et meilleure amie de Dallas, était pour moitié Arcadienne, il aurait pu la virer. Il aurait été d'autant plus enclin à le faire qu'elle s'était opposée à des agents de l'A.I.R. pour sauver son amant X-tro. Pourtant, il n'en avait rien fait. Au contraire, il lui avait donné du galon.

— Jaxon a été enlevé par un groupe de Délenséens qui l'ont torturé, résuma Pagosa d'un ton lugubre. Il a été tiré de leurs griffes par un agent infiltré, et même si son état a été jugé critique, il a été soigné et se rétablit peu à peu.

Pourquoi a-t-il été enlevé ?

— Je l'ignore.

Pour lui répondre, Jack avait détourné les yeux, signe qu'il mentait. Réalisant qu'il s'était trahi, il se hâta de reporter son attention sur lui. Que lui cachait-il ainsi ?

Pourquoi nous empêche-t-on de le voir ? reprit Dallas d'un ton insistant.

Jack passa nerveusement une main sur son visage avant de lui répondre.

— Tu m'as déjà posé la question des milliers de fois, et j'ai toujours la même réponse à te faire, Dal... Je suppose qu'ils l'ont mis en quarantaine au cas où ses ravisseurs l'auraient exposé à quelque produit toxique.

— Conneries ! s'exclama Dallas d'une voix grondante. Même s'il était en quarantaine, on devrait nous permettre d'entrer en contact avec lui. Ils ne veulent même pas nous dire où il est !

Pagosa parut hésiter avant d'ajouter :

— Écoute... je ne devrais pas te le dire, mais on m'a donné un numéro provisoire où j'ai pu le joindre. Lui ne s'en souvient sans doute même pas, mais j'ai pu lui parler. Il paraissait plus shooté qu'un junkie et il a refusé de me répondre quand je lui ai posé quelques questions précises. À présent, ces enfoirés d'officiels refusent même que je lui dise bonjour. Selon eux, je n'ai fait qu'aggraver les choses.

— Il se passe quelque chose, Jack. C'est plus grave que ce qu'ils veulent bien nous dire.

Plus grave que ce que vous voulez bien me dire.

— Probablement, admit-il les doigts pinces sur son nez. Mais je te le répète : la situation nous échappe et nous avons les mains liées. Il est en vie. Il est soigné. Tu dois te contenter de ça et laisser tomber.

— Laisser tomber ? s'emporta Dallas.

Des clous !

— Cela fait quatre semaines qu'il a disparu, reprit-il. Aucun de nous n'a été autorisé à le voir. S'il est vraiment en quarantaine, je m'inclinerai. Mais je refuse d'être ainsi coupé de lui ; je dois pouvoir l'appeler. Jaxon est comme un frère, pour moi.

— Je n'en sais pas plus, OK ? s'impatienta Jack, le visage empourpré par la colère. Inutile d'insister !

Dallas s'adossa à son siège et étendit ses longues jambes devant lui. Tout en se frottant le menton, il examina les options qui lui restaient. Il ne souhaitait pas exercer sur son patron ses facultés nouvelles. D'ailleurs, il préférait ne pas les utiliser du tout. Il n'était même pas sûr de pouvoir le faire volontairement. Celles-ci se manifestaient à leur guise, ne laissant que chaos derrière elles. En plus, se servir de ses pouvoirs revenait à laisser la part extraterrestre - la part sombre - de sa personnalité prendre le contrôle. Était-ce réellement ce qu'il voulait ?

Il n'avait même pas besoin d'y réfléchir. La cause était entendue. Pour Jaxon, il était prêt à tout.

Depuis que Dallas avait été blessé, le vide s'était fait autour de lui. La plupart de ses collègues le craignaient et gardaient leurs distances. Il savait avoir changé, mais que pouvait-il y faire ? Il n'y avait plus que Mia, Jack et Jaxon pour le traiter comme ils l'avaient toujours fait. Jaxon était un homme d'honneur, un homme beaucoup plus admirable qu'il ne l'était lui-même. Il méritait toute l'aide que Dallas pouvait lui apporter. Et s'il lui fallait pour cela céder à la part sombre de son être, le mieux était encore de s'y mettre tout de suite.

Concentre-toi ! Dallas ferma les yeux, inspira à fond.

— Une petite sieste, Guttierez ? maugréa Jack. Ce n'est pas pour ça que je te paye.

— J'ai besoin de réfléchir.

— Va réfléchir dans ton bureau.

— Jack... protesta-t-il dans un grondement sourd. Un long silence, ponctué par un soupir.

— D'accord, fais comme chez toi... lâcha enfin Pagosa.

Un bruit de papier froissé, celui d'un tiroir qu'on ouvre.

— Parfois, reprit-il avec irritation, je me demande ce qui me retient de te mettre à pied pour la semaine.

Faisant fi des bruits ambiants, Dallas plongea au plus profond de son être et ne s'arrêta qu'en atteignant l'endroit reculé où il avait tenté de reléguer ses facultés nouvelles. Il les sentit l'accueillir, tournoiement de lumières vives dans un monde de ténèbres. Il ne savait ni les distinguer ni de quelle manière les utiliser. S'il glissait sans l'avoir voulu dans l'hypervitesse, Jack ne serait plus capable de le voir ni de l'entendre, mais cela ne lui servirait pas à grand-chose.

Tu n'es pas un alien, lui serina la voix de la raison. Ton boulot est d'arrêter les extraterrestres qui se permettent de faire ça. C'est contraire à la loi. Pour ignorer ces conseils, il n'eut qu'à penser à Jaxon et à se rappeler que, pour lui, il était prêt à tout. Son ami n'en ferait pas moins pour lui.

Faute de savoir comment s'y prendre autrement, Dallas rompit l'attache qui retenait toutes les lumières. Aussitôt, il les sentit fuser en lui, aller rebondir dans tous les recoins de son être, amener son sang à ébullition. Tous ses muscles se crispèrent. Un gémissement de douleur lui échappa.

— Dallas ? s'inquiéta Jack. Ça va, mon vieux ? Écoute... je sais que tu as vécu une sale période depuis ton accident. Mia mutée au camp d'entraînement, Jaxon enlevé par des aliens, et tous les autres qui se méfient de toi. Je sais que tu dois l'avoir mauvaise. Mais du jour au lendemain, tes yeux peuvent virer du brun au bleu... De quoi leur foutre un peu la trouille, non ? Donne-leur du temps. Ils oublieront et s'imagineront que tu portes des lentilles colorées.

Dallas avait l'impression que tous ses os grandissaient, menaçant de fendre sa peau tendue à craquer.

— Moi-même je pourrais commencer à y croire, reprit Jack sans se douter de ce qui se passait. Dieu sait que tu n'es pas bavard sur ce qui t'arrive, et ça me va. Tu es un bon agent - l'un des meilleurs. Tu ne m'as jamais laissé tomber. J'ai confiance en toi. Alors fais-moi confiance aussi là-dessus, d'accord ? Arrête de poser des questions au sujet de Jaxon. Tôt ou tard, il nous reviendra.

La gorge serrée, Dallas étouffait. Un hurlement de banshee lui vrillait les tympans.

— J'ai embauché une nouvelle, annonça Pagosa. Macy Brigs. Je pense que tu vas l'aimer. Pas aussi culottée que Mia, mais... Eh, vieux ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je suis en feu ! Dallas se força à respirer à fond et ouvrit les paupières. Il n'avait pas quitté son siège, il demeurait visible, ce qui signifiait qu'il n'avait pas glissé dans l'hypervitesse. Les spasmes qui le secouaient prirent fin. Ses muscles se détendirent. Sa gorge se dénoua. Il put enfin respirer. L'incendie qui le consumait se réduisit à un simple crépitement.

Les lèvres de Jack s'entrouvrirent sur un hoquet.

— Tes... tes yeux, balbutia-t-il. Ils brillent !

Il avait réussi ! Il le sentait... Le pouvoir vivait en lui.

— Aboie comme un chien-robot ! ordonna Dallas. Les courants d'énergie, qu'il sentait onduler autour de lui et dont il sentait la vibration en lui, renforçaient sa voix.

— Warf ! Warf !

Jack n'avait pas hésité. Il ne s'était pas offusqué et n'avait pas donné l'impression de se prêter à un jeu. Jamais l'inébranlable chef de l'A.I.R. n'aurait joué une telle comédie de lui-même.

— Jack... reprit-il. Vous allez me dire tout ce qui est tenu secret concernant Jaxon.

Une seconde... Un bon agent prenait toujours soin de ne pas laisser de traces derrière lui.

— Et une fois que vous me l'aurez dit, vous oublierez l'avoir fait.

Jack se figea derrière son bureau. Sa respiration ralentit. Ses yeux turquoise se mirent à briller, comme s'il avait été hypnotisé ou sous l'empire d'une drogue. Puis, il se mit à parler d'une nouvelle espèce extraterrestre et de femmes contaminées par un terrible virus. Il évoqua une autre race encore, susceptible de s'interposer entre la première et les humains afin de récupérer les responsables dans le but d'utiliser le virus pour détruire l'humanité. L'estomac serré et avec un sentiment d'horreur croissant, Dallas demanda :

— Pourquoi nous empêche-t-on de voir Jaxon ?

— Honnêtement, je n'en sais rien, répondit Pagosa d'une voix de robot. J'ai exigé son retour dans l'unité par trois fois et on a fini par me dire de la fermer ou de quitter mon travail.

Pas étonnant que l'A.I.R. surveille ceux qui utilisent ce pouvoir comme le lait sur le feu... Dallas aurait pu forcer son patron à lui avouer ses plus noirs secrets, ou l'obliger à éliminer tous ses hommes. Une puissance de cet ordre pouvait être addictive et difficile à maîtriser.

— Appelez Mia, ordonna-t-il lorsque Jack se tut. Mais alors qu'il prononçait ces mots, il sentit son sang refroidir et son pouvoir lui échapper peu à peu pour finalement l'abandonner. Non ! Il s'agrippa désespérément à son siège. La tête lui tournait. Il se sentait vidé. En hâte, il replongea au fond de lui-même dans l'espoir de relancer le phénomène, mais ne retrouva aucune des lumières qui y avaient brillé. Ses pouvoirs l'avaient-ils déserté ? Pour le moment ? Définitivement ?

Jack perdit son regard de somnambule et secoua la tête pour mettre de l'ordre dans ses idées. Les nerfs tendus à craquer, Dallas s'attendit à ce qu'il le couvre d'insultes ou le vire, mais il se comporta comme si la confession à laquelle il venait de se livrer n'avait jamais eu lieu.

— Tu as l'air bien pâle, constata-t-il en le dévisageant avec une inquiétude toute paternelle.

Dallas décida d'y aller au culot et continua sur sa lancée.

— Dites à Mia de rentrer. S'il vous plaît... Ensemble, ils pourraient retrouver Jaxon et faire ce que ces enfoirés du gouvernement ne prendraient probablement pas la peine de faire : le sauver.

— Pas question, répondit Jack avec détermination. D'un de ses tiroirs, il tira un flacon de pilules contre les aigreurs d'estomac avant d'ajouter :

— Elle s'est portée volontaire pour former les nouvelles recrues à l'Académie. Tu le sais, tout comme tu n'ignores pas qu'elle utilise leur base de données pour retrouver la trace d'autres demi-sangs, comme elle et son frère. Elle n'apprécierait pas que je la rappelle ici, et quand cette femme est en colère, le pire est susceptible d'arriver.

Jack frissonna, fit glisser une demi-douzaine de pilules dans sa paume et les mastiqua avant de les avaler.

— Elle nous tuerait aussi si Jaxon mourait sans que nous ne lui ayons rien dit, objecta Dallas. Donnez-lui au moins le choix du motif de sa colère...

Les plis de contrariété sur le front de Jack se creusèrent encore quand il répondit :

— Écoute... En vérité, je n'ai pas besoin qu'elle se mette aussi à faire pression sur moi, et c'est exactement ce que je récolterai si elle revient.

Un sourcil arqué, Dallas dévisageait son patron comme pour lui suggérer de remettre un peu les pieds sur terre.

— Si elle découvre que vous la teniez à l'écart alors que Jaxon agonisait, vous y gagnerez une balle dans le crâne.

Malheureusement, il ne plaisantait pas. Mia était un concentré de violence. Étant donné l'éducation qu'elle avait reçue, Dallas ne pouvait que comprendre, et même compatir. Elle s'était un peu calmée depuis qu'elle était tombée amoureuse de Kyrin en Arr, roi des Arcadiens, mais il valait mieux ne pas l'avoir comme ennemie.

Une autre pause. Un autre soupir.

— Très bien, capitula Pagosa. Je vais l'appeler pour la mettre au courant. Mais je ne peux rien te promettre de plus, alors inutile de te mettre à rêver. Elle s'est montrée aussi imprévisible que toi, dernièrement.

Probablement parce qu'ils étaient tous les deux liés au même Arcadien, mais Dallas s'abstint de le mentionner. Personne d'autre que Mia, Dallas et Kyrin, l'alien dont le sang coulait en lui, n'était au courant. Dallas préférait qu'il en reste ainsi. Inutile d'officialiser ce que tout le monde suspectait déjà. Il jouissait ainsi d'une aura de méfiance qui le servait bien.

— Juste pour que vous soyez au courant, ajouta Dallas, je ne laisserai pas tomber. Je retrouverai Jaxon.

Jack le dévisagea un long moment avec un mélange de fierté et de regret. Puis il fit passer sa langue sur ses dents et répondit :

— T'ai-je dit que tu es têtu comme une mule ? Te suspendre une semaine ne suffirait même pas...

Sur ce, il fit pivoter son siège et partit à la recherche d'une information dans son holo-index. Quand il eut trouvé ce qu'il cherchait, il enfonça quelques touches sur son  pavé tactile et  marmonna :

— Je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça... Je viens de t'envoyer les coordonnées d'un nouveau cabinet fondé par deux anciens agents de l'ombre : Eden Black et Lucius Adaire. Il leur est arrivé de travailler pour l'agence gouvernementale qui détient Jaxon, et ils pourraient savoir comment contourner sa mise au secret. Je ne t'ai pas donné leur numéro. C'est bien compris ?

C'était en partie pour cela que Dallas aimait son patron.

— Compris, promit-il.

— À présent, déguerpis ! Tu as réveillé mon ulcère... Avec un large sourire, Dallas se leva... et le regretta aussitôt. Une autre de ses migraines carabinées venait de prendre son crâne dans un étau. La douleur était si vive que ses jambes le lâchèrent et qu'il retomba sur son siège. Merde ! Une fois de plus, il ne pouvait plus respirer.

Peut-être Jack lui posa-t-il une question pour s'inquiéter de sa soudaine faiblesse, mais Dallas n'entendait rien d'autre qu'un bourdonnement assourdissant à ses tympans.

Le bureau autour de lui parut s'effacer et il se retrouva prisonnier de son propre esprit. T'aurais pas dû jouer les apprentis sorciers... Il se mit à rire amèrement - du moins en eut-il l'impression, car aucun son ne se fit entendre. Des images défilèrent dans sa tête. Il vit une Raka splendide, à la peau intégralement dorée, accompagnée d'un homme, humain, à l'allure impressionnante et dangereuse. Tous deux maintenaient au sol un Jaxon désespéré, qui se débattait. Dallas leur cria quelque chose, puis s'éloigna, disparaissant de sa propre vision.

Ce qu'il voyait ne s'était pas encore produit, réalisa-t-il. Il n'avait encore vécu ni fait rien de tel.

La Raka et l'humain, couverts de suie, paraissaient affaiblis mais ils tenaient bon. Quelqu'un d'autre se tenait sur le côté et observait la scène. Dallas avait conscience de sa présence mais ne pouvait voir de qui il s'agissait.

À l'autre extrémité de ce qui ressemblait à un hall d'entrée se tenait également une brune mince, sale et ensanglantée. À genoux sur le sol, elle avait les yeux vitreux d'une droguée. Une expression de profonde incertitude déformait ses traits. Dallas comprit qu'elle avait un choix difficile à faire. Lequel ? Il l'ignorait. L'instant d'après, Mia la rejoignit et pointa un flingue vers la jeune femme.

— Elle va te tuer ! cria-t-elle à l'intention de Jaxon. La brune se mit à rire comme si elle se fichait pas mal de mourir.

— Je vous tuerai tous ! renchérit cette dernière. L'intéressé continuait de lutter pour se libérer en criant encore et encore. Ces cris résonnaient dans l'esprit de Dallas, le faisaient frémir, lui donnaient envie de vomir.

Dans un effort extrême, Jaxon parvint à échapper au couple affaibli et s'empara d'un flingue. La brune dégaina. Mia fit feu. Jaxon aussi. La brune suivit. Le spectateur invisible fit feu également. L'une des décharges cueillit Jaxon de plein fouet. Et ce fut le black-out pour Dallas. Pantelant, il s'effondra en avant, s'efforçant de revenir dans l'ici et maintenant. Qu'est-ce que c'est encore que ce cirque ?